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11. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1668 — 18 juillet : Le Grand Divertissement royal ou les Fêtes de Versailles — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 21 juillet 1668 »

Robinet, lettre du 21 juillet 1668 Dans le PARC de ce beau VERSAILLE, Qui n’est pas un Lieu de Broussaille, Mais le Palais le plus riant Où, du Couchant à l’Orient, Les claires et pure Naïades, Les gaies et vertes Dryades, La jeune Flore et les Zéphirs, Les Amours, les Jeux, les Plasirs, Les Labyrinthes, la Verdure, L’Art, en un mot, et la Nature Fassent par leurs beaux Agréments Le doux charme de tous les Sens ; Là, dis-je, où le Ciel à la Terre Ses plus chères faveurs desserre, On vit, Lundi, ce que les yeux Ne peuvent voir que chez les Dieux, Ou chez LOUIS, qui les égale Dedans la pompe d’un Régale. […] Maintes Cascades y jouaient, Qui de tous côtés l’égayaient ; Et, pour en gros ne rien ommettre Dans les limites de ma Lettre, En ce beau Rendez-vous des Jeux, Un Théâtre auguste et pompeux, D’une manière singulière, S’y voyait dressé pour MOLIÈRE, Le MOME cher et glorieux Du bas Olympe de nos Dieux.

12. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse ancienne »

Ainsi elle devint parmi les Egyptiens, et successivement chez les Grecs et les Romains, la partie la plus considérable du culte de leurs faux dieux. […] Il en fut ainsi chez les Romains, qui adoptèrent les dieux des Grecs. […] Chacun des dieux que Rome adopta dans les suites eut des temples, des autels, et des danses. […] Elle fut, dit-on, inventée par Minerve, pour célébrer la victoire des dieux et la défaite des Titans. […] Numa Pompilius l’institua en l’honneur du dieu Mars.

13. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre II. Des Danses des Anciens dans les Fêtes publiques »

Leurs premières Fêtes n’eurent pour objet que leurs Dieux, et les Danses qu’ils formèrent pour les honorer, eurent toutes par conséquent quelque rapport aux fonctions qu’ils leur avaient attribuées, aux maux qu’ils en craignaient, ou aux faveurs qu’ils espéraient en recevoir. […] Cartari, Traité des images des Dieux.

14. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 25 février 1662 »

Les seules Danses des Planètes Pourraient remplir douze Gazettes Si l’on les voulait débiter : Mars, Apollon et Jupiter, La Lune, Vénus et Mercure, Dieux de différente nature, Jouèrent chacun leur Rollet En cet admirable Ballet, Avec tant de magnficences, Eux, et toutes leurs Influences Que leur seule déduction, (C’est-à-dire description) Est digne qu’une belle Plume Les consacrât dans un Volume. Mais le passetemps le plus doux, Selon l’opinion de tous, Furent quinze Etoiles dansantes ; Quinze Fillettes ravissantes, Dont, certes, les jeunes appâts, La gaie humeur et les beaux pas, Les grâces et les gentillesses, Pourraient charmer Dieux et Déesses.

15. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 8 février 1670 »

Il y paraît le Dieu de l’Onde, Et le Dieu de Mont Parnassus, Avec tant d’éclat que rien plus, Qui fait que tout chacun admire, Ce redoutable, et charmant Sire : Qui, sans contrefaire ces Dieux, Est, par ma foi, bien plus Dieu qu’eux.

16. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre II. Origine des Ballets »

La jeune Hébé parut de l’autre, portant le Nectar qu’elle verse aux Dieux. […] Ce Spectacle disparut, et il se forma un grand Ballet composé des Dieux de la Mer et de tous les Fleuves de Lombardie.

17. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Les Amours de Vénus, ou les Filets de Vulcain. Petit ballet en action. » pp. 169-175

Dieux de l’Olympe. […] Il veut que les Dieux soient témoins de sa vengeance.

18. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre VI. Définition, et Division de la Danse sacrée »

On a encore donné ce nom à toutes les Danses que les Égyptiens, les Grecs et les Romains instituèrent à l’honneur de leurs faux Dieux, à celles qu’on pratiquait dans la primitive Église, et à toutes les autres, en un mot, qui, dans les différentes Religions du monde, ont fait partie du culte reçu.

19. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 7 au 12 mai : Les Plaisirs de l’Isle enchantée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 8 novembre 1664 »

J’en puis rendre ce témoignage, Grâce aux Dieux, je vis cet Ouvrage, Ouvrage fin et délicat, Dont Monsieur l’Éminent Légat, Eut dans une superbe Salle À Fontainebleau le Régale ; Il la vit attentivement, Il y prit grand contentement ; Et malgré son humeur hautaine, Quittant la gravité Romaine, Il rit fort aux endroits plaisants, Aussi bien que nos Courtisans.

20. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1668 — 18 janvier : Le Carnaval ou La Mascarade royale du Carnaval — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 21 janvier 1668 »

Il consistait en Sept Entrées, Qui furent fort considérées, Mais, surtout une, des Plaisirs, Qui flattent les jeunes Désirs, Où paraissait leur Source même Dans le GRAND PORTE DIADEME, Puisque c’est aux soins glorieux De ce plus puissant Fils des Dieux, Qu’on doit notre Heur, & notre Joie, Et ces beaux jours filez de soie.

21. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 24 janvier 1671 »

D’abord, comme en un Lieu champêtre, On voit, dans un Lointain, paraître, Un Port, où la Mer fait flo-flo, Comme à Dieppe, ou Saint Malo, Avec de longues Kyrielles, De Navires & de Nacelles, De l’un, & de l’autre côté, Et même, une vaste Cité, Flore, que le Printemps r’amène, Se découvre dessus la Scène, En des Atours fort gracieux, Avec ses Nymphes, & les Dieux Tant des Eaux, que des Jardinages, Qui, pour Valets de Pied, & Pages, Ont des Dryades, des Sylvains, Des Fleuves d’Eau douce, & Marins, Et le reste de leur Séquelle, Magnifique, & non telle quelle. […] Lors, tous ces Dieux, & leurs Escortes, Qui sont de nombreuses Cohortes, Des Déités, jusqu’à trois cents, Dans ces Cohortes, paraissants, Sur de grands & brillants Nuages, Disposez à triples Etages, Célèbrent, par de beaux Concerts, Par des Danses, & par des Airs, La Solennité de la Noce, Comme s’ils étaient chez Mandoce.

22. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 février 1662 »

Pour le reste, c’est autre chose, Toutefois, si parler j’en ose, Je ne saurais faire autrement Que jaser généralement De ce Ballet plus qu’admirable, Duquel la pompe incomparable Subsiste six heures durant, Et qu’on peut nommer dix fois grand, Soit à l’égard des symphonies, Qui font de rares harmonies, Soit pour les Décorations, Les subtiles inventions, La dignité des Personnages, Les Machines dans les nuages, Les Héros, Déesses et Dieux, L’Air, la Mer, l’Enfer et les Cieux, Du Soleil, la Sphère brillante, Qui parut, tout à fait, charmante, La richesse et les ornements Des superbes habillements ; Bref, les dix-huit grandes Entrées, La moindre valant vingt bourrées : Et dont Louis, la Fleur des Rois, Paraît à la tête de trois ; Que dis-je, trois ? […] L’Autrice de ce bel Ouvrage, Femme spirituelle et sage, S’appelle Madame Touzé, Nom digne d’être éternisé, Puisqu’elle est au Monde l’unique Capable de telle fabrique ; Et comme elle n’avait souci De travailler, jusques ici, Qu’à faire d’admirables tresses Pour Prélats, Princes et Princesses, On peut dire avec vérité Que la rare dextérité De cette Ouvrière inimitable, Part un sort assez honorable De son art plus qu’industrieux, En sait faire aussi pour les Dieux.

23. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 21 février : Mascarade de Bergers et de Bergères — Lettres en vers à Madame de Loret — Loret, lettre du 14 février 1665 »

Loret, lettre du 14 février 1665 […] Lorsque le Bal fut commencé, Et, mêmement, bien avancé, Suivi d’une illustre Brigade, Louis y vint en Mascarade, En noble et triomphant arroi, (Louis, c’est-à-dire le Roi) Dont la splendeur presque infinie Charma toute la Compagnie, Qui les prit (jugeant de leur mieux) Pour des Déesses et des Dieux.

24. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre premier. De la Danse en général, suivant l’opinion des Anciens. » pp. 1-32

Néanmoins Homere, pour nous prouver combien les Dieux aimoient la Danse, dit que Vulcain forgea des Automates, ou figures d’or, qui dansoient toutes seules ; ce que Dédale imita depuis en bronze : on le croit aussi l’inventeur des Contre-danses. […] Il dit encore que c’est pour cela que les Dieux mêmes instituerent des jours de fêtes, afin que les peuples pussent joindre des divertissemens honnêtes au culte qu’ils leur rendoient ; & qu’ils leur avoient envoyé Apollon, Venus, Mercure, Cerès, Bacchus, & les Muses, pour leur apprendre à danser, surtout les Danses sacrées. […] D’ailleurs il semble, dit Lucien, que les Dieux ont voulu distinguer toutes choses en deux, en la paix & en la guerre, & faire de la Danse & de la Musique le simbole de la paix. Socrate, le plus sage de son tems, au jugement des Dieux mêmes, n’a pas seulement loué la Danse, comme une chose qui sert beaucoup à donner la bonne grace, mais il voulut encore l’apprendre dans sa vieillesse, d’Aspasie célébre Danseuse & très-versée dans les sciences ; tant il admiroit cet exercice, quoiqu’elle ne fût pas de son tems dans la perfection où elle est parvenue après : il souhaittoit l’avoir appris dès son enfance ; il enjoignoit aux peres de donner cette instruction à leurs enfans, comme un des premiers élémens de la vie civile. […] Dès l’enfance ils leur faisoient apprendre la Musique & les exercices, à chanter les hymnes de leurs Dieux & les louanges des héros, pour les former de bonne heure à la pieté & à la vertu : après ces hymnes & ces chansons on leur apprenoit à danser sur les modes de Timothée & de Philoxene ; & tous les ans, aux Orgies, ils dansoient sur des Théâtres publies des Balets au son des flutes, pour faire voir qu’ils profitoient en ces exercices.

25. (1921) L’âme et la danse pp. 99-128

Ils ne savent ce qu’ils font, mais ils le font comme des dieux. […] SOCRATE Par les dieux, les claires danseuses ! […] … Il se dissipe en jeunes filles, les tuniques s’envolent, et les dieux semblent changer d’idée ! […] Ô dieux ! […] PHÈDRE Dieux !

26. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 19 février 1661 »

Loret, lettre du 19 février 1661 Dans fort peu, le Ballet du Roi, Fort divertissant, sur ma foi, Qu’on intitule (que je pense) Le Ballet de l’Impatience, Dans le Louvre se dansera, Et, sans doute, admiré sera : Car c’est chose très véritable Qu’il est beau, qu’il est admirable ; J’en vis (dont je fus ébaudi) La Répétition, Jeudi, Où, sans vanité, je puis dire Que j’étais placé comme un Sire ; Et, foi de sincère Normand, Le tout me parut si charmant, Que, du Roi, l’auguste prestance, Des Princes et Seigneurs la Danse, Et les concerts mélodieux Me semblèrent dignes des Dieux.

27. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 25 septembre : Ballet dansé par le roi à Villers-Cotterêts — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 4 octobre 1665 »

Robinet, lettre du 4 octobre 1665 Mais, pour achever ce Chapitre Et pour dépêcher notre Épître, Parlons de l’IN-PROMPTU follet ALIAS du joli Ballet Qu’on fit et dansa le Jour même, Par une diligence extrême, Qui montre qu’un simple FIAT Suffit à notre POTENTAT, Comme aux DIEUX dont il est l’IMAGE, Plus digne d’encens et d’hommage.

28. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Iphigenie en Tauride. Ballet tragique » pp. 235-256

Isménie saisit cet instant pour le ramener à des sentimens plus doux, elle lui représente les Dieux irrités de ses sacrifices ; que le sang humain dont il innonde le temple et l’autel de Diane, offense cette divinité et déshonore son culte ; enfin que tant de sang versé se réunit (peut-être) pour demander vengeance. Thoas, ébranlé promet à Isménie d’appaiser les Dieux par des sacrifices moins barbares ; mais Oreste et Pylade, qu’on lui amène enchaînés, renouvellent bientôt la soif qu’ il a de répandre le sang des Grecs. […] Isménie, bien éloignée de partager les sentimens de son époux, tente encore une fois d’ébranler son cœur ; elle embrasse ses genoux elle le menace du courroux des Dieux ; mais il reste inflexible et se retire avec sa suite, en exprimant le plaisir barbare que lui cause l’arrivée des deux Grecs. […] Iphigénie implore la Déesse ; elle lui jure que son cœur est innocent, qu’il est déchiré par la douleur, qu’il n’a point de part au sang que sa main répand ; que son bras, armé par le cruel Thoas, du glaive de la mort, ne peut éluder les coups que la barbarie du Tyran lui prescrit de porter, ni se soustraire à l’obéissance ; elle supplie la Déesse de la délivrer des fonctions qui déshonorent son culte, offensent les Dieux et font horreur à l’humanité. […] La Déesse ne voulant plus laisser aucun vestige d’un lieu si souvent profané par le sang des mortels, invoque le Maître des Dieux ; la foudre gronde, frappe le temple et il disparoît.

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