Autour de chacune de ces machines roulantes, des troupes de Danseurs exécutaient au son des plus éclatantes Symphonies, les actions célèbres du Saint, et ceux qui étaient autour du Char de la Renommée semblaient par leurs attitudes aller les apprendre à tous les Peuples du monde. […] « Le 31 Janvier (1610) après l’Office solennel du matin et du soir, sur les quatre heures après midi, deux cents Arquebusiers se rendirent à la porte de Notre-Dame de Lorette, où ils trouvèrent une machine de bois d’une grandeur énorme qui représentait le cheval de Troie. […] Les soldats Grecs sortirent de cette machine, et les Troyens de leur Ville, armés et couverts de feux d’artifice avec lesquels ils firent un combat merveilleux.
Comme il falloit une salle d’opéra et que sa construction exigeoit du tems, on sacrifia la magnifique salle des machines située dans une des ailes du Château des Tuilleries. […] Cette dernière construction valoit mieux que l’ancienne ; mais ce théâtre trop étranglé et trop resserré dans ses flancs, s’opposoit à la célérité du service ; il étoit très-incommode à la manœuvre des machines et à l’exécution des ouvrages en tous genres.
Subligny, dixième semaine, lettre du 18 janvier 1666 Le ROI ces jours passés vit les grandes Machines Des Comédiens du Marais, Qui furent à son gré superbes et divines Dans ses Vols, ses Rochers, ses Eaux et ses Palais.
Dans les Machines du Marais.
Loret, lettre du 10 juillet 1661 […] Dans cette Noble Cour de France, Abondance en réjouissance, On prépare un Ballet si beau, Et d’un appareil si nouveau, Que ce Palais incomparable N’a vu jamais rien de semblable En machines, en incidents, Dans tous les Règnes précédents.
Loret, lettre du 21 janvier 1662 J’étais prié d’y comparaître, Mais comme on ne saurait pas être En même temps, en divers lieux, Durant ce jour-là j’aimai mieux Aller à la suite des Reines, Voir sans embarras et sans peines, Sans passe-port et sans billet, Les Machines du Grand Ballet, Dont on essaya quelques-unes ; Mais telles et si peu communes, Qu’en extase je fus ravi De trois seulement que je vis.
Chacun admire une Machine Qui semble être presque divine, Faisant si promptement aller Et du bout à l’autre voler Cette éclatante Renommée, Des honnêtes Gens tant aimée.
Je ne vous parlerai point d’une machine que lon nomme tourne-hanche, machine mal imaginée, et mal combinée, qui loin d’opérer efficacement, estropie ceux qui s’en servent, en imprimant dans la ceinture un défaut beaucoup plus dèsagréable que celui qu’on veut détruire. […] oui, Monsieur, l’usage de cette machine est pernicieux. […] Vous comprenez que dans cette circonstance les machines n’opérent pas plus efficacement que le travail. […] La plante du pied est la vraie base sur la quelle porte toute notre machine. […] Il faut plus de temps pour mouvoir toute la machine, qu’il n’en faut pour en mouvoir une partie.
Je ne vous parlerai point d’une machine que l’on nomme tourne-hanche, machine mal imaginée & mal combinée, qui loin d’opérer efficacement estropie ceux qui s’en servent, en imprimant dans la ceinture un défaut beaucoup plus désagréable que celui qu’on veut détruire. […] Oui, Monsieur, l’usage de cette machine est pernicieux. […] La plante du pied est la vraie base sur laquelle porte toute notre machine. […] Je soutiens donc que le corps ne peut opérer deux fois en l’air lorsque les ressorts de la machine ont joué & que leur effet est déterminé. […] Il faut plus de temps pour mouvoir toute la machine qu’il n’en faut pour en mouvoir une partie ; la flexion & l’extension du coudepied est bien plus prompte & bien plus subite que la flexion & l’extension générale de toutes les articulations.
Ainsi on imagina un second genre qui les unît aux douceurs de la Musique, aux charmes de la Poésie, et au merveilleux des machines. […] Pour faire naître, entretenir, accroître l’illusion Théâtrale, on eut recours à l’art des machines.
On y voit, aussi, tous les Vols, Les aériens Caracols, Les Machines, et les Entrées, Qui furent là, tant admirées. […] Jupiter, termine la Pièce, Et remet, par tout, la liesse, En immortalisant Psiché, Après avoir, un peu, prêché Vénus, sa trop colère fille, De sa Machine qui fort brille : Et ce Dieu là, c’est du Croisy, Qui hautement, couronne ainsi, L’Oeuvre, de la belle manière.
Toutes ces choses soutenues par les charmes de la Musique, et par les grâces de la Danse, embellies par les plus éclatantes décorations et par un nombre infini de machines surprenantes, formèrent les parties et l’ensemble de ce Ballet allégorique.
Pendant ces divertissements, Si doux, si gais et si galants, On ouït de l’aimable HILAIRE La voix mélancolique et claire, Qui flattait l’oreille et le cœur Du plus délicat Auditeur ; Les instruments et la musique, Dont le Maître scientifique53 Compose des airs ravissants, Répondait à ses doux accents, De VIGARANI les Machines, Paraissaient des pièces divines, Et cet excellent Ingénieur Eut de la gloire et du bonheur D’avoir suivi, par son adresse, Avec tant de délicatesse, Les ordres et le beau dessein De notre puissant SOUVERAIN.
Peut-être est-ce le fond le plus riche que la Danse théâtrale, aidée du secours des machines, ait jamais eu, pour déployer tous les plus beaux ressorts de l’Art. […] On ne me donne, à la place de ce que je pouvais attendre, qu’une froide symphonie, des cartons mal peints, quelques poignées d’étoupes enflammées, et un escamotage grossier, qui ne sert qu’à me faire apercevoir, combien j’aurais pu être satisfait, si le jeu de la Danse et le mouvement des machines s’étaient adroitement concertés, pour rendre à mes yeux et à mon oreille l’intention ingénieuse du poète. […] [Voir Coupe, Entracte, Entrée] Supposons un pareil dessein exécuté par le Chant, la Danse, les Symphonies, la Décoration, les Machines, et jugeons133.
Maintenant que j’écris ceci (J’en ai, de deuil, le cœur transi) Devant le Roi, devant les Reines, Qui sont de retour de Vincennes, On s’en fait, en perfection, L’ultime répétition, Avec tous les tons harmoniques, Avec les habits magnifiques, Les Machines, et cetera.
La danseuse serait donc une machine ? […] Une machine à fabriquer de la beauté.
L’Artiste qui les ignore n’est qu’une machine grossière qui suit aveuglément l’impulsion du ressort qui la fait mouvoir, et tous les hommes en général, qui, dans les Arts dont ils s’occupent ou dont ils s’amusent, ne cherchent, n’attendent, n’aperçoivent que leurs effets, n’ont qu’une jouissance imparfaite, qui les met à tous les instants dans le danger d’en juger mal, et de leur nuire.