Le chapitre 31 des Prophéties de Jérémie, nous apprend que Dieu promet à son peuple, qu’après les peines de l’exil qu’il a souffert durant tant d’années en Babilone, il rétablira non seulement Jérusalem, mais qu’il lui remettra ses anciennes fêtes, ses chants, ses cérémonies, & ses danses. […] Le Cardinal Ximenès rétablit de son tems dans la Catédrale de Tolede l’ancien usage des Messes solemnelles des Musarabes, nation Arabe, & qui furent les premiers Chrétiens en Espagne qui mirent la danse Sacrée en grande véneration pendant le Service divin. […] Il est encore à présumer que c’est de la danse Sacrée & tumultueuse des Corybantes ou Prêtres de Cibelle, que les Bacchantes & les Satyres ont tiré leurs danses Bacchanales en l’honneur de Bacchus, ayant beaucoup de rapport à celle des Corybantes, qui, au dire des Poëtes anciens, favoriserent la conservation de Jupiter lors de sa naissance ; ce qui marque aussi la profonde antiquité de la danse Sacrée des Idolâtres ou des Payens.
Au temps de l’ancien auteur du traité sur les spectacles, dont j’ai déjà parlé, plusieurs cherchoient dans les saintes Ecritures de quoi justifier les spectacles, comme on y cherche maintenant de quoi justifier les danses. Avant que de répondre aux passages dont on abusoit, cet ancien auteur fait cette observation, que nous avons la même raison de faire que lui : « Je dirai, qu’il vaudroit mieux ne rien savoir des saintes Ecritures, que de les lire pour en abuser ainsi. » Est-il en effet un abus plus criminel que de se servir pour autoriser les vices, des livres saints qui n’ont été écrits que pour nous enseigner et nous porter à la vertu et à la pratique de l’Evangile, selon cette parole de saint Paul : (Tim. c. 3, vv. 16 et 17.) […] « que ceux qui voudroient tirer avantage de ce silence, n’auroient qu’à autoriser les gladiateurs et toutes les horreurs des anciens spectacles, dont l’Ecriture ne parle pas.
Mais ce qui achève de prouver combien elle est ancienne, & qu’elle donna même naissance aux Poèmes dramatiques en récit, c’est qu’on a toujours dit qu’une Pièce de Théâtre avait des Spectateurs, & non des Auditeurs : preuve sans réplique que le discours est étranger dans les Drames, & qu’ils devraient n’être qu’en action. […] « C’est au milieu de tels discours & de tels préjugés, que j’ai ôsé concevoir & exécuter une Pantomime admirable », dans le vrai goût des Anciens, où l’on ne peut rien trouver à reprendre. […] Il serait à souhaiter que mes succès engageassent le petit nombre de ceux qui se disputent aujourd’hui la Scène Pantomimique, à rentrer dans l’ancienne route, qui probablement est la plus sûre, & dans laquelle, sans doute, ils n’iraient pas si loin que moi ».
Nous haïssons cette société où se carre, au premier plan, une bourgeoisie pleine de vanité et de prétentions, dont l’épais matérialisme et le luxe maladroit font regretter l’élégante frivolité de l’ancienne aristocratie.
Et il obtint ainsi, en s’appuyant sur les données d’un art vivant, des lumières sur la gymnastique des anciens, que je ne puis exposer ici, mais qui réduisent à peu de chose le dilettantisme d’une Isadora Duncan.
Les anciens l’entourent, la cernent.
Parmi les ballets d’action le plus souvent donnés sous la Restauration, quelques-uns étaient assez anciens. […] Le ballet mythologique perpétuait et ressassait les souvenirs de l’ancienne Grèce dont s’étaient saturés les seizième, dix-septième et dix-huitième siècles. […] La situation des danseurs n’était plus aussi brillante à l’époque de Louis-Philippe que sous l’ancien régime. […] Le plus connu de tous, en 1830, était un survivant de l’ancien régime, le représentant, au dix-neuvième siècle, d’une célèbre dynastie de maîtres de ballet, Auguste Vestris.
. — L’ancienne laveuse de vaisselle. — La leçon de mademoiselle Le Rochois. — Recette contre l’embonpoint. — Mesdemoiselles Florence et Prevost. — La Camargo. — Caleçon et précaution. — Le festin de Gruer. — Un bal décolleté. — Ingénieuse idée de Roger de Beauvoir. — Madrigal de Voltaire. — Mademoiselle Sallé. — Réformes dans le costume. — Mesdemoiselles Rolland, Poulette, Mariette, Lyonnais, Heinel, Leduc, Allard, Grandi, Audinot, Cléophile. — La Guimard. — Ses dépenses. — Sa table. — Son théâtre. — Son hôtel. — Ses dettes. — Mesdemoiselles Peslin, Beaupré, Renard et Miller. […] Ancienne laveuse de vaisselle à l’auberge du Plat-d’étain, au carré Saint-Martin, mademoiselle Desmatins était physiquement la créature la plus accomplie qui se pût voir ; mais son inintelligence égalait sa beauté. […] Son père, prétend au contraire la Biographie des artistes belges, était un ancien maître de danse flamand appelé Just Cupis, dit Camargot et non Camargo : il avait été condamné, pour vol d’argenterie, chez le marquis d’Asch à Bruxelles, à un emprisonnement de six mois et au bannissement perpétuel. […] Mademoiselle Audinot est connue par un trait qui n’a pas rencontré beaucoup d’imitateurs, dans le personnel de l’Opéra : Ayant appris que le duc de Lauzun allait être obligé de s’expatrier, elle réalisa toute sa fortune et en expédia le montant — près de cent mille livres — à son ancien amant.
Cet ancien auteur ajoute : « L’ame de l’homme tendant naturellement au vice, et y tombant facilement d’elle-même, que fera-t-elle, si elle y est poussée par tous ce qui l’environne, qu’elle voit et qu’elle entend ? […] Et ne sont-elles pas d’autant plus croyables sur ce point, que parlant contre elles-mêmes, elles ne le font que par un amour de la vérité, qui ne peut être suspect, et qui leur fait désirer de réparer, par l’humble aveu qu’elles font de leurs anciennes fautes, le mauvais exemple qu’elles ont donné ?
« Lycurgue le Législateur, voulant réduire ses Citoyens, de leur ancienne manière de vivre en une qui fût plus honnête, et les rendre plus vertueux, (car auparavant ils étaient par trop délicats en leurs mœurs), il nourrit deux chiens nés d’un même père et d’une même mère ; et en accoutuma l’un à toutes friandises, le tenant en la maison, et l’autre le menant aux champs l’exerça à la chasse ; puis les amena tous deux en pleine assemblée de Ville où était tout le Peuple, et mit devant eux des friandises et fit lâcher un lièvre.
Ainsi lors qu’une continuité de grands succès élève un homme à talents au-dessus de tous ses Contemporains : quand les traits lancés sur ses compositions, les ridicules donnés à sa personne, à ses partisans, à ses entours ne balancent plus son mérite ; on cherche alors quelque homme nouveau pour l’opposer à l’ancien.
Preuve de la perfection réelle de la Danse ancienne.
Ce genre, dans sa nouveauté, balança le succès du grand Opéra, parce que le goût est exclusif parmi nous, et que c’est un défaut ancien et national, dont, malgré les lumières que nous acquérons tous les jours, nous avons bien de la peine à nous défaire.