Ils s’approchent, ils s’éloignent ; chacun cherche à prendre son avantage ; ils se joignent, ils se saisissent avec fureur. […] Deux Gladiateurs se livrent au combat : la présence d’Hercule, et la vue des couronnes, que le peuple destine au vainqueur, les anime ; la fureur s’empare de leur âme. […] Hercule épris pour le moins autant qu’Hilias des charmes d’Jolé, la cherche avec empressement ; son épouse vole au devant de lui, mais Hercule s’appercevant que son fils et Jolé sont ensemble, conçoit les plus violens soupçons ; il quitte Déjanire et court vers la Princesse dont les dédains et les mépris mettent le comble à sa fureur ; il menace Hilias ; il se dérobe aux empressemens de son épouse ; il vole vers Jolé, qui, méprisant continuellement ses feux, cherche un asyle dans les bras de Déjanire. Cette Princesse vivement frappée de l’indifférence de son époux, et outrée de l’éclat humiliant de sa jalousie, l’accable de reproches ; des reproches elle passe à la fureur ; en vain cherche-t-il à détruire ses soupçons et à la calmer : son amour plus fort que son désaveu, le trahit à chaque instant. […] Ses douleurs s’accroissent ; ses entrailles se déchirent ; il se livre à toute sa rage ; il déracine les arbres ; le malheureux Lycas devient la victime de sa fureur.
Ils sorteut l’un et l’autre avec cette agitation qui exprime la fureur, le remords, et le désespoir. […] Electre est partagée entre là fureur, le désespoir et la vengeance. […] Electre, à la vue du poignard encore tout fumant du sang d’Agamemnon, frémit et exhale sa fureur, puis elle retombe dans sa première tristesse ; Iphise et les femmes font de vains efforts pour la consoler. […] A son aspect, toute : la fureur d’Electre semble renaître ; elle le traite avec mépris, elle l’accable de reproches ; le Tyran, indigné ordonne qu’on la charge de fers. […] Oreste, qui seconde les fureurs d’Electre, lui jure qu’il ne portera que des coups assurés, qu’il brisera ses chaînes et qu’il purgera la terre d’un monstre excérable.
Danaüs, vivement troublé, se fait violence pour dérober à ses enfans la situation de son âme, et pour masquer la haine et la rage qui régnent dans son cœur ; il affecte de se prêter avec joie à cette union funeste, mais il a beau dissimuler ; les étincelles de la fureur et de la vengeance décelent la barbarie dont son ame est tourmentée. […] Ce grouppe mystérieux qu’elles regardoient comme celui de l’Hymen et de l’Amour, représente la haine et la vengeance armées de poignards, qui épuisent les traits de leur fureur sur un jeune homme nouvellement couronné par l’Hymen. A ce spectacle, les Danaïdes reculent épouvantées ; Hypermnestre frémissant du crime, que son père exige d’elle, tombe à ses genoux ainsi que ses sœurs ; en vain elles veulent révoquer leurs sermens ; en vain conjurent-elles Danaüs de leur épargner l’horreur et le remords d’un parricide ; ce père barbare est insensible aux larmes et aux prières de ses filles ; il les menace, il entre en fureur, et il leur ordonne en se retirant de lui obéir, et de ne point épargner le sang de leurs époux. […] A la lueur d’une lampe suspendue dans la chambre nuptiale, Lincée découvre ses frères massacrés et baignés dans leur sang ; la vue d’un tel spectacle le transporte de fureur ; il veut courir au secours de ses frères ; il veut venger leur mort par celle dn cruel Danaüs ; mais ne pouvant plus soutenir l’idée de tant de forfaits, ni résister à la violence de sa douleur, il tombe sans connoissance dans les bras d’Hypermnestre, elle l’entraîne avec le secours de quelques amis fidèles hors de ce lieu d’épouvante ; elle leur confie les jours de son époux ; elle se retire en implorant leur secours, et en leur recommandant de prendre la fuite avec Lincée. […] Danaüs, toujours inquiet et toujours tourmenté, cherche Hypermnestre ; cette Princesse paroît ; à ses pleurs et à la douleur qui l’accable, le Tyran croit ne pouvoir douter de la mort de Lincée ; dans l’instant qu’il lui témoigne sa satisfaction et qu’il cherche à la consoler, des gardes accourent, lui présentent une lettre de ce Prince adressée à Hypermnestre ; à cette vue Danaüs entre en fureur ; il ordonne de courir promptement après ce fugitif ; il commande à ses Gardes d’enchainer Hypetmnestre, et furieux de sa désobéissance il l’accable de reproches, et ordonne qu’on l’éloigne pour jamais de ses yeux.
