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11. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre II » pp. 10-20

Ces lignes esquissées par le goût fixent et déterminent les couleurs de l’objet imité et en offrent leurs justes proportions et leur ressemblance. Si le dessin est le corps inanimé de la peinture, les couleurs, employées avec art, en sont, l’ame et la vie. Car si l’on étendoit vaguement et au hasard des couleurs sur une planche, et qu’elles ne fussent point arrêtées par les traits qui fixent les contours, ces couleurs, ou ces teintes prodiguées sans intention sans goût et sans harmonie, ne présenteroient qu’un barbouillage informe, et seroient l’image de la palette d’un peintre après quelques heures de travail. […] La poësie ne faisoit que balbutier ; la musique au berceau n’articuloit que les sons de l’enfance ; la danse se trainoit à peine ; la peinture sans dessin, privée de la variété des couleurs et en ignorant l’heureux mélange, n’offroit que de foibles ébauches ; la sculpture pétrissoit l’argile, et il ne sortoit de ses mains que d’insipides caricatures.

12. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 mars. Pour le ballet français. Ballets russes ; ballets français. — Une variation de « Sylvia ». — « Fox-Péri ». — Juliette Péri. »

Ils valent par l’ironie ou par l’outrance, par la parodie aiguë ou par l’ivresse sensuelle de la couleur. […] Ne point s’enivrer de couleur : construire. […] La mise en scène, décors et costumes, semble revêtir d’un linceul poudreux cette chose pimpante et facile : la couleur morne et exsangue est celle d’un dessinateur : le faux rococo exquis de 1870 est remplacé par un pensum latin dicté par un maître d’école.

13. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre troisième — Chapitre I. Naissance du Théâtre »

Les Mœurs ordinaires des contemporains, que la pénétration, la gaieté, et la vivacité grecque, saisissaient toujours du côté ridicule ; l’esprit épigrammatique si naturel aux Athéniens, la liberté de leur gouvernement, l’influence que chacun des Citoyens avait dans les affaires publiques, le moyen facile dans des représentations imitatives, de peindre, avec les couleurs les plus défavorables, des Rivaux qu’on avait toujours un intérêt éloigné ou prochain de dégrader ; tous ces objets saisis vivement par des Esprits susceptibles de la plus grande chaleur, produisirent en peu de temps la Comédie. […] Les grâces du corps, la souplesse des bras, l’agilité des pieds, ne furent dès lors, pour le Danseur, que ce que sont pour le peintre les différentes couleurs qu’il emploie ; c’est-à-dire, la matière première du tableau.

14. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XII. » pp. 115-121

Il faut que le maître de ballets sache que la danse ne possède que sept pas fondamentaux ; ce petit nombre l’étonnera sans doute, mais sa surprise cessera lorsqu’il saura que la musique n’a que sept notes, et la peinture sept couleurs ; mais le mélange de ces notes et de ces couleurs offre pour la peinture une variété immense de teintes et de demi-teintes dégradées ; pour la musique une variété incalculable de combinaisons harmoniques et mélodieuses : de même les sept pas de la danse, forment à l’aide d’un heureux mélange une foule de temps, de demi-temps et d’enchaînements de pas et de mouvemens. Ces moyens qui sont à la disposition du maître de ballets seroient insuffisants, si le goût ne les distribuoit point avec ordre et économie ; il doit être peintre ; mais comment parviendra-t-il à faire de grands tableaux, si les crayons et les couleurs lui manquent ?

15. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Comment le Danseur peindra-t-il, si on le prive des couleurs les plus essentielles ? […] tout ce qui existe dans l’Univers, n’a-t-il pas des formes, des couleurs & des teintes différentes ? […] Les Démons dansants sont couleur de feu, & ceux qui chantent à côté d’eux ont un teint pâle & livide. […] En supposant même qu’il ne prive point les yeux de l’expression qu’ils doivent avoir, ne s’oppose-t-il pas à l’altération que les passions produisent sur les traits & sur la couleur du visage ? […] Il ne nous reste de tant de beautés que de foibles esquisses auxquelles chaque Auteur prête des traits & des couleurs différentes ; chacun d’eux leur donne le caractere qui flatte son goût & son génie.

16. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — II »

Les Russes y ont mis beaucoup plus de surprise, une vie et une couleur parfois admirables.

17. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 6 septembre : Le Gentilhomme de Beauce — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 13 septembre 1670 »

Robinet, lettre du 13 septembre 1670 […] Puis, on passe dedans un Bois, Où (le Jour étant aux abois) On devait, de la Comédie, Avec Concert, et Mélodie, Avoir le Divertissement, Dessus un Théâtre charmant, Coûtant grand nombre de Pistoles, Ornés de Lustres, Girandoles, Festons de feuillage, et de Fleurs, Des plus éclatantes Couleurs De Vases d’or, de Porcelaines, Et, bref, d’argentines Fontaines, Dont l’eau tombaient, sans aucun bruit, Dans un Bassin, exprès, construit, Où, tout au moins, rempli de mousse, Qui rendait sa chute si douce, Que l’oreille elle chatouillait, De l’air dont elle gazouillait, Sans qu’elle interrompit l’ouïe, Dans le cours de la Comédie.

18. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

Comment le danseur peindra-t-il, si on le prive des couleurs les plus essentielles ? […] tout ce qui existe dans l’univers n’a-t-il pas des formes, des couleurs et des teintes différentes ? […] Les Démons dansans sont couleur de feu, et ceux qui sont à coté d’eux, ont un teint pâle et livide. […] En supposant même qu’il ne prive point les yeux de l’expression qu’ils doivent avoir, ne s’oppose-t-il pas à l’altération que les passions produisent sur les traits et sur la couleur du visage ? […] Il ne nous reste de tant de beautés que de foibles esquisses aux quelles chaque auteur prête des traits et des couleurs différentes ; chacun d’eux leur donne le caractère qui flatte son goût et son génie.

19. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 3 décembre. Danses du « Grand Mogol ». »

La partition de danse que comporte Le Grand Mogol se déroule selon des rythmes symétriques et carrés qu’aucune préoccupation de couleur locale ne vient agrémenter ou tourmenter.

20. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — III, comment je créai la danse serpentine » pp. 22-

Pour éclairer mes danses je voulais un projecteur avec un verre de couleur devant la lentille, mais je désirais danser la dernière danse dans l’obscurité avec un seul rayon de lumière jaune traversant le fond de la scène. […] Je suis stupéfaite quand je vois les proportions qu’ont prises les formes et les couleurs. La préparation scientifique des couleurs chimiquement composées, inconnues jusqu’ici, me remplit d’admiration, et je reste devant elles comme le mineur qui a découvert un gisement d’or et qui s’oublie lui-même dans la contemplation du monde qui est devant lui. […] L’affiche ne m’annonçait même pas comme un « clou » et pourtant ma danse, qui se passait pendant un entr’acte et sans lumière de couleur, fut un succès dès le premier pas. […] Là je pus, pour la première fois, réaliser mes danses telles que je les avais conçues : nuit dans la salle et lumières de couleur sur la scène avec première apparition baignée dans une lumière bleue.

21. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 13 juin : Le Favori — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 21 juin 1665 »

Au bout de la plus longue allée, De feuillages épais voilée, Près du parterre aimable et beau, Devant la porte du Château, Il fit élever un Théâtre, Suivi de maint Amphithéâtre, Embelli de cent agréments, Paré de divers ornements, D’Architecture, de portiques, De perspectives magnifiques : Des espaliers avec des fleurs De toutes sortes de couleurs, Dans des vases de porcelaine, Pour mieux faire éclater la Scène.

22. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Apelles et Campaspe, ou la Générosité d’Alexandre. Ballet pantomime. » pp. 177-189

Cette troupe riante est ingénieusement distribuée par l’artiste ; des amours broyent les couleurs ; d’autres essayent leurs crayons, des zéphirs chargés des présens de Flore s’offrent pour modèles ; les Graces forment grouppe avec l’Amour enfant ; elles lèvent mystérieusement le voile qui couvre son berceau ; ce petit Dieu est endormi. […] Il examine son modèle, et le place dans plusieurs attitudes ; des Amours cherchent à les saisir et à les dessiner ; d’autres arrangent les couleurs qui doivent servir à reproduire les traits de Campaspe ; Apelles éperdu, troublé, ne sait plus quel choix il doit faire : toutes les situations lui paroissent également belles ; il crayonne, il efface, il esquisse de nouveaux traits, il les efface encore, et après un instant de réflexion, il veut la peindre en Déesse. […] L’Amour a amorti ses crayons, émoussé ses pinceaux, affoibli ses couleurs.

23. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Conclusion] »

L’histoire nous a transmis les prodiges des Protées, des Empuses, des Pilades et des Bathiles ; ils ne se bornaient pas à des pas légèrement exécutés, à des attitudes régulières, si l’on veut, mais sans âme et sans vie : inspirés par le génie de leur art, ils exécutaient par son secours ce que le poète produit avec des paroles, le musicien avec des sons, le peintre avec des couleurs, le statuaire avec du marbre, c’est-à-dire qu’avec des pas et des gestes ils formaient de grands tableaux et représentaient des fables théâtrales, des véritables drames qui avaient leur exposition, leur nœud et leur dénouement. […] N’oublions jamais qu’un ballet est un tableau, et que pour faire un beau ballet, il faut nécessairement que le compositeur soit un grand peintre : la scène est la toile, les danseurs sont les personnages, leurs mouvements sont les couleurs, la fidélité du costume le coloris.

24. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VI. Des Ballets Moraux »

Sur un grand Nuage porté par les Vents, on vit l’Apparence vêtue de couleurs changeantes : son corps de jupe était parsemé de glaces de Miroir, elle avait des Ailes avec une grande queue de Paon, et paraissait comme accroupie sur une espèce de Nid, d’où sortirent en foule les Mensonges pernicieux, les Fraudes, les Mensonges agréables, les Flatteries, les Intrigues, les Mensonges Bouffons, les Plaisanteries, les jolis petits Contes.

25. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre V. Préjugés contre la Danse en Action »

C’est un faux jour qui change les objets, en leur prêtant des couleurs qu’ils n’ont pas.

26. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre VII. Supériorité et avantages de la Danse en action »

Les grands hommes renaissent, les événements mémorables se retracent ; les couleurs parlent, la toile respire.

27. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre X. » pp. 64-66

Cette lettre est bien sombre ; il m’a été impossible d’y mettre du couleur de rose.

28. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

C’est dans ces délicieux climats et sous un ciel heureux que le génie et le goût placèrent le berceau des arts imitateurs ; c’est là qu’ils étalérent les chefs-d’œuvre de la peinture, de la sculpture et de l’architecture ; c’est-là que les jeunes artistes, enflammés à la vue de tant de merveilles, les étudient et les copient ; le génie de ces hommes illustres embrâse le leur ; ils trouvent dans les uns le brillant et l’entente harmonieuse des couleurs ; dans les autres, la pureté et l’élégance du dessin : Celui-ci se distingue par la grace de ses figures et le moëlleux de leurs contours ; celui-là étonne par la richesse et la belle ordonnance de sa composition et par la distribution heureuse de ses personnages. Semblables aux abeilles qui, après avoir butiné sur les fleurs, et les fruits, vont ensuite en déposer les sucs parfumés dans leurs industrieuses habitations, les artistes reviennent dans leur patrie, et, l’imagination remplie de grandes images, ils volent à leurs atteliers : leurs pinceaux vigoureux font respirer la toile, et leurs couleurs brillantes nous montrent la nature parée de tous les charmes de l’art.

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