[Première partie] [1] Le Spectacle que je présente au Public est un Ballet Pantomime dans le goût des Anciens. […] C’est le fruit de mes études que je présente au Public ; et j’ouvre une nouvelle carrière aux Maîtres de Ballets qui auront les connaissances et les talents nécessaires pour y entrer. […] Si le Public ne veut pas se priver des plus grandes beautés de notre Art, il doit s’accoutumer à s’attendrir et à pleurer à nos Ballet. […] Je réussirai peut-être mieux lorsque j’aurai ajouté l’expérience à l’étude ; et le Public me fera certainement un mérite de l’avoir entrepris dans la vue de lui plaire, et me tiendra compte du défaut des moyens : nous manquons de tout ce qui serait nécessaire pour de tels Spectacles.
Mais voilà que je ne reconnais plus le public ! Car ce public, soi-disant revenu de tout, sait par cœur l’adage de Tréfilova, comme l’on sait une stance de Musset ou bien une fable de La Fontaine. […] On voit par là combien le public a raison de se passionner pour ces hauts faits de la gymnastique classique.
L’Ouvrage s’est ressenti de son acceuil favorable, auquel j’ai certainement plus attribué le succès qu’il a eu dans le Public, qu’à tout autre mérite ; ce qui fera peut-être trouver extraordinaire à Votre Altesse Royale, qu’au lieu de me contenter de lui en venir témoigner mon humble reconnoissance, j’ose lui faire observer une espece d’engagement auquel Elle ne s’attendoit pas, & qu’elle a néanmoins pris en faveur de l’Histoire de la Danse, comme sœur de la Musique : c’est une cadette qui n’a pas besoin d’une protection moindre que celle que vous avez accordée à l’aînée, pour paroître avec agrément dans le monde. […] Ni cette grandeur qui vous environne, ni la gravité attachée à l’importance des affaires qui vous occupent, ni le caractere de Héros que vous soutenez déja depuis long-tems, ne rendent point cette Histoire indigne de votre protection, lorsque vous sçavez, MONSEIGNEUR, que l’exercice qui en fait le sujet, a servi aux Rois les plus sages & aux Héros les plus illustres de l’Antiquité, à signaler leur joye dans les plus grandes occasions de Fêtes & de réjouissances publiques.
L’estime particulière que ces deux Princes accordoient aux compositions de leur maître de chapelle, à privé le public et les amateurs de la jouissance de ces belles productions ; dignes tout à la fois de servir de modèles aux artistes et de leçons aux jeunes compositeurs. […] Je dois dire cependant, à la justification du public, que plusieurs sottises n’ont pas peu contribué a refroidir son goût. […] Ces annonces prématurées et mensongères, ne contribuèrent pas peu à dégouter le public ; les louanges outrées que cet ex-directeur ne cessoit de donner à l’ouvrage d’Hayden, portoient le caractère du charlatanisme. […] Si j’ajoute à ces inconvéniens l’effet révoltant que produisit sur le public l’impôt arbitraire que le directeur mit indistinctement sur toutes les places ; on jugera que son ressentiment fut préjudiciable au chef-d’œuvre d’Hayden, et qu’il en éprouva le contre-coup.
Les êtres, Madame, qui brillent à l’opéra depuis sept heures jusqu’à onze heures du soir, et que le public regarde comme autant de corps célestes, n’ont pas la moindre analogie avec ceux qui composent le systême planétaire. […] Vous avouerez, Madame, que tous ces contre-facteurs des talens dégradent la scène et fatiguent le public éclairé. […] Il faut convenir qu’il y a un triage à faire dans les réputations de nos jours, et que le public qui juge et qui prononce sur le mérite, ne voit pas toujours juste. […] Lorsque l’on se consacre aux plaisirs du public tels que ceux de la scène, il faut avoir reçu de la nature les dons précieux qu’elle n’accorde qu’à un petit nombre.
Allard et Pélin, ils formoient des pas de quatre délicieux ; une gaité franche et naïve, une expréssion vraie, adaptée au sentiment de la joie, un ensemble admirable, une précision rare, présidoient a tous leurs mouvemens ; ces pas faisoient tourner la tête au public enchanté, sans le secours de la pirouette. […] Guymard fixa les applaudissemens du public depuis son début jusqu’à sa retraite ; les grâces l’avoient douée de leurs dons ; elle en avoit les agrémens et les charmes. […] Le public hérita ensuite des talens distingués de la Dlle. […] Après vous avoir fait l’éloge justement mérité d’une foule de gens à talens dont la parque a moissonné une partie et d’ont l’autre est nulle pour les plaisirs du public, je vous entretiendrai, Madame, des artistes actuels, et principalement de ceux qui peuvent servir de modèles à leur art.