La Haine , la Fureur , la Vengeance . […] Elle évoque la haine, la fureur et la vengeance. […] Le tonnerre gronde, les éclairs percent la nue, une pluie de feu tombe avec fracas et accèlere les flammes ; Armide monte sur son char ; la vengeance, la haine et la fureur se grouppent à ses côtés ; elle se fraye une route dans les airs.
À Rome, dans les beaux jours de l’art, tous les sentiments qu’exprimaient les Danseurs, avaient un caractère si vrai, une si grande force, tant d’énergie, qu’on vit plus d’une fois la multitude entraînée par l’illusion suivre machinalement les différents mouvements du Tableau dont elle était frappée, pousser des cris, répandre des pleurs, partager les fureurs d’Ajax79, ou les tendres douleurs d’Hécube80. […] Dans les représentations d’Ajax en fureur, les Spectateurs furieux comme l’Acteur qui représentait ce héros, poussaient les hauts cris, se dépouillaient de leurs habits, pour être plus dispos au combat, et en venaient souvent aux mains de la manière la plus cruelle.
Ils imposent la même loi à tous les hommes qui échappent à la fureur des flots. […] Dorval et Clairville encouragés par le danger dèsarment deux de ces cruels ; ils se livrent au combat avec fureur et avec audace, et viennent à chaque instant se rallier auprès de Constance ; ils ne la perdent pas un moment de vue. […] Les sauvages irrités de voir leur culte profané, lèvent tous leurs massues pour massacrer et les adorateurs et la suite de l’enfant de Cythère ; ils tournent même leur rage et leur fureur contre lui ; mais que peuvent les mortels, lorsque l’Amour commande ? […] Les instans du charme qui les rend immobiles, offrent une multitude de tableaux et de groupes qui différent tous par les positions, par la distribution, par la composition, mais qui expriment également ce que la fureur a de plus affreux. […] L’égarement de Fernand, sa rage, sa fureur, son désespoir et son accablement sont l’image des fureurs d’Oreste de Racine.
Ils imposent la même loi à tous les hommes qui échappent à la fureur des flots. […] Les Sauvages irrités de voir leur culte profané, levent tous leurs massues pour massacrer & les adorateurs & la suite de l’enfant de Cythere ; ils tournent même leur rage & leur fureur contre lui, mais que peuvent les mortels, lorsque l’Amour commande ? […] Les Misogyniens à l’aspect de leur divinité renversée & de leur culte profané entrent en fureur ; mais l’Amour ne leur permet de faire éclater leur colere que par intervalle ; il les arrête toujours lorsqu’ils sont prêts à frapper & à se venger. Les instants du charme qui les rend immobiles, offrent une multitude de tableaux & de grouppes qui différent tous par les positions, par la distribution, par la composition, mais qui expriment également ce que la fureur a de plus affreux. […] La feinte jalousie d’Inès est un Episode de pure invention ; l’égarement de Fernand, sa rage, sa fureur, son désespoir & son accablement sont l’image des fureurs d’Oreste de l’Andromaque de Racine ; la reconnoissance enfin est celle de Rhadamiste & de Zénobie de Mr. de Crebillon.
On sait que Psyché étoit d’une beauté rare ; que Vénus en devint si jalouse, qu’elle employa tout son pouvoir pour la persécuter, que l’Amour frappé des charmes de Psyché, conçut pour elle la passion la plus vive, et qu’il se détermina à l’épouser ; que la curiosité de cette jeune Princesse pour connaître son vainqueur, qui ne la voyoit que la nuit, excita pendant quelque tems la colère de ce dieu, et qu’il l’abandonna quelques instans ; on n’ignore pas, dis-je, que Venus profita de ce moment, pour s’abandonner à sa vengeance, et qu’elle livra la malheureuse Psyché aux fureurs des divinités infernales ; qu’indépendamment des tourmens que les furies lui firent éprouver dans ce séjour de douleur, elle y perdit encore ses charmes et sa beauté ; que l’Amour toujours tendre et toujours épris se fraya une route dans les enfers, qu’il y enleva Psyché prête à perdre la vie, qu’il la transporta dans le palais de Vénus, qu’il reconcilia enfin cette divinité avec Psyché, qui recouvra sa fraîcheur et ses charmes : et que l’Amour l’épousa. […] Psyché exprime sa surprise et son dépit ; mais animée par le sentiment de la curiosité, elle se retire doucement, et reparoît bientôt tenant une lampe à la main ; elle approche en tremblant, elle examine avec admiration les traits enchanteurs de l’Amour, une éteincelle de la lampe tombe sur sa cuisse, le brûle et l’éveille ; il se lève en fureur, il fuit Psyché ; c’est vainement qu’elle le presse, qu’elle le prie, qu’elle tombe à ses genoux ; l’Amour est inéxorable ; il sait dailleurs, que la curiosité de Psyché la livre à toute la vengeance de Vénus ; que dans cet instant, sa puissance est subordonnée à celle de sa mère ; il court et s’éloigne de ce qu’il adore, en exprimant tout à la fois et son courroux et l’intérêt le plus tendre. […] Bientôt paroissent Mégère et Alecton suivies de deux démons : à la vue de Psyché, elles expriment leur joye barbare, elles se saisissent d’elle avec fureur, et ne pouvant l’arracher du palais de l’Amour, elles l’enlèvent pour la précipiter dans le séjour des morts. […] Il se livre à son tour à tous les emportemens de la fureur et de la vengeance ; il menace sa mère, il jette loin de lui ses flèches et son carquois.
