Les jeunes gens qui n’étudient point la musique, peuvent fort bien ne pas connoître les chefs-d’œuvre de ces compositeurs estimables ; mais ceux qui se destinent a l’étude de cet art, et qui sont admis aux conservatoires, ne cessent de méditer les leçons que les grands maîtres leur ont laissées ; ils étudient toutes leurs partitions ; ils les comparent, et, lorsqu’ils sont en état d’apprécier le style, la couleur, l’énergie, le goût, les graces et le génie de ces maîtres célèbres, ils butinent dans cette foule de chefs-d’œuvres ; ils se livrent à l’impression de leur génie, et, l’imagination embrasée et remplie de grandes images, ils composent à leur tour, et enfantent des productions qui réunissent aux charmes séducteurs de la mélodie, toutes les richesses de l’harmonie.
Didon, vivement éprise d’Enée, cherche la solitude ; en vain veut elle effacer de son âme, l’image de son vainqueur ; l’Amour sous la forme et sous la figure du jeune Ascagne, triomphe de tous ses efforts ; les tendres caresses que cette Reine prodigue à cet enfant, et celles qu’elle reçoit de lui, allument dans son âme la passion la plus vive ; et à l’aide de cette méthamorphose, l’Amour établit son empire dans un cœur qui jusqu’à cet instant ne respiroit que la gloire, et ne chérissoit que la liberté. […] La Reine le reçoit avec ce trouble et cette agitation qui caractérisent l’excès de la passion ; le jeune Ascagne vole des bras de Didon dans ceux d’Enée : il le presse contre son sein ; il imprime dans son ame l’image du plaisir, il grave dans son cœur les attraits de la volupté ; et satisfait de son ouvrage, le perfide enfant se retire à l’écart, pour jouir du progrès de ses artifices et s’applaudir de son triomphe.
Cette image touchante se gravait dans les cœurs : elle était une nouvelle leçon de vertu pour des Peuples qui ne vivaient que pour elle43.
Il en résultait une expression si naturelle, des images si ressemblantes, un pathétique si touchant, ou une plaisanterie si agréable, qu’on croyait entendre les actions qu’on voyait.
Ce n’était dans tout ce qu’il exécutait qu’images vives et riantes, que tableaux peints par la main légère des Grâces, dessinés par l’Amour, animés par la volupté.
C’est donc manquer tout à la fois à ce qu’on doit à Dieu, et aux princes dont la puissance est une image et une émanation de la sienne, que de permettre, et, ce qui est encore pis, d’autoriser ces danses, et d’y aller, lorsque par la négligence de ceux qui ont le pouvoir de les empêcher, elles ont lieu dans une paroisse ; et cependant Jésus-Christ nous dit expressément : (Matth. c. 22, v. 21.)
Cet art, considéré comme faisant partie de l’éducation, acquiert une importance qu’il ne semble pas d’abord mériter : mais si l’on réfléchit sur la forme que la nature nous a donnée, sur les fonctions qu’elle a attribuées à chacun de nos membres, on sera porté à conclure que, si l’homme n’était pas sans cesse mû par l’imitation, peut-être resterait-il accroupi, ou ne marcherait-il que comme les quadrupèdes ; ce n’est que l’exemple et l’impression que font sur lui les images extérieures, qui le portent à un maintien tout autre que celui que lui donnerait sa structure : or les vrais principes de la danse n’étant autre chose que la belle manière d’exécuter les différents mouvements du corps, de composer son maintien et de se présenter avec grâce, il est indubitable que la danse corrige les vices et les erreurs de la nature.
On les eût pris pour de jeunes écoliers se disputant entre eux le prix du saut et celui de la course, en un moment la salle est évacuée ; Cette scène ne retrace-t-telle pas l’image de ces animaux bêlans, entassés les uns sur les autres dans un bac qui les porte de la rive d’un fleuve à la rive opposée.
Ces images tant soit peu conventionnelles et mièvres nous renseignent sur une autre réforme fondamentale : la transformation du costume féminin. […] C’est ce détail plastique minutieusement observé par un homme pour qui « le monde visible existe » (paroles de Gautier sur lui-même citées par les Goncourt) qui revêt l’image de la danseuse de ce caractère de vivacité et d’intimité. […] Qui s’étonnerait, étant donné l’envoûtement produit sur le bon Théo par la bouche enfantine, les yeux de violettes, l’harmonie sans effort de la danse, de voir l’image de Carlotta fleurir tant de pages de l’œuvre formidable et parfaite du poète.
L’Espagnol dès cet instant interprète les sentimens d’Inès à son dèsavantage ; il prend sa compassion pour de la tendresse, ses craintes pour de l’amour : excité par les images que la jalousie porte dans son cœur, il se dégage d’Inès et court sur Clitandre. […] Les deux amans offrent l’image du désespoir et de l’amour en courroux. […] L’égarement de Fernand, sa rage, sa fureur, son désespoir et son accablement sont l’image des fureurs d’Oreste de Racine. […] Le théatre est, ou devroit être le tableau fidele de la vie humaine : or, tout ce qui se fait de décent et de permis dans la société peut être jetté sur cette toile ; tant pis pour ceux que le beau simple ne séduit pas ; si leur cœur est glacé et s’il est insensible aux images intéressantes que présentent des mœurs douces et honnêtes, faut-il qu’un auteur abandonne ses sentimens et renonce à la nature, pour se livrer à des Féeries et des Bambochades ?
L’Espagnol dès cet instant interprete les sentiments d’Inès à son désavantage ; il prend sa compassion pour de la tendresse, ses craintes pour de l’amour ; excité par les images que la jalousie porte dans son cœur, il se dégage d’Inès & court sur Clitandre ; la fuite précipitée de celui-ci le sauve du danger ; mais l’Espagnol au désespoir de n’avoir pu assouvir sa rage, se retourne avec promptitude vers Inès pour lui porter le coup qu’il destinoit à son prétendu rival. […] Les deux amants offrent l’image du désespoir & de l’amour en courroux. […] La feinte jalousie d’Inès est un Episode de pure invention ; l’égarement de Fernand, sa rage, sa fureur, son désespoir & son accablement sont l’image des fureurs d’Oreste de l’Andromaque de Racine ; la reconnoissance enfin est celle de Rhadamiste & de Zénobie de Mr. de Crebillon. […] Le Théatre est ou devroit être le Tableau fidelle de la vie humaine ; or tout ce qui se fait de décent & de permis dans la Société, peut être jetté sur cette toile ; tant pis pour les sots si le beau simple ne les séduit point ; si leur cœur est glacé, & s’il est insensible aux images intéressantes que présentent des mœurs douces & honnêtes.
… Tes images ne peuvent demeurer images ! […] Mille flambeaux, mille péristyles éphémères, des treilles, des colonnes… Les images se fondent, s’évanouissent… C’est un bosquet aux belles branches tout agitées par les brises de la musique ! […] ÉRYXIMAQUE Il est bien vrai, Socrate, que le trésor de ces images est inestimable… Ne crois-tu pas que la pensée des Immortels soit précisément ce que nous voyons, et que l’infinité de ces nobles similitudes, les conversions, les inversions, les diversions inépuisables qui se répondent et se déduisent sous nos yeux, nous transportent dans les connaissances divines ? […] Mais que la danse d’Athikté ne représente rien, et ne soit pas, sur toute chose, une image des emportements et des grâces de l’amour, je le trouve presque insupportable à ouïr… SOCRATE Je n’ai rien dit de si cruel encore !
de ces images une si surprenante beauté que je n’aurais su les oublier et qu’aujourd’hui la fatale nouvelle me touche infiniment.