Il est, dis-je, si difficile de rencontrer parmi nous des Batyle & des Pilade1, que je ne saurois me dispenser de condamner tous ceux qui par l’enthousiasme qu’ils ont d’eux-mêmes, cherchent à se faire imiter. […] Quelle précision ne faut-il pas encore avoir, pour n’être pas au-dessus ou au-dessous de l’objet que l’on veut imiter ?
Il établit chez lui une espèce d’Académie de Musique, où on exécuta des compositions imitées de celles que Baïf avait entendues à Venise.
Plusieurs, de haute qualité, Dansant avec sa Majesté, Le plus qu’ils purent, l’imitèrent, Et qui plus, qui moins, excellèrent Avec d’autres Danseurs mêlés, Tous choisis et tous signalés.
Imitons de Marot l’élégant badinage, Et laissons le burlesque aux plaisans du Pont-Neuf. […] Marchez donc sur ses pas ; aimez sa pureté, Et de son tour heureux imitez la clarté : &c…. […] Marchons donc sur ses pas ; imitons sa clarté, Et de son tact précis aimons la pureté. […] Ils étonnaient tant par cette nouveauté, que tous les autres danseurs les imitèrent et même les surpasserent. […] …… Comme l’art imite la nature, on peut dire que la Danse l’imite à l’égard de la plus haute perfection et lorsqu’elle est la plus charmante.
Peu à peu on dansa sur les théâtres, et les Grecs mêlèrent des danses à leurs tragédies et à leurs comédies ; les Romains imitèrent cet exemple jusqu’au temps d’Auguste, qui régala son peuple par des spectacles représentant des actions héroïques ou comiques, exprimées par les gestes et par des danses, qu’exécutaient Pylade et Bathyle, les deux premiers instituteurs de l’art des pantomimes. […] Alors les pontifes chrétiens imitèrent l’exemple de Trajan.
Mais je n’ai oublié ni cet exotisme imité des Folies-Bergère, dont s’inspiraient les danses d’ensemble, d’ailleurs inutiles à l’action, ni cette danse d’Anitra que Mlle d’Etchessary a voulue séduisante, lascive et souple et qui aurait dû être une parodie d’un orientalisme narquois, voire bouffon.
Comme les Prêtres d’Osiris avaient pris originairement des Prêtres du vrai Dieu, une partie de leurs cérémonies ; le Peuple juif, à son tour, entraîné par le penchant à l’imitation si puissant dans l’homme, se rappela, dans le désert, le culte du Peuple qu’il venait de quitter, et il l’imita.
Voyez-vous la Diane dite de Versailles, ou Mlle Lenglen, imiter la danse, du ventre avec force déhanchements ?
Cette fureur d’imiter ce qui n’est pas imitable, fait et fera la perte d’un nombre infini de danseurs, et de maîtres de ballets. La parfaite imitation demande que l’on ait en soi le même goût, les mêmes dispositions, la même conformation, la même intelligence et les mêmes organes que l’original qu’on se propose d’imiter : or, comme il est rare de trouver deux êtres également ressemblans en tout, il est aussi rare de trouver deux hommes dont les talens, le genre et la manières soient exactement semblables.
Les Grecs imitèrent les Egyptiens ; et les Romains à leur tour prirent les Athéniens pour modèle ; ils héritèrent de leur goût pour les arts et les sciences, de leur inconstance et de leur injustice ; ils les surpassèrent dans l’amour qu’ils eûrent pour les théâtres ; mais la passion qu’ils montrèrent pour la pantomime fut portée jusqu’à l’enthousiasme, et dégénéra insensiblement en frénésie. […] Pylade l’imita si parfaitement dans son geste, dans son maintien, dans sa marche, ses manières, son air important, et saisit si bien les traits de sa physionomie, que le public reconnut le grand personnage ; et sans égard pour les titres, les emplois, et la naissance il applaudit Pylade avec transport, et se retournant ensuite vers l’illustre personnage qu’on jouoit, il le contraignit par ses applaudissemens offensans, et ses risées indécentes a quitter le théatre, Ce sénateur irrité menaça de se venger en faisant mettre le feu au théatre, et en faisant assassiner l’acteur, qui l’ayant insulté publiquement, l’avoit couvert de ridicule.