De quelques Danses des Romains Les Bacchanales, qu’originairement les Prêtres et les Prêtresses de Bacchus, exécutaient à l’exclusion du Peuple, furent dans les suites imitées par tous les Grecs sans distinction ; mais l’ivresse, les convulsions, la fureur qui était de l’essence primitive de ces Danses, furent dans l’imitation métamorphosées en des expressions de gaieté, de plaisir et de volupté.
Cesmouvements, ces gestes devaient former, pour ainsi dire, un discours suivi : c’était une espèce de Déclamation, faite pour les yeux, dont on rendait l’intelligence plus aisée aux Spectateurs par le moyen de la Musique qui variait ses sons, suivant que l’Acteur Pantomime avait dessein d’exprimer l’amour ou la haine, la fureur ou le désespoir. […] Ils contrefaisaient la colère d’Achille, la fureur d’Ajax, l’orgueil d’Agamemnon.
Leur trouble croit et augmente sans cesse ; de la tendresse, elles passent à la jalousie, de la jalousie à la fureur, de la fureur à l’abattement, de l’abattement à l’inconstance ; elles éprouvent, en un mot, successivement tous les sentimens divers dont l’âme peut être agitée, et il les rappelle toujours à celui du bonheur, ce Dieu satisfait et content de sa victoire, cherche à se séparer d’elles ; il les fuit, elles le suivent avec ardeur ; mais il s’échappe et disparoit ainsi que sa mère et les Grâces ; et les Nymphes courent et volent après le plaisir qui les suit. […] Quelques-unes d’entre elles, profitant cependant d’un instant de mèsintelligence que l’ardeur de vaincre a jettée parmi eux, prennent la fuite et leur échappent ; il n’en reste que six aux douze Faunes ; alors il s’en disputent la conquête, nul d’entre eux ne veut consentir au partage, et la Fureur succédant bientôt à la jalousie, ils luttent et combattent. […] Chacun court aux arbres de la forêt ; ils en arrachent les branches avec fureur, et ils se portent de part et d’autre des coups terribles. […] Zaïde est prête à se rendre lorsque Zaïre reparoit avec fierté ; sa présence rappelle sa rivale à toute sa fureur ; celle-ci s’élance avec précipitation sur elle pour lui porter le coup qu’elle se destinoit ; Zaïre l’esquive adroitement ; elle se saisit de ce même poignard, et lève le bras pour en frapper Zaïde. […] A peine sont-elles libres quelles s’élancent l’une sur l’autre avec fureur.
Leur trouble accroit & augmente sans cesse ; de la tendresse elles passent à la jalousie, de la jalousie à la fureur, de la fureur à l’abattement, de l’abattement à l’inconstance, elles éprouvent en un mot, successivement tous les sentiments divers dont l’ame peut être agitée & il les rappelle toujours à celui du bonheur. […] Les Faunes poursuivent les Nymphes qui fuyent devant eux, mais ils s’en saisissent bientôt ; quelques-unes d’entr’elles profitant cependant d’un instant de mésintelligence que l’ardeur de vaincre a jetté parmi eux, prennent la fuite & leur échappent ; il n’en reste que six aux douze Faunes ; alors ils s’en disputent la conquête ; nul d’entr’eux ne veut consentir au partage, & la fureur succédant bientôt à la jalousie, ils luttent & combattent. […] Chacun court aux arbres de la forêt ; ils en arrachent des branches avec fureur & ils se portent de part & d’autre des coups terribles. […] Zaïde est prête à se rendre lorsque Zaïre reparoît avec fierté ; sa présence rappelle sa rivale à toute sa fureur ; celle-ci s’élance avec précipitation sur elle pour lui porter le coup qu’elle se destinoit ; Zaïre l’esquive adroitement, elle se saisit de ce même poignard, & leve le bras pour en frapper Zaïde. […] Les Sultanes dans ce moment entraînent & séparent les deux rivales qui font des efforts incroyables pour se dégager ; elles y réussissent ; à peine sont-elles libres qu’elles se reprennent avec fureur.
