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3. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

Dans le vieux cadre classique la jeune artiste plaçait des figures d’une libre fantaisie. […] Parmi les artistes qui l’entouraient, Marie Taglioni fit école. […] Elles n’étaient point portées par l’artiste ; elles la portaient. […] L’Artiste, t.  […] L’Artiste, t. 

4. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre II. Des moyens qui conduisent à la connaissance des Arts »

L’Artiste qui les ignore n’est qu’une machine grossière qui suit aveuglément l’impulsion du ressort qui la fait mouvoir, et tous les hommes en général, qui, dans les Arts dont ils s’occupent ou dont ils s’amusent, ne cherchent, n’attendent, n’aperçoivent que leurs effets, n’ont qu’une jouissance imparfaite, qui les met à tous les instants dans le danger d’en juger mal, et de leur nuire. […] L’Artiste instruit aperçoit la perfection et la saisit  : l’Amateur découvre les marches secrètes de l’industrie, les loue avec choix, et les rend plus sûres ; la multitude jouit cependant, et l’État devenant plus florissant tous les jours par les efforts redoublés des Artistes, que la Théorie éclaire, voit augmenter à la fois, sa considération, ses plaisirs et sa gloire.

5. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre huitième. Danseur sérieux, danseur demi-caractère. Danseur comique » pp. 88-95

L’artiste qui s’y distingue mérite le plus d’éloges. […] L’artiste dont je parle, doit se distinguer en tenant la partie supérieure du corps bien placée, par des mouvements de bras parfaitement combinés, et par le beau fini des principes de son école. […] Ce serait pourtant à l’artiste qu’il appartiendrait de ramener le public au goût du beau, du vrai, en persistant dans l’exécution des vrais principes de l’art. […] Leurs jeux mimiques avaient quelque analogie avec notre danse grave ; et c’est une raison pour encourager le petit nombre des artistes qui se livreront à de pareils exercices. […] On voit par là que l’exécution du danseur sérieux d’aujourd’hui est beaucoup plus compliquée que celle des anciens et que cet artiste doit posséder bien des qualités.

6. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Les hommes les plus instruits dans leur art doivent se ménager un stimulant capable de les élever et de déployer en eux les plus vastes conceptions ; l’artiste, perpétuellement isolé, se laisse bercer par l’amour-propre et par les louanges outrées de quelques esprits complaisans ; louanges dont l’effet nécessaire est de briser les ailes du génie. […] Les artistes déjà instruits vont en Italie pour étendre le cercle de leurs connoissances, et pour étudier les grands maîtres des différentes ecoles. […] Semblables aux abeilles qui, après avoir butiné sur les fleurs, et les fruits, vont ensuite en déposer les sucs parfumés dans leurs industrieuses habitations, les artistes reviennent dans leur patrie, et, l’imagination remplie de grandes images, ils volent à leurs atteliers : leurs pinceaux vigoureux font respirer la toile, et leurs couleurs brillantes nous montrent la nature parée de tous les charmes de l’art. […]   Les pinceaux brillans de la peinture, le cizeau hardi de la sculpture, le compas et la règle de l’architecture, les mouvemens harmonieux et expressifs de la danse, le noté ingénieux de la musique, sont les plumes dont les artistes se servent pour imiter la nature et pour l’embellir. […] Les artistes n’en n’ont point d’autre.

7. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre ii. sur le même sujet. » pp. 116-121

ce que je ne conçois pas, c’est de voir des artistes célèbres se disputer le triste honneur d’exécuter des plans tracés par la sottise et l’ignorance, sacrifier gaiement leur réputation à un paquet d’assignats, et se donner enfin des tourmens incroyables pour enfanter douloureusement une souris. […] J’ai dit ailleurs que les arts sont frères ; qu’ils composent une même famille, qu’une chaîne imperceptible les lie l’un à l’autre ; que le but de leurs travaux est un, l’imitation de la belle nature ; qu’ils y arrivent par des principes différens et par des routes diverses ; mais l’amour-propre, la jalousie et toutes les petites passions qui dégradent les hommes, et qui avilissent les artistes, contribuent nécessairement à leur désunion, et s’opposent toujours à leurs progrès. J’ajouterai, cependant, que si les artistes n’ont pas brillé dans toutes nos fêtes, avec l’éclat et la splendeur que leurs talens leur assuroient, la faute en est aux petits intriguans qui captent, à force de bassesses, la confiance et la protection des hommes en place. […] Comment trouve-t-on des artistes assés complaisants, pour se charger de l’exécution de plans aussi absurdes ? […] Les arts doivent s’annoncer avec majesté ; ce qu’ils créent doit être noble, simple et grand, à l’exclusion du gigantesque, la beauté ne peut exister sans proportions ; une imitation outrée, dégrade l’artiste, et choque le bon goût.

8. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VI. Causes de la Décadence de l’Art »

Devenus les Commensaux des Romains, mêlés dans les familles, montrant l’art et l’exerçant conjointement avec leurs élèves, tout fut dès lors confondu ; on n’aperçut plus de distance entre l’Artiste, qui aurait dû seul professer l’art, et le Citoyen qui n’aurait dû que l’encourager et en jouir. […] La familiarité au contraire, sans trop honorer l’art, dissipe, énerve, perd l’Artiste. […] Les Courtisans de Caligula, de Néron, etc. au contraire, en descendant de leur rang jusqu’à s’associer aux Danseurs de leur temps, s’avilirent eux-mêmes, sans donner de l’émulation aux Artistes. […] Les caresses, les bienfaits, les honneurs seront toujours nuisibles à tous les Arts, s’ils ne sont en proportion de la conduite, des progrès et des mœurs des Artistes.

9. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Avant-propos » pp. 5-17

Les ballets, sous ce prince, reprirent tout leur éclat, avec la pompe que pouvait y ajouter un monarque magnifique, commandant à une nation opulente et avide de plaisirs ; et on créa des spectacles étonnants par leur magie et leur richesse, lesquels ont été depuis perfectionnés jusqu’au dernier degré, par les artistes qui honorent le siècle présent. […] Les excellentes lettres de cet artiste célèbre, sur les ballets, ont été écrites particulièrement pour le compositeur, et ne devraient jamais sortir de ses mains ; c’est cet ouvrage qui apprendra aux artistes danseurs les véritables règles dramatiques, et la manière simple d’intéresser dans une action pantomime. […] Je crois aussi que les artistes formés et accoutumés aux applaudissements, verront avec plaisir l’hommage que je rends à un art si aimable, si gracieux, si séduisant, en démontrant de combien de charmes et d’éclat il est accompagné, et toute la perfection dont il peut être encore susceptible, lorsqu’il est exempt de tous les défauts dont le tachent, dont le dégradent l’ignorance et le mauvais goût, tant des artistes médiocres que des spectateurs sans connaissance. […] Au théâtre, ainsi qu’ailleurs, le vulgaire ignorant se méprend bien souvent lorsqu’il juge les artistes d’un talent réel ; cependant « Ingiusta lode non è stabil mai, * « E basta un solo per chiarirne cento [traduction] 5. » [6] « L’approbation et les suffrages des hommes qui se distinguent dans les arts, les seuls juges à considérer, doivent servir à perfectionner l’homme à talent, qui ne doit avoir que du mépris pour les louanges que les sots prodiguent au charlatanisme. » Le bandeau de l’ignorance tombe enfin, et le vrai mérite, qui a eu le courage de lutter longtemps contre elle, et de mépriser ses arrêts, finit par être reconnu. […] Un danseur qui ne sait point se dessiner, et qui par conséquent manque de cette grâce qui séduit, qui charme, ne sera point regardé comme un artiste, et ne pourra jamais intéresser ni plaire.

10. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « I. Origines, composition, organisation. » pp. 1-13

