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23. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Psyché et l’Amour. Ballet héroï-pantomime. » pp. 121-134

Nymphes, Jeux, Ris et Plaisirs ; troupes d’Amours et de Zéphyrs. […] Psyché endormie sur de riches carreaux, est environnée par les Graces ; les Nymphes, les Jeux, les Ris et les Plaisirs ; leurs mouvemens, leur action et leurs danses légères lui tracent les tableaux variés du plaisir et de la volupté. […] Les Jeux, les Plaisirs et les Nymphes de la suite de Vénus composent la cour élégante de cette divinité. […] L’Amour et Psyché paroissent ; et leur présence inattendue suspend les jeux ; à l’aspect de Psyché Vénus se livre à son courroux ; elle ne peut lui pardonner d’être la plus belle des mortelles, de lui avoir enlevé par ses charmes une foule d’adorateurs et d’avoir ravi l’Amour à son empire. Ici, ce Dieu devient suppliant, Psyché s’humilie et sollicite sa grace ; Vénus n’écoute rien, elle repousse Psyché avec colère et dédaigne les prières de l’Amour ; c’est vainement que les Graces, les jeux et les plaisirs sollicitent en faveur de Psyché ; c’est tout aussi vainement qu’Adonis tombe aux pieds de Vénus pour fléchir son courroux ; elle est inéxorable.

24. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre première. À Voltaire. » pp. 2-7

Ici, la scène changera, elle représentera un endroit délicieux embelli par l’enfant de Cithère ; il paraîtra dégagé de ses attributs ; il annoncera à la belle Gabrielle l’arrivée du Monarque, il ouvrira son coeur à la tendresse ; les Jeux, les Ris et les Plaisirs devanceront les pas du Héros, cette troupe enjouée sera conduite par la volupté. L’entrevüe de Henri avec la belle Gabrielle décélera la situation de leurs âmes : leurs coeurs percés du même trait palpiteront d’amour ; les images de la volupté et de sa suite détermineront les deux amants à se livrer aux sentimens qui les inspirent ; une troupe d’enfans, sous la forme des Amours, des Zéphirs, des Jeux et des Ris composeront plusieurs grouppes distribués autour de Henri et de la belle Gabrielle ; ces enfans formeront des jeux avec les armes du héros, ils couronneront de fleurs son casque, et sa cuirasse ; plusieurs nymphes, de la suite de la volupté, présenteront à Henri un casque artistement composé, et des armes embellies par ce que la galanterie a de plus recherché.

25. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 décembre. La querelle des Anciens et des Modernes. Le procès de Miss Duncan. — Les têtes de l’hydre. — Chopin chez la Goulue. — Mon courrier. »

Dans les jeux des suivantes d’Iphigénie, les gestes imitatifs sont très gracieux. […] Combien le système a vieilli ; tout y est poncif ; la configuration du pas de course et de marche, le jeu des poignets ; à vingt ans le duncanisme radote déjà. […] J’ai aimé son profil aigu, sa cambrure naturelle, la sobriété des moyens employés, la prestigieuse vie rythmique qui anime l’alerte babillage de ses castagnettes et le jeu serré de ses talons.

26. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Danses de Mlle Svirskaya. »

Ses gestes imitatifs — jeux de balle, gymnopédie — sont sagaces et d’une jolie qualité plastique ; ils sont très directement inspirés par Isadora.

27. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 12 février : Réception faite à un Gentilhomme de Campagne — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 14 février 1665 »

Un Homme de Cour que j’estime, Et qui fut, jadis, mon intime, M’avait convié de la voir, Mais je n’en ai pas le pouvoir, Car il faut, comme de coutume, Qu’il sorte aujourd’hui de ma plume, Cette Lettre, que bien des Gens De voir, après, sont diligents : Le Samedi, jour de Saturne, Dont la Planète est taciturne, N’est pour moi nullement un jour De société, ni d’amour, De jeux, de spectacles, de danses, Ni d’aucunes réjouissances, Et si j’ai beau, tous les huit jours, Composer discours sur discours, Divertir les Cours de l’Europe, Où ma Gazette en Vers galope, Et contenter, à ce qu’on dit, Les Gens d’honneur et de crédit, Fortune est envers moi si chiche, Que je n’en deviens pas plus riche ; Mes Créanciers, le plus souvent, Ne font cas, non plus que de vent, De mes excuses ordinaires, Et je ne puis sortir d’affaires : Mais, ô ma Muse, s’il vous plaît, Laissons le Monde comme il est, Contents d’un peu de renommée, Agissons à l’accoutumée, Je dirais cent fois mes besoins Qu’il n’en serait ni plus, ni moins.

28. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre X. » pp. 130-144

Les bras d’un danseur auront beau parler, si son visage ne joue point, si l’altération que les passions impriment sur les traits n’est pas sensible, si ses yeux ne déclament point et ne décèlent pas la situation de son cœur, son expression dèslors est fausse, son jeu est machinal, et l’effet qui en résulte pèche par le dèsagrément et par le défaut de vérité et de vraisemblance.   Je ne puis mieux le comparer qu’à ce que l’on voit dans les bals masqués, ou il y a des jeux publics, mais principalement à Vénise pendant le carnaval. […] Les oreilles n’ont point été flattées de son jeu, ses sons n’ont point touché, mais les yeux se sont amusés ; il a démanché avec adresse ; ses doigts ont parcouru le manche avec légèreté ; que dis-je ? […] De deux acteurs également servis par la nature, celui qui sera le plus éclairé, sera, sans contredit, celui qui mettra le plus d’esprit et de légèreté dans son jeu. […] Si notre âme détermine le jeu et l’action de nos ressorts, dès lors, les pieds, les jambes, le corps, la physionomie et les yeux seront mus dans des sens justes, et les effets résultants de cette harmonie et de cette intelligence, intéresseront également le cœur et l’esprit.

29. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre XV. De la maniere de faire les bras avec les pas de Rigaudon, & les Jettez. » pp. 252-254

Les bras de ce pas sont des moins embarrassans, & la raison en est facile à comprendre, comme je vais vous l’expliquer en peu de mots ; ce pas se fait en place & ne marche pas, il ne fait point non plus de grands mouvemens qui demanderoient beaucoup de force : ce n’est à proprement parler qu’un jeu de cou-de-pied qui engage les autres jointures à faire aussi quelques mouvemens : ainsi dans les bras ce ne sont que les poignets qui s’émouvent ; Sçavoir une fois de bas en haut, & l’autre de haut en bas.

30. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

J’ajouterai que je fis dans ma jeunesse un cours d’ostéologie ; il m’a été très utile dans mes leçons, soit en diminuant les longueurs de l’instruction, soit en jettant plus de clarté dans la démonstration des principes : cet art m’a enseigné à demêler les causes qui s’opposent à l’exécution de tel et tel mouvement ; et connoissant la partie osseuse de l’homme, les leviers et les charnières qui opèrent leurs jeux divers, je n’éxigeois pas de mes élèves ce que la nature ne vouloit pas, et je dirigeois mes leçons d’après un éxamen approfondi de la conformation de chacun d’eux. […] Ces ombres dont l’éloquence ne résidoit que dans les gestes, et dans le jeu varié de la main et des doigts, me répondirent dans leur langage ; je ne compris rien aux mouvemens de leurs bras, et de leurs mains ; je m’apperçus de la trivialité, et de l’insignifiance de leurs gestes. […] Mais le tatillonage de ces gestes, lui repondis-je, ce mouvement accéléré des doigts, ce jeu perpétuel des bras pouvoient-ils être apperçus, et sentis dans des théâtres aussi vastes et aussi spacieux que ceux, qui éxistoient à Rome ?

31. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 26 juin. Lettre à Mlle ***, de l’Opéra. »

Ainsi, vous imposiez et vous superposiez des significations au fait musical spontané et désintéressé : d’un jeu de sonorités vous tiriez un programme de danse ! […] Car l’esprit nouveau instaure dans tous les domaines le culte de l’effort organisé, de la sérénité spirituelle, du jeu logique et divin des formes libres.

32. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 avril. Pour une danseuse morte. — Anniversaire. – Bilan. »

Tout, dans le danseur, devient fonction de ce jeu divin des formes et des lignes, des droites et des courbes, de cette mélodie continue où un thème plastique s’enchaîne à un autre avec une fécondité inépuisable — ce qui fait que le pas d’une étoile est plus riche en variantes de composition et de mouvement, plus lourd de significations idéales qu’un musée de sculpture. […] Jeu souverain ou liturgie muette, la danse classique évoque à nos yeux les choses essentielles de l’âme, l’ivresse d’être et l’aspiration à l’au-delà.

33. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVIII. » pp. 185-200

Le jeu perpétuellement varié de sa figure, soutenu par des regards remplis de feu, animoit sa diction, et lui donnoit cette énergie du silence, quelquefois plus éloquente que celle du discours. […] Cette faculté prodigieuse devoit nécessairement lui procurer cette aisance, et celle sécurité si essentielle au jeu de l’acteur, qui, dans le cas contraire, se trouve perpétuellement. embarrassé. […] Celui-ci lui dit avec transport : « permettez, mon ami, que l’écolier embrasse son maître, et le remercie de la grande leçon qu’il vient de me donner. » Garrick suivoit exactement la comédie Française qui réunissoit alors les talens les plus distingués et les plus rares dans tous les genres ; l’ensemble et l’harmonie qui règnoient dans le jeu des acteurs offroient le spectacle le plus enchanteur, et le plus parfait. […] Mademoiselle Dangeville l’avoit enchanté dans les rôles de soubrettes ; la finesse de son jeu, le tatillonage propre à son emploi, la volubilité nuancée de sa diction, l’intérêt soutenu qu’elle mettoit a la scène, lui avoient acquis des droits à l’estime que Garrick montroit pour ses talens accomplis. […] Sa taille et sa physionomie étoient faites pour ses rôles, il avoit un jeu serré, un débit brillant, un grand sang froid en apparence, qui étincelloit de feu ; ne riant jamais, et faisant rire tout le monde, sans grimaces et sans charge ; il étoit perpétuellement à la scène ; il avoit un masque frippon et mobile, qui se ployoit et se déployoit à la fourberie de ses rôles.

34. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Nostalgie d’étoile. »

Elle met en valeur les cambrures et les inflexions de son corps par le jeu des tissus pittoresques, châles d’Espagne ou mouchoirs bariolés.

35. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — IV » p. 136

Le jeu scénique n’ajoute rien aux grandes fresques de Wagner : il les gâte plutôt, parce qu’il les ravale à la taille et à la présence des interprètes.

36. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 7 au 12 mai : Les Plaisirs de l’Isle enchantée — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 10 mai 1664 »

Malgré les douleurs dont mon col, Dont j’étais quasi pis que fol, Je me mis en quelque équipage, Je pris un cheval de louage, Et fis un dessein courageux De voir ses pompes et ses jeux : Mais, de ce beau Château, l’entrée Ne fut point par moi pénétrée ; Dès la première, ou basse Cour, Un Suisse m’arrêta tout court, Humble, je fis le pied derrière, Mais il me dit à sa manière, D’un ton qui n’était pas trop doux, Oh, Par mon foi, point n’entre fous ; Si bien qu’avec plus de trois mille, Tant des champs, que de cette ville, Qui furent (non pas sans émoi) Rebutés aussi bien que moi, De loin, la Maison regardâmes, Et soudain nous rétrogradâmes, Grinçant cent et cent fois les dents De n’avoir pas entré dedans.

37. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre III. » pp. 21-26

Ici, j’apperçois Thémistocle, le plus grand capitaine de la Grèce, le vainqueur de Salamine, couronné aux jeux olimpiques ; éprouver l’inconstance, et l’ingratitude des Athéniens ; après l’avoir diffamé par un arrêt flétrissant, ils lui confièrent de nouveau les rênes du gouvernement, et bientôt après ils le bannirent de la République. […] Euripide composa soixante et quinze tragédies, dont cinq seulement furent couronnées, et remportérent le prix aux jeux olimpiques.

38. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 juin. Le gala Karsavina. »

Et maintenant que vous êtes là, j’hésite à reprendre ce jeu — qui est notre métier à nous autres — de mêler avec à-propos des épithètes.

39. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre quinzième et dernière. » pp. 216-240

Il aborde ; l’Amour fait jetter l’ancre, il descend de son bord ; les Nymphes, les Jeux et les Plaisirs le suivent ; et en attendant les ordres de ce Dieu, cette troupe légere se range en bataille. […] Il ordonne que l’on renverse leur autel, que l’on brise leur infâme divinité ; les jeux et les plaisirs obéissent à sa voix, l’autel s’ébranle sous leurs coups, la statue s’écroule et se rompt par morceaux. […] Ce Dieu, Clairville et Constance, Dorval et Zenéide, les Jeux et les Plaisirs dansent les principaux morceaux. […] Les habits des jeux et des plaisirs empruntoient la forme de ceux des matelots qui servent sur les batimens corsaires, avec cette différence qu’ils étoient plus galans. […] Diderot, et de la partie de Trictrac jouée dans la première scène du pere du famille, ce qui la rend plus vraie et plus naturelle, j’ai mis un jeu d’échec dans mon ballet.

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