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28. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre VII. Des Spectacles des Danseurs de corde, & de l’Art Gymnastique, & des sauts périlleux. » pp. 161-182

Il est vrai aussi que dans ce tems-là les hommes & les femmes un peu de mise n’alloient à ces spectacles qu’avec une espéce de honte. […] Ceux de nos jours n’ayant pas la liberté de parler dans leurs Piéces de Théâtre, imiterent pendant un tems l’art des Pantomimes, qui s’exprimoient par les gestes, & ensuite par le chant & par des tableaux. […] Capitolin rapporte encore qu’au tems de Néron, un Chevalier Romain parut à un de ces spectacles, monté sur un éléfant, qui marchoit en cadence sur la corde : ce qui fait voir que les Danseurs de corde étoient dans ce tems-là en quelque réputation pour les spectacles publics : les Empereurs Romains y assistoient aussi pour se rendre plus familiers au peuple. Il faut que leurs Jeux ayent bien dégénéré depuis ces tems-là, ayant toujours été regardez en France comme un spectacle puérile & convenable à la populace, si ce n’est depuis huit ou dix ans. […] Platon se faisoit au contraire un plaisir de s’aller exercer dans ces Jeux, parce qu’il passoit pour un bon Athléte, avant que de s’attacher à la Philosophie ; il étoit du devoir des bons Citoyens des Républiques, de paroître de tems en tems aux Gymnastes, pour en connoître les progrès, & même d’en continuer l’exercice jusqu’à soixante ans, qui étoit le tems où l’on étoit dispensé d’aller à la guerre pour la défense de sa patrie.

29. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Des manières de civilités. » pp. 138-159

Pour cet effet, il dégagera un pied, le posant à la seconde position ; le corps se posant dessus, s’inclinera dans l’ordre ci-dessus, ramenant en même tems l’autre jambe, en tirant la pointe du pied à terre, pour la rentrer devant à la troisième position, où elle arrivera en même tems que le corps plié qui se relevera doucement. Pour exécuter le salut à la quatrième position en arrière, le cavalier reculera une jambe de ce côté, et se posant dessus, il s’inclinera selon que nous l’avons démontré ci-dessus, en ramenant en même tems sur la pointe du pied l’autre jambe qui arrivera à la troisième position devant, en même tems que le corps plié, lequel se relevera doucement. […] Lorsque la dame fera la révérence, pour donner plus d’élégance et marquer plus de condescendance, elle descendra en même tems les bras, les soutenant dans la forme que nous avons indiquée au maintien. […] C’est en observant ces règles prescrites par l’usage et la politesse qu’on se rend utile et agréable à la société, et qu’on obtient cette estime et cette considération que l’homme doit rechercher dans tous les tems et dans toutes les occasions. […] Pour pratiquer cette méthode, il est nécessaire de lire plusieurs fois et avec attention chaque article ou leçon, afin de fixer les principes dans la mémoire, et par ce moyen de les avoir toujours présens à l’exécution ; et lorsque l’on voudra faire un tems qui est démontré par chaque leçon, il faudra exécuter chaque mouvement successivement, suivant qu’ils sont démontrés, afin d’arriver à l’exécution de ce tems.

30. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre III. Objections tirées des Docteurs de l’Eglise. » pp. 167-174

Ce qui a, disent-ils, animé leur zèle à ce sujet, c’est que de leur temps les danses étoient jointes à l’idolâtrie, et qu’elles se faisoient en l’honneur des fausses divinités ; au lieu que les danses qui se font parmi nous, sont de simples divertissemens, où il n’entre rien, comme autrefois, d’un culte faux et superstitieux. […] Quoiqu’il n’y eût point d’idolâtrie extérieure et sensible, comme dans celle que saint Augustin condamnoit de son temps, il ne laissoit pas de les appeler les jeux du démon, (Jer. 311, n.° 6.) […] Or, cette raison ne regarde-t-elle pas les danses qui se font maintenant, comme celles qui se faisoient autrefois et du temps des saints docteurs ? […] Ce que les saints Pères de l’Eglise ont dit autrefois contre les danses, a donc encore plus de force par rapport à nous, que par rapport aux Fidèles de leur temps ; par conséquent, les danses doivent être plus sévèrement défendues aujourd’hui qu’autrefois. […] « C’est lire trop négligemment les ouvrages des saints pères, que d’assurer, comme fait l’auteur, qu’ils ne blâment, dans les spectacles de leur temps, que l’idolâtrie et les scandaleuses et manifestes impudicités.

31. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Explication des planches » pp. 104-107

Pose, préparation, terminaison des temps et des pas. […] Poses, préparations, terminaisons des temps et des pas. […] Position du danseur dans les temps d’élévation et dans les entrechats. […] Attitudes du danseur dans les temps d’élévation et dans les entrechats.

32. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre II. De la maniere de bien marcher. » pp. 4-8

Je suppose que vous ayez le pied gauche devant, comme la Figure l’a démontré, il faut appuyer le corps dessus & du même tems le genouil droit se plie & le talon se leve par le mouvement que le corps fait en se posant dessus la jambe gauche, & par consequent fait lever la droite, ce qui se fait par son genouil, qui étant plié cherche à s’étendre, ce qu’elle fait en se passant devant vous. […] Les jambes doivent être fort étenduës dans leur tems, les hanches fort tournées en dehors, parce que les autres parties inferieures se tournent d’elles-mêmes, ce qui est incontestable, d’autant que cette jointure commande & dispose des genoux & des pieds : ce que je viens de dire que les jambes doivent être étenduës dans leur tems, c’est lorsque vous passez l’une ou l’autre, d’étendre fort les genoux, ce qui vous empêche de croiser vos pas : ce feroit un défaut auquel plusieurs personnes sont sujetes faute d’attention : ayant aussi les genoux en dehors & les jambes étenduës, cela empêche le penchant qu’ils auroient à devenir cagneux, & même remet ou accoûtume la rotule dans une meilleure situation. […] Il faut aussi donner à sa maniere de marcher un tems qui ne soit ni trop vîte, ni trop lent ; celui-ci tient de l’indolence, & l’autre sent l’étourdi ; ainsi il faut éviter ces deux extremitez.

33. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXV. Du pas de Rigaudon. » pp. 159-161

Ce pas dans sa construction est très-singulier, il se fait à la même place sans avancer ni reculer ; ou aller de côté, & si les jambes font plusieurs mouvemens differens, il est fort gay dans sa maniere, aussi on le place dans les airs à deux tems legers, comme les Bourées, Rigaudons & autres. Il se commence de la premiere position ayant les deux pieds assemblez, vous pliez les deux genoux également, & vous vous relevez en sautant & en levant du même temps la jambe droite qui s’ouvre à côté, & le genou étendu & là reposez du même mouvement aussi à la premiere position ; mais à peine est-elle posée que la jambe gauche se leve en s’ouvrant à côté, sans faire aucuns mouvemens du genou, ce n’est que la hanche qui agite la jambe & la baisse tout de suite, & les deux pieds étant à terre, vous pliez & vous relevez en sautant & en tombant sur les deux pieds ; ce qui termine ce pas, après on fait un pas en avant ou à côté selon le pas que vous entreprenez de faire après ; mais il est indépendant du pas de Rigaudon, ce n’est que pour faire une liaison de ce pas avec un autre, & faire le mouvement du pas suivant avec plus de facilité. Tous ces differens mouvemens se doivent faire de suite, ne formant qu’un seul pas qui se fait dans une mesure à deux tems, comme je viens de dire, aussi toute l’attention qu’il faut avoir en faisant ce pas ; c’est que vos jambes soient bien étenduës quand vous les levez, & lorsque vous sautez de retomber sur les deux pointes & les jambes tenduës ; ce qui vous fait paroître plus leger.

34. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Preface. » pp. 5-10

Ie m’amusois vn iour à considerer d’où procedoit le malheur de plusieurs qui escriuent, que ceux en faueur de qui ils ont employé vne bonne partie de leur vie, ne payent ordinairement tant de sueurs & de veilles que de mocquerie & d’ingratitude, & apres auoir pezé les raisons que ie croyois la cause de ceste iniurieuse mescognoissance ; ie n’en trouuay point de plus forte que ceste naturelle dispatie qui a de tout temps tyrannisé les humeurs des hommes, & qui a donné credit à ce vieil dire, autant d’aduis que de testes. […] Ie sçay donc bien que ceste mienne entreprise donnera pour vn temps de l’entretien aux partisans d’Aristarque, & ne suis pas en doubte qu’elle n’apporte quand & soy de l’estonnement à tout ceux qui me cognoissent, quand ils verront vn effect bien different de celuy qu’ils deuroient attendre de ma nourriture & du premier train de ma vie, mais ceux la cognoistront par le peu de crainte que ie tesmoigne auoir de la caiolerie, que i’ay preferé au mespris & à la mesdisance de quelques vns, l’enuie de proffiter à tous, & ie supplie les autres de considerer, que ce n’est pas vn vice de nous seruir d’vn honneste aduantage lors que la fortune ou l’infortune nous y oblige. Il est vray, ce n’est pas mon mestier que la danse, ny certes ma resolution de mourir en l’exerçant, mais en vn temps & en vn pays où ie me trouue engagé de mettre en pratique ce que poussé de mon inclination i’auois autre fois appris pour mon contentement particulier, & par maniere d’exercice, c’est ma gloire de m’en pouuoir aquitter sciemment, & contenter ensemble ceux qui m’imitent, & cest essay me seruira de garand que la vanité ne me donne point ces paroles, car quiconque entrera en quelque experience de son vtilité, il n’y rencontrera que des actions, ou la bien seance se remarquera tousiours, comme en son element plus necessaire. […] C’est pourquoy si i’estois creu, on obserueroit desormais ceste regle, que nul ne pourroit auoir liberté de monstrer soit en public ou en particulier sans le certificat de quelques vns qui seroient choisis à cest effect, deuant lesquels il seroit obligé de rendre des preuues de la iustesse de ses actions, ensemble de sa suffisance, ou si incapable renuoyé a l’escole, procedure qui donneroit sans doubte vne loüable enuie à plusieurs d’employer heureusement leur temps, & à d’autres de corriger les deffauts où leur aueuglement (causé de trop de licence) les a entretenus iusques icy. […] Il faut au surplus remarquer que de tout temps en chasque contree ou Prouince on a eu vne danse affectee, comme les Anglois les mesures & contredanses, les Escossois les Bransles d’Escosse, les Alemans l’Alemande, les Normans les Bransles de village, les Bretons le Triory ou Passepied, les Bransles de Poitou viennent des Poiteuins, & la Volte de Prouence, des Italiens la Gaillarde ou Romanesque, des Espagnols la Sarabande & Pauane, des Mores les Morisques, à Paris & plusieurs autres lieux de la France, nous auons la diuersité des Bransles & Courantes tant à figures que simples auec partie des susdites danses.

35. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 7 mars. Spectacle de danse de Mlle Brociner. »

Vendredi, jour qui depuis un certain temps semble tout particulièrement propice à la danse, nous avons assisté à une matinée de danse donnée dans la presque intimité de la Comédie des Champs-Élysées ; une inconnue, Mlle Anna Brociner, y fit ses débuts. […] Dès les premières mesures, j’identifie la danseuse classique malgré la nudité des jambes chaussées de mules sans rubans, malgré l’absence des temps sur les pointes. […] Volontiers elle utilise, sans presque les transposer, des temps d’exercices à la barre, détirés ou grands battements ; et ces éléments de discipline scolaire servent de base à une imagination plastique naïve et subtile en même temps.

36. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXI. Du pas de Menuet, & la methode la plus facile pour le faire de differens côtez. » pp. 76-83

Il faut sçavoir que ce pas, de même que l’autre est composé de quatre pas, qui se commencent par deux demi-coupez, le premier du pied droit, & le second du pied gauche, ensuite deux pas marchez sur la pointe des pieds, sçavoir l’un du droit & l’autre du gauche, ce qui s’execute dans le cours de deux mesures à trois tems, dont l’une s’appelle cadence, & la seconde contrecadence. Pour le bien comprendre on le peut diviser en trois parties égales ; la premiere est pour le premier demi-coupé, la seconde pour le deuxiéme, & les deux autres pas marché pour la troisiéme ; ce que l’on ne doit pas être plus de tems à les faire, que celui que l’on met à faire un demi-coupé ; on doit aussi observer qu’en faisant ce dernier pas il faut laisser poser le talon afin que le pied posant entierement à terre on soit plus ferme pour plier ; en recommençant un autre pas. […] Ayant donc le pied gauche devant, vous apportez le corps dessus, en approchant le pied droit auprès du gauche à la premiere position, & de la plier sans poser le droit à terre, & lorsque vous êtes assez pliez, vous passez le pied droit devant vous à la quatriéme position, & vous élever du même tems sur la pointe du pied en étendant les deux jambes près l’une de l’autre, de même qu’il est représenté par la quatriéme Figure des demi-coupez, que l’on nomme équilibre, & de suite vous posez le talon droit à terre, pour avoir le corps plus ferme, & plier du même tems sur le droit sans poser le gauche, & de là le passer devant, de même que vous avez fait du pied droit, jusqu’à la quatriéme position, & du même tems s’élever dessus ; & marcher les deux autres pas sur la pointe des pieds l’un du droit & l’autre du gauche, mais au dernier il faut poser le talon à terre, afin de prendre votre pas de menuet avec plus de fermeté.

37. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXIX. Des Chassez de differentes façons. » pp. 175-182

Ce pas est ordinairement prévenu par un coupé, ou autre pas qui vous conduit à la deuxiéme position, en ce que ce pas se prend de cette même position, & se fait en allant de côté, soit à droit, soit à gauche ; mais pour vous l’expliquer plus clairement, je vais fixer le côté : par exemple, si vous allez du côté gauche, il faut plier sur les deux jambes & vous relever en sautant à demi, c’est-à-dire, raze de terre ; & en prenant ce mouvement sur les deux pieds, la jambe droite se raproche de la gauche pour retomber à sa place, par consequent la chasse en l’obligeant de se porter plus loin à la deuxiéme position, ce qui se doit faire très-vîte ; parce que vous retombez sur le droit premier, & la jambe gauche se pose vîte â la deuxiéme position, ce qui fait paroître que l’on retombe sur les deux pieds & comme l’on en fait ordinairement deux de suite ; c’est pourquoi au premier saut vous retombez, pliez & du même temps sautez une seconde fois, en portant le corps sur le droit ou sur le gauche, selon que le pas qui suit le demande. […] Il s’en fait encore un autre en allant de côté, de même que ceux qui sont placez dans l’Aimable Vainqueur au cinquiéme couplet, dont il y en a trois de suite pour remplir une mesure, ce qui marque les trois tems d’où la mesure de cet air est composé ; mais ce genre de pas est à proprement parler des jettez en chassez, ce qui se va voir par la maniere de le faire. Ce pas se fait ayant le corps posé sur le pied gauche, vous pliez sur le même, & la jambe droite qui est en l’air se passe devant en s’étendant, & lorsque vous vous relevez elle se croise, en se jettant dessus à la troisiéme position, ce qui forme ce jetté chassé ; ce pied droit tombant devant le gauche en prend la place, & par consequent l’oblige de se lever derriere, & de suite plier le genou droit, & en vous relevant jettez-vous sur le gauche, qui tombe derriere à la troisiéme position ; en chassant le droit & en le faisant lever, puis plier sur le pied gauche & se rejetter sur le droit, comme vous avez fait au premier pas : ces trois mouvemens se doivent succeder l’un à l’autre, sans aucune interruption, de même que fait le Balancier d’une Pendule dont les mouvemens s’entresuivent : car dans le moment que vous pliez sur une jambe son mouvement fait lever l’autre, & en vous relevant vous retombez le corps dessus le pied droit en devant, & au second que vous vous rejettez dessus le gauche, le corps tombe en même tems sur ce pied ; par-là vous voyez l’équilibre qu’il faut observer dans ce pas, ce qui en fait la perfection. […] Premier attitude du chassé dans la babet Et de cette situation vous pliez legerement, & en vous relevant la jambe droite qui est en l’air se raproche de la gauche en faisant un jetté chassé en se laissant tomber sur le pied droit derriere le gauche à la troisiéme, ou cinquiéme position, ce mouvement jetté par le poids du corps qui tombe avec le pied, fait lever le gauche qui se porte de suite à côté, en faisant un pas sur la pointe du pied ; mais à peine est-il posé que le corps se porte dessus, ce qui fait lever le pied droit, & le talon gauche se pose, afin d’estre ferme pour en reprendre un autre, parce que ces pas se font très-legerement, n’estant que des demi mouvemens tant du cou-de-pied que des genoux & de la hanche ; ce pas a deux temps differens, la jambe droite levée en commençant, comme il est démontré par la premiere Figure. […] Ils se doivent faire de suite & très-legerement, parce qu’il en entre deux dans une mesure à deux tems legers, ces sortes de chassez sont très gais, & donnent beaucoup d’enjouëment à une danse.

38. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XI. » pp. 145-156

Le second reméde à employer, est de conserver une flexion continuelle dans l’articulation des genoux, et de paroitre extrémement tendu sans l’être en effet : c’est là Monsieur, l’ouvrage du temps et de l’habitude : lorsqu’elle est fortement contractée, il est comme impossible de reprendre sa position naturelle et vicieuse, sans des efforts qui causent dans ces parties un engourdissement et une douleur insupportable. J’ai connu des danseurs qui ont trouvé l’art de dérober ce défaut à tel point qu’on ne s’en seroit jamais apperçu, si l’entrechat droit et les temps trop forts ne les avoient décelés. […] J’ai dit, que les danseurs jarretés doivent conserver une petite flexion dans l’éxécution ; ceux-ci par la raison contraire, doivent être exactement tendus, et croiser leurs temps bien plus étroitement afin que la réunion des parties puisse diminuer le jour ou l’intervalle qui les sépare naturellement. […] Leur vigueur les abandonne-t-elle un instant, ils sont gauches ; ils ignorent l’art de dérober leur situation par des temps simples qui, n’exigeant aucune force, donnent toujours le tems d’en reprendre de nouvelles ; ils ont de plus très-peu d’élasticité, et percutent rarement de la pointe. […] Grace à cette mauvaise habitude et aux jupes, elles paroissent plus brillantes que les hommes, parce que, comme je l’ai dit, ne battant que du bas de la jambe, elles passent leurs temps avec plus de vitesse que nous, qui ne dérobant rien au spectateur, sommes obligés de le battre tendus, et de les faire partir primordialement de la hanche ; et vous comprenez qu’il faut plus de tems pour remuer un tout qu’une partie.

39. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Préface. » pp. -

Je vas d’abord chercher l’origine de la Danse dans les tems les plus reculez & chez les peuples les plus anciens, & je trouve qu’elle y a fait une cérémonie du culte de leur Religion ; ce qui commence à faire connoître une Danse Sacrée qu’on doit regarder comme la plus ancienne de toutes. […] Mais le Sénat informé par la suite du tems des désordres qui se commettoient dans la célébration de cette fête, l’abolit sous peine de mort l’an 668 de la Fondation de Rome. […] Je rapelle chez les Lacédémoniens l’invention de la Danse Militaire qui se pratiquoit au son de la flute, danse dont ils furent redevables à Castor & Pollux, & par laquelle ils s’étoient rendus invincibles, jusqu’au tems qu’Epaminondas Général de l’armée des Thébains, leur en eût enseigné l’usage, pour vaincre à leur tour les Lacédémoniens. Et je fais voir comment les contre-danses qui sont comme les contre-fugues dans la Musique, furent trouvées par Dédale ; il en donna les premiers préceptes à Ariane ; ce qu’Homere décrit dans les cartouches du Bouclier d’Achile, parce qu’elles servoient de son tems de divertissement aux peuples de la Grece, où il s’étoit formé à l’exemple de Dédale, des Maîtres de Danses, qui établirent des régles & des preceptes pour perfectioner les danses publiques. […] L’art des Danseurs de corde a aussi sa place dans cette Histoire, tant par rapport au goût du tems, que parce qu’il paroît avoir été le premier spectacle public représenté chez les Grecs, qui appeloient ces Danseurs Schoënobates, & qui les avoient introduits dans leurs Foires pour attirer chez eux une quantité d’étrangers qui augmentassent leur commerce.

40. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXXIV. Des pas de Sissonne. » pp. 156-158

Sa composition renferme deux façons de sauter differentes l’une de l’autre ; sçavoir, plier pour sauter & retomber plier, & l’autre étant plié est de se relever en sautant : ainsi, si vous voulez le faire du pied droit, ayant le corps posé sur le pied gauche, il faut plier dessus & la jambe droite qui est en l’air s’ouvre de même tems à côté ; mais lorsque vous vous relevez en sautant, elle se croise devant la gauche à la troisiéme position en tombant sur les deux pieds, & restez plié pour vous relever en sautant du même tems, sur le pied droit ce qui termine ce pas. […] Et comme c’est une mesure à trois tems lent, ce pas doit estre fait de cette maniere ; parce qu’il remplit mieux la mesure ; & exprime mieux la cadence.

41. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 3 août : Ballet du Temps accompagnant la tragédie de collège Gusmans — Lettre en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 8 août 1666 »

La Gravette de Mayolas, lettre du 8 août 1666 Il ne faut pas que notre Plume Omette la bonne coutume Qu’en ce temps elle a chacun an ; Écrivons donc comme GUSMAN, Tragédie en tout achevée, Fut représentée ou jouée Dans le Collège de Clermont, Où de grands Personnages sont Enseignants, instruisant sans cesse La plus florissante jeunesse. Les Danseurs du BALLET DU TEMPS Donnèrent bien du passe-temps ; Ils dansèrent tous d’importance, Et le Maître de cette danse, L’adroit CHICANEAU, qu’on vanté, Fort dignement s’en acquitta.

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