/ 308
4. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XI. » pp. 107-114

Je crois pouvoir avancer comme vérité incontestable, que l’homme apporte en naissant un germe précieux susceptible de produire en se développant, un goût déterminé pour un art, ou une science quelconque ; ce germe miraculeux jetté par la providence dans toutes les créatures ne se développe pas également dans tous les hommes. […] Voilà l’image de l’homme en général, la variété de ses gouts, de ses inclinations doit être assimilée aux qualités diverses qui règnent dans la nature et composition particulière de chaque portion de terre. […] Voilà l’homme robuste et vigoureux, l’homme machine et routinier. […] Dans cet état l’homme s’éclipse ; il ne pense point ; il rumine. Mais au milieu de tant d’étres ineptes, on distingue, comme je vous l’ai dit, des hommes privilégiés, et particulièrement favorisés par la nature, pour les quels l’étude n’est qu’un jeu, et qui portent progressivement les sciences et les arls au dernier dégré de perfection.

5. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre IV. Origine de la Danse, définition qui en a été faite par les Philosophes. »

L’Homme a eu des sensations au premier moment qu’il a respiré, et les sons de la voix, le jeu des traits du visage, les mouvements du corps ont été seuls les expressions de ce qu’il a senti. […] Ainsi le Chant, qui est l’expression primitive du sentiment, en a fait développer une seconde qui était dans l’homme, et c’est cette expression qu’on a nommée Danse. […] Dès qu’il y a eu des hommes, il y a eu sans doute des Chants et des Danses. […] Vous serez alors aisément persuadé, que l’on a chanté et dansé depuis la création du monde jusqu’à nous, et qu’il est vraisemblable que les hommes chanteront et danseront jusqu’à la destruction totale de espèce humaine. […] Quoiqu’ils soient tous naturels à l’homme, on a cependant trouvé des moyens, pour donner aux mouvements du corps les agréments dont ils étaient susceptibles.

6. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VIII. De la Danse des Anciens considérée comme exercice. »

Tous les hommes ont un penchant naturel à l’imitation, de là le progrès rapide des usages, le succès étonnant des modes, l’établissement ferme des préjugés ; mais comme ce penchant tient d’une manière intime à la vanité, et qu’elle n’est jamais frappée que de ce qui lui en impose, c’est toujours vers des objets plus élevés que soi qu’il nous pousse et nous entraîne. […] Ces fougueux Aventuriers à qui on donna le nom de Héros, et dont l’orgueil ne voyait qu’en pitié tous les autres hommes, fixèrent leurs regards sur les Dieux, et ils les imitèrent. […] Les hommes qui se croyaient nés pour elle, devaient par conséquent ne s’occuper que des exercices qui pouvaient rendre leur corps plus souple, et plus vigoureux. […] Les qualités de l’âme, l’amour de l’ordre, le désir du bonheur des hommes ont été depuis, les vertus plus précieuses des sages.

7. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

On pourra désormais être poète excellent, sans cesser de passer pour un homme sage ; un musicien sera sublime, sans qu’il soit indispensablement réputé pour fou. On ne regardera plus les hommes les plus rares comme des individus presqu’inutiles, peut-être même s’imaginera-t-on un jour qu’ils peuvent penser, vivre, agir comme le reste des hommes. […] Ce ne sont plus que de froides copies retournées de mille petites façons différentes : les hommes disparaissent ; on ne trouve plus à leur place que des singes et des perroquets. […] Un homme peut se croire des talents, du génie, et n’avoir que des réminiscences, une facilité malheureuse, et un penchant ridicule, qui en est presque toujours la suite, pour tel genre ou tel art. […] Mais a-t-on vu encore quelque espèce d’hommes parfaite ?

8. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre III. Sur le même sujet. » pp. 19-23

Les hommes doués d’une organisation parfaite peuvent juger sainement des arts, sans les avoir étudi2s. […] D’autres hommes, et ils sont rares, étudient les arts sans les exercer ; mais en examinant la route qu’ils ont à parcourir, les difficultés qu’ils ont à vaincre et les nombreux obstacles qu’ils ont à surmonter, avant de pouvoir atteindre ce but commun à tous les arts, l’imitation de la nature ; ces hommes, dis-je, sont des juges intègres ; ils prononcent sans partialité, et sont d’autant plus indulgens qu’ils n’ont point oublié, que la critique est aisée, mais que l’art est difficile. Ne voulant point resserrer les limites du goût, ni mettre des bornes aux élans du génie, je citerai quelques hommes célébrés. […] J’abandonne à l’homme d’esprit et de goût qui a avancé cette opinion, le soin de résoudre ma question. […] Ces deux hommes vraiment célèbres, méritent bien une petite lettre à part ; et je la terminerai en vous nommant la nation qui aime le plus passionnément et le plus constamment la musique.

9. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre V. Honneurs et Privilèges accordés à la Danse »

Les peines et les récompenses sont les ressorts les plus sûrs des actions des hommes. […] J’aime à voir Auguste et Marc-Aurèle, qui sont de tous les empereurs romains les deux à qui il serait le plus glorieux de ressembler, honorer l’art dans la personne des grands Artistes ; mais j’éprouve un sentiment plus vif encore, lorsqu’en parcourant les Annales de Rome, je vois le Peuple, les Sénateurs, la Noblesse courir avec empressement au-devant de Pylade, l’entourer, le suivre dans les rues, et reconnaître par cet empressement honorable, la supériorité que le génie et les talents doivent avoir dans l’opinion des hommes, sur la naissance, la fortune, et les dignités. […] Le Roi de Prusse entraîné par ce penchant, si naturel aux hommes extraordinaires, pour les beaux-arts, les a appelés dans sa Capitale, et ils y fleurissent. Il a sur pied cent cinquante mille hommes, pour défendre ses droits, et toutes les Langues savantes de l’Europe, pour publier sa gloire. […] Il est vrai qu’il eut une manière à lui d’être méchant homme, et mauvais Roi.

10. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Traduction des passages italiens parsemés dans cet ouvrage » pp. 115-118

— On ne doit pas s’appuyer sur une louange non méritée ; car il ne faut qu’un homme de bon sens, pour détromper cent personnes qu’elle a séduit. […] Sempre il peso. —  Du centre de gravité de l’homme debout. Le poids de l’homme qui repose sur une jambe seule, se partagera en proportion égale sur le point qui le soutient. L’homme qui se meut, aura son centre de gravité sur le milieu de la jambe qui pose entièrement à terre. […] —  Comment l’homme fait trois mouvements en sautant.

11. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Avant-propos » pp. 5-17

Avant-propos « Le chant, si naturel à l’homme, ne pouvant manquer de le séduire, lui a inspiré, en se développant, des gestes relatifs aux sons différents dont il était déjà composé. […] Telles sont ses deux causes primitives : « On voit par là, que le chant et la danse ne sont pas moins naturels à l’homme que la voix et le geste, et que l’une et l’autre n’ont été, pour ainsi dire, que les instruments qui leur ont donné lieu. Depuis qu’il existe des hommes, il y a eu, sans doute, des chants et des danses ; on a chanté et dansé depuis la création jusqu’à nous, et il est vraisemblable que les hommes chanteront et danseront jusqu’à la destruction totale de tous les êtres créés. » (Dizionario delle Arti e de’ Mestieri del Griselinia .) […] Il serait à souhaiter que les hommes à talent n’eussent pour juges que ceux dont l’opinion a pour base le sentiment, l’intelligence, et non de certains partisans, et la nombreuse troupe des Midas, « Connaisseurs aux belles oreilles ». […] connus par leur science « Qui, sans être danseurs, parlent beaucoup de danse. » Je crois que les écrits de ces hommes, qui ont employé tant de veilles pour l’amour de l’art de Terpsicore qu’ils ignoraient, nous sont parfaitement inutiles.

12. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre second — Chapitre VII. Emploi de l’Archimime dans les funérailles des Romains »

Un homme instruit en l’Art de contrefaire l’air, la démarche, les manières des autres hommes, était choisi pour précéder le cercueil. […] Les hommes, indignes de ce nom, et nés pour le malheur de l’espèce humaine, pouvaient être retenus, par la crainte d’être un jour exposés sans ménagement à la haine publique, à la vengeance de leurs contemporains, au mépris de la postérité.

13. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Première partie.] — Chapitre II. Preuves contre les Danses, tirées des Saintes Ecritures. » pp. 11-22

C’est parce que le saint homme Job craignoit le danger et le mal qu’il y a dans les regards, qu’il disoit : (c. 3.1, v. 1.) […] Elle signifie que la méchanceté d’un homme qui nous afflige est moins à craindre que les manières douces et agréables d’une femme, même vertueuse et bienfaisante. […] Il est aisé de comprendre que les précautions et la retenue que le Saint-Esprit recommande aux hommes dans tous les endroits qui viennent d’être rapportés, à l’égard des femmes, sont également nécessaires aux femmes par rapport aux hommes, et leur sont par conséquent également recommandées par le Saint-Esprit. […] Faites mourir les membres de l’homme terrestre qui est en vous, la fornication, l’impureté, les abominations, les mauvais désirs ; puisque ce sont ces excès qui font tomber la colère de Dieu sur les hommes rebelles à la vérité. Bien loin que dans les danses on fasse mourir les membres de l’homme terrestre, qui sont les passions et les vices, tout au contraire, n’y contribue-t-on pas à leur donner plus de vie et d’activité ?

14. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

Je n’y fréquente, lorsque j’y vais, que quelques artistes estimables, quelques hommes de lettres ou des amateurs dont j’admire l’esprit et les connoissances. […] Vous pardonnerez le radotage d’un homme vieux comme Anacréon, et qui ne desire son esprit et ses graces, que pour célébrer vos charmes et vos vertus. […] Cette classe d’hommes estimables est bien petite, je le sais ; mais elle existe encore. […] C’est un galant homme ; pendant son absence, notre maîtresse s’amuse pour ne pas s’ennuier. […] Les hommes peuvent se comparer à ces insectes, qui prennent la couleur de la plante à la quelle ils s’attachent.

15. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XVIII. De la maniere de faire les Reverences avant de danser. » pp. 60-66

Homme et Femme prest a faire la premier Reverence avant de Dancer Je suppose donc que vous soyez à côté l’un de l’autre, le pied droit devant à la quatriéme position, comme cette Figure le réprésente ; je ne repete pas la maniere d’ôter le chapeau, en ayant déja parlé cy-devant, je dirai seulement qu’il faut le prendre icy de la main gauche avec les mêmes précautions que celles que j’ay dit pour l’ôter de la main droite ; le corps étant posé sur le pied gauche 1. le pied droit devant 2. vous ôtez le chapeau de la main gauche en laissant tomber le bras gauche à côté de soy ainsi que le bras droit, de même qu’il est démontré 3.  […] Cette seconde démonstration est pour le Cavalier & la Demoiselle ; ils sont posez tel que l’on doit être, la Demoiselle à la droite, & le Monsieur à gauche, à côté l’un de l’autre sur une même ligne, le Cavalier tient la Demoiselle par la main ; la main de l’homme en dessous 5.  […] De cette attitude l’homme porte le pied droit a côté de soy, de même qu’il est représenté par ces points qui partent du pied droit & s’étendent jusqu’à 5. qui est la seconde, & la Demoiselle porte son pied gauche aussi à côté d’elle 9. à la deuxiéme position. […] Homme et Femme faisant la Reverence pour Dancer Ces deux Figures icy sont pour exprimer la forme de cette reverence ; l’homme ayant porté son pied à la deuxiéme position, il pose le corps dessus, & se plie du même tems pour faire sa reverence, qui se fait comme les reverences en arriere, ainsi que je l’ai dit cy-devant ; mais en faisant cette reverence on ne quitte point la main de la Demoiselle, & pour en faire sentir tous les tems, je vais vous les détailler.

/ 308