L’applaudissement part ; les bras & les doigts méritent des éloges, & on accorde à l’homme machine & sans tête, ce que l’on refusera constamment de donner à un Violon François qui réunira au brillant de la main, l’expression, l’esprit, le génie & les graces de son Art. […] Je ferai d’un homme ordinaire un Danseur comme il y en a mille, pourvu qu’il soit passablement bien fait ; je lui enseignerai à remuer les bras & les jambes & à tourner la tête ; je lui donnerai de la fermeté, du brillant & de la vîtesse, mais je ne pourrai le douer de ce feu, de ce génie, de cet esprit, de ces graces & de cette expression de sentiment qui est l’ame de la vraie Pantomime : la nature fut toujours au-dessus de l’Art, il n’appartient qu’à elle de faire des miracles. […] Ils se livrent au Théatre, moins pour s’y distinguer que pour secouer le joug de la dépendance ; moins pour se dérober à une profession plus tranquille, que pour jouir des plaisirs qu’ils croient y rencontrer à chaque instant ; ils ne voient dans ce premier moment d’enthousiasme que les roses du talent qu’ils veulent embrasser ; ils apprennent la danse avec fureur ; leur goût se ralentit à mesure que les difficultés se font sentir & qu’elles se multiplient ; ils ne saisissent que la partie grossiere de l’Art ; ils sautent plus ou moins haut ; ils s’attachent à former machinalement une multitude de pas, & semblables à ces enfants qui disent beaucoup de mots sans esprit & sans suite, ils font beaucoup de pas sans génie, sans goût & sans graces. […] La tête conduit rarement les jambes, & comme l’esprit & le génie ne résident pas dans les pieds, on s’égare souvent, l’homme s’éclipse, il n’en reste qu’une machine mal combinée, livrée à la stérile admiration des sots & au juste mépris des connoisseurs.
Dans le Plan extraordinaire de réforme qu’il eut le génie d’imaginer et le courage d’exécuter, une égalité parfaite, des exercices continus, un amour constant pour la Patrie, réunirent sous les mêmes Lois, attachèrent aux mêmes plaisirs, occupèrent aux mêmes plaisirs, occupèrent aux mêmes travaux, un Peuple de Sages qui ne composaient qu’une même famille, jamais oisive et toujours heureuse.
C’est à l’humble acrobate excentrique que l’ineffable Chariot emprunte sa technique, sinon son génie. […] Décidément, seule l’invention comique s’adapte heureusement au génie acrobatique — que ce soit l’humour anglo-saxon ou la verve gauloise du forain français.
Il ne faut à la danse qu’un beau modèle, un homme de génie, et les ballets changeront de caractère. […] Livrez vous à un métier, où les mouvemens de l’âme soient inutiles, où le génie n’a rien à faire, et ou il ne faut que des bras et des mains. » Ces avis donnés et suivis, Monsieur, délivreroient la scène d’une quantité innombrable de mauvais danseurs, de mauvais maîtres de ballets, et enrichiroient les forges et les boutiques des artisans d’un très grand nombre d’ouvriers plus utiles aux besoins de la société, qu’ils ne l’étoient à ses amusemens et à ses plaisirs.
Votre génie est un flambeau brillant qui éclaire l’humanité ; à l’exemple du soleil, il anime, il vivifie tous les objets qu’il échauffe du feu de ses rayons. […] Je prends donc la liberté de vous prier de m’éclairer par une étincelle de ce génie qui vous caractérise, et qui vous élève si fort au dessus des autres hommes.
J’ai toujours regretté, Monsieur, que Rameau n’ait pas associé son génie à celui de Quinault. Tous deux créateurs et tous deux pleins de génie, ils auroient été faits l’un pour l’autre ; mais le préjugé, le langage des connoisseurs sans connoissances ; de ces demi-savans, qui ne savent rien, mais qui se font suivre de la multitude, tout a dégouté Rameau et lui a fait abandonner les grandes idées qu’il avoit. […] Cet homme, d’un génie vaste, embrassoit toutes les parties à la fois dans ses compositions ; tout est beau, tout est grand, tout est harmonieux : chaque artiste peut, en entrant dans les vües de cet auteur, produire des chefs-d’œuvre différens. […] Le musicien, à son exemple, prend les paroles, il les parcourt sans attention, et, se livrant à la fertilité de son génie, il compose de la musique qui ne signifie rien, parce qu’il n’a pas entendu le sens de ce qu’il n’a lu que des yeux, ou qu’il sacrifie au brillant de son art et à l’harmonie qui le flatte, l’expression vraie qu’il devroit attacher au récitatif. […] C’est du poëte premiérement que dépend le succès, puisque c’est lui qui compose, qui place, qui dessine et qui met à proportion de son génie plus ou moins de beautés plus ou moins d’action, et parconséquent plus ou moins d’intérêt dans son tableau.
