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115. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

Ce sont des bandes de pourpre qui jettent un grand éclat, je l’avoue ; mais ce n’est pas là leur place ». […] Et par exemple, on place aisément un Sauteur habile à côté de Vestris, et une femme qui fait légèrement des entrechats, au niveau de la Sallé.

116. (1852) Tableau de Paris. Chapitre XII « [Chapitre XII. Extrait] » pp. 104-108

Le lendemain matin, le peuple contemplait les affreux ravages de cet incendie, lorsqu’une voiture chargée de costumes échappés aux flammes traversa la place du Palais-Royal. […] Marcheurs et marcheuses sont les figurants et les figurantes du ballet : ils ne disent pas pendant dix minutes « Allons, marchons, courons », en continuant de rester en place ; ils ne crient pas à tue-tête et avec accompagnement de cymbales et de trompettes, « Retirons-nous sans bruit » ; ils se contentent de faire les évolutions élémentaires, et ils forment tous les cortéges.

117. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre II. De la Danse Sacrée des Hébreux, des Chrétiens dans la primitive Eglise, & des Payens, depuis son origine jusqu’à présent. » pp. 33-58

« Quiconque les premiers jours de Janvier & de Mai, suivant la coutume & superstition des Gentils, festoyera les calendes dudit mois de Janvier, à cause du nouvel an, ou la fête du premier Mai à cause du renouvellement du Printems, ou dressera la table dans sa maison, avec force viandes & lampes, ou cierges allumez, ou quiconque osera louer des Chantres ou Joueurs d’instrumens, & former des danses par les rues & les places publiques, qu’il soit excommunié & regardé comme un impie. » Néanmoins par succession de tems ces sortes de danses & les danses Sacrées ne laisserent pas de reprendre racine en France : l’abus s’en trouva si considérable, que les Evêques firent des constitutions Sinodales dans le douziéme siecle, pour les abolir autant qu’il fut possible ; comme nous le voyons par la constitution de Odon Evêque de Paris, qui fit un commandement exprès aux Curez & aux Prêtres de son Diocese, d’abolir l’usage des danses nocturnes, & d’en empêcher la pratique dans les Eglises, dans les Cimmetieres & aux Processions publiques. Ces constitutions ont été plusieurs fois appuyées par des Edits de nos Rois, & pour la défense des danses Baladoires qui se faisoient par les peuples les Fêtes & Dimanches dans les places publiques, aussi-bien que la danse des Brandons qui se faisoit autour des feux le premier Dimanche de Carême, dont l’origine vient du Paganisme. […] Limoges n’est pas le seul lieu en France où l’usage de la danse Sacrée subsiste encore, surtout en Provence, aux Processions solemnelles ; quoiqu’il semble que Dieu même ait voulu réformer cet abus par une punition divine, sous le regne de Charles V, l’an 1373, au rapport de Mezeray, qui dit qu’en France le peuple fut attaqué d’une passion maniaque ou phrénésie inconnue à tous les siécles précedens : ceux qui en étoient atteints se dépouilloient tout nuds, se mettoient une couronne de fleurs sur la tête, & se tenant les mains par bandes, alloient dansant dans les rues & dans les Eglises, chantant & tournoyant avec tant de roideur, qu’ils en tomboient par terre hors d’haleine ; ils s’enfloient si fort par cette agitation, qu’ils eussent crevé sur la place, si on n’eût pris le soin de leur serrer le ventre avec de bonnes bandes.

118. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Ainsi, sans que rien puisse le distraire, ou l’arrêter, le peintre saisit son pinceau, et la toile se colore, les figures s’arrangent, les morts revivent ; le ciseau est déjà dans la main du sculpteur, et le marbre s’anime ; les vers coulent de la plume du poète, et le théâtre s’embellit de mille actions nouvelles qui nous intéressent et nous étonnent ; le musicien monte sa lyre, et l’orchestre remplit les airs d’une harmonie sublime ; un spectacle inconnu, que le génie de Quinault a créé, et qu’elle embellit, ouvre une carrière brillante aux Arts divers qu’il rassemble ; des masures dégoûtantes disparaissent, et la superbe façade du Louvre s’élève ; des jardins réguliers et magnifiques prennent la place d’un terrain aride, ou d’un marais empoisonné ; une éloquence noble et mâle, des accents dignes de l’homme, font retentir le barreau, nos tribunes, nos chaires ; la face de la France change ainsi rapidement comme une belle décoration de théâtre ; les noms des Corneille, des Molière, des Quinault, des Lully, des Le Brun, des Bossuet, des Perrault, des Le Nôtre, volent de bouche en bouche, et l’Europe entière les répète et les admire : ils sont désormais des monuments immuables de la gloire de notre nation et de l’humanité. […] Ce ne sont plus que de froides copies retournées de mille petites façons différentes : les hommes disparaissent ; on ne trouve plus à leur place que des singes et des perroquets. […] Ne soyez point surpris de le voir envahir toutes les places de son état, et celles même qui paraissent lui être le plus étrangères ; il a la sorte de mérite qui les donne : mais un nom illustre, une gloire pure et durable, cette considération flatteuse, apanage honorable des talents distingués, ne seront jamais son partage.

119. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre IV. De quelques Danses des Grecs »

Les Temples, les Rues, les Places publiques, les Maisons des Particuliers ne retentissaient que de gémissements.

