Contents d’une danse ou tendre, ou noble, ou légère, qui les séduit, et qui est en possession de leur suffire, ils prononceront sans appel, que tout ce qu’on raconte de celles des Grecs et des Romains n’est qu’une exagération extravagante ; et ils continueront à penser, que nous avons tout ce qu’on peut avoir, parce que leurs perceptions ne sauraient aller plus loin que l’objet, quel qu’il soit, qui les frappe.
Ce beau génie qui avait eu des idées si vastes, si nobles, si vraies sur le genre qu’il avait créé, n’eut que des vues fort bornées sur le Ballet qu’il n’avait que défiguré.
On ne connoissoit pas l’art varié des figures ; elles étoient toutes paralelles, et n’offroient que des lignes droites ; la danse n’agissoit que gravement et procéssionnellement ; on appelloit tout cela danse noble, danse mesurée ; et les airs que les musiciens composoient pour-elle étoient lents et posés. Cette danse noble et cette musique traînante n’offroient que la monotonie de la tristesse. […] Il craignit que les danseurs Français tristes et nobles ne mourussent à force de rire, en voyant gambader, faire des pirouettes accrochées, les trois tours en l’air, les entrechats à huit, et à dix, et les Passa Campagna, et que ceux-ci en regardant se promener à pas lents les danseurs Français sur les airs de la Courrante, et de la Sarabande, ne gagnassent le spléen, et ne mourussent de la consomption.
Ce qu’on croyait la Danse noble, a été remplacé par ce qu’on a appelé un Baladinage. Ce Baladinage est devenu à son tour la seule Danse noble, à laquelle on a substitué dans les suites une Danse plus animée, que les louangeurs du temps passé ont jugée un excès outré et de mauvais goût, et c’est cette dernière qu’au temps de l’Abbé Du Bos on regardait comme la perfection de l’Art.
Idée noble, ingénieuse et nouvelle, qu’on a trop négligée, après l’avoir trouvée, et qu’on aurait dû employer toujours à la place de ces desseins sans imagination et sans art, qui ne produisent que quelques étincelles, de la fumée, et du bruit.
Donc, vous êtes un sujet classique, une danseuse noble, comme l’on disait jadis, faite pour les pas de parcours et d’élévation.
Mais elle dépassait ces lourds pastiches et ces formules simplistes par le rayonnement merveilleux de son corps bronzé qui se revêtait dans ses moindres mouvements de la noble grandeur des rites bouddhistes ou de cette délicate volupté des paradis asiatiques.
Les arts doivent s’annoncer avec majesté ; ce qu’ils créent doit être noble, simple et grand, à l’exclusion du gigantesque, la beauté ne peut exister sans proportions ; une imitation outrée, dégrade l’artiste, et choque le bon goût.
Quoi qu’il en soir, la Danse noble & terre-à-terre est la seule qui convienne à de pareils Danseurs. […] Monsieur Vestris est jarreté, & les gens de l’Art ne s’en appercevroient point sans l’entrechat droit qui le trahit quelquefois ; c’est le meilleur ou le seul Danseur sérieux qui soit au Théatre ; il est élégant, il joint à l’exécution la plus noble & la plus aisée le rare mérite de toucher, d’intéresser & de parler aux passions.
Car toute habileté de langage et toute trouvaille verbale apparaîtraient vaines devant cet art d’une sérénité si noble et que rien d’oratoire ni de mesquin ne ravale.
Belle construction, magnifique organe, physionomie noble et expréssive ; telles sont les qualités qui conviennent aux grands genres ; mais elles seroient bientôt infructueuses, si elles n’étaient étayées par une application continue, et par l’amour de la gloire.
Elle ne courut jamais après les difficultés ; une noble simplicité règnoit dans sa danse ; elle se dessinoit avec goût et mettoit de l’ex-préssion et du sentiment dans ses mouvemens.
[5] Ceux qui possèdent une belle taille seront destinés, par le maître, au genre sérieux, à la danse noble.