On oublie, malgré soi pendant la Représentation, le mauvais fond sur lequel ils sont bâtis, pour se livrer sans réserve aux détails agréables, au Chant d’expression, aux traits multipliés de naturel et de génie, dont les Musiciens excellents ont l’art de les embellir.
Sans oublier les principaux personnages de la représentation, il doit penser au plus grand nombre ; fixe-t-il toute son attention sur les premiers danseurs, et les premières danseuses, l’action devient froide, la marche des scènes se ralentit, et l’exécution est sans effet. […] J’ai dit que les principaux personnages d’un ballet ne devoient pas faire oublier les subalternes ; je pense même, qu’il est moins difficile de faire jouer des rôles transcendans à Hercule et Omphale, à Ariane et Bacchus, à Ajax et Ulisse, etc. qu’à vingt quatre personnes qui seront de leur suite.
Apollon paroît sur un nuage, ce Dieu Protecteur d’Admète, n’a point oublié les actes d’hospitalité que ce Prince exerça envers lui lorsqu’il fut chassé du ciel : par reconnoissance, il a obtenu des parques, que lorsqu’Admète toucheroit aux derniers instans de sa vie, il éviterait la mort si quelqu’un s’y devenoit à sa place. […] Apollon, n’ayant point oublié les égards et les services qu’Admète et Alceste lui rendirent, veut être témoin du bonheur de ces époux.
J’oubliai tout le reste. […] Il y avait encore d’autres invités, dont j’ai oublié les noms, tant ma pensée était pleine d’elle seule. […] Elle est une femme, je ne saurais plus, maintenant, l’oublier, mais elle reste mon idole, quand même.
Mais je n’ai oublié ni cet exotisme imité des Folies-Bergère, dont s’inspiraient les danses d’ensemble, d’ailleurs inutiles à l’action, ni cette danse d’Anitra que Mlle d’Etchessary a voulue séduisante, lascive et souple et qui aurait dû être une parodie d’un orientalisme narquois, voire bouffon.
Le Coupé ordinaire est composé de deux pas ; sçavoir, un demi-coupé, & un pas glissé : comme je m’aperçois que le terme de glisser pourroit n’être pas connu de tout ceux qui apprennent à danser ; sur tout cette jeunesse à qui trés-souvent la trop grande vivacité leur fait oublier ce que leur Maître leur enseigne ; c’est à cette occasion que je fais la remarque suivante : Le pas glissé est de passer le pied doucement devant soi en touchant le parquet ou plancher très-legerement ; ce qui doit s’entendre que ce pas est plus lent que si l’on portoit le pied sans qu’il touchât à terre, ainsi se glisser signifie un pas trés-lent, ce qui fait en partie la perfection du coupé : il doit être plié à propos, élevé en cadence & soûtenu gracieusement.
J’avais totalement oublié l’incident, lorsque, quelque temps plus tard, je reçus un petit coffret venant des Indes. […] Un directeur alla jusqu’à me dire que deux ans d’absence de New-York m’avaient fait complètement oublier du public, et qu’en essayant de me rappeler à son souvenir, j’aurais l’air de lui raconter une vieille histoire. […] La préparation scientifique des couleurs chimiquement composées, inconnues jusqu’ici, me remplit d’admiration, et je reste devant elles comme le mineur qui a découvert un gisement d’or et qui s’oublie lui-même dans la contemplation du monde qui est devant lui.
Un jour, en rentrant à Holland-House, il oublia de payer son cocher, et le retrouva dix heures plus tard, l’attendant toujours devant l’hôtel. […] J’ai totalement oublié notre déjeuner jusqu’à deux heures et j’ai téléphoné. […] Boosey n’oubliera jamais son amphytrion américain !
