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163. (1834) L’Opéra. Paris ou Le Livre des Cent-et-un. tome XV « L’Opéra. » pp. 366-428

Ainsi s’exprime au moins Durey de Noinville. […] « Peut-on s’imaginer, s’écrie-t-il, qu’un maître appelle son valet ou qu’il lui donne une commission en chantant ; qu’un ami fasse en chantant une confidence à son ami ; qu’on délibère en chantant dans un conseil ; qu’on exprime avec des chants les ordres qu’on donne, et que mélodieusement on tue les hommes à coups d’épée et de javelot dans un combat. » Enfin, sa mauvaise humeur le conduit à définir l’opéra, un travail bizarre de poésie et de musique, où le poète et le musicien, gênés l’un par l’autre, se donnent bien de la peine à faire un mauvais ouvrage. […] Les critiques du temps s’expriment ainsi : « Ce spectacle ne surprit pas moins par sa nouveauté que par la beauté des voix, la variété des concerts, les changemens merveilleux des décorations, le jeu surprenant des machines, et la magnificence des habits. » En 1650, Pierre Corneille donna Andromède, tragédie en machines, avec des chants et musique ; elle fut aussi représentée sur le théâtre du Petit-Bourbon par la troupe royale : les décorations et les machines, entreprises par Torelli sur les ordres de la reine-mère, parurent si belles qu’on les fit graver en taille-douce. […] Il était exprimé dans un édit : « que tous gentilshommes, demoiselles, et autres personnes, puissent chanter (il n’est pas fait mention de la danse) audit Opéra, sans que pour cela ils dérogent au titre de noblesse, ni à leurs priviléges, droits et immunités. » Il était fait prohibition positive à tous les comédiens français et étrangers de se servir de la salle de l’Opéra, d’employer des musiciens au-delà du nombre de douze ; plus tard on réduisit à deux le nombre des voix, et a six celui des violons ; les danseurs leur furent interdits.

164. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

Il y a dans toute sa personne une souplesse remarquable, dans tous ses mouvements une légèreté qui l’éloigne de la terre ; si l’on peut s’exprimer ainsi, elle danse de partout comme si chacun de ses membres était porté par des ailes70. » Ce fut surtout Théophile Gautier qui, en sa qualité de protagoniste du romantisme, célébra dans le succès de la Sylphide la victoire, au sanctuaire de la danse française, de la forme d’art qui lui était chère : « Ce ballet, dit-il, commença pour la chorégraphie une ère toute nouvelle et ce fut par lui que le romantisme s’introduisit dans le domaine de Terpsichore. […] Précurseurs du préraphaélitisme, ils faisaient de Marie une vierge à la Boticelli, touchante de candeur éthérée et portant dans les yeux cet air de mélancolie qui exprime la nostalgie du ciel.

165. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre VII. Des Spectacles des Danseurs de corde, & de l’Art Gymnastique, & des sauts périlleux. » pp. 161-182

J’étois à ce spectacle auprès d’un des plus fameux Danseurs de l’Opéra, qui m’avoua que toutes les Entrées de ce Pantomime étoient inimitables ; ce qui peut confirmer la bonne opinion que les Anciens ont eue des Toscans, pour les danses caractérisées les plus convenables au Théâtre pour exprimer les passions.

166. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Apologie de la danse. » pp. 11-24

Mais le moyen, me dira quelqu’vn d’exprimer par escrit ce dont l’intelligence gist au voir faire ?

167. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

On le suivoit sans peine : il touchoit dans le pathétique ; il faisoit éprouver dans le tragique les mouvemens successifs des passions les plus violentes ; et, si j’ose m’exprimer ainsi, il arrachoit les entrailles du spectateur, il déchiroit son cœur, il perçoit son âme, et lui faisoit répandre des larmes de sang. […] Non, Monsieur, l’imagination quelque vive qu’elle soit, ne se prête point à des contre-sens de cette espèce : des yeux expriment la tendresse, tandis que les traits peindront la haine, des regards pleins de fureur, lorsque la physionomie sera gaie et enjouée, sont des contrastes, qui ne se rencontrent point dans la nature, et qui sont trop révoltans pour que l’imagination, quelque complaisante qu’elle soit, puisse les concilier.

168. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

Il est si naturel, son expression a tant de vérité, ses gestes, sa physionomie & ses regards sont si éloquents & si persuasifs, qu’ils mettent au fait de la Scene ceux mêmes qui n’entendent point l’Anglois ; on le suit sans peine ; il touche dans le Pathétique ; il fait éprouver dans le Tragique les mouvements successifs des passions les plus violentes, & si j’ose m’exprimer ainsi, il arrache les entrailles du Spectateur, il déchire son cœur, il perce son ame, & lui fait répandre des larmes de sang. […] Leur objet est égal : dans quelque genre que ce soit, ils doivent imiter, ils doivent être Pantomimes & exprimer avec force.

169. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « VII. Brelan d’astres » pp. 134-175

Ajoutez à ces dons précieux des bras ronds et potelés, — qualité rare chez une danseuse, — une taille souple et bien assise sur les hanches, des jambes de Diane Chasseresse ; puis, sur tout cela, l’attrait qui ne s’explique pas et qu’on ne peut exprimer, les Cupidons et les Vénus, — Veneres Cupidinesque, comme disaient les anciens, — et vous posséderez le crayon incolore et affaibli de la ballerine qui allait devenir l’idole des habitués de l’orchestre et du parterre, comme la Sylphide devait rester longtemps encore celle des grandes dames des loges et du balcon. […] La danse se prête peu à rendre des idées métaphysiques ; elle n’exprime que des passions : l’amour, le désir avec toutes ses coquetteries ; l’homme qui attaque, la femme qui se défend mollement forment le sujet de toutes les danses primitives. » Il n’y en eut pas moins, à la reprise de la Fille du Danube, tumulte, émeute, bataille à coups de poing.

170. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre II. Objections tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 151-166

Ainsi s’en allèrent les femmes d’Israël après Marie avec des tambours et autres instrumens, mais en donnant gloire à Dieu de la délivrance de son peuple ; car cela est exprimé.

171. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Tous les ouvrages antérieurs à 1681 furent donc coupés de manière à pouvoir se passer de danseuses ; et le pli était pris, si on peut s’exprimer ainsi, lorsque le corps de danse fut renforcé : ainsi Persée, Phaéton, Amadis de Gaule, Roland et Armide, poèmes postérieurs à cette époque, furent coupés, comme l’avaient été Cadmus, Thésée, Atys, Isis, Alceste et Proserpine qui l’avaient précédée.

172. (1936) Philosophie de la danse

Cependant, un philosophe peut bien regarder l’action de quelque danseuse, et, remarquant qu’il y trouve du plaisir, il peut aussi bien essayer de tirer de son plaisir le plaisir second d’exprimer ses impressions dans son langage.

173. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre V. De l’usage de la Danse grave & sérieuse, convenable aux Bals de cérémonie. » pp. 112-145

Tout ce que la langue exprime Saisit lentement l’esprit ; Par la Danse tout s’anime, En un instant tout est dit ; Ses gestes, ses pas agiles, Ses caracteres mobiles Décrivent nos sentimens ; Et ces vivantes peintures Changent d’autant de figures Que le cœur de mouvemens.

174. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre V. Témoignages des Évêques dans leurs Instructions pastorales, des Catéchismes, et des Théologiens contre les Danses. » pp. 51-71

La faculté de théologie de Paris, dans ses articles de doctrine, imprimés chez Estienne, parlant des comédies, des bals et des danses, s’exprime ainsi dans l’art. 73 de la première partie : « Les comédies et les autres spectacles sont justement défendus ; c’est un péché que d’y assister : il faut porter le même jugement des bals ; et généralement toutes sortes de danses doivent être regardées comme dangereuses : Comediæ aliaque ejusmodi spectacula vetita sunt, iisque interesse peccatum est ; idem judicandum de choreis quæ vulgò bals vocantur : cœtera verò saltationum genera periculosa.

175. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre VI. Témoignage d’Auteurs et de Ministres protestans contre les Danses. » pp. 72-93

Je vais donner une analyse et quelques extraits de ce traité excellent en lui-même ; et quoique le français, dans lequel il est composé, soit rempli de termes surannés, qui ne sont plus maintenant en usage, cependant, voulant donner les extraits avec la plus exacte fidélité, afin qu’on soit plus touché de la force avec laquelle les ministres, auteurs du traité, ou qui l’ont adopté, parlent contre les danses, je ne supprimerai ni ne changerai de ces termes, si ce n’est peut-être quelques-uns en petit nombre, qui seroient tout-à-fait inintelligibles, ou qui expriment d’une manière trop grossière le vice de l’impureté, qu’on fait voir être l’ame et le fruit des danses.

176. (1881) Albine Fiori « Albine. Le dernier roman de George Sand — Sixième lettre. Juste Odoard à Mlle de Nesmes, à Lyon. » pp. 433-445

Il ne savait pas dessiner, mais, par des lignes très bien agencées, il exprimait sur le papier ou sur le plancher avec de la craie, les courbes naturelles et la raison des mouvements du corps.

177. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

La Gazette des Théâtres et le Siècle exprimèrent des dispositions peu bienveillantes. […] Ainsi tu révélais à l’univers, ô femme, ce que l’univers a de plus secret, et parfois, dans la fuite rapide de quelques instants, se reflétaient sur ton visage le ciel et l’abîme. » Prati demande ensuite à la mystérieuse créature comment elle a appris à connaître les sentiments qu’elle exprime avec une force incomparable, ainsi par exemple dans le rôle d’Esmeralda, les extases de la vierge, la grâce ingénue, la pudeur céleste, les courroux terribles, les frayeurs sublimes de l’être chaste qui fuit un infâme baiser.

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