/ 424
29. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Approbation. De M. l’Abbé Richard, Doyen des Chanoines de l’Eglise Royale & Collégiale de Ste Opportune à Paris, Prieur-Seigneur de l’Hôpital, &c. Censeur Royal. » pp. -

On est aujourdhui si fort prévenu contre la Danse, à cause des désordres qu’elle a faits dans la succession des tems, & par la corruption des mœurs, que personne ne s’est encore avisé d’en donner l’Histoire, de peur de paroître les autoriser : on ne fait même aucune distinction de la Danse Sacrée d’avec la Danse prophane. […] Comme il n’a oublié aucune notable particularité, il a crû qu’après avoir donné l’histoire de la Danse Sacrée des Egyptiens, des Grecs, des Juifs & de l’Eglise Latine, il devoit bien donner aussi l’Histoire de la Danse prophane, de la Danse Théâtrale, des Fêtes Baladoires, & généralement de tous les différens artifices que les Pantomimes & autres gens de cette profession ont inventez pour avoir de l’argent. […] L’Auteur a ajouté à l’Histoire de la Danse, un Paralele de la Peinture & de la Poésie, avec un Supplément à l’Histoire de la Musique, qu’il a donnée il y a quelques années.

30. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Apelles et Campaspe, ou la Générosité d’Alexandre. Ballet pantomime. » pp. 177-189

Apelles instruit de la visite d’Alexandre, donne les dernières touches au portrait de ce Prince, pour la réception du quel il a tout préparé. […] Il donne ses ordres ; les élèves disparoissent, et un moment après, ils apportent une lance, un casque, un bouclier et des trophées d’armes. […] Les Nymphes ornent l’habit de Flore de bouquets ; elles la couronnent de roses ; le peintre la pose dans la corbeille ; l’attitude qu’il lui donne est svelte, elle a une jambe en l’air et elle est dans l’action d’une femme qui vole dans les bras de son amant. […] Cette nouvelle idée lui paroît supérieure à toutes les autres, il donne ses ordres, les Nymphes, compagnes de Diane couvrent l’épaule de campaspe d’une mante de peau de tigre ; elles y attachent un carquois ; on la couronne de feuillage. […] Il donne ses ordres à son élève chéri, et dans l’instant on apporte tout ce qui est nécessaire à la composition de ce vaste tableau.

31. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE PREMIERE. » pp. 2-14

Si la nature lui a donné ce feu & cet enthousiasme, l’ame de la Peinture & de la Poésie, l’immortalité lui est également assurée. […] Les Programmes des Ballets qui ont été donnés, il y a un siecle ou environ, dans les différentes Cours de l’Europe, feroient soupçonner que cet Art, loin d’avoir fait des progrès, a perdu beaucoup : ces sortes de traditions, il est vrai, sont toujours fort suspectes. […] En effet, il est rare, pour ne pas dire impossible, de trouver du génie dans les Ballets, de l’élégance dans les formes, de la légéreté dans les grouppes, de la précision & de la netteté dans les chemins qui conduisent aux différentes figures ; à peine connoît-on l’Art de déguiser les vieilles choses, & de leur donner un air de nouveauté. […] Dire que je blâme généralement toutes les figures symmétriques ; penser que je prétende en abolir totalement l’usage, ce seroit me donner un ton de singularité ou de réformateur que je veux éviter. […] Les figures symmétriques de la droite à la gauche, ne sont supportables, selon moi, que dans les corps d’entrée, qui n’ont aucun caractere d’expression, & qui ne disant rien, sont faits uniquement pour donner le temps aux premiers danseurs de reprendre leur respiration.

32. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre X. » pp. 130-144

Je n’entends point au reste par le mot d’action, celle qui ne consiste qu’à se remuer, à se donner de la peine, à faire des efforts et à se tourmenter comme un forcené, pour sauter, ou pour montrer une âme que l’on n’a pas. […] Le goût en est le distributeur, c’est lui qui donne aux graces de la valeur et qui les rend aimables ; marchent-elles sans lui ? […] Il n’appartient pas à tout le monde d’avoir du goût ; la nature seule le donne ; l’éducation le raffine et le perfectionne : toutes les règles que l’on établiroit pour en donner, seroient inutiles. […] Concluons que l’action de la danse est trop restreinte ; que l’agrément et l’esprit ne peuvent se communiquer également à tous les êtres ; que le goût et les graces ne se donnent point. […] Selon lui, dit Quintillien, l’art du pantomime consiste dans la bonne grace, et dans l’expression naïve des affections de l’âme ; elle est au dessus des règles et ne se peut enseigner ; la nature seule la donne.

33. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE X. » pp. 261-289

Je n’entends point au reste par le mot d’action celle qui ne consiste qu’à se remuer, à se donner de la peine, à faire des efforts & à se tourmenter comme un forcené pour sauter, ou pour montrer une ame que l’on n’a pas. […] Le goût en est le distributeur, c’est lui qui donne aux graces de la valeur & qui les rend aimables : marchent-elles sans lui, elles perdent leur nom, leurs charmes & leur effet ? […] Il n’appartient pas à tout le monde d’avoir du goût ; la nature seule le donne, l’éducation le rafine & le perfectionne ; toutes les regles que l’on établiroit pour en donner, seroient inutiles. […] Concluons que l’action de la Danse est trop restreinte ; que l’agrément & l’esprit ne peuvent se communiquer également à tous les êtres ; que le goût & les graces ne se donnent point. […] Selon lui, dit Quintilien, l’Art du Pantomime consiste dans la bonne grace & dans l’expression naïve des affections de l’ame ; elle est au-dessus des regles & ne se peut enseigner ; la nature seule la donne.

34. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse et le ballet »

On donna le second à la même cour en 1634, pour la naissance du cardinal de Savoie. […] Il est d’ailleurs fort singulier qu’il n’ait pas donné un plus grand nombre d’ouvrages d’un genre si aimable. […] Les deux qui passent pour avoir été les plus superbes, sont ceux qui furent donnés à Florence, le premier en 1608, le dernier en 1615. […] On a donné le nom d’airs à ces différentes danses, ainsi on dit air de terre à terre, etc. […] On croit devoir donner cette dénomination aux danses différentes que les anciens et les modernes ont portées sur leurs théâtres.

35. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XXX. Des Coupez du mouvement. » pp. 139-141

C’est pourquoi je vais donner la maniere de les faire selon toute la propreté qu’ils doivent estre faits ; ainsi lorsque vous prenez votre demi-coupé, soit en avant, vous le pliez très-doucement, & vous vous élevez de même sur le pied qui a passé devant, les jambes bien étenduës : le corps se portant sur le pied de devant attire celle de derriere qui s’étend également, mais dans le même moment le talon du pied de devant se pose, & son genou se plie & la jambe qui est en l’air s’ouvre un peu à côté, & le genou, qui est plié en s’étendant rejette cette jambe en devant, en vous laissant tomber dessus en ne sautant qu’à demi, ce qu’on appelle demi-jetté, ce qui termine ce pas. […] Le premier est plié sur un pied, & passer l’autre en vous élevant dessus ; ce qui vous engage à le faire avec grace : le second est de plier sur ce pied, & de vous relever avec plus de vivacité pour retomber sur l’autre en sautant à demi, ce qui donne à ce pas la gayeté. […] D’autres qui se prennent de la premiere, & vous portés le pied à côté à la deuxiéme position, en vous élevant dessus, & du même tems poser le talon à terre pour plier, & le demi-jetté qui pour lors se croise à la cinquiéme position ; ce qui termine ce pas, on donne des exemples de ce pas dans l’Aimable Vainqueur ; qui est une fort belle danse de Ville, ils y sont placez de differentes manieres & si à propos, qu’il semble que la jambe exprime les notes ; ce qui prouve cet accord ou plutôt cette imitation de la Musique avec la danse, puisque l’on doit imiter la douceur de ses sons par des pas doux & gracieux.

36. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre II. De la position des Bras & de l’élevation qu’ils doivent avoir. » pp. 197-199

Elevation des bras pour Dancer Comme l’ornement du corps en dansant, ainsi que je viens de le dire, dépend de bien faire les bras, on ne peut donc prendre trop de précaution de les sçavoir bien poser d’abord, afin qu’ils puissent se mouvoir dans toute la liberté necessaire ; c’est pourquoi je suppose dans l’élevation que je represente par cette Figure, qu’une personne soit bien proportionnée : ainsi il m’a paru suivant les regles, qu’il faut les élever à la hauteur du creux de l’estomac, comme je le démontre par cette Figure : elle est representée de face pour que l’on puisse distinguer toutes les parties dans leur juste égalité, elle a la tête droite, le corps posé sur les deux jambes, les pieds à la deuxiéme position ; ce qui est relatif avec les bras, en ce que les jambes étant ouvertes, & les deux pieds sur une même ligne, les bras doivent estre ouverts & élevez également ; car s’ils étoient plus hauts, ils tiendroient du crucifix, outre qu’ils seroient plus portez à la roideur, & n’auroient pas la même douceur ; néanmoins comme nulle regle n’est pas sans exception, & que l’on est obligé d’aider ou de cacher les défauts de la nature, c’est dans cette occasion que les Maîtres doivent gouverner leurs Ecoliers : par exemple, si une personne a la taille courte il faut de necessité lui faire lever les bras un peu plus haut, afin de lui dégager la taille, ce qui par consequent lui donne plus d’agrément ; de même que si la taille est longue, il faut ne les faire lever qu’à la hauteur des hanches, ce qui diminue en quelque façon cette disproportion, & donne tout l’agrément que l’on n’auroit pas sans ces sortes d’attentions ; Je lui ai aussi répresenté les mains ni ouvertes ni fermées, pour que les mouvemens du poignet & du coude se fassent avec toute la douceur & la liberté qu’il faut observer dans leurs mouvemens : au lieu que si le pouce se joignoit à un des doigts, cela causeroit un retardement dans les autres jointures qui leur ôteroit cette facilité. Je ne me suis pas entêté sur l’attitude que j’ai donné à mes Figures dans l’élevation de leurs bras ; j’ai voulu consulter ce qu’il y a de plus habile, non-seulement dans la danse ; mais même dans le dessein, & qui ont trouvé que je les avois dessinées selon les regles, pour pouvoir accompagner le corps, & se mouvoir avec facilité dans les differens pas où il faut observer le contraste, ce qui fait l’ornement de la danse.

37. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Plan du ballet] »

L’action commence par uneSérénade que Don Juan donne à Donna Elvire sa Maîtresse, fille du Commandeur. […] [14] Dans le second Acte Don Juan donne chez lui un grand repas, précédéd’un bal, à ses amis et à ses Maîtresses. […] Il reste seul avec son laquais, il donne des ordres, et sort.

38. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Introduction »