Vous rendrez intelligiblement la scène de la Bague, celle où l’Avare fouille la flêche, celle ou Frosine l’entretient de sa maitresse ; vous peindrez le désespoir et la fureur d’Harpagon avec des couleurs aussi vives, que celles que Molière a employées si toute fois vous avez une ame. […] Veut-il peindre, par exemple, la jalousie, et tous les mouvemens de fureur et de désespoir qui la suivent, qu’il prenne pour modèle un homme dont la férocité et la brutalité naturelle soit corrigée par l’éducation ; un porte-faix seroit dans son genre un modèle aussi vrai, mais il ne seroit pas si beau ; le bâton dans ses mains suppléeroit au défaut d’expression ; et cette imitation, quoique prise dans la nature, révolteroit l’humanité, et ne traceroit que le tableau choquant de ses imperfections. […] Le premier se vengera dans l’instant, en faisant sentir le poids de son bras ; le second, au contraire, luttera contre les idées d’une vengeance aussi basse que déshonorante ; ce combat intérieur de la fureur et de l’elévation de l’ame prêtera de la force et de l’énergie à sa démarche à ses gestes, à ses attitudes, à sa physionomie, à ses regards : tout caractérisera sa passion ; tout décèlera la situation de son cœur : les efforts qu’il fera sur lui-même pour modérer les mouvements dont il sera tourmenté, ne serviront qu’à les faire éclater avec plus de véhémence et de vivacité : plus sa passion sera contrainte plus la chaleur sera concentrée, et plus l’effet sera attachant. […] En ignore-t-on les principes, on a peu de ressources ; il faut dèslors renoncer au grand, abandonner l’histoire, la fable, les genres nationaux, et se livrer uniquement à ces ballets de paysans, dont on est rebattu et ennuyé depuis Fossan, cet excellent danseur comique, qui apporta en France la fureur de sauter, je compare la belle danse à une mère-langue ; les genres mixtes et corrompus qui en dérivent, à ces jargons que l’on entend à peine et qui varient à proportion que l’on s’éloigne de la capitale, où règne le langage épuré.
Vous rendrez intelligiblement la Scene de la Bague ; celle où l’Avare fouille la Fleche, celle où Frosine l’entretient de sa maîtresse ; vous peindrez le désespoir & la fureur d’Arpagon, avec des couleurs aussi vives que celles que Moliere a employées, si toutefois vous avez une ame. […] Veut-il peindre, par exemple, la jalousie & tous les mouvements de fureur & de désespoir qui la suivent ? […] Le premier se vengera dans l’instant en faisant sentir le poids de son bras ; le second, au contraire, luttera contre les idées d’une vengeance aussi basse que déshonorante ; ce combat intérieur de la fureur & de l’élévation de l’ame prêtera de la force & de l’énergie à sa démarche, à ses gestes, à ses attitudes, à sa physionomie, à ses regards ; tout caractérisera sa passion, tout décelera la situation de son cœur ; les efforts qu’il fera sur lui-même pour modérer les mouvements dont il sera tourmenté, ne serviront qu’à les faire éclater avec plus de véhémence & de vivacité : plus la passion sera contrainte, plus la chaleur sera concentrée, & plus les étincelles auront de feu. […] on a peu de ressource ; il faut dès-lors renoncer au grand, abandonner l’Histoire, la Fable, les genres nationaux, & se livrer uniquement à ces Ballets de Paysans, dont on est rebattu & ennuyé depuis Fossan, cet excellent Danseur comique, qui apporta en France la fureur de Sauter.
C’est en partant de ce principe, que les Prêtres se persuadaient quelquefois de fort bonne foi, que la Divinité qu’ils adoraient en dansant, les agitait intérieurement, par ces trémoussements violents, qu’ils appelaient Fureur sacrée.