Je pense, Monsieur, que cet Art n’est resté dans l’enfance, que parce qu’on en a borné les effets à celui de ces feux d’artifice, faits simplement pour amuser les yeux. […] Je ne prêche point le désordre & la confusion, je veux au contraire que la régularité se trouve dans l’irrégularité même ; je demande des grouppes ingénieux, des situations fortes, mais toujours naturelles, une maniere de composer qui dérobe aux yeux toute la peine du Compositeur.
Voulant dérober à tous les yeux sa situation et son trouble, elle ordonne au Messager de se retirer, et par l’effort violent qu’elle fait sur elle-même, elle lui sourit agréablement, et lui fait entendre que son message va mettre fin à ses douleurs et à ses infortunes. […] Electre baisse les yeux et garde le silence ; Clytemnestre d’abord embarrassée assure Agamemnon qu’il le verra incessamment, et, pour éluder une nouvelle question, elle vole vers Cassandre ; elle détache ses fers et l’embrasse, mais elle exprime en s’éloignant d’elle la haine la plus implacable. […] Egisthe et Clytemnestre ajoutent à la noirceur de leur forfait : ils paraissent avec l’empressement de l’amitié ; ils affectent une douleur et une pitié que leurs yeux et leur physionomie démentent ; ils se jettent aux pieds d’Agamemnon ; ce Prince rejette ces perfides témoignages avec un dédain et une horreur qui avancent ses derniers momens. […] Pendant la scène précédente où Clytemnestre et Egisthe paroîssent déplorer leur infortune, Electre les regardoit avec les yeux de l’indignation, du mépris et de la colère ; mais dans le moment qu’Agamemnon les accuse et confirme cette affreuse vérité, elle se livre à tous les sentimens qui l’agitent, elle éclate en reproches, elle menace, elle insulte, elle jure à Egisthe que son bras saura venger la mort de son père, punir un lâche assassin et un infâme usurpateur. […] Dans ce moment, la jeune Iphise et les femmes accourent succéssivement ; elles annoncent en tremblant, l’arrivée du Tyran, A cette nouvelle, Oreste veut l’attendre et lui donner la mort ; mais ses sœurs suspendent un instant sa vengeance et le déterminent à se soustraire aux yeux d’Egisthe.
« J’ai pensé » que les événemens multipliés, que les changemens de décorations, ne pouvoient que satisfaire les yeux & l’esprit, « sans émouvoir la sensibilité de l’âme » ; que pour faire de véritables Pantomimes , il falloit choisir une action théâtrale, joindre les choses aux gestes ; que la Pantomime n’était pas le talent « de faire agir des hommes sur la Scène », & d’imaginer des changemens singuliers ; mais d’avoir quelqu’objet en vue, quelque ridicule à relever. […] Vives & saillantes, sans froideur & sans lieux communs, remplies de situations rapides qui parlent aux yeux, & mettent à l’instant le Spectateur au fait, elles sont l’ouvrage d’hommes de goût, qui sentent, qui réfléchissent. […] « Il y a long-temps que l’Envie s’est apperçue qu’il valait mieux calomnier l’homme que l’Ouvrage, parce que l’Ouvrage est sous les yeux du Lecteur, & que l’homme n’y est pas. […] Enfin, attiré vers l’étude des Lettres par une sensibilité naturelle, qui seule peut donner du prix à ses Ouvrages ; content de remplir ses momens par un travail qui plaise à son âme ; tandis que ses ennemis s’agiteront pour lui nuire, il vivra dans le repos7. » « Ces réflexions, qu’il fallait faire une fois », (quelle en est la nécessité, me demandera-t-on peut-être, sans que je juge à propos de répondre) « ces réflexions, dis-je, qu’il fallait faire une fois, n’éclaireront point le préjugé, & n’adouciront point la haîne ; on ne l’a pas espéré : mais aux yeux des hommes sages & désintéressés, qui y reconnaîtront le caractère qui les a dictées, elles serviront de réponse à l’injustice & à la calomnie8 ».
Brune et belle, le visage éclairé de deux magnifiques yeux noirs tout pleins d’étincelles, montrant aux regards une poitrine superbe ; nerveuse, vaillante, infatigable, passionnée pour son art, et, avec cela, toujours le sourire aux lèvres : voilà par quels charmes elle gagne, dès qu’elle paraît, la sympathie du parterre. […] Les yeux brillent de tous les diamants de la jeunesse. […] Ses yeux baissés, aux longs cils, semblent des têtes de colombes. […] Je sais encore qu’elle a ses historiographes pour nous apprendre que sa loge est une cage charmante, bien digne de l’oiseau qui l’habite, avec un papier doré de couleurs éteintes, de bons meubles capitonnés, des fleurs rares et des bibelots précieux ; qu’elle a un peu engraissé, depuis ses débuts, ce qui la complète d’une façon fort agréable pour les yeux ; qu’elle travaille la musique, qu’elle aime la littérature ; que, chez elle, on vient lui faire des conférences sur les œuvres anciennes et modernes des maîtres en tous genres ; qu’elle étudie les langues étrangères, — y compris le flamand et le wallon, — et que sa vie est remplie par les occupations d’une femme de goût et d’une femme d’esprit.
Les figures, les pas, les mouvements de la Danse amusent également et le Danseur qui les exécute, et le Spectateur qui suit des yeux le tableau vivant dont il est frappé.
On crut ne pouvoir mieux faire que de suivre littéralement et servilement ce qui avait été pratiqué sous les yeux d’un homme, pour lequel on conservait un enthousiasme qui a manqué d’anéantir l’Art.
Je vis une dame américaine aux traits menus, aux yeux bleus comme les eaux où se mire un ciel pâle, un peu grasse, placide, souriante, fine.
Le drame passionnel, la mort qui passe, hideuse et ricanante, blêmissent sous le regard sans yeux des masques hostiles.
On créerait encore une classe d’ensemble, car danseuses et danseurs ne se rencontrent aujourd’hui qu’aux répétitions et en scène ; pour rendre aux adages leur grand style de jadis, danseuse et cavalier doivent longuement travailler ensemble sous l’œil du professeur.
Markouski, qui ne les quittait pas des yeux, constatait avec joie qu’ils s’amusaient étonnamment. […] — Ces messieurs me flattent, dit Markouski les yeux pleins de larmes… — Non pas… C’est très-rigolo, ici… — Rigolo, pensa Markouski, ce sont des Espagnols… et moi qui les avais pris pour des Russes. — Je préfère cela… Les Espagnols sont plus comme il faut.
Sa figure s’immobilisa comme pétrifiée et seuls les yeux gardaient une vie intense. […] Un déclic coucha enfin sa tête sur son épaule, tandis que, les yeux grands ouverts, elle regardait encore la mort qui venait de la prendre.
Je pense, Monsieur, que cet art n’est resté dans l’enfance, que parce qu’on en a borné les effets à celui de ces feux d’artifice, faits simplement pour amuser les yeux ; quoiqu’il partage avec les meilleurs drames l’avantage d’intéresser, d’émouvoir et de captiver le spectateur par le charme de l’intérêt et de l’illusion, on ne l’a pas soupçonné de pouvoir parler à l’âme. […] Je ne prêche point le desordre et la confusion ; je veux au contraire, que la régularité se trouve dans l’irrégularité même ; je demande des grouppes ingénieux, des situations fortes, mais toujours naturelles, une manière de composer qui dérobe aux yeux toute la peine du compositeur.
Le Champ de Mars présenteroit à l’œil toutes les merveilles des arts réunis, dont je m’empresse de vous transmettre les détails. […] De son lit paisible et tranquille, il s’éleverait mille enchantemens, et l’intervalle qui sépare le Champ de Mars de la rivière, offriroit à l’œil étonné, les objets que je vais vous décrire.