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15. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE II. » pp. 15-29

Les Sujets que l’on traite en Danse sont pour la plupart vuides de sens, & n’offrent qu’un amas confus de Scenes, aussi mal cousues que désagréablement conduites ; cependant il est en général indispensable de se soumettre à de certaines regles. […] Mentor, dans un spectacle de Danse, peut & doit agir en dansant ; cela ne choquera ni la vérité ni la vraisemblance, pourvu que le Compositeur ait l’Art de lui conserver un genre de Danse & d’expression analogue à son caractere, à son âge & à son emploi : je crois, Monsieur, que je risquerois l’aventure, & que de deux maux j’éviterois le plus grand, c’est l’ennui, personnage qui ne devroit jamais trouver place sur la Scene. […] s’il n’acquiert de nouveaux degrès de chaleur, à mesure que l’intrigue se dénoue, le plan est mal conçu, mal combiné, il peche contre les regles du théatre, & l’exécution ne produit alors d’autre sensation sur le spectateur, que le froid qu’elle traîne après elle.

16. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 26 septembre 1671 »

A presques passé, tout de bon, Dans la Nacelle de Caron, Où, par feinte, on voit qu’elle passe, Au Ballet, sans qu’elle trépasse, Mais son Mal, d’abord, véhément, Se modère présentement,  Et bien-tôt, étant drue, et saine, Icelle reprendra son Rôle, sur la Scène.

17. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 9 janvier : Le Triomphe de Bacchus dans les Indes ou Ballet de Créqui — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 17 janvier 1666 »

Un Ballet à plusieurs Entrées, Agréablement préparées, Ne les divertirent pas mal, Non plus que la beauté du Bal. 

18. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre VII. Objection : On a toujours dansé. » pp. 188-201

Est-il croyable, dit-on, que s’il y avoit tant de mal ou tant de danger, l’usage en fût si ancien et si répandu ? […] Vous ne suivrez point la multitude pour faire le mal. […] Mais bien loin qu’en faisant mal, on puisse tirer de la coutume aucun avantage ni aucune excuse, on est au contraire d’autant plus condamnable, qu’on n’a pas eu la force de surmonter une mauvaise coutume. […] Qui peut douter que celui-là ne se rende coupable d’un grand crime, qui rend le mal pour le bien, pendant qu’il ne lui est pas permis de rendre le mal pour le mal ?

19. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1668 — Début septembre (le 2 ?) : Remèdes à tous maux — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 8 septembre 1668 »

Robinet, lettre du 8 septembre 1668 Nos COMIQUES ITALIENS, Toujours de risibles Chrétiens, Et féconds en Pièces nouvelles, Qui sont magnifiques et belles, En ont une sur le Tapis (C’est sur la Scène que je dis), Qui ne doit rien à ses Aînées, Qu’en leur temps j’ai si bien prônées, Soit pour les changements divers, Pour les Ballets, pour les Concerts, Les Jardins les Architectures, Les Perspectives, les Peintures Et les risibles Incidents, Qui, sans fin, font montrer les Dents Et rire à gorge déployée ; Car toute la Troupe enjouée Y fait des MIRABILIA, Hors la charmante OLARIA, Qui n’a nul rôle en cette Pièce, Féconde Source de Liesse, Et dont le Titre, en quatre mots, Est : LES REMÈDES À TOUS MAUX, Dont j’espère, en quelque autre Épître, Faire un plus digne et grand Chapitre.

20. (1779) Trattato teorico-prattico di ballo « Trattato teorico-prattico di ballo —  Parte prima — Capitolo LIX. Del Gioco delle Braccia »

Del Gioco delle Braccia [1] Il gioco delle braccia è tanto necessario, quanto da lui dipende il ballar bene o male: tanto, quanto senza di ciò il corpo del Ballante si ridurebbe ad una statua ambolante senza espressione e senza grazia. […] Male intendono quei che, prevenuti e pieni di pregiudizio, fan distinzione di merito tra l’uno e l’altro carattere. […] [17] Ben lungi dal dir male del Serio: con l’esperienza mostro il fanatismo di certuni che declamano contro il Grottesco e si dichiarano partitari del Serio.

21. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre V. Premier emploi de la Danse »

Il est donc très vraisemblable que les hommes chantèrent d’abord les bienfaits de Dieu, et ils dansèrent, quoique sans doute assez mal, pour exprimer leur respect et leur gratitude.

22. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 22 août : Ballet, La Destinée de Monseigneur accompagnant la tragédie de collège Sigéric — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 26 août 1662 »

J’en voudrais dire davantage, Mais le mal félon qui m’outrage Ne me permet ni peu, ni point, De bien approfondir ce point.

23. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1668 — Début septembre (le 2 ?) : Remèdes à tous maux — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 15 septembre 1668 »

Robinet, lettre du 15 septembre 1668 Les Grands Comiques d’Italie, Fléaux de la Mélancolie, Sont de plus en plus joviaux Dans leur REMÈDES à TOUS MAUX,104 Pièce des plus facétieuses, Aussi bien que des plus pompeuses, Où SINTHIO, d’icelle Auteur, Paraît très agréable Acteur, Ainsi que l’obligeant OCTAVE, Toujours et si leste et si brave ; Où l’admirable AURÉLIA, Femme habile, si Femme y a, Et qu’estimait la REINE-MÈRE, Comme une grande Actrice opère, De même qu’ISABELLE aussi, Et nullement cossi cossi ; Où l’alerte DIAMANTINE Tout-à-fait joliment badine ; Où SCARAMOUCHE et le DOCTEUR Font rire de belle hauteur ; Où TRIVELIN, sans que j’emballe, Dedans son Rôle se signale ; Où le jovial ARLEQUIN Est un très plaisant Marocain ; Où, bref, sans qu’aucun d’eux j’oublie, Leur nouvel Acteur d’Arcadie, Joue autant bien qu’il peut jouer, Et ce n’est pas trop le louer.

24. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VI. » pp. 56-71

Une versification lâche, et sans nerf, des tableaux sans effet, des situations forcées, des coups de théâtre mal préparés. […] Ici, c’est l’éxposition d’un grand tableau allégorigue qui pêche également par l’ordonnance, la couleur, et la disposition mal entendüe des figures ; c’est un logogriphe en peinture que l’esprit ne peut ni concevoir ni deviner. […] Lorsque je lis les poèmes immortels d’Homère de Virgile, du Tasse, de l’Arioste et de Voltaire ; lorsque j’examine avec enthousiasme le Laocoon, l’Appollon du Belvéder, et la Venus de Médicis, lorsqu’enfin mon oeil s’arrête sur les chefs-d’oeuvre de Raphaël, de Michel-Ange, de Paul Veronnèse et du Corrège ; ces étonnantes productions du génie me pénétrent d’une admiration respectueuse ; ces hommes extraordinaires se peignent à mon ésprit étonné, sous la forme des Géants ; je réfléchis, et je me demande si ce sont les règles qui ont opéré tous ces miracles ; je consulte ma raison, et elle m’assure que la beauté, la grace et l’élégance ne peuvent être leurs ouvrages, et que les règles isolées sont des bâtons propres à guider les pas mal assurés des artistes à vüe basse. […] Mais si elle n’a pas fait les premières avances de cet apprentissage, tout ira mal. Il est des vices ou des déffauts de construction qui ne peuvent s’éffacer, et qui arrêtent également le maitre et l’élève ; raison suffisante pour rejetter de l’école des graces les enfans mal batis, mal constitués, et d’une figure désagréable ; lorsque l’on se consacre aux plaisirs du public, il faut être né avec toutes les dispositions que l’art du théatre exige, et si l’homme qui s’y destine n’a pas été primordialement favorisé par la nature, il languira dans la médiocrité, et l’art qu’il appellera vainement à son secours, ne lui prêtera que le masque infidèle de la nature.

25. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XIII. » pp. 73-76

Il ne put guérir ni les fièvres ardentes, ni les convulsions ni le délire qui agitoient sans cesse ce corps vicieux et mal constitué. […] Il s’imagina qu’il falloit brouiller pour régner, et ce petit Machiavel médita mal ; ses petites tracasseries furent découvertes.

26. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — Début Mars : Fête dans l’Empire germanique (carrousel) — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 10 mars 1667 »

Robinet, lettre du 10 mars 1667 Le grand BALLET IMPÉRIAL, Ballet que l’on danse à Cheval Et préparé selon les Règles Pour la SOUVERAINE DES AIGLES, Fut dansé, la première fois, Un jour du pénultième mois ; Mais IGNACE, l’amoureux SIRE, Ne partageant pas bien l’Empire Avec le Seigneur JUPITER, Il lui plut le déconcerter Par certaine fâcheuse Pluie, Qui mouilla fort la Compagnie, Qui chiffonna tous les Habits Couverts de Perles et Rubis, Qui défrisa blondes Perruques Qui couvraient quantité de Nuques, Détrempa Plumes et Capots, Sans doute très mal à propos, Et, d’une funeste manière, Fripa la petite Oie entière De ces Équestres Baladins, Ainsi que de leurs Guilledins ; Si bien que tel fut le dommage Que causa cet humide Orage Que, selon ce qu’on en écrit (Dont l’EMPEREUR fut moult contrit).

27. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 23 janvier 1667 »

À propos de Réjouissances, De Cadeaux, de Momons, de Danses, CLOTON aussi ne fait pas mal, De son côté, le CARNAVALL, Et l’on danse en toutes Contrées Son grand BALLET, d’autant d’ENTRÉES Qu’il est de Mortels et d’Emplois, Sans excepter Papes ni Rois, De cette Loi dure et griève.

28. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre IV. Jugement des Conciles contre les danses. » pp. 44-50

Le concile de Bordeaux, tenu ensuite en 1624, parlant de la célébration des fêtes, commence par remarquer que le cœur de l’homme est si naturellement porté au mal, que ce que les saints pères ont autrefois établi pour réunir les peuples dans des assemblées de prières, ne sert plus, par un renversement étrange, qu’à les emporter dans différens excès. […] Au reste, en parlant de ces désordres, des dangers, des maux que j’ai fait considérer dans les danses en général, je n’ai pas prétendu qu’ils se trouvent tous réunis dans chacune en particulier ; mais je soutiens qu’il n’est aucune danse dans laquelle quelqu’un au moins de ces maux et de ces dangers ne se trouve, et cela suffit pour qu’on doive les interdire à tout chrétien.

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