Si l’on considère ses effets, tant sur le moral que sur le physique, on sera forcé de convenir que, par ses différents caractères, elle exprime les passions avec énergie ; qu’il n’est pas de situation de l’âme qu’elle ne puisse peindre avec vérité, et que l’homme en tire des secours innombrables, dont l’importance n’est bien appréciée que par l’œil observateur du philosophe ; peut-être ne serait-il pas indigne de son attention d’examiner si elle ne pourrait pas devenir un moyen de guérison pour ces maladies de l’âme, à la cure desquelles sont impuissants tous les secours de l’art d’Hippocrate. On voit rarement des atrabilaires et des hypocondriaques dans la classe des amateurs de la danse ; elle influe donc sur le caractère, en portant à la gaîté celui qui a du penchant à la tristesse et à la mélancolie : et en la considérant par l’utilité que peut en tirer la médecine dans les maladies où il importe de rendre la circulation aux fluides et de donner du ton aux solides, on conviendra que cet exercice devient très recommandable.
Un petit Livre dont je tire Tout ce qu’ici je viens d’écrire Se tait des Décorations Dans ses belles Narrations ; Mais, aux Fêtes du grand MONARQUE, Pour l’ordinaire l’on remarque Que ce sont des Enchantements, Et non de communs Ornements.
Pour les effets que la Peinture & la Poësie font sur les esprits, il est certain que l’une & l’autre sont capables de remuer puissament les passions ; & si les bonnes Piéces de Théâtre ont tiré & tirent encore tous les jours des larmes des yeux de leurs spectateurs, la Peinture peut faire la même chose, quand le sujet le demande, & qu’il est comme nous le supposons, bien exprimé. […] On entend par le mot de raisonnement, ou la cause & la raison par laquelle l’ouvrage fait un bon effet, ou l’action de l’entendement qui connoît une chose par une autre, & qui en tire des consequences. […] Les autres tableaux de cette Gallerie, qui sont tous allégoriques, donnent lieu de tirer des conséquences par les simboles qui conviennent aux sujets & aux circonstances que le Peintre a voulu traiter. […] On tire encore de la Peinture des inductions par les attitudes, par les expressions, & par les mouvemens des passions de l’ame. […] Car on tire des couleurs une harmonie par les yeux, comme on tire des sons par les oreilles.
le monstre si canard, Qui nous perce164 de son dard, Cloton, depuis mainte semaine, Par une avanie Inhumaine, Tirait une actrice au collet Laquelle d’un Rôle follet Et d’un sérieux tout de même S’acquitait avec gloire extrême, Et, bref, comme un original Dont mainte autre copiera mal, Certain air, & certaine grâce, Comme une chose qui la passe.
Que si quelque esprit de contradiction, (comme il est presque impossible autrement pour les raisons que i’ay dictes) se iette icy à la trauerse, & blasonne ce que i’escris, ie me console en ce qu’il ne le peut faire qu’au desaduantage des plus renommez de la profession, qui pratiquent ceste Methode, & ausquels ie fais vn sacrifice volontaire de ma peine, & du desir extreme que i’ay, que la danse possedant l’honneur qu’elle merite, fut autant estimée comme elle est estimable : Ce qui semble ne pouuoir iamais estre qu’au prealable on ne l’aye tirée de dessous les pieds de l’ignorance, qui la gehenne & la contrainct à des postures indignes d’estre veuës, bien moins d’estre imitées. […] Quant aux Canaries elles y sont aussi fort en vsage, mais leur origine est incertaine, les vns disent qu’aux Isles de ce nom là ceste danse est ordinaire, mais i’ayme mieux ceste opinion, que comme plusieurs de nos airs de Courante ont este tirez de quelques Balets, les Canaries viennent aussi d’vn Balet où les Danseurs representoient les Roys & Reynes de Mauritanie desguisez en Sauuages couuerts de plumages de diuerses couleurs.
