Comme la Nature a donné à l’homme des gestes relatifs à toutes ses différentes sensations, il n’est point de situation de l’âme que la Danse ne puisse peindre. […] L’orgueil est à peu près le même dans tous les hommes : les nuances qu’on croit y apercevoir sont peut-être moins en eux-mêmes, que dans les moyens divers de le développer, que la fortune leur prodigue ou leur refuse.
C’est sur cet homme que les ennemis de Pylade jetèrent les yeux, d’abord pour balancer ses succès et bientôt après pour l’anéantir lui-même, Hylas ne savait cependant, et il ne pouvait faire que ce que Pylade lui avait enseigné. […] Pylade supportait en homme ferme cette disgrâce. […] Sa danse grave, ses bras croisés, ses pas lents, ses mouvements quelquefois animés, souvent suspendus, ses regards tantôt fixes sur la terre, tantôt tournés vers le ciel, peignaient un homme occupé des plus grandes choses, qu’il voyait, qu’il pesait, qu’il comparait en Roi.
L’homme rare qui réunit la théorie et le talent, s’élève, avec les ailes de l’Aigle, jusqu’au sublime ; l’homme commun qui les confond ou qui les sépare, manque de vues, de force, et d’appui : il rampe toute sa vie, avec la multitude.
Le cardinal Bellarmin, dans son sixième sermon, qui est sur le troisième dimanche de l’avent, se fait cette question : Peut-être n’y a-t-il pas de mal, ou y en a-t-il peu que les hommes dansent avec des femmes ? […] si quelqu’un pouvoit faire apercevoir avec quel empressement ils s’approchent de ceux et de celles qu’ils trouvent dans les assemblées de danses, et comme ils sont appliqués à jeter dans le cœur des hommes à l’égard des femmes, et des filles à l’égard des hommes, les étincelles ou plutôt les flammes de l’amour impur, pour faire de leurs cœurs une fournaise de concupiscence ! […] Ensuite il dit en particulier des danses, qui sont un de ces plaisirs mondains et des plus dangereux, que la fragilité des hommes est telle, que les danses deviennent le principe presque inévitable d’une multitude de péchés. […] « Elles offrent un spectacle ridicule, qui ne peut que déplaire à des yeux chastes, et qui est indigne d’un homme sensé, inane spectaculum, honestis invisum oculis, viro indignum . […] Après cela accusera-t-on de rigorisme ceux qui tiennent ferme pour ne pas permettre ce qu’un homme instruit par sa propre expérience, plus que par les livres, s’est cru obligé de recommander à ses enfans d’éviter ?
Le moyen de faire entendre à un homme insensible, qu’il doit être ému, ou à un homme qui est dans un accès de frénésie, qu’il devrait être tranquille. […] Les Grecs qui avaient la vue déliée et l’oreille fine, entendirent l’Oracle, et en conséquence, ils regardèrent toujours la Danse, comme une imitation par les gestes, des actions et des passions des hommes.
Je lui désignai l’homme à la chaîne qui nous dominait de toute sa hauteur et persistait me regarder d’un air courroucé. […] L’harmonie existait, l’homme, classant et cataloguant les sons, créa la musique. […] … Or, aujourd’hui, l’homme, passé maître sur le terrain musical, en est encore à l’enfance de l’art au point de vue lumineux. […] Tout ceci nous prouve le résultat naturel des causes qui ont d’abord poussé les hommes à danser. […] L’homme civilisé et bien trempé, seul, résiste le mieux à son impulsion.
Ce n’est point avec une plume foible que l’on ose écrire à l’homme qui dispose, a son gré, de celle du goût et du génie. […] Il y avoit trois foyers, un pour les premiers acteurs ; il étoit orné des bustes de tous les grands hommes de l’Angleterre : un autre étoit destiné aux seconds talens ; le troisième étoit réservé aux acteurs en sous-ordre. […] Sur les représentations que lui fit un grand personnage, il répondit : les grands hommes ont l’univers pour patrie. […] Cette société étoit composée des hommes les plus instruits de la cour, des savans, des gens de lettres et des artistes. […] Mais je me serois bien gardé de corriger des productions, qui par leurs beautés, placent cet auteur célèbre au dessus de l’homme, et l’élevent dans les régions célestes de l’immortalité.
