/ 191
50. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre IX. Des Actions convenables à la Danse Théâtrale »

Lorsqu’il s’élèvera parmi nous quelque grand talent assez instruit des possibilités de l’Art, pour se les rendre propres, sa place, n’en doutons point, lui sera marquée dans l’histoire des Artistes fameux, à côté des Pylades et des Bathylles ; et sa Danse digne seule de ce nom sera désormais appelée la Danse Française.

51. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre II » pp. 10-20

Tout cela est conjectural, mais n’est pas invraisemblable ; et l’on peut croire aisément que les artistes n’ont produit que des caricatures informes de la belle nature, jusqu’au moment, où ils parvinrent à l’imiter, et à la faire sourire. Combien de siècles ont dû s’écouler, combien de tentatives infructueuses, d’études et de recherches avant que les artistes pûssent s’élever au degré de perfection, et de sublimité qu’ont atteint les Agésandre, les Téléclés, les Praxitélle, et les Phidias. […] La peinture et la sculpture enrichissoient ces pompeux édifices si propres à perpétuer la gloire des artistes, et à porter leurs noms au temple de l’immortalité. […] En voilà bien assez, et peut-être trop sur un objet presqu’imperceptible ; j’ai puisé toutes mes observations dans la nature de l’homme ; je ne crois pas être tombé dans l’erreur ; si je me suis trompé, c’est de bonne foi ; mon dessein n’ayant jamais été d’établir un système, encore moins de me vouer aux idées abstraites d’une Métaphysique Ténébreuse que je n’entends point, et dont la langue ne sera jamais celle des artistes.

52. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 décembre. Polyphème. »

Les artistes se débattent contre l’impossible.

53. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’artiste »

Sur l’artiste Décorateur Décorateur, s. m. […] Que celle dont il s’agit est infiniment préjudiciable aux Artistes et aux Arts. […] Si tout ce que nous admirons dans les productions des Arts est l’ouvrage de la raison, cette découverte élèvera l’âme de l’artiste, en lui donnant une opinion plus glorieuse encore de l’excellence de son être ; et de cette élévation attendez de nouveaux miracles, sans en craindre un plus grand orgueil. […] Si l’enthousiasme, à qui seul nous sommes redevables des belles productions des Arts, n’est dû qu’à la raison comme cause première ; si c’est à ce rayon de lumière plus ou moins brillant, à cette émanation plus ou moins grande d’un Être suprême, qu’il faut rapporter constamment les prodiges qui sortent des mains de l’humanité, dès-lors tous les préjugés nuisibles à la gloire des beaux-arts sont pour jamais détruits, et les Artistes triomphent. […] Sans enthousiasme point de création, et sans création les Artistes et les Arts rampent dans la foule des choses communes.

54. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Conclusion » pp. 414-418

Malgré leur charme et leur talent, ces deux artistes ne réussirent pas à conjurer la dépravation du goût public qui se plaisait de plus en plus à des danses de bas tréteaux. […] Derrière les ventres dorés qui occupent le devant de la scène, derrière les spéculateurs, les financiers, les actionnaires de chemins de fer, nous apercevons avec joie et nous saluons avec respect une cohorte d’artistes, de poètes et de rêveurs.

55. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre III. Sur le même sujet. » pp. 19-23

Croire qu’un artiste de quelque genre qu’il soit, lorsqu