120. (1823) De l’art de la danse , considéré dans ses vrais rapports avec l’éducation de la jeunesse (3e éd.) « Des moyens de conserver le talent de la danse. » pp. 133-137

Ce manque aux convenances est devenu une mode pour les sots et les ignorans, et cela leur convient à merveille ; aussi ce sont eux en partie qui s’empressent de multiplier le nombre des danseurs lorsqu’il s’agit de se mettre en place, parce que sentant eux-mêmes leur incapacité, ils aiment à se confondre dans la foule, et par ce moyen dérober aux yeux des spectateurs leurs défauts et leurs gaucheries.

121. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 juin. Les deux Sacres. »

Les danseurs incarnent la durée et la force respective du son, l’« accelerando » et le « ralentendo » de l’allure par une gymnastique simplifiée ; ils font ployer les genoux et les redressent, soulèvent les talons et les laissent retomber, piétinent sur place, marquant avec insistance les notes accentuées.

122. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 25 septembre. Raden Mas Jodjana, danseur classique. »

Au début d’une danse, le prince Jodjana se place bien en face, — les pieds ainsi que les genoux légèrement infléchis, — tournés en dehors, à la seconde position.

123. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XVIII. De la maniere de faire les Reverences avant de danser. » pp. 60-66

Mais en vous relevant le corps se pose sur le pied gauche ; & vous quittez la main de la Demoiselle : en glissant le pied droit devant en le croisant un peu plus que la cinquiéme position ; mais en faisant ce pas le corps se porte differemment des autres pas ordinaires, parce qu’il se tourne du côté gauche, & c’est le même bras & le même pied qui se passe devant dans le même tems, & lorsque vous glissez le pied droit le genoüil gauche se plie, qui renvoye par son mouvement le corps sur le pied droit, & l’on tourne un demi tour dessus en se tournant du côté droit, ce qui vous met en présence de la Demoiselle, & de suite l’on porte le pied gauche à côté à la deuxiéme position, & vous regardez la Demoiselle pour lui adresser votre reverence, puis se plier la ceinture & s’incliner la tête, de même qu’à la premiere : & en se relevant tirer le pied droit derriere, & lorsque c’est le menuet que vous devez danser, il faut en vous relevant laisser le corps sur le pied gauche, afin de partir du pied droit pour votre pas de menuet ; mais si c’est une autre danse, en finissant de tirer le pied droit derriere, on doit y laisser poser le corps dessus afin de glisser du même tems le gauche devant, en remontant à la place que l’on a fait sa premiere reverence, & on tourne un demi tour à la gauche, ensuite on fait un autre pas du pied droit en se retournant du côté droit, ce qui vous remet en présence de la compagnie ; & là attendre que l’air de votre danse commence pour commencer votre danse.

124. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 26 janvier : Ballet de la Naissance de Vénus — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 31 janvier 1665 »

Mais, comme il faut cesser d’écrire, Je ne saurais plus vous rien dire De ce charmant Ballet susdit, N’ayant encor eu le crédit D’avoir de place, ni d’entrée Dans cette Royale Contrée : Mais si j’y puis aller Mardi, Ou le lendemain Mercredi, Je promets, à toute aventure, D’en recommencer la peinture, Car je ne suis pas satisfait De ce qu’aujourd’hui j’en ai fait : Ainsi, que je cesse de vivre, Si j’en ai rien vu que par Livre : J’ai fait des Vers jusqu’à très bien, Et si je n’ai rien quasi dit rien 39.

125. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 24 janvier 1671 »

La Scène, au reste, incessamment, Comme, par un Enchantement, En différents Objets, se change : Et, pour une surprise étrange, On y voit, tantôt, des Palais, De Marbre, en un tourne-main, fais : Puis, en moins de rien, en leur place, Sans qu’il en reste nulle trace, Des Mers, des Jardins, des Déserts, Enfin, les Cieux, & les Enfers.

126. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 1er août 1671 »

Deux Princes sont de ses Amants, Outre l’Amour, des plus charmants, Et les Sieurs Hubert, et la Grange Tiennent leur place, avec louange, Jouant (faut, aussi, l’avouer) Autant bien qu’on puisse jouer.

127. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

Ces danseurs n’étaient proprement que des bouffons ; et ce fut pour purger la scène de cette indécence, que les Grecs inventèrent les ballets réglés, et les chœurs graves que la tragédie reçut à sa place. […] Le grand art des souverains en toutes choses est de savoir choisir ; la gloire d’un règne dépend presque toujours d’un homme mis à sa place, ou d’un homme oublié. […] La danse figurée, ou la danse simple reprirent en France la place qu’elles avaient occupée sur les théâtres des Grecs et des Romains ; on ne les y fit plus servir que pour les intermèdes ; comme dans Psyché, le Mariage forcé, les Fâcheux, les Pygmées, le Bourgeois Gentilhomme, etc. […] La danse des cabrioles n’est autre chose que le saut que fait le cheval en cadence à temps dans la main, et dans les talons, se laissant soutenir de l’un, et aider de l’autre, soit en avant en une place, sur les voltes et de côté : on n’appelle point cabrioles tous les sauts ; on nomme ainsi seulement ceux qui sont hauts et élevés tout d’un temps.

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