Il faut que la nature soit en tout le guide de l’Art, et que l’Art cherche en tout à imiter la nature.
Qu’il les imite ou qu’il réagisse avec véhémence contre leur enseignement, il ne les perd pas de vue.
Le Modeleur, ne lui prête qu’un caractère permanent et invariable : S’il réussit aisément à bien rendre les figures hideuses et contrefaites et toutes celles qui sont purement d’imagination, il n’a pas le même succès lorsqu’il abandonne la charge, et qu’il cherche à imiter la belle nature ; cesse-t-il de faire grimacer ? […] Ils doivent saisir cet instant de vérité et cette imitation juste qui place la copie au rang de l’original et montre l’objet réel dans l’objet imité. […] Ils doivent imiter cette simplicité, cette joye franche de la nature en belle humeur. […] Si l’on s’étoit imaginé qu’il pût imiter, on se seroit bien gardé de lui mettre un masque, et de le priver des sécours les plus utiles au langage sans parole, et à l’expression vive et animée des mouvemens de l’âme désignés par les signes extérieurs. […] Mais si l’art se perfectionne, si les danseurs s’attachent à peindre et à imiter, il faut alors quitter la gêne, abandonner les masques et en briser les moules, la nature ne peut s’associer à l’art grossier ; ce qui l’éclipse et ce qui la dégrade doit être proscrit par l’artiste éclairé.
Leur objet est égal : dans quelque genre que ce soit, ils doivent imiter, ils doivent être Pantomimes & exprimer avec force. […] Ces trois Danseurs doivent saisir cet instant de vérité & cette imitation juste qui place la copie au rang de l’original & qui présente l’objet réel dans l’objet imité. […] Ils doivent être, pour ainsi dire, les singes de la nature, & imiter cette simplicité, cette joie franche & cette expression sans Art qui regne au village. […] Si l’on s’étoit imaginé qu’il pût imiter, on se seroit bien gardé de lui mettre un masque, & de le priver des secours les plus utiles au langage sans parole, & à l’expression vive & animée des mouvements de l’ame désignés par les signes extérieurs. […] Mais si l’Art se perfectionne, si les Danseurs s’attachent à peindre & à imiter, il faut alors quitter la gêne, abandonner les masques, & en briser les moules.
Cette fureur d’imiter ce qui n’est pas imitable, fait & fera la perte d’un nombre infini de Danseurs & de Maîtres de Ballets. La parfaite imitation, demande que l’on ait en soi le même goût, les mêmes dispositions, la même conformation, la même intelligence, & les mêmes organes de l’original que l’on se propose d’imiter ; or comme il est rare de trouver deux êtres également ressemblants en tout, il est aussi rare de trouver deux hommes dont les talents, le genre & la maniere soient exactement semblables.
Cheminant gaiment, car l’esprit et l’enjouement voyageoient eu croupe avec eux, Preville eût la fantaisie de contrefaire l’homme ivre ; Garrick en applaudissant à l’imitation de Préville, lui dit : « mon cher ami, vous avez manqué une chose bien essentielle à la vérité et a la ressemblance de l’homme ivre, que vous venez d’imiter » — « quoi donc, lui dit Préville ? […] Non, ajoutoit il, la nature a tant fait pour elle, qu’elle a méprisé tous les secours d’un art étranger ; ses yeux, sans être beaux, disoient tout ce que les passions vouloient leur faire dire ; une voix presque voilée, mais qui se ployoit avec flexibilité à l’expression vraie des grands sentimens, et qui étoit toujours au diapason des passions, une diction brulante et sans étude, des transitions sublimes, un débit rapide, des gestes éloquens sans principes, et ce cri déchirant de la nature, que l’art s’efforce envain de vouloir imiter, et qui portoit dans l’âme du spectateur, l’effroi, l’épouvante, la douleur et l’admiration ; tant de beautés réunies, disoit Garrick, m’ont frappé d’étonnement et de respect. […] Les principes d’un art étranger auroient fait grimacer la nature ; ce beau désordre, qui l’embellit, et que l’art s’éfforce en vain d’imiter, auroit disparû, ou se seroit affoibli, et le public eût été privé d’une actrice célèbre, qui lui à fait éprouver tour-à-tour toutes les émotions vives des sentimens, et des passions.