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92. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre quatrième — Chapitre VI. Causes de la Décadence de l’Art »

Les Patriciens donnèrent un asile dans leurs Palais, les simples Citoyens dans leurs maisons, aux Danseurs qu’ils craignaient de perdre. […] Il fut le premier Danseur de la Terre. […] Ils ne furent presque tous que des Danseurs médiocres. […] Les Courtisans de Caligula, de Néron, etc. au contraire, en descendant de leur rang jusqu’à s’associer aux Danseurs de leur temps, s’avilirent eux-mêmes, sans donner de l’émulation aux Artistes.

93. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VIII. » pp. 65-96

Maîtres de musique et de ballets, chanteurs et danseurs, chœurs, tous également peuvent avoir part à sa gloire. […] Mademoiselle Lany a effacé toutes celles qui brilloient par la beauté, la précision et la hardiesse de leur exécution ; c’est la première danseuse de l’univers ; mais on n’a point oublié l’expression naïve de Mademoiselle Sallé ; ses graces sont toujours présentes, et la minauderie des danseuses de ce genre n’a pu éclipser cette noblesse et cette simplicité harmonique des mouvemens tendres, voluptueux, mais toujours décens de cette aimable danseuse. […] Nous avons des danseurs et des danseuses qui mériteroient ici une apologie, si cela ne m’éloignoit pas trop de mon but. […] Que font les autres danseurs de ce genre ? […] J’aimerois mieux des draperies simples et légères, contrastées par les couleurs, et distribuées de façon à me laisser voir la taille du danseur.

94. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

Sallé ; ses graces sont toujours présentes, & la minauderie des Danseuses de ce genre n’a pu éclipser cette noblesse & cette simplicité harmonique des mouvements tendres, voluptueux, mais toujours décents de cette aimable Danseuse. […] Nous avons des Danseurs & des Danseuses qui mériteroient ici une apologie, si cela ne m’éloignoit trop de mon but. […] Vestris est le premier Danseur, il ne danse qu’au dernier Acte ; c’est la regle ; elle est au reste conforme au proverbe qui astreint à conserver les meilleures choses pour les dernieres ; que font les autres Danseurs de ce genre ? […] Des sons arrangés machinalement & sans esprit ne peuvent servir le Danseur, ni convenir à une action vive. […] J’aimerois mieux des draperies simples & légeres, contrastées par les couleurs, & distribuées de façon à me laisser voir la taille du Danseur.

95. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « I. Origines, composition, organisation. » pp. 1-13

Les danseurs étaient au nombre de douze. […] Les dix danseuses gagnaient ensemble cinq mille quatre cents livres : Les deux premières étaient à neuf cents livres ; Les quatre deuxièmes, à cinq cents ; Les quatre dernières, à quatre cents. […] J’ouvre ce contrat et j’y lis — à la date de 1841 : « Article XXXV. — Les entrepreneurs devront fournir SIX DANSEUSES DE PREMIER ORDRE ; Six autres pour doublures et remplacements. […] Ritt et Gailhard, jamais, — entendez-vous, jamais, — l’Opéra ne nous a exhibé les SIX DANSEUSES DE PREMIER ORDRE exigées par le « cahier des charges. » Actuellement, où sont-elles ? […] Appeler une danseuse de cette façon, c’est exhiber séance tenante un extrait de son acte de naissance.

96. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « III. Éducation. » pp. 24-35

La danseuse soigne, choye et pare son gagne-pain d’aujourd’hui, qui deviendra peut-être son gagne-prince de demain. […] On ne désosse pas les danseuses. […] A cette condition seulement, la danseuse conservera sa souplesse et sa légèreté. […] La danseuse réalise la fable de Sisyphe et de son rocher. […] » Or, l’exemple de mademoiselle Taglioni est rigoureusement suivi par les autres danseuses.

97. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 4 octobre. Le ballet de « Manon ». »

Voilà donc ce qui suffisait, sous Louis-le-Bien-Aimé, à la gloire d’un danseur. […] Et puis, il faudrait un danseur ! Car figurer en travesti sans être ridicule, c’est là l’apanage de trop rares danseuses : tout le monde n’est pas fait comme l’Hermaphrodite du Vatican !

98. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre V. marie taglioni  » pp. 156-187

C’est cette personne, à tel point déshéritée de la nature, qui devint la danseuse la plus adulée de son époque. […] « Qu’une danseuse, il y a trente ans, écrit Ch. de Boigne, ait pu faire dans la danse une révolution qui dure encore aujourd’hui, c’est déjà quelque chose d’étonnant ; mais que cette danseuse, cette grande révolutionnaire ait été une femme mal faite, bossue même, sans beauté, sans aucun de ces avantages extérieurs et éclatants qui commandent le succès ! […] La danseuse s’habillait en première communiante. […] Chez cette danseuse que l’on représente comme un modèle de naturel, l’amie de Fanny Elssler découvre une grâce étudiée, des effets cherchés et calculés. […] Il fit appeler Auguste et le tança vertement pour avoir laissé faire à un danseur un succès plus grand qu’à la première danseuse.

99. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IV. » pp. 47-60

La plus petite troupe de Province traîne après elle un essaim de Danseurs & de Danseuses ; que dis-je ? […] Le Public de son côté aime à se faire une douce illusion, & à se persuader que le goût & les talents de son siecle sont fort au-dessus de ceux des siecles précédents ; il applaudit donc avec fureur aux cabrioles de nos Danseurs, & aux minauderies de nos Danseuses. […] S’il veut persuader, qu’il dessille les yeux trop fascinés des jeunes danseurs, & qu’il leur dise : « Enfants de Terpsichore, renoncez aux cabrioles, aux entrechats & aux pas trop compliqués ; abandonnez la minauderie pour vous livrer aux sentiments, aux graces naïves & à l’expression ; appliquez-vous à la Pantomime noble ; n’oubliez jamais quelle est l’ame de votre Art ; mettez de l’esprit & du raisonnement dans vos pas de deux ; que la volupté en caractérise la marche & que le génie en distribue toutes les situations ; quittez ces masques froids, copies imparfaites de la nature ; ils dérobent vos traits, ils éclipsent, pour ainsi dire, votre ame, & vous privent de la partie la plus nécessaire à l’expression ; défaites-vous de ces perruques énormes & de ces coëffures gigantesques, qui font perdre à la tête les justes proportions qu’elle doit avoir avec le corps ; secouez l’usage de ces paniers roides & guindés qui privent l’exécution de ses charmes, qui défigurent l’élégance des attitudes, & qui effacent la beauté des contours que le buste doit avoir dans ses différentes positions. […] Livrez-vous à un métier où les mouvements de l’ame soient moins nécessaires que les mouvements des bras, & où le génie ait moins à opérer que les mains. » Ces avis donnés & suivis, Monsieur, délivreroient la Scene d’une quantité innombrable de mauvais Danseurs, de mauvais Maîtres de Ballets, & enrichiroient les forges & les boutiques des artisans d’un très-grand nombre d’ouvriers, plus utiles aux besoins de la Société, qu’ils ne l’étoient à ses amusements & à ses plaisirs.

100. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Du menuet »

Du menuet On a abandonné depuis longtemps le menuet, et il n’est plus d’usage dans les danses de société, cependant il renferme tous les principes de l’art ; et il est facile de démontrer qu’on ne peut parvenir à danser, je ne dis pas bien, mais même médiocrement sans s’y être appliqué : cette danse développe les membres, leur donne des contours gracieux, du moelleux et de la justesse dans les mouvements, de l’aplomb et du soutien dans l’équilibre du corps ; et si la plupart des danseurs ont des attitudes forcées, des mouvements durs et un équilibre mal assuré, c’est qu’ils ignorent ou qu’ils n’ont pas assez pratiqué ces premiers principes ; aussi voit-on la plupart des danseurs modernes se placer comme des mannequins et se mouvoir comme des automates ; j’invite donc les amateurs à ne point le négliger ; il est très-important de s’appliquer à le bien apprendre, d’autant plus qu’il est à l’art de la danse ce qu’est l’a, b, c, à l’égard des mots et des discours.

101. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XV. » pp. 150-159

Je pense qu’un plus grand nombre de danseurs produiroit de la confusion, et entraverait les idées du compositeur, au lieu de les étendre. […] Si un ballet étoit uniquement composé de premiers danseurs et de premières danseuses ; l’exécution en seroit parfaite, et le compositeur pourroit alors se livrer à toutes les difficultés qu’offre le mélange des pas et des temps ; mais il y a bien de la différence à faire entre les talens des premiers sujets à ceux des figurants ; entre l’émulation des uns et l’insouciance des autres. […] La danse de ceux qui composent le corps de ballet n’a presque point d’analogie avec celle du premier danseur. […] Gluck, Piccini, Sacchini parurent ensuite, et ces beaux génies, lorsqu’ils composèrent pour la danse, se conformèrent aux moyens des danseurs ; ils ne firent pour eux ni concertos, ni sonnates, ni symphonies. […] La danse étoit autrefois d’une exécution noble, sage, heureusement combinée, intéressante par son fini et ses belles proportions ; elle offroit successivement à l’oeil enchanté, des pauses et des repos agréables, où les graces du danseur se déployaient ; ce mélange artistement combiné présentoit de beaux contrastes : Ils étoient l’image d’un temps doux et tranquille qui succède à un orage impétueux.

102. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIII. » pp. 181-196

Les meilleurs danseurs et les maîtres de ballets les plus célèbres la dédaignent, parce qu’elle n’est pour eux d’aucun secours réel. […] Ce danseur, disent-ils, a reçu primitivement de mauvais principes ; s’il a des défauts, ce n’est pas ma faute ; j’ai tenté l’impossible. […] avoir formé un danseur en vingt leçons ! […] La partie historique appartenoit à ce dernier ; mais la partie mécanique devoit, ce me semble, appartenir de droit aux danseurs. Ils auroient éclairé le public et les danseurs ; et en illustrant l’art, ils se seroient illustrés eux-mêmes.

103. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIII. » pp. 362-395

Les meilleurs Danseurs & les Maîtres de Ballets les plus célebres la dédaignent parce qu’elle semble n’être pour eux d’aucun secours réel. […] Ce Danseur, disent-ils, a reçu primitivement de mauvais principes ; s’il a des défauts, ce n’est pas ma faute, j’ai tenté l’impossible ; toutes les perfections que vous lui connoissez m’appartiennent, elles sont mon ouvrage. […] Avoir formé un Danseur en vingt leçons ! […] Ils sont, ou ils ont été d’excellents Danseurs. […] Jugez-en, je vous prie, par l’article chorégraphie inséré dans l’Encyclopédie ; vous regarderez sûrement cet Art comme l’algebre des Danseurs, & je crains fort que les planches ne répandent pas un jour plus clair sur les endroits obscurs de cette dissertation dansante.

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