La vie des acteurs est perpétuellement en danger et menacée de cent morts différentes, celle des ouvriers occupés dans les dessus et les dessous du théâtre également exposée ; tel est le tableau fidèle du désordre, de la confusion et de la crainte qui règnent sur ce théâtre. […] L’action du feu étant de monter, et d’élever au dessus de lui la fumée, elle suffoque les ouvriers et les contraint de fuir ; pour éviter la mort, ils abandonnent leur poste ; c’est ce qui est arrivé devant moi plusieurs fois, et ce qui m’autorise à regarder les réservoirs placés dans les ceintres comme inutiles. […] Dans un incendie égal à celui de l’opéra une foule de spectateurs prit la fuite avec précipitation ; plusieurs d’entre eux se cramponnèrent aux portes soit pour assurer leur sortie, soit pour éviter les risques d’être renversés ou écrasés ; cette colonne grossit à un tel point, et les efforts réunis pour pousser en-avant furent tels que ceux qui tenoient les portes furent déplacés, ils ne les quittèrent point mais ne pouvant résister au choc, elles se fermèrent, il ne fut plus possible alors de faire reculer des gens qui n’entendoient rien et qui étoient saisis de frayeur ; les cris de la mort et du désespoir, des enfans et des femmes écrasés, d’autres dévorés par le feu, étouffés par la fumée, telle est l’esquisse de cet effrayant tableau ; l’instant d’après fut le signal de la mort ; les flammes gagnèrent, elles dévorèrent tout. […] Quel est l’architecte mort ou vivant, qui ait eû l’avantage de construire trois grands théâtres et l’immense dortoir du palais égalité ; construction froide, sans mouvement, et qui ne brille aux yeux du vulgaire ignorant que par la profusion des ornemens ?
Emmanuel cherche à galvaniser la mort en lui juxtaposant la vie.
Or cette danse véhémente, mais souple, mais déliée, avec de grands jetés en tournant qui se déchaînent comme une trombe, n’atteint pas aux secousses terribles qui faisaient du corps gracieux de Marie Piltz cette chose lamentable, déjà ossifiée par la mort qui la guette.
Je demandai à la Princesse Marie, si elle s’était jamais intéressée aux danses des Indiens et des Egyptiens, aux danses funéraires, aux danses sacrées, aux danses des morts… Et elle, à son tour, m’interrogea sur la façon dont je croyais qu’il serait possible de reconstituer ces danses. […] rien ne vaut le cher foyer. » Je venais de danser, ce soir-là, « l’Ave Maria » de Gounod, des danses de bacchantes, d’autres danses encore réglées sur les phrases lentes des concertos de Mendelssohn, pour les danses de la mort, et sur la Marche funèbre de Chopin, pour les danses des funérailles.
Depuis le printemps qui suivit mon début aux Folies-Bergère jusqu’à sa mort, elle m’a accompagnée dans tous mes voyages.
Si tous les habiles médecins décidoient d’un commun accord, qu’en vivant de telles et telles manières, ou qu’en usant de telles et telles nourritures, on s’expose à un danger évident de tomber dans quelque maladie mortelle, ne seroit-on pas frappé de leur avis, et ne s’en rapporteroit-on pas à leur jugement, pour se priver de ce qu’ils auroient décidé être contraire à la santé, et pouvoir causer la mort, quelque peine d’ailleurs qu’on pût souffrir de cette privation ?
C’est que le genre inauguré en France par les Taglioni, dynastie de danseurs italienne et venant de Vienne, comportait toutes les caractéristiques du génie romantique : spiritualisme rêveur, engouement pour la couleur locale puisée aux sources populaires, nostalgie de pays lointains ou féeriques, d’un passé oublié ou légendaire, amour mystique plus fort que la mort. […] Fanny Elssler est une danseuse tout à fait païenne… Quand elle se cambre hardiment sur ses reins et qu’elle jette en arrière ses bras enivrés et morts de volupté, on croit voir une de ces belles figures d’Herculanum ou de Pompéi qui se détachent blanches sur un fond noir et accompagnent leurs pas avec les crotales sonores… « … Sans doute, le spiritualisme est chose respectable ; mais, en fait de danse, on peut bien faire quelques concessions au matérialisme. […] Il compare la ballerine qui rentre dans l’ombre à la cantatrice dont la mort prématurée fut chantée par Musset.
