Tout change et dégénère ; une institution si belle a subi le sort de toutes les choses humaines, elle ne subsiste plus ; mais on se souvient encore, et l’on se rappellera toujours avec regret, que les siècles de la chevalerie furent les siècles d’honneur et de la galanterie.
La vue du tombeau d’Achille, et le souvenir des vertus de ce héros pénétrent tous les cœurs de respect et d’admiration.
Le souvenir déchirant du passé empoisonne l’instant présent.
On se souvient encore, dans le pays, d’un accident qui, s’il faut en croire Valvassor, suivit, en 1547, la présence d’un de ces Ondins. […] » Le paysan ne dit mot ; mais quand il fut de retour dans sa chaumière, le souvenir de ces pauvres âmes l’inquiéta fort ; il résolut de les mettre en liberté.
— Ma fille, me disait-elle en prenant sa prise, souviens-toi qu’on aime les biches franches, cela repose des femmes du monde.
Après : s’en souvenir.
Vous souvenez-vous de Nathalie Fitz-James ?
On se souvenait bien d’avoir vu, il y a quelques années, à la Renaissance, une charmante enfant qui jouait un rôle dans une pièce intitulée Zingaro ; mais l’on ne savait pas si c’était une danseuse ou une chanteuse, car elle était l’une et l’autre. […] s’écrie Giselle, les mains jointes, laissez-moi mon Loys, ne le faites pas mourir ; qu’il jouisse encore de la douce lumière des cieux, pour se souvenir de moi, et pleurer sur ma tombe : il est si bon de sentir une tiède larme pénétrer sous terre jusqu’à vous, et tomber d’un œil brûlant sur notre cœur glacé. — Non, non, non, qu’il danse et qu’il meure !
Les arts sensibles, et reconnoissants effacèrent le souvenir de tous ses crimes ; le vainqueur d’Actium, le tyran de Rome et le fléau des Romains dût la gloire de son règne à l’acceuil, et à la protection qu’il accorda aux arts, et par un heureux échange les hommes de génie firent oublier ses cruautés : sans eux la mémoire d’Auguste eût été confondüe avec celle des Tarquin, des Catilina et des Sylla ; mais telle est la puissance des arts, tel est l’empire du Génie, qu’ils consacrèrent le nom d’Auguste dans les fastes de l’immortalité, qu’ils le rendirent cher à sa patrie, qu’il avoit désolée, et qu’enfin son nom est devenu le titre le plus illustre, que l’on puisse donner aux Princes, éclairés, et bienfaisants.
Si Stendhal jugeait impossible de décrire avec exactitude les merveilles chorégraphiques dont il était le spectateur assidu, il peut sembler présomptueux de tenter l’entreprise maintenant que s’est éteint jusqu’au souvenir de ces drames dansés ; nous allons toutefois nous y efforcer, heureux si, avec l’aide des documents iconographiques, des relations contemporaines, des scénarios et de la musique nous pouvons donner une très légère idée des ballets inventés par cet homme de génie. […] « Sans doute, écrit Stendhal, il y a des parties absurdes dans Prométhée, mais au bout de dix ans, le souvenir en est aussi frais que le premier jour et l’on s’étonne encore16. » Au point de vue chorégraphique, le principal intérêt de Prométhée consistait dans la parfaite mise au point des mouvements de foule, des évolutions cadencées des divers groupes. […] L’âme emportée par le plaisir de la nouveauté a des transports pendant cinq quarts d’heure de suite, et quoique ces transports soient impossibles à exprimer par écrit, de peur du ridicule, on s’en souvient après de longues années… Chaque imagination émue par la musique prend son vol et fait discourir à sa manière ces personnages qui ne parlent jamais.
Emma Livry débuta sous les auspices de la grande artiste, qui oubliait qu’elle était la comtesse Gilbert des Voisins et la mère d’une princesse du vrai monde, pour ne se plus souvenir que d’un art auquel elle devait une plus rare illustration que celle du rang social. […] Toujours est-il, d’après lui, que bonbons à ses camarades, montres à ses compositeurs, broches ou camées à ses professeurs du beau sexe, souvenirs encadrés de rubis, remerciements montés en or fin, mademoiselle Emma Livry distribue tout cela avec le laisser-aller de cette bonne femme des Contes de Perrault qui ne pouvait ouvrir la bouche sans qu’il en tombât tout le magasin de Froment-Meurice ou de Fontana. […] Le jour où elle fut portée au cimetière, comme tout le monde se découvrait avec une respectueuse émotion devant le cercueil couvert de blanches draperies et de fleurs virginales, il me souvient d’avoir entendu un rat du dernier quadrille murmurer dans un gros soupir : — Moi aussi, j’aurais bien aimé mourir sage !
Qu’on se souvienne ici, pour ne pas se méprendre en me lisant que le fameux Molière a fait des Farces, et que le célèbre Préville joue les rôles de Caractère.
Le souvenir de leurs anciens succès y était resté vivace. […] De toutes les joies de ce monde, de tous les plaisirs sans fatigue et sans remords, je ne sais pas une joie plus grande, un plaisir plus vif : voir danser Mlle Taglioni, courir à sa suite, je ne dirai pas sur ses traces, car elle ne laisse point de traces ; la suivre en esprit dans les espaces imaginaires où elle s’emporte sans le vouloir ; puis enfin, quand le charme est accompli, rentrer chez soi aussi calme qu’on en est sorti, ne désirer rien de plus que cette danse qui n’est pas une danse, n’avoir que de chastes et paisibles souvenirs, un sommeil tranquille, ne rien regretter de ce qu’on a laissé là-haut, et seulement se dire : je la reverrai dans trois jours ! […] Gautier sur le Diable boiteux se trouve aussi dans ses Souvenirs de théâtre, d’art et de critique, Paris, 1883.
Mais, par les escaliers et par les corridors, voici que tout un essaim d’ombres charmantes tourbillonne et froufroute autour de nous… Lumineuses et impalpables, elles émergent de la nuit du passé, et s’en viennent, en planant à travers les années, des lieux que l’Opéra a habités depuis deux siècles, — du Jeu de Paume de la Bouteille, rue Mazarine, et du Jeu de Paume du Bel-Air, rue de Vaugirard, des deux salles du Palais-Royal et de l’hôtel de la rue Saint-Nicaise, des Tuileries et de la Porte-Saint-Martin, de la Montansier et de la place Louvois… Et, toutes, elles sollicitent l’aumône d’une plumée d’encre et d’un coup de chapeau, — d’un sourire et d’un souvenir ! […] Souvenez-vous de votre prédécesseur Gruer.
Mais on entre en mariage pour les éteindre… Et il n’y a pas de doute que ce n’aient été les pratiques du diable d’introduire là les danses, afin que l’ordonnance de Dieu fût violée, la sanctification du mariage changée en souillure et en malédiction, et qu’on vît naître d’une chose bonne, toutes sortes de maux… Il faut que toutes ces méchantes coutumes disparoissent ensemble du milieu de nous, et que nous rendions l’institution de Dieu sainte en son entier, de peur qu’il ne se courrouce, et que ce qu’il nous avoit donné pour remède, il ne le convertisse lui-même en punition, comme il n’arrive que trop souvent en de pareilles fautes… Jésus-Christ assista aux noces à Cana avec ses disciples : il sera aux nôtres avec toute l’abondance de ses grâces, si nous voulons ; mais qu’il nous souvienne toujours de la sentence de saint Jean Chrysostôme : Là où sont les menétriers et les danses, Jésus-Christ n’y est point.