Mme Stichel fait tourner son corps de ballet autour des arbres dans une sorte de farandole de cotillon ; mais il est difficile de danser une ronde autour d’un arbre en trompe-l’œil qui n’est pas rond.
Après avoir enseigné la maniere d’entrer dans un appartement, il nous reste pour suivre l’instruction necessaire à cette noble Jeunesse, à lui donner une idée du Bal & la maniere de s’y comporter avec politesse, soit que l’on vienne vous prendre pour danser, ou que vous alliez prendre quelqu’un, c’est ce qui sera expliqué dans les Chapitres suivans.
La Gravette de Mayolas, lettre du 21 février 1669 Le Grand Ballet est commencé (Dimanche encor il fut dansé), Intitulé Ballet de Flore.
Le Marquis de Gesvres aussi Dansa mieux qu’on ne voit ici, Et de Pianais, Comte ilustre, Augmenta la grâce et le lustre De ce Ballet, fait par Beauchamp, Un des Maîtres des plus savants.
Ayant exprimé intelligiblement la maniere la plus facile pour faire les demi-coupez, qui sont la base & le fondement des differens pas, & que le Menuet, qui est la danse la plus en usage, je vais vous en donner la methode la plus facile pour parvenir à le bien danser. […] Celui en arriere se fait approchant de même que celui en avant, à l’exception qu’au premier demi-coupé du pied droit, vous laissez la jambe gauche étendue devant vous & en pliant sur le droit, pour le second le talon gauche s’approche du pied droit, où il s’arrête lorsque vous pliez jusqu’à la derniere extremité, que vous le passez derriere pour vous relever ; ce qui vous donne plus de facilité de le bien faire, au lieu que si vous le passez en pliant, vous ne vous relevez jamais si bien, & les genoux paroissent toujours pliez ; toutes ces remarques sont très-essentielles pour bien danser le menuet, sur tout.
Solin dit aussi qu’en Sicile il y a une fontaine dont les eaux se meuvent au son de la flute, & bouillonnent si haut, qu’elles semblent danser en cadence aussi long-tems que l’on en joue ; ce qui est confirmé par différens Auteurs. […] Mais sans aller chercher si loin, les curieux en peuvent faire l’expérience, comme l’Abbé Brossard auteur du Dictionnaire de la Musique, m’a dit l’avoir fait avec un bon joueur de flute, en faisant mettre un sceau d’eau de fontaine dans une grande terrine, exposée au Soleil pendant deux ou trois heures, afin que l’eau soit bien reposée : alors le fluteur s’assit auprès de la terrine, préludant sur sa flute le plus tendrement qu’il est possible, pour trouver le ton qui peut émouvoir l’eau, ce qu’il fit en un quart-d’heure ; & la voyant émue, il prit l’essort sur sa flute, en fit danser cette eau aussi long-tems qu’il voulut, comme si cette eau avoit été poussée par de petits tuyaux, pour la faire rejaillir. Mais comme les eaux des fontaines sont de differente nature, le ton qui convient à l’une pour la faire danser, ne convient pas à l’autre ; c’est au joueur de flute à le trouver : il faut aussi qu’il soit des plus habiles, pour jouer tendrement ces beaux airs de flute des Operas de Lully, qui émeuvent la nature ; & quand l’eau est bien agitée, elle danse au son des Menuets, de la Gigue, & sur des tons patétiques : cette expérience peut convaincre les plus incrédules sur les effets de la Musique naturelle.
Anna, Lisa et Margot, que j’ai vues danser les deux « Iphigénies » du chevalier Gluck au théâtre des Champs-Élysées, ont pris, par pitié filiale, le nom de leur éducatrice, Duncan : voilà donc trois têtes bien charmantes qui poussent à l’hydre du duncanisme. […] Quel dommage qu’on ne leur ait pas appris à danser ! […] Aussi ils dansent l’ineffable, absorbés dans l’adage comme dans un rêve jusqu’à ce que l’homme enlève la jeune fille en triomphant, jubilant, enivré de sa force, la tende vers le ciel imaginaire, aux invisibles étoiles.