Il reste toujours à craindre l’inconstance de la Fortune, les caprices du public, les intrigues et les cabales. […] Mille détails, donnés en pâture par les journaux à un public avide, absorbaient son attention. […] Mais il ne fallait pas y voir uniquement de l’afféterie et le désir de capter la faveur du public. […] « Il fallut au public, au vrai public, écrit Charles de Boigne, quelques représentations pour s’habituer à la cachucha. […] C’est au milieu de cette espèce de deuil public que tomba la nouvelle de la maladie de Fanny Elssler.
Il y avait donc, dans le pas des Lutteurs des Fêtes Grecques et Romaines que le Public a si constamment applaudi, une faute de composition bien importante, puisqu’il était sans dénouement. […] J’ai choisi d’ailleurs, de propos délibéré, cette action de Danse, que son succès doit avoir gravée dans le souvenir du Public, et dans l’esprit de nos jeunes Danseurs, afin de donner plus de poids, par un exemple frappant, à une règle qui ne saurait être trop scrupuleusement observée. […] Mais vous que la nature a comblé de ses dons, jeunesse vive et brillante qui êtes l’ornement du Théâtre, l’amour du Public, et l’espoir de l’Art, ouvrez les yeux, et lisez.
Ces Messieurs ne pensent pas comme le Public, & devraient bien avoir pour les Auteurs l’indulgence qu’ils desirent qu’on ait pour eux-mêmes. […] En dépit d’eux, le Public va me connaître. […] Ce ferait leur jouer un assez mauvais tour, & rendre service au Public ....
Ces établissemens ne coûtent rien au trésor public : c’est l’amour de l’humanité et la générosité nationale qui augmentent tous les ans les fonds qui y sont destinés. […] On n’a point attendu sa mort pour rendre hommage à sa mémoire, L’estime et la reconnoissance publique ont voulu que ce grand compositeur jouit de son triomphe, Ces Oratorios sont coupés par les symphonies enchanteresses d’Hayden et par des Concertos exécutés par les hommes les plus célèbres. […] Il seroit bien à désirer que les chanteurs des chœurs et les figurans de l’opéra participâssent au bénéfice de cet établissement : il ne peut offenser l’amour-propre, puisque le fonds n’est que le résultat d’un sacrifice annuel et volontaire de leur part, et que l’accroissement de ce même fonds dépend de la générosité et de la bienfaisance du public.
De retour enfin à Vienne, nous nous mîmes sérieusement à l’étude et je décidai d’organiser des soirées afin de la produire devant un public qui saurait l’apprécier et la comprendre. […] Certaine enfin d’avoir un bon public, je retournai à l’hôtel et dis à mon amie que l’occasion si longtemps désirée par elle de se produire d’une façon vraiment utile était enfin venue. […] Affolée, je la suppliai de se presser, lui expliquant qu’elle risquait par sa négligence de mécontenter un public qui pouvait la lancer définitivement. […] Alors je compris soudain l’attitude étrange du public, et, poussée par une sorte d’inspiration, je m’écriai à voix assez haute pour que tout le monde pût m’entendre : — J’ai oublié de vous dire combien notre artiste est aimable. […] Auprès de tous, j’ai dû passer pour une imposteuse, car mon amie continua à paraître en public dans ce que j’avais appelé sa robe de travail et toujours jambes nues, ce qui, du reste, fit son succès.
Joies. » Les entrefilets destinés à tenir l’attention du public en éveil se multiplient. […] Le public était tenu au courant du travail des répétitions. […] Le public manifeste plutôt de l’ennui. […] Les fictions de Shakespeare, accommodées de la sorte, laissent le public froid. […] Ce n’était pas assez de la montrer du haut de la scène de l’Opéra au public enchanté.
Pour la première fois, ils rencontrèrent la résistance acharnée d’un public de fidèles. […] Mais combien je préfère le pandæmonium de jadis, le corps à corps furieux des deux publics de 1913 à l’approbation bénigne et blasée des spectateurs actuels ! […] Aucune conviction n’anime les exécutants qui ne cachent nullement au public leur désillusion ironique.