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27. (1921) Une dernière étape des « Ballets russes ». La Belle au Bois Dormant pp. 227-231

Celui qui contribua si puissamment à la création d’une école nationale fut le Marseillais Marius Petipa qui tint à la Russie par 56 ans de services ininterrompus sous quatre empereurs, qui fut l’éducateur de tant de générations de danseurs russes et qui, ayant dansé l’Esméralda avec Fanny Elssler et le Faust de Perrot avec Carlotta Grisi, devait un jour diriger les premier pas d’Anna Pavlova. […] De même les groupes, processions, ensembles décoratifs de figurants, auxquels Petipa tenait énormément, étaient totalement négligés. […] Elle possède la « ligne romantique » dans toute sa vibrante beauté ; si vous voulez elle exagère Taglioni, tant sont frêles et délicats ses bras et ses jambes allongées ; elle a l’air de voler — et de tenir à peine debout.

28. (1921) Le Ballet de l’Opéra pp. 191-205

Deux directeurs avisés, habiles à jeter de la poudre aux yeux, ayant le flair et le pressentiment du succès, amis des littérateurs qu’ils reçoivent avec faste, presque écrivains eux-mêmes, le docteur Véron et Nestor Roqueplan, tiennent en éveil la curiosité, et, malgré des fortunes diverses, rallient force sympathies. […] Les danseuses ont les jambes près du bonnet, et l’on n’était plus au temps où Napoléon écrivait à son ministre des Beaux-arts : « Dites à ces demoiselles que, si elles ne se tiennent pas tranquilles, je leur donnerai comme directeur un général qui les fera marcher militairement. » Naturellement brocards et épigrammes ne furent pas épargnés au vertueux surintendant, qui d’ailleurs eut le mérite de comprendre Rossini, de le lier à la France par un traité en règle, et de donner à l’Opéra des chanteurs tels que Nourrit, Levasseur et Mme Damoreau. […] Pauline, chargée d’un des principaux rôles, imagina, par la pantomime la plus spirituelle, par les gestes les plus expressifs et les plus passionnés, de représenter tous les incidents d’une discussion animée, et de donner une idée d’un conseil de guerre tenu par des femmes. […] Taglioni eut un salon, un véritable salon, où fréquentèrent Méry, Alexandre Dumas, Eugène Sue, Musset, Balzac, Gérard de Nerval, Roger de Beauvoir, Mme de Girardin. — Meyerbeer, Auber, Spontini, Halévy, Liszt, Donizetti, Adam, Rossini, tenaient à honneur de composer quelques couplets pour son album. […] C’est qu’elle a les bras si longs, qu’elle craint de se crotter les mains en marchant. » Et cette leçon de juron : « Quand une artiste de l’Opéra tient à jurer, elle doit se contenter de dire F… et passer outre. » Une bonne petite camarade ayant déclaré qu’elle lui arracherait la figure : « Eh bien, si c’est pour l’échanger contre la sienne, elle ne pourra qu’y gagner. » * * * Comment finissent les danseuses ?

29. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 3 décembre. Danses du « Grand Mogol ». »

Je mentionne le fait, car cette simplicité altière, ce grand air étranger à toute minauderie comme à toute outrance me semblent tenir à l’atmosphère même des grands théâtres de Cour.

30. (1860) Mémoires de Rigolboche « Mémoires de Rigolboche — Chapitre X » pp. 138-147

Lorsque son père tient serrés les cordons de la bourse, il emprunte et s’endette avec le laisser aller d’un gentilhomme de l’ancien jeu. […] Il est marié, mais sa femme est vieille et tient les livres.

31. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — II, mes débuts sur une vraie scène a deux ans et demi » pp. 16-21

La dame se mit à lire un petit papier qu’elle tenait à la main. […] Le dimanche dont je viens de parler, ma mère ressentit la première commotion nerveuse qui devait lui indiquer, si elle avait pu comprendre ce tragique avertissement, qu’elle allait devenir la proie de la maladie terrible qui devait la tenir immobile pendant de si longues années.

32. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 février 1662 »

Mortemar, qu’on tient sans pareille, Jeune et ravissante à merveille, De prudence, d’honnêteté, D’esprit, de grâce et de beauté. Des-Autels, Fille de la Reine, Fort aimable, mais inhumaine, Qui tient en Cour fort bien son rang, Et qui vient d’un fort noble Sang.

33. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 22 octobre 1667 »

ORPHÉE, ou BAPTISTE, pour lui (Car c’est bien tout un aujourd’hui), Y tient, sous ses rares merveilles, L’âme en Laisse par les oreilles.

34. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Avant-propos »

Mais pour qu’elle produise les avantages que j’ose en attendre, il est nécessaire qu’on veuille bien se tenir en garde contre cette sorte d’ascendant que prennent sur nous les choses déjà faites avec quelque succès dans les Arts. […] Nous tenons par l’habitude et par l’amour-propre à tout ce qui nous a plu ; quoique l’expérience nous démontre qu’il nous faut des charmes nouveaux pour nous plaire. […] Les personnes qui tiennent pour l’ancien goût allèguent les excès où tombent les Artisans qui outrent ce qu’ils sont, lorsqu’elles veulent prouver que le goût nouveau est vicieux […] mais le public s’est si bien accoutumé à la nouvelle Danse théâtrale, qu’il trouverait fade aujourd’hui le goût de Danse lequel y régnait autrefois. […] Ainsi, depuis près de cent ans, on tient à Paris à peu près le même langage sur chacun des pas que la Danse fait sur notre Théâtre pour avancer.

35. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XLI. Des ouvertures de Jambes. » pp. 187-189

L’Ouverture de jambe, est une action, que la jambe fait pour montrer l’agilité qu’il faut avoir en conservant le corps dans son équilibre, pendant qu’on se tient sur l’autre, & aussi pour faire voir que l’on sçait la mouvoir avec grace & liberté, sans que le corps se dérange ; ce qui est encore une des perfections de la danse, de sçavoir agiter les jambes en faisant differens pas, & conserver le haut du corps dans une situation agréable : de plus ce tems se faisant très-lentement, lorsque l’on fait un autre pas qui se fait avec vitesse, cela fait une varieté qui donne à connoître le bon goût que l’on a pour la danse, en gardant beaucoup de gravité dans les pas lents & de legereté dans les vîtes.

36. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre I. Discours sur les Bras & sur l’utilité de les sçavoir conduire avec grace. » pp. 195-196

Il est vrai, que le bon Maître sçait les placer à propos selon la construction de l’Ecolier, comme de les faire porter plus haut, si le sujet a la taille courte, & s’il a la taille longue ils doivent estre à la hauteur des hanches ; mais s’il est proportionné, il les tiendra à la hauteur du creux de l’estomac ; Remarque que j’ai sçû d’un des plus habiles de nos jours.

37. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — IX »

Un monde inconnu s’ouvre au sens du nombre et à l’oreille : il n’est pas possible qu’on s’en tienne toujours aux quinze ou vingt premières cases de la table de Pythagore.

38. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 26 juin. Lettre à Mlle ***, de l’Opéra. »

Cette opinion, je tiens moi-même beaucoup à vous le dire. […] Mais à tout cela, vous n’y tenez guère.

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