Cet Art entiérement soumis au goût & au génie, peut s’embellir & se varier à l’infini. […] En effet, il est rare, pour ne pas dire impossible, de trouver du génie dans les Ballets, de l’élégance dans les formes, de la légéreté dans les grouppes, de la précision & de la netteté dans les chemins qui conduisent aux différentes figures ; à peine connoît-on l’Art de déguiser les vieilles choses, & de leur donner un air de nouveauté.
Je ne me flatte point de pouvoir franchir la distance immense qui m’en éloigne & qui m’en sépare, ce succès n’est réservé qu’à ceux à qui le génie prête des ailes ; mais j’aurai du moins la satisfaction d’avoir ouvert la voie. […] Est-il possible que le Génie Créateur soit toujours persécuté ? […] Faut-il être Danseur pour s’appercevoir du peu d’esprit qui regne dans un pas de deux, des contre-sens qui se font habituellement dans les Ballets, du peu d’expression des Exécutants, & de la médiocrité du génie & des talents des Compositeurs ? […] Je sais que la crainte frivole d’innover arrête toujours les Artistes Pusillanimes ; je n’ignore point encore que l’habitude attache fortement les talents médiocres aux vieilles rubriques de leur profession ; je conçois que l’imitation en tout genre a des charmes qui séduisent tous ceux qui sont sans goût & sans génie ; la raison en est simple, c’est qu’il est moins difficile de copier que de créer. […] Combien de Danseurs, de Peintres & de Musiciens se sont perdus en suivant cette route facile mais pernicieuse qui meneroit insensiblement à la destruction & à l’anéantissement des Arts, si les siecles ne produisoient toujours quelques hommes rares qui prenant la nature pour modele & le génie pour guide, s’élevent d’un vol hardi & de leurs propres ailes à la perfection.
Le génie est par-tout le même. […] Vous possédez trop de sciences, votre génie est trop vaste, pour qu’il me soit permis de douter que vous ne puissiez enfanter des Pantomimes . […] « Le mérite n’est pas bien grand d’arranger une action vraisemblable ; mais créer des êtres à qui l’on donne des passions qu’il saut peindre, répandre dans les gestes qu’on leur prête, cet intérêt soutenu, cette chaleur qui donne à l’illusion l’air de la vérité, trouver, saisir ces sentimens qui s’échappent de l’âme, que les gestes expriment, & que l’homme médiocre ne rencontre jamais : voilà le talent rare & supérieur, voilà le génie » ! […] Je fuis charmé de trouver l’occasion de vous assurer sérieusement que personne n’admire plus que moi votre génie, votre érudition, & ne se dit avec plus de sincérité, MONSIEUR, Votre très-humble & très-obéissant Serviteur, D***, grand Sauteur du Sr Nicolet.
Je lui ai entendu dire les choses les plus fines, les plus aiguës sur Curie, Mme Curie, Auguste Rodin et sur d’autres génies instinctifs ou conscients.
Cet art enfant du génie, et du goût peut s’embellir, se varier à l’infini. […] En effet il est rare, pour ne pas dire impossible, de trouver du génie dans les plans, de l’élégance dans les formes, de la légèreté dans les grouppes, de la précision et de la netteté dans les chemins qui conduisent aux différentes figures ; à peine connoit-on l’art de déguiser les vieilles choses, et de leur donner un air de nouveauté.
Ces agréables productions de son génie ont beaucoup de rapport avec la Danse, & méritent d’être imprimées dans le même volume, s’il plaît à Monseigneur le Garde des Sceaux d’en accorder le Privilege A Paris le vingt-deux May 1723.