Ce que je vais écrire, Monsieur, pourra servir de régulateur aux maîtres de ballets qui n’ont fait encore que quelques pas dans la carrière qu’ils se proposent de parcourir ; des réllexions mûries par le temps et éclairées par l’expérience, soixante années de travail, une foule de compositions, peut-être trop considérable, des circonstances heureuses au développement de mes idées, un nombre de sujets capables de les rendre, de grands corps de danse, de vastes théâtres, des dépenses proportionnées à la grandeur des sujets que je transportois sur la scène, des succès soutenus dans le genre que j’ai crée, tout, dis-je, jusqu’à mes fautes, pourra guider les maîtres de ballets, et j’espère que mes observations paroitront justes et utiles à ceux même, qui peuvent le plus aisément s’en passer, ou qui n’en ont pas besoin. […] Lorsqu’un maître de ballets choisira un sujet dans son répertoire, il faut, avant de le transporter sur la scène, qu’il l’examine scrupuleusement ; un pressentiment juste le déterminera à retrancher les parties qui en rétarderoient la marche, les inutilités, qui jetteroient de la confusion ou de la langueur dans l’action pantomime ; car cette action doit être vive et animée puisqu’elle est l’interprète des passions. […] C’est un talent de savoir les employer à propos et de les faire disparoitre lorsqu’ils deviennent inutiles ; car ils ne peuvent être témoins des scènes mystérieuses qui se passent, qui forment le noeud de l’action et qui en préparent le dénouement. […] Un tel maître de ballets, Monsieur, doit abandonner la scène, et prendre un état qui n’exige que la routine des mouvemens méchaniques. […] Si Agamemnon, Clitemnestre, Achille et Iphigenie se trouvent en scène, voilà quatre rôles à enseigner ; chacun des acteurs à un intétêt séparé, des sentimens opposés, des vues différentes ; chacun d’eux doit avoir le caractère de la passion qui l’agite ; il faut donc que le maître de ballets se pénétre de la situation intérieure de ces quatre personnages ; il faut qu’il les représente tous, qu’il fasse les gestes qu’ils doivent imiter, que sa physionomie s’enflamme au dégré juste des sensations que chacun d’eux éprouve ; il doit prendre le maintien, saisir l’âge et le sexe de ces quatre acteurs ; les emportemens d’Achille, la fierté d’Agamemnon, le trouble la douleur et les éclats de l’amour maternel ; l’obéissance ; et la candeur d’Iphigénie prête à être sacrifiée.
L’actrice s’appuie sur la coulisse lorsqu’elle est accablée de douleur, comme dans la scène de Médée et d’Eglé de l’opéra de Thésée. On se sert aussi du même mot pour désigner l’espace qui est d’un châssis à l’autre ; un acteur entre sur le théâtre par la seconde coulisse, et il en sort par la cinquième, selon l’état de la scène. […] La décoration commence l’illusion ; elle doit par sa vérité, par sa magnificence, et l’ensemble de sa composition, représenter le lieu de la scène et arracher le spectateur d’un local réel, pour le transporter dans un local feint. […] Ce point une fois décidé, on croit que le reste regarde le décorateur, et qu’il n’est question que de peindre mécaniquement les locaux, pour établir aux yeux du spectateur le lieu où se passe la scène. […] Ce n’est pas assez d’imaginer des lieux convenables à la scène, il faut encore varier le coup d’œil que présentent les lieux, par les décorations qu’on y amène.
Non seulement il savoit ses rôles, mais il savoit encore ceux des interlocuteurs, qui se trouvoient en scène avec lui ; aussi s’exprimoit-il avec autant de facilité que d’énergie. […] Garrick ne parloit de Mademoiselle Dumesnil qu’avec un enthousiasme respectueux ; comment est-il possible, disoit-il, qu’un être à qui la nature semble avoir refusé tout ce qui est nécessaires aux charmes de la scène, soit si parfait et si sublime ? […] L’art d’un grand acteur est de faire oublier jusqu’à son nom, lorsqu’il paroit sur la scène. […] Mademoiselle Dangeville l’avoit enchanté dans les rôles de soubrettes ; la finesse de son jeu, le tatillonage propre à son emploi, la volubilité nuancée de sa diction, l’intérêt soutenu qu’elle mettoit a la scène, lui avoient acquis des droits à l’estime que Garrick montroit pour ses talens accomplis. […] Il convenoit que Drouin étoit supérieur en tout à Armand, et il disoit qu’il étoit bien étrange que l’on n’eût pas fixé à Paris, par les plus grands avantages, cet acteur, vraiment fait pour être un des plus beaux ornemens de la scène française.