Objections tirées de l’Ecriture sainte. […] Salomon, dans le passage de l’Ecclésiaste ; n’a nullement pensé aux danses ; mais il a seulement parlé d’une manière historique de ce qui se passe continuellement dans le monde, où quelquefois on est affligé et on pleure, et d’autres fois on saute de joie : c’est pourquoi il commence le chapitre d’où sont tirées les paroles qu’on objecte, par cette sentence : Toutes choses ont leur temps. […] Les saints Pères sachant combien les mauvais chrétiens sont disposés à se prévaloir de tout ce qui paroît dans les saintes Ecritures tant soit peu favorable à leurs passions, et prévoyant qu’il s’en pourroit trouver quelques-uns qui abuseroient de ce texte de l’Evangile pour justifier les danses, ont eu soin d’avertir les Fidèles de n’en pas tirer une conséquence si contraire aux vues de Jésus-Christ. […] Les ministres protestans que nous avons déjà cités plusieurs fois, ont répondu avant nous aux exemples qu’on voudroit tirer des livres saints en faveur de la danse : ce qu’ils ont dit à ce sujet nous a paru assez lumineux et assez solide pour mériter de trouver encore ici sa place. […] « que ceux qui voudroient tirer avantage de ce silence, n’auroient qu’à autoriser les gladiateurs et toutes les horreurs des anciens spectacles, dont l’Ecriture ne parle pas.
Même remarque pour Mlle Sinding, mais elle s’en tire grâce au charme inattendu d’une éblouissante jeunesse.
Idzikovsky, le bon métier « académique » de Mmes Egorova et Chollar, le parti que sait tirer Mme Tchernitcheva de sa belle personnalité scénique, et certains « anonymes » du corps de ballet qui font très bien.
Le fruit qui se peut tirer des meilleures choses dépend de la grâce de Dieu dont les jugemens sont impénétrables ; et la dépendance où nous sommes de la grâce pour faire le bien, doit-elle nous empêcher de prendre tous les moyens extérieurs qu’il est dans l’ordre de Dieu que l’on prenne pour le pratiquer ou pour le procurer ? […] Mais si cette conséquence est fausse, dès lors le raisonnement d’où on l’a tirée n’est-il pas évidemment faux ?
Ce ballet est tiré du poème de M. […] L’enjouée Thalie, toujours fertile en expédiens, tire ses sœurs à l’écart : elle leur propose de former des guirlandes, des fleurs dont l’enfant est entouré et de l’en enchaîner si fortement, qu’il ne puisse leur échapper, si c’est un oiseau ; ni être à craindre, si c’est l’amour. […] L’Amour, pour se venger du mal qu’elle vient de lui faire et pour servir en même temps Daphnis, tire malicieusement une fléche de son carquois : Philis qui commence à devenir curieuse, veut tout apprendre se saisît de la fléche ; elle en examine la forme et voulant indiscrètement savoir si elle est aigue, l’enfant malin, qui la guette, lui pousse le bras et la lui fait entrer dans le bout du doigt. […] Les jeux commencent ; on tire de l’arc ; on se livre ensuite à la lutte, et on finit les exercices par des danses, formées autour des statues d’Apollon, et d’Hyacinte. […] Des Bergers descendent de la colline ; le beau Daphnis paroît couronné de roses ; il aborde les filles de Lycénion, et leur dit que leur beauté mériteroit la préference ; mais qu’il n’a qu’une couronne et que l’Amour le rend injuste ; puis cherchant avec l’empressement du désir sa chère Philis qui, par modestie, s’est cachée derrière ses compagnes, il vole à elle, la tire de la foule, lui pose la couronne sur la tête et tombe à ses pieds.
Que nos talents modernes tirent eux-mêmes la conséquence nécessaire et sans réplique, qui suit naturellement de ce raisonnement simple.
Indépendamment des ballets dont j’ai tiré les sujets de mon imagination, j’en ai composé un grand nombre d’après les auteurs anciens ; l’histoire, la fable m’ont fourni de précieux matériaux ; le théâtre des Grecs, Homère, Virgile, l’Arioste et le Tasse m’ont offert, des secours, qui ont embelli mon art, et le théatre Anglais m’a prêté des beautés très propres à l’action pantomime. Je croirois, Monsieur, n’avoir rempli qu’imparfaitement ma carrière, si j’abandonnois le théâtre, sans donner un ballet tiré de la Henriade ; c’est cette entreprise qui doit couronner mes travaux, et les beautés que j’y moissonnerai prêteront à ma composition cette énergie et ce sublime, qui brillent dans votre divin poème.
Je finis ce Chapitre-ci, Ajoutant, justement, aussi, Que cet admirable Génie132 Que nous a fourni l’Italie, Pour travailler, en bel arroi, À ces grands Spectacles de Roi, Avait de ses savantes Veilles, Tirés les charmantes Merveilles Qui ravissaient en ce dernier, Dont il mérite un beau Loyer.