L’homme commun n’a pas encore compris le sens de la nuance, en ce domaine. […] Elle aussi est fondée sur la nécessité organique de l’homme.
Et les suprêmes élégances de l’entrechat, et le pathétique triomphe de l’homme enlevant la danseuse, érigeant de sa droite tendue le souriant trophée ! Le pas de deux, juxtaposition, opposition, synthèse de l’énergie, de la vigueur, de l’impérieuse domination de l’homme et de la ductilité, de l’abandon, de l’impondérable grâce féminine, le pas de deux est une conquête de notre civilisation. […] De tels hommes sont faits pour rendre à la danse classique, art français, sa suprématie de jadis.
Vous avez vu, dans les théâtres où l’on parle le mouvement gauche ou guindé, toujours amoindri et incertain des hommes en veston et des hommes en chiton, toute cette misère plastique, tout ce néant dynamique. […] Et c’est dans le principe même de notre art prétendu périmé que cet homme d’aujourd’hui a pu trouver la confirmation de ses plus téméraires espoirs.
. — La curiosité des hommes. — Ce qui m’a fait quitter le sentier de la vertu. — L’amour d’une pendule. — L’effet d’un souvenir. — Le diable. — M. […] I Les hommes ont une manie bien désagréable, ils sont curieux comme des crinolines. […] J’étais trop grisette pour que la clef ne fût pas dans la serrure. — La porte s’ouvrit, et un homme portant sous son bras un objet enveloppé d’une serge verte apparut sur le seuil. Cet homme, c’était M.
Ils trouvaient une injustice, qui allait jusqu’à la tyrannie, dans l’exil d’un homme public, qui était devenu nécessaire aux plaisirs de Rome. […] Que de ressources heureuses n’a-t-on pas dans la frivolité des hommes, pour leur faire adorer même le joug qu’on leur impose ! […] Auguste n’eut la main sûre, vers la fin de son règne, que parce que l’habitude de régner et la connaissance des hommes, la lui avaient rendue légère. […] Il n’en est point qui n’accorde à Auguste la connaissance profonde des hommes, et de l’art de les gouverner.
Le grand art des souverains en toutes choses est de savoir choisir ; la gloire d’un règne dépend presque toujours d’un homme mis à sa place, ou d’un homme oublié. […] On trouve le détail de beaucoup de ces ouvrages dans le Père Ménestrier, qui en a fait un savant traité, et qui était l’homme de l’Europe le plus profond sur cette matière. […] Dès qu’il y a eu des hommes, il y a eu sans doute des chants et des danses ; on a chanté et dansé depuis la création jusqu’à nous, et il est vraisemblable que les hommes chanteront et danseront jusqu’à la destruction totale de l’espèce. […] Les hommes chantèrent donc d’abord les louanges et les bienfaits de Dieu, et ils dansèrent en les chantant, pour exprimer leur respect et leur gratitude. […] La nature avait donné à ces deux hommes le génie et les qualités extérieures ; l’application, l’étude, l’amour de la gloire, leur avaient développé toutes les ressources de l’art.
Après le passage de la mer Rouge, Moïse et sa sœur rassemblèrent deux grands chœurs de musique, l’un composé d’hommes, l’autre de femmes, qui chantèrent et dansèrent un ballet solennel d’actions de grâces. […] Le peuple de Dieu à son tour entraîné par le penchant de l’imitation si naturel à l’homme, se rappela après sa sortie de l’Egypte les cérémonies du peuple qu’il venait de quitter, et il les imita. […] Le plaisir a toujours été l’objet des désirs des hommes ; il s’est modifié de mille manières différentes, et dans le fond il a toujours été le même. […] Cette danse était composée de deux chœurs, l’un d’hommes faits, l’autre d’enfants : ils dansaient nus, en chantant des hymnes en l’honneur d’Apollon. […] Un homme instruit en l’art de contrefaire l’air, la démarche, les manières des autres hommes, était choisi pour précéder le cercueil ; il prenait les habits du défunt, et se couvrait le visage d’un masque qui retraçait tous ses traits : sur les symphonies lugubres qu’on exécutait pendant la marche, il peignait dans sa danse les actions les plus marquées du personnage qu’il représentait.
Toutes ces merveilles avoient été préparées par deux grands hommes, Richelieu et Mazari. […] On ne peut se refuser à regarder l’Abbé Perrin comme un homme qui eut assez de génie pour entrer dans les vües de Mazarin, en composant le premier opéra en langue Française. […] Homme en place et honnête homme, il ne détournoit jamais à son profit les sources de la recompense, il en étoit le canal pur et précieux. […] Il obtint encore celle d’attirer en France deux grands hommes capables d’étendre le cercle alors étroit des sciences, Dominique Cassini et Huygens. […] Cet homme rare et d’un mérite extraordinaire eût des envieux, mais n’eût point de rivaux.
Pour bien peindre cet acteur sublime, il faudroit avoir votre goût et votre génie ; je ne vous offrirai donc qu’un croquis très-imparfait des principaux traits de ce grand homme ; laissant à votre plume éloquente le soin de les embellir, et de faire un tableau frappant de ce qui n’est chez moi qu’une foible esquisse. […] Il seroit bien à souhaiter, Monsieur, que les hommes de lettres employassent un instant leurs plumes savantes à célébrer les talens des artistes estimables, à qui le tems ordonne de cesser leurs travaux, ou à qui la parque commande de descendre dans la tombe, ils les arracheroient, pour ainsi dire, de leurs sépulcres ; et en les ressuscitant dans la mémoire des hommes, ils leur assigneraient une place au temple de l’immortalité. […] Il pouvoit être regardé comme le légataire de ces hommes rares, qui firent jadis l’admiration d’Athènes et de Rome. […] Cheminant gaiment, car l’esprit et l’enjouement voyageoient eu croupe avec eux, Preville eût la fantaisie de contrefaire l’homme ivre ; Garrick en applaudissant à l’imitation de Préville, lui dit : « mon cher ami, vous avez manqué une chose bien essentielle à la vérité et a la ressemblance de l’homme ivre, que vous venez d’imiter » — « quoi donc, lui dit Préville ? […] Lord Chesterfield, l’homme de plus instruit et le plus aimable de Londres, dit à Garrick, que Mademoiselle Clairon avoit changé d’esprit et de caractère, en changeant d’emploi ; qu’elle avoit renoncé a sa frivolité et à sa gaité naturelle pour cultiver les Lettres, et acquérir toutes les connoissance qui sont essentielles au grand genre qu’elle avoit adopté ; que la fréquentation habituelle des hommes de lettres, joint à un esprit naturel, et au désir brûlant de se distinguer, lui avoit applani les difficultés.
Champorel, premier valet de chambre et homme de confiance de M. le duc. […] — On aura soin de ce brave homme, me dit-il. […] C’est un homme qui n’a pas son égal au monde pour la patience, la charité, le courage et la vertu. […] Comme l’homme est, malgré qu’il en ait, un profond égoïste, je pensais à nous deux d’abord. […] Tu as fait de moi un homme et j’ai été heureux bien longtemps sans savoir et sans comprendre ce que te coûtait mon bonheur.
Le Théâtre et ses ornements, Ses machines, ses changements, La Mer, ses rochers et ses rives, Qui sont de longues perspectives, Donnent un plaisir infini, Grâces au Sieur Bigarany,49 De Modène, et non pas de Rome, Et fort habile et galant Homme. […] Un fort honnête et galant Homme Qu’il n’est pas besoin que je nomme, Homme, envers-moi, de coeur humain, Et mon ami, de longue main, (Que Dieu gard50. de toute infortune) M’y plaça sur une Tribune, Où je fus mille fois ravi Des belles choses que je vis.