Robinet, lettre du 8 septembre 1668 Nos COMIQUES ITALIENS, Toujours de risibles Chrétiens, Et féconds en Pièces nouvelles, Qui sont magnifiques et belles, En ont une sur le Tapis (C’est sur la Scène que je dis), Qui ne doit rien à ses Aînées, Qu’en leur temps j’ai si bien prônées, Soit pour les changements divers, Pour les Ballets, pour les Concerts, Les Jardins les Architectures, Les Perspectives, les Peintures Et les risibles Incidents, Qui, sans fin, font montrer les Dents Et rire à gorge déployée ; Car toute la Troupe enjouée Y fait des MIRABILIA, Hors la charmante OLARIA, Qui n’a nul rôle en cette Pièce, Féconde Source de Liesse, Et dont le Titre, en quatre mots, Est : LES REMÈDES À TOUS MAUX, Dont j’espère, en quelque autre Épître, Faire un plus digne et grand Chapitre.
De toutes parts, l’œil est ramené vers le milieu de la scène où se dresse, somptueuse, la tente bleue et jaune de la déesse ; j’ai déjà indiqué le caractère des costumes, tissus de rêve et d’histoire, échos du temps passé plutôt qu’objets de vitrine, somme toute, du vrai Bakst, harmonieux dans la magnificence. […] Il danse le vent, traverse la scène par d’amples et pathétiques jetés qui font ployer les tiges flexibles des filles-fleurs, et, triomphant, emporte à bras tendus la Nuée.
Des épisodes charmants, tel le Chaperon rouge, confié à des exécutants de deuxième plan, agrémenté de nouveaux jeux de scène « amusants », tombent à plat. […] La voilà : Pendant un demi-siècle les grandes virtuoses italiennes avaient tenu la première place sur la scène impériale ; San Carlo et la Scala prêtaient leurs étoiles au Théâtre Marie.
La splendeur de la mise en scène n’y change rien.
Cette heureuse tentative m’engagea à la tourner du côté de mon art et à en faire une seconde dans quelques scènes de mes ballets, lorsque les circonstances me le permettroient. […] Je ne demande point de vers ; je ne veux que des mots entrecoupés, des cris de désespoir et de douleur, et des exclamations propres à rendre plus effrayans les tableaux déchirans de la scène. […] Danaiis exprime dans cette scène tous les sentimens que la crainte et la haine lui inspirent : Lyncée le menace, l’irrite et brave sa fureur ; Danaiis ordonne qu’on les sépare et qu’on les entraîne au supplice. Cette scène peinte avec les couleurs fortes et les pinceaux hardis de la tragédie, offroit une situation terrible. […] Oreste livré aux furies, est en proye à tous les tourmens qu’elles lui font éprouver ; cette scène offre des groupes et des situations dont il résulte les tableaux les plus effrayans.
Comme metteur en scène et comme acteur, il possède un talent réellement remarquable. […] C’est lui qui est chargé de prévenir ces dames et de veiller à ce qu’elles entrent en scène à temps. […] UNE RÉPÉTITION AUX DÉLASSEMENTS La scène se passe sur le théâtre, — face aux acteurs (je m’exprime comme un véritable vaudevilliste), le dos tourné à la salle, est assis, dans un fauteuil boiteux, le régisseur Oscar ; à sa droite, sur une simple chaise, se dandine l’auteur. […] Sur seize bergers, il en manque quatorze… Il est impossible de mettre en scène dans ces conditions-là… L’auteur.
. — Les conversations des loges à la scène. — Les correspondances épistolaires. — L’invitation à souper. — Une circulaire. — La réponse épistolaire d une dame. — Deux lignes spirituelles d’un vaudevilliste non joué. — Le facteur des Délass’. — Profession qui rapporte. — bon moyen d’éviter d’inutiles lectures. — La loge du concierge servant de salon de réception. — Achille, le machiniste en chef. — Les gandins installés dans la loge. — Le prince russe, buveur de petits verres de kirsch et trinquant avec les machinistes. — Pourquoi il n’y vient plus. — La sortie du théâtre. — Mon intention d’en faire une comédie. — Ce qui m’en a empêché. — Encore M. Jules Janin. — Scènes dialoguées. — Le moyen de s’en aller seule quand on est attendue de deux côtés à la fois. […] « Des loges à la scène, dit-il, on a toujours quelque chose à se dire, tantôt de la voix, plus souvent du geste. » Hélas ! […] De plus en plus poussée par mes instincts littéraires, j’ai sténographié une de ces scènes de mœurs.
En 1854, elle se retira de la scène. […] Figurait-elle dans un pas de trois ou de quatre, après son écho, la scène n’appartenait qu’à elle : elle se campait résolument sur le premier plan, et cherchait tellement à accaparer les regards qu’il n’en restait rien pour les autres. […] A son entrée en scène, le soir de son début, son pied se prit dans une costière et faillit s’y briser. […] Quand, en quatre enjambées, comme un tourbillon, elle traversa la scène de la rue Le Peletier, — le 11 août 1856, dans les Elfes, du comte Gabrielli et de M. de Saint-Georges, — la partie était gagnée, et un nom de plus était inscrit au Livre d’Or de la noblesse artistique de l’Opéra.
Mais, à la suite de scènes fâcheuses qui se produisirent au palais Kaunitz, les autorités intervinrent. […] Sur la scène de la Porte de Carinthie régnait la danse noble qui avait été introduite à Vienne, au dix-huitième siècle, par Noverre. […] Un troisième enfant fut une fille, Anna, qui parut, peu de temps d’ailleurs, en qualité de mime sur la scène du Kærnthner-Thor, sans arriver à la notoriété. […] Des étrangères régnaient sur la scène du Kærnthner-Thor, et les Viennois furent assez longtemps à s’apercevoir qu’un enfant du faubourg de Gumpendorf valait les célébrités venues de loin. […] Sur la scène du Kærnthner-Thor, Fanny retrouvait une de ses connaissances d’Italie.
La scène Française, la plus riche de l’Europe en drames de l’un et de l’autre genre, et la plus fertile en grands talens a été forcée, en quelque façon, pour satisfaire au goût du public, et se mettre à la mode, d’associer les danses à ses représentations. […] N’entreprenez jamais de grands dessins, sans en avoir fait un plan raisonné ; jettez vos idées sur le papier, relisez les cent fois ; divisez votre drame par scènes ; que chacune d’elles soit intéressante, et conduise successivement sans embarras, sans inutilités, à un dénouement heureux ; évitez soigneusement les longueurs ; elles refroidissent l’action et en ralentissent la marche : Songez que les tableaux et les situations, sont les plus beaux momens de la composition : faites danser vos figurans et vos figurantes, mais qu’ils parlent, et qu’ils peignent en dansant ; qu’ils soient pantomimes, et que les passions les métamorphosent à chaque instant. […] Livrez vous à un métier, où les mouvemens de l’âme soient inutiles, où le génie n’a rien à faire, et ou il ne faut que des bras et des mains. » Ces avis donnés et suivis, Monsieur, délivreroient la scène d’une quantité innombrable de mauvais danseurs, de mauvais maîtres de ballets, et enrichiroient les forges et les boutiques des artisans d’un très grand nombre d’ouvriers plus utiles aux besoins de la société, qu’ils ne l’étoient à ses amusemens et à ses plaisirs.
Un Ouvrage dramatique est composé de cinq Actes, de trois ou d’un seul ; et un Acte est composé de Scènes en dialogue ou en monologue. Or, chaque Acte, chaque Scène doit avoir son exposition, son nœud et son dénouement, tout comme l’action entière dont ils sont les parties.
Pour les poupées, dans les scènes d’intérieur le procédé diffère. […] Ceci détermine ses jeux de scène.
Une forte matrone, qui tient les balances, le regard dans les frises, sans voir où elle pose le pied, c’est la justice ; et l’on devine aisément qu’elle va boiter dans la coulisse ; car elle ne sortira pas de scène, sans avoir trébuché.
Le choc la précipita sur la scène, où son trône, détaché de la gloire, tomba sur elle et lui brisa le bras en deux endroits. […] Un rire général et des applaudissements unanimes accueillirent ces jeux de scène gais et comiques. […] Puis, sitôt que l’une d’elles entrait en scène, il s’écriait, en s’adressant à son voisin : — Pardon, monsieur, quelle est donc cette charmante personne ? […] Ce début eut lieu sur la scène de l’Académie impériale de musique, au commencement de l’an de grâce 1859. […] Toutes les danseuses, qui se trouvaient en scène, s’étaient enfuies, affolées de terreur.
Les Anciens, qu’un goût exercé guidait toujours dans leurs Spectacles, avaient eu une attention singulière à employer des Symphonies et des Instruments différents, à mesure qu’ils introduisaient dans leurs Danses des caractères nouveaux : ils s’appliquaient avec un soin extrême, à bien peindre les mœurs, les âges, les passions qu’ils mettaient en Scène. […] Leur variété, leur harmonie, leur son particulier paraissait ainsi changer la Scène, et donner à chacun des Danseurs la physionomie du Personnage qu’il devait représenter.