Servandoni, faute d’inattention, & qui ne peut détruire le mérite de ce grand Peintre ; c’étoit, je crois, dans la représentation de la Forêt enchantée, Spectacle plein de beauté & tiré du Tasse. […] Ce Ballet a été donné à Paris & à Londres, avec des habits pleins de goût, de la composition du sieur Boquet, Dessinateur de l’Académie Royale de Musique.
Ceux-là se tromperaient étrangement qui se les figureraient, à l’égal de leurs devancières, insouciantes, capricieuses, prodigues ,d’un pouvoir irrésistible, pleines d’attraits et de périls… On rencontre bien encore, par ci, par là, quelques-unes de ces Circés qui changent les fils de familles en rochers ou en brutes… Mais l’époque n’est plus où ces joyeuses excommuniées se dédommageaient d’être damnées dans l’autre monde en menant une existence damuable dans celui-ci… La vie d’une fille de magasin signifiait alors la liberté, la fantaisie poussées jusqu’aux extrêmes limites, les caprices partagés ou subis, l’argent facilement gagné, plus facilement dépensé… On appelait filles de magasin les demoiselles du chant et de la danse, qui, n’ayant pas achevé leurs études, figuraient sur la scène avant d’être engagées. […] Beaucoup se sont mariées : Mademoiselle Roland épousa le marquis de Saint-Geniès, ; mademoiselle Quinault-Dufresne, enrichie par Samuel Bernard, entretenue par le marquis de Nesle, protégée par le Régent, — vraie fiancée du roi de Garbe, — épousa le duc de Nevers ; mademoiselle Grognet épousa le marquis d’Argens ; mademoiselle Defresne épousa le marquis de Fleury ; mademoiselle Sullivan épousa lord Crawford ; mademoiselle Chouchou épousa le président de Ménières ; mademoiselle Rem épousa Le Normant d’Etioles, veuf en premières noces de madame de Pompadour, ce qui inspira à un loustic les vers suivants : Pour réparer miseriam Que Pompadour laisse à la France, Son mari, plein de conscience, Vient d’épouser Rem publicam.
Le temple de l’Amour me présente une multitude de tableaux voluptueux ; l’arrivée de la discorde conduite par la rage me fournit une esquisse d’un pas de deux marqué an coin du terrible, et l’amour s’unissant a ces deux furies me suggère l’idée d’un pas de trois plein d’action et de grouppes pittoresques, ceci, à ce que j’imagine, fera l’exposition de l’action.
Dauberval, mon élève, homme rempli de goût se déclara l’apôtre zélé de ma doctrine et n’en fut point le martyr ; il composa pour l’opéra de Silvie un pas de deux plein d’action et d’intérêt ; ce morceau isolé offrit, l’image d’une scène dialoguée, dictée par la passion, et exprimée par tous les sentiinens que l’amour peut inspirer.
Mais vous savez, Madame, qu’il est tout plein d’êtres dans le monde que l’on ne peut inspirer.
Taglioni était douce, bonne, sans prétentions, pleine de bienveillance… M. le comte Gilbert des Voisins, — son sylphe légitime, — se montrait, de son côté, d’excellente compagnie et d’excellente composition. […] Son profil pur et noble, la coupe élégante de ses traits et les attaches délicates de son col lui donnaient un air de camée que vivifiaient heureusement deux yeux pleins de malice et de volupté, et d’un sourire naïf et moqueur à la fois. […] Le public l’attend avec une curiosité pleine de frémissement. […] Si ce n’était qu’un tour de force, nous n’en parlerions pas ; mais cet élan si périlleux forme un groupe plein de grâce et de charme ; on dirait plutôt une plume de colombe soutenue par l’air qu’un corps humain qui se lance d’un plancher !
« La souplesse, disait le Courrier des Théâtres, l’élégante mollesse, la légèreté de velours, la vivacité spirituelle, l’expression comique toute pleine de goût et de charme que déploie Mlle Fanny ont séduit, captivé les spectateurs jusque-là qu’ils ont cru voir une pièce où il n’y avait qu’une ravissante actrice. » Th. […] La popularité de Fanny Elssler battait son plein. […] « Un citoyen de soixante-dix ans, rapporte le Courrier des Théâtres, reçut un coup de poing qui lui mit l’œil en sang, il fut obligé de sortir… De l’orchestre et de l’amphithéâtre, les femmes se sauvaient, tant pour échapper aux éclaboussures des horions que pour ne pas salir leurs oreilles des infamies qu’adressaient d’effroyables individus à des personnes visiblement étrangères au prétexte de ce tapage. » Toute la semaine les journaux furent pleins de détails à faire frémir. […] D’abord — avantage immense — elle est beaucoup plus belle et plus jeune ; son profil pur et noble, la coupe élégante de sa tête, la manière délicate dont son col est attaché, lui donnent un air de camée antique, on ne saurait plus charmant ; deux yeux pleins de lumière, de malice et de volupté, un sourire naïf et moqueur à la fois, éclairent et vivifient cette heureuse physionomie. […] « On a fait grand bruit, dit-il, de cette algarade dans les journaux : à lire ces récits circonstanciés et lamentables, on dirait que l’Opéra a été le théâtre d’une Saint-Barthélemy plus sanglante que l’autre ; on ne parle que de vieillards à cheveux blancs, de négociants estimables, d’hommes établis et ayant pignon sur rue, déchiquetés, roués, assommés, tigrés et pommelés comme des peaux de léopard, par cette ignoble claque ; les colonnes sont pleines de lettres écrites par les morts.
En somme, les actrices des Délassements composent une troupe charmante, pleine de jeunesse, de zèle et d’intelligence.
D’abord, les mots me demeuraient obscurs, mais, peu à peu familiarisée avec la langue française, je subis le charme irrésistible de sa conversation aux termes choisis, aux belles phrases logiques et pleines, émaillées de mots d’esprit partant comme des frisées.
Après cette plainte, les pères du concile disent : « Nous condamnons et réprouvons les ivrogneries, les disputes, les jeux mauvais et déshonnêtes, les danses, comme n’étant pleines que de folies, les mauvaises chansons ; en un mot, tout ce qui ne peut porter qu’à l’impureté, et généralement tout ce qui n’est qu’une profanation des saints jours de fêtes. » Le concile de Reims, tenu en 1583, au titre des jours de fètes, défend expressément de profaner ces saints jours par des jeux et des danses : Iisdem diebus, nemo ludibus, aut choreis det operam.
Il placera sur plusieurs lignes paralleles les Nymphes & les Faunes ; il exigera scrupuleusement que toutes les Nymphes soient posées dans des attitudes uniformes, & que les Faunes aient les bras élevés à la même hauteur ; il se gardera bien dans sa distribution de mettre cinq Nymphes à droite, & sept Nymphes à gauche ; ce seroit pécher contres les vieilles regles de l’Opéra ; mais il fera un exercice froid & compassé d’une Scene d’action qui doit être pleine de feu.
Mais des essors soudains, changeants, puissants de ta blanche personne sortaient des paroles pleines de lumière, d’harmonie, d’enchantement. […] En présence de ce fragment d’un des chefs-d’œuvre de la création, le spectateur gémit de ne pouvoir se représenter qu’en imagination les formes plus pleines et la beauté totale […] Lorsque, le premier soir, Fanny Elssler parut dans Giselle, le public garda un silence plein de menaces. […] Elle en emportait des cages pleines dans ses déplacements. […] Ce vieux soldat était, au dire de Louis Hevesi, un conteur plein de verve et d’imagination.
Et combien, par conséquent, doit-on rougir d’oser comparer ces danses avec la marche si pleine de religion de Marie, que tant de femmes ne suivirent alors que pour glorifier Dieu à son exemple, à l’envi les unes des autres ! […] C’étoient là des mouvemens de personnes touchées et émues d’une douce jouissance des bienfaits de Dieu ; et ce sont ici des danses, après des banquets, de personnes pleines de vin et de viande, ou de cœurs vains et folâtres.
Je ne leur destine que des choses absolument dignes d’eux et de leurs soins, c’est à dire, des choses excéllentes, pleines de feu et de génie, de ces morceaux rares, exactement neufs et qui inspirent par eux-mêmes. […] Le théatre est le parnasse des compositeurs ingénieux ; c’est là que, sans chercher, ils rencontrent une multitude de choses neuves ; tout s’y lie, tout y est plein d’ame, tout y est dessiné avec des traits de feu.