Ce fut encore le roi qui s’occupa des droits d’auteur ; et il faut reconnaître qu’il se montra — proportionnellement — plus généreux envers les auteurs qu’envers les artistes. […] *** Le personnel féminin de la danse, à l’Opéra, comptait, sur la fin de l’Empire, — 1869, — une soixantaine d’artistes divisés en : Sujets principaux, — dont deux mimes et trois doublures ; Petits sujets, dont les appointements variaient de six à trois mille francs ; Premières coryphées, à douze cents francs ; Deuxièmes, à mille ; Enfin, en trois quadrilles d’élèves, dont le premier touchait neuf cents francs, le deuxième huit cents et le troisième sept cent cinquante. […] *** Le corps de ballet actuel ne compte pas moins de cent quinze pensionnaires en jupon : Trois étoiles ; Dix premiers sujets ; Vingt-deux deuxièmes sujets ; Deux divisions de coryphées qui comprennent chacune deux sections de six danseuses ; Une troisième division qui en renferme huit ; Deux quadrilles divisés chacun en deux sections : Premier quadrille, première section, — six artistes ; Deuxième section, — douze artistes ; Deuxième quadrille, première section, — huit artistes ; Deuxième section, — onze artistes. […] Que de fois, la regrettable mère Crosnier et l’excellente madame Monge, — qui avait succédé à celle-ci dans le poste de « concierge des artistes » à l’Opéra, — ont fait asseoir quelqu’une de ces affamées à leur table, dans leur loge, devant leur miroton hospitalier !

11. (1908) Quinze ans de ma vie « Préface » pp. -

Cette éblouissante artiste se révèle une dame d’un sens juste et délient, douée d’une pénétration merveilleuse des âmes, qui sait découvrir la signification profonde des choses insignifiantes en apparence et voir la splendeur cachée des âmes simples. […] Au contraire, elle pénètre avec facilité dans les âmes les plus hautes des artistes et des savants. […] C’est une artiste.

12. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre premier. les années d’apprentissage  » pp. 1-36

Quatre cent cinquante artistes et amateurs lui apportaient un concours actif et désintéressé. […] La troupe de Horchelt fut une pépinière d’artistes. […] Le soleil d’Italie fit éclore chez elle les qualités des artistes latins. […] Pour les jeunes artistes un engagement à ce théâtre était le commencement de la célébrité. […] Mais la vocation d’artiste exigeait un sacrifice qui fut consenti des deux côtés.

13. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre septième. Des pirouettes ; » pp. 79-87

L’art de la danse a été porté par Dauberval, Gardel, Vestris, et quelque autre grand artiste, à un si haut degré de perfection, qu’elle a dû surprendre Noverre lui-même (a). Les artistes du siècle passé sont inférieurs à ceux des dernières années de la même époque et à tous ceux du commencement de celui-ci. […] Nos danseurs possèdent un goût plus épuré, leur danse est remplie de grâces et de charmes (qualités qui n’ont jamais existé chez nos anciens artistes), les plus beaux temps d’aplomb, d’équilibre, étaient ignorés ; les poses gracieuses, les belles attitudes, les séduisants arabesques, n’étaient pas en usage. L’exécution vigoureuse et brillante, la multiplicité des pas, la variété des enchaînements, les différentes pirouettes, n’embellissaient pas encore l’art naissant ; et l’exécution de l’artiste était bornée par la plus grande simplicité (b). […] Maintenant que l’art de la danse est si compliqué, et que presque tous les élèves de nos jours se destinent à tous les genres, il est difficile de trouver un artiste parfait.

14. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « A Sa Majesté l’Empereur de toutes les Russies. » pp. -

Cet honneur sait aux arts mériteroit d’être célébré par tous les artistes de nos jours. […] Sire, les artistes qui ont besoin d’être encouragés, iront se réfugier dans votre empire et s’empresseront de consacrer dans leurs ouvrages la générosité du nouvel Alexandre, qui les protège d’une manière si éclatante.

15. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Apelles et Campaspe, ou la Générosité d’Alexandre. Ballet pantomime. » pp. 177-189

C’est dans cet instant que l’artiste se saisit de ses crayons, qu’il trace et retrace encore, qu’il efface, qu’il recommence, et que ses crayons indociles s’échappent de sa tremblante main. […] Alexandre, prévenu par Roxane, entre sans bruit ; il approche ; à la vue du groupe qui lui semble céleste ; il applaudit à l’imagination brillante de l’artiste ; il voit qu’il a été trompé, et il sort pour ne point distraire Apelles de son travail. Eperduement épris, cet artiste ne voit que la belle Campaspe ; il trace, il efface, tous ses traits sont imparfaits. […]   Alexandre, non content d’avoir pardonné à Campaspe et à l’artiste, veut encore les unir et leur ordonne de le suivre ; ils sortent avec lui, en exprimant leur félicité et leur reconnoissance. […] L’artiste avoit peint ce Prince sous la forme de Jupiter tenant ses foudres.

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