Mais en partant de l’epoque, où ils furent bannis de la Grèce, jusqu’à celle, où ils parurent à Rome, il est a présumer que ces productions furent oubliées ; que la nature avare se réposa long-tems, sans donner de successeurs à cette foule de grands hommes que la Grèce avoit produits. […] Les arts sensibles, et reconnoissants effacèrent le souvenir de tous ses crimes ; le vainqueur d’Actium, le tyran de Rome et le fléau des Romains dût la gloire de son règne à l’acceuil, et à la protection qu’il accorda aux arts, et par un heureux échange les hommes de génie firent oublier ses cruautés : sans eux la mémoire d’Auguste eût été confondüe avec celle des Tarquin, des Catilina et des Sylla ; mais telle est la puissance des arts, tel est l’empire du Génie, qu’ils consacrèrent le nom d’Auguste dans les fastes de l’immortalité, qu’ils le rendirent cher à sa patrie, qu’il avoit désolée, et qu’enfin son nom est devenu le titre le plus illustre, que l’on puisse donner aux Princes, éclairés, et bienfaisants.
Roxane qui a des droits sur le cœur d’Alexandre, paroît avec l’empressement que lui donnent les soupçons dont son âme est agitée, prête à oublier ce qu’elle doit à son maître, elle cherche d’un œil inquiet et curieux, la rivale qu’elle redoute ; elle l’apperçoit et lance sur elle des regards qui expriment tous les sentimens que lui inspire sa jalousie. […] Alexandre, combattu par les différens mouvemens qui agitent son âme, cède enfin à celui de la générosité, oublie tout à la fois sa vengeance, son amour et fait grace aux perfides qui ont abusé de ses bontés et de sa confiance.
L’œil le plus fin ne s’apercevrait pas de la supercherie, si le tapissier n’eût oublié de prendre ses mesures un peu plus justes, et de ne pas faire la jambe droite plus épaisse que la gauche ; si la gorge, trop élevée, ne faisait soupçonner un estomac en bourre de soie, et si la tunique couleur de chair, s’entr’ouvrant par l’essor des ossements, ne laissait parfois échapper quelques flocons d’une substance qui ne pousse pas sur le corps féminin, mais bien sur le dos d’un être doux et innocent, appelé communément mouton. […] Quant à Adèle Dumilâtre, personne parmi nos pères n’a oublié le front large ; aux tempes molles et lumineuses, les yeux bleus transparents dans un ovale d’albâtre et le beau corps élancé, chaste et gracieux, — digne de la Diane antique, — de Myrtha, la reine des willis, au second acte de Giselle. […] En ce temps-là, Taglioni Ire quittait son palazzo du grand canal de Venise et sa villa du lac de Côme pour revoir ce Paris qu’on n’oublie jamais et qu’on regrette toujours. […] Emma Livry débuta sous les auspices de la grande artiste, qui oubliait qu’elle était la comtesse Gilbert des Voisins et la mère d’une princesse du vrai monde, pour ne se plus souvenir que d’un art auquel elle devait une plus rare illustration que celle du rang social. […] Celle-ci ne poussa que trois cris, — de ces cris, me disait le docteur Laborie, que l’oreille ne peut plus oublier.
Gardel a oublié cette loi. […] Ces hommes rares avoient porté leur art au dernier dégré de la perfection ; mais ces précieux modèles ont été oubliés ; moi-même, Monsieur, je ne suis plus aujourd’hui considéré que comme un vieux radoteur incommode ; cependant ou s’attache à m’imiter, mais hélas !
On oublie qu’elle pourrait peindre les vices, les ridicules des hommes, ainsi que la Comédie. […] On est quelquefois si charmé d’entendre parler les Héros de vos Tragédies, ils disent souvent des vérités si sublimes, & tiennent des discours si mâles ; votre style est si beau, si harmonieux, qu’on oublie le plaisir d’aller voir des gens qui se font entendre sans parler, qui découvrent par leurs gestes les passions qui les agitent. […] Ma jeunesse, & une grande connaissance du vrai beau, qui, pour n’être plus suivi, n’est pourtant pas oublié, me feront accueillir avec transport, ou avec cette indulgence qui récompense les efforts, & encourage les dispositions.
Si Tristan et Iseult, de Wagner ; si l’Etranger, de Vincent d’Indy ; si Pe[ILLISIBLE]as et Mélisande, de Debussy, n’ont pas besoin de chorégraphie pour produire un enchantement complet, n’oublions pas qu’il y a des danses dans les Maîtres Chanteurs, dans Parsifal, et que les évolutions des Filles du Rhin sont des figures de ballet.
J’oubliais : les dents fort belles.