Pour que 1’histoire peigne avec liberté et fasse des portraits frappants de ressemblance, elle doit atteindre le jugement de la postérité ; il pèse à la balance de 1’impartialité, les morts qui jouèrent de leur vivant les premiers rôles sur le vaste théâtre du monde ; ce jugement ne peut être équivoque, il est libre, il ne craint ni la tyrannie, ni le despotisme et n’aspire à aucune faveur. […] L’Epée de bois, mauvais cabaret, étoit le lieu favori ou se rassembloient les candidats : La mort entérroit-elle un membre de cette illustre Académie, ou s’assembloit dans ce Tripot, on mangeoit des huîtres, et l’on bûvoit gaiement au grand voyage du défunt. […] La mort de Mazarin ne fit pas une grande sensation.
Le dernier acte n’étoit employé qu’aux regrets et à la douleur ; l’humanité triomphoit des meurtres et de la barbarie ; le tyran sensible à sa voix détestoit ses crimes ; ils devenoient par gradation ses juges et ses bourreaux ; la mort à chaque instant s’imprimoit sur son visage ; ses yeux s’obscurcissoient ; sa voix se prêtoit à peine aux efforts qu’il faisoit pour articuler sa pensée : Ses gestes, sans perdre de leur expression, caractérisoient les approches du dernier instant ; ses jambes se déroboient sous lui, ses traits s’alongeoient ; son teint pâle et livide portoit l’emprunte de la douleur et du repentir ; il tomboit enfin ; dans cet instant, ses crimes se retraçoient à son imagination sous des formes horribles ; effrayé des tableaux hideux que ses forfaits lui présentoient, il luttoit contre la mort ; la nature sembloit faire un dernier effort. Cette situation faisoit frémir : il grattoit la terre, il creusoit en quelque façon son tombeau ; mais le moment approchoit, on voyoit réellement la mort : tout peignoit cet instant qui raméne à l’égalité ; il expiroit enfin : le hoquet de la mort et les mouvemens convulsifs de la physionomie des bras et de la poitrine, donnoient le dernier coup à ce tableau terrible. […] Nulle diversité dans les traits, nulle expression, nul caractère : tout languit, et la nature gémit sous un masque mort et désagréable.
Deux ans après la mort de Viganò, Stendhal parle de ses « admirables ballets » comme d’œuvres d’art anéanties depuis des siècles : « C’était un art nouveau qui est mort avec ce grand homme. » Stendhal ne faisait que partager l’opinion générale alors en Italie. […] Aussitôt après sa mort tous constatent l’irrémédiable décadence de la chorégraphie en Italie. […] Depuis que le cinématographe nous a révélé la possibilité d’actions muettes d’un effet terrifiant et non moins expressives, d’une psychologie non moins délicate que les drames récités, nous imaginons assez bien ce que pouvait être la mort de Desdémone, mimée par des artistes de génie comme la Pallerini et Molinari. […] * * * On ne saurait douter que le ballet de Viganò ne fût un merveilleux spectacle et d’une originalité telle que, lui mort, personne ne réussit à produire en ce genre rien qui en approchât.
A neuf ans elle lisait Schopenhauer ; à quatorze elle faisait des recherches dans les archives de la police secrète du siècle passé ; à seize elle étudiait la littérature ancienne de l’Inde ; à dix-huit elle publiait un manuscrit qu’elle avait trouvé après la mort de sa mère. […] La mère de Gab avait dû écrire ce livre pendant son voyage là-bas, car peu de temps avant sa mort elle avait visité cet intéressant pays et avait pénétré dans les maisons et aussi dans les cœurs où aucun Européen ne trouve accès.
Nous nepouvons pas raconter aux Spectateurs qu’un Héros a été tué ou qu’il s’est donné la mort.
L’homme, que j’avais vu souffrant, devait être mort, et la femme, la pauvre vieille, si laide, au tablier bleu, n’avait pas osé, sans doute, revenir seule. […] Je me demandais de quelle gaîté elle témoignerait quand enfin la mort de la paralytique viendrait la débarrasser du poids dont elle avait bénévolement chargé sa vie.
D’introduire dans mon récit un homme de la campagne — le roi de pique — lequel m’aurait « arrachée à la mort » et repêchée dans la rivière sans réclamer, dans un beau mouvement de désintéressement, les vingt-cinq francs de prime.