Cet art, considéré comme faisant partie de l’éducation, acquiert une importance qu’il ne semble pas d’abord mériter : mais si l’on réfléchit sur la forme que la nature nous a donnée, sur les fonctions qu’elle a attribuées à chacun de nos membres, on sera porté à conclure que, si l’homme n’était pas sans cesse mû par l’imitation, peut-être resterait-il accroupi, ou ne marcherait-il que comme les quadrupèdes ; ce n’est que l’exemple et l’impression que font sur lui les images extérieures, qui le portent à un maintien tout autre que celui que lui donnerait sa structure : or les vrais principes de la danse n’étant autre chose que la belle manière d’exécuter les différents mouvements du corps, de composer son maintien et de se présenter avec grâce, il est indubitable que la danse corrige les vices et les erreurs de la nature. […] On voit rarement des atrabilaires et des hypocondriaques dans la classe des amateurs de la danse ; elle influe donc sur le caractère, en portant à la gaîté celui qui a du penchant à la tristesse et à la mélancolie : et en la considérant par l’utilité que peut en tirer la médecine dans les maladies où il importe de rendre la circulation aux fluides et de donner du ton aux solides, on conviendra que cet exercice devient très recommandable. […] Quand bien même cet exercice ne nous procurerait d’autre avantage que celui de nous donner de l’agilité, de la vivacité et d’entretenir la souplesse et la force dans nos membres, ce serait certainement assez pour le faire préférer à tout autre. […] En effet, si l’on observe que les airs de danse sont composés de phrases musicales courtes, d’un chant agréable et parfaitement cadencé ; que les repos se trouvent une très petite distance, que l’écolier est en quelque sorte forcé de compter ses pas, et de n’en exécuter qu’un nombre fixe dans un temps donné ; on concevra qu’elle fournit un moyen mécanique pour former l’oreille la moins exercée et la plus paresseuse.

39. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre v. sur le mème sujet. » pp. 137-140

De toutes les fêtes, Monsieur, qui se sont données à Paris pendant le cours de la révolution, je n’en connois pas de plus spirituelle, de plus ingénieuse ni de plus mémorable, que celle qui fut donnée à St. […] Personne n’y fut invité ; personne n’eût de billets ; et cette fête donnée aux Demosthènes et aux Cicérons modernes, ne fut point troublée par l’inconséquence et la frivolité des habitans oisifs de la capitale. […] Le plus avisé des Sénateurs donne l’exemple ; il s’élance par la fenêtre et suit la route que la Peur lui avoit tracée : soudain il est imité par tous les membres de l’assemblée, et ces doctes personnages se précipitent par toutes les ouvertures. […] Il fut réalisé ; en effet Mars en donna un à Paris qui n’étoit que le dénouement heureux de la fête de la veille. […] Despréaux ; mais les illuminations et les artifices furent toujours en France le fond principal des fêtes que l’on y donna.

40. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur les artistes de l’opéra »

On leur donne communément le nom d’acteurs et d’actrices de l’opéra ; et ils prennent la qualité d’ordinaires de l’académie royale de Musique. […] On donne ce nom dans quelques-uns de nos opéras à un acteur principal, lorsqu’il chante des morceaux avec les chœurs. […] Mais l’expédient sûr et d’embellir le spectacle, et de donner du mouvement aux chœurs, est de mettre à leur tête, et en avant, tous les doubles hommes et femmes. […] terme d’opéra ; c’est le nom qu’on donne aux danseurs qui figurent dans les corps d’entrées, parce que le corps d’entrée dessine dans sa danse des figures diverses. […] Qu’on conçoive par-là ce qu’on pourrait leur faire faire, si on s’appliquait à ne donner que des ballets en action.

41. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre II. Des Fêtes de la Cour de France, depuis 1560 jusqu’en l’année 1610 »

Pour remplir l’objet que je me propose ici, je crois devoir choisir, parmi le grand nombre de Fêtes qui furent imaginées durant ce règne, celles qu’on donna en 1581 pour le Mariage du Duc de Joyeuse et de Marguerite de Lorraine belle-sœur du Roi. […] Le triomphe de Jupiter et de Minerve était le sujet de ce ballet, qui fut donné sous le titre de ballet comique de la Reine. […] Ce qui veut dire : Je vous donne un Dauphin, et j’en attends un autre. […] Madame d’Aumale en donna une à M. de Chaussin, sur laquelle était gravée une Baleine, avec cette belle maxime : Cui sat nil ultrà. […] Il donna un festin entre autres à sa Mère, où les femmes servirent déguisées en hommes.

/ 424