Il dit encore que c’est pour cela que les Dieux mêmes instituerent des jours de fêtes, afin que les peuples pussent joindre des divertissemens honnêtes au culte qu’ils leur rendoient ; & qu’ils leur avoient envoyé Apollon, Venus, Mercure, Cerès, Bacchus, & les Muses, pour leur apprendre à danser, surtout les Danses sacrées. Cet exercice étoit si estimé chez les Anciens, qu’une personne de l’un ou de l’autre sexe qui ne sçavoit pas danser, passoit pour n’avoir point eu d’éducation dans sa jeunesse : c’est pourquoi les Législateurs ne regarderent point non plus la Danse comme un simple amusement. […] Les Thessaliens faisoient tant d’état de la Danse, que leurs principaux Magistrats en empruntoient le nom, & s’appeloient Proorquestres, comme qui diroit Meneurs de Danses : cette Inscription se lisoit sous leurs statues, aussi-bien que celle-ci, à l’honneur d’un tel, pour avoir bien dansé au combat ; terme équivalant à celui d’avoir bien fait à la bataille. […] Domitien chassa même du Sénat quelques Sénateurs, pour avoir publiquement dansé de ces sortes de danses ; par rapport au respect que les Romains avoient encore pour la danse Sacrée, & les danses graves & sérieuses. Cicéron reprocha à Gabinius homme Consulaire, d’avoir dansé en public : ce qui fait voir que dès ce tems, la Danse avoit déja perdu sa réputation originelle dans Rome, autant par la prophanation des danses Sacrées, que par la corruption des danses publiques ; & l’on vit chez les Romains toutes les Danses vitieuses triompher de la pureté & de l’innocence des premieres Danses des Juifs, des Egyptiens & des Grecs.
Mlle Lolita Osorio est revenue à la Comédie des Champs-Élysées pour y danser sur des airs espagnols populaires.
Eh bien, toutes ces chances sont compromises, sinon anéanties, par la pénurie des ressources chorégraphiques, par les réticences du muscle non éduqué qui fait Mlle Svirskaya danser faux quand elle entend juste.
Il semble voir danser Mlle Fanny Elssler, en la regardant par le petit bout de la lorgnette. […] Les dames de la meilleure aristocratie s’essayèrent à la danser. […] Elle a dansé hier comme elle n’avait jamais dansé. […] Ce n’était qu’en province et à l’étranger qu’elle se permettait de danser la Sylphide. […] Les recettes de la Sylphide dansée par Fanny Elssler furent médiocres.
Pour éclairer mes danses je voulais un projecteur avec un verre de couleur devant la lentille, mais je désirais danser la dernière danse dans l’obscurité avec un seul rayon de lumière jaune traversant le fond de la scène. […] Puis je fredonnai un air et me mis à danser très doucement dans la pénombre. […] Je continuai à danser, m’effaçant dans l’ombre au fond de la scène, puis revenant sous le bec de gaz et tournoyant avec frénésie. […] Je dansai mon premier, mon second, mon troisième pas. […] Je lui demandai alors s’il croyait que j’allais continuer à danser dans de telles conditions.
Loret, lettre du 11 février 1662 Le sept du mois, Mardi passé, Le Ballet du Roi fut dansé, Mêlé d’un Poème tragique, Chanté, tout du long en musique, Par des Gens Toscans et Romains, La plupart légers de deux grains ; Et, même, par l’illustre Hilaire, Qui ne saurait chanter sans plaire, Et la Barre pareillement, Dont la voix plaît infiniment, Et dont la personne excellente La Beauté même représente (Assez convenable rôlet) Dans ce beau Poème, ou Ballet ; Lequel Poème s’intitule En Français, Les Amours d’Hercule, Et dans sa naturalité Se nomme Ercole Amante. […] Celles de Diane et de l’Aurore, Selon ce que j’en remémore, Que dansent Giraut et Verpré, Sont ravissantes à mon gré, Ce sont deux aimables spectacles, Car l’une et l’autre y font miracles.
Depuis qu’il existe des hommes, il y a eu, sans doute, des chants et des danses ; on a chanté et dansé depuis la création jusqu’à nous, et il est vraisemblable que les hommes chanteront et danseront jusqu’à la destruction totale de tous les êtres créés. » (Dizionario delle Arti e de’ Mestieri del Griselinia .) […] Peu à peu on dansa sur les théâtres, et les Grecs mêlèrent des danses à leurs tragédies et à leurs comédies ; les Romains imitèrent cet exemple jusqu’au temps d’Auguste, qui régala son peuple par des spectacles représentant des actions héroïques ou comiques, exprimées par les gestes et par des danses, qu’exécutaient Pylade et Bathyle, les deux premiers instituteurs de l’art des pantomimes.
Sans la femme du directeur, qui, parfois, nous envoyait des vivres dans un panier, j’aurais souvent dansé l’estomac vide et sablé gaiement le champagne dans ma loge sans avoir rien trouvé à me mettre sous la dent dans ma salle à manger. Mon travail en scène était si fatigant que, lorsque j’avais fini de danser, les machinistes me portaient dans mon appartement qui donnait sur le théâtre. […] Le directeur du théâtre m’avait donné cet appartement et l’avait fait aménager spécialement pour moi, afin que je n’eusse pas à sortir dans la rue, toute moite encore d’avoir dansé.
Le judicieux Abbé Du Bos n’a pas voulu se représenter que nos femmes dansent toujours avec des robes qui les couvrent jusqu’à la cheville, et que nos Danseurs mêmes ont donné mille fois des Danses Turques, Persanes, ou Chinoises avec de longs vêtements Asiatiques. […] Si de nos jours Mademoiselle Sallé avait dû danser le Rôle de Vénus dans le Ballet du Jugement de Paris, aurait-elle fait autre chose ? […] Cinq ou six Acteurs qui se relaient, peuvent aisément déclamer pendant trois heures ; mais il est impossible de danser au-delà de quelques minutes. […] Il est beaucoup plus difficile de danser que de déclamer.
Cet Académicien convient d’abord que jusqu’à lui, on avait cru tout bonnement que les Anciens chantaient et dansaient sur leurs théâtres de la manière à peu près que l’on chante et danse sur le nôtre ; mais comme les chants et les danses de son temps ne lui paraissaient avoir qu’un rapport très éloigné avec les prodiges que le Chant et la Danse ont opérés autrefois à Rome et dans Athènes ; que d’ailleurs il était intimement persuadé, que les hommes ne pouvaient avoir chanté ni dansé mieux qu’ils dansaient et chantaient à notre Opéra, il en a conclu, 1°. […] La prévention s’expliquera de même sans doute, si une nouvelle Danse mieux composée, plus active, moins monotone, s’établit de nos jours sur les débris de toutes les autres ; mais l’extravagance d’un pareil discours mise une fois en évidence, il n’en saurait plus résulter aucun danger ni pour les Artistes ni pour l’Art ; et on osera danser sur notre Théâtre mieux que du temps de Lully, que du temps de l’Abbé Du Bos, que du temps même de Dupré [Voir Chaconne, Entrechat, Gargouillade], sans craindre de se rendre ridicule.
Robinet, lettre du 20 février 1672 Depuis quinze Jours on redanse, En la Royale Résidence, Ce Ballet fait, non sans grands frais, Nommé le Ballet des Ballets : Où, pendant sept heures qu’il dure, Sans qu’aucun ennui l’on endure, On voit les extraits éclatants, De Ballets faits depuis vingt ans, De qui l’on a pris les entrées163 Les Concerts les mieux concertez En un mot, toutes les beautés Qui, le plus, notre Cour, charmèrent Pendant le temps qu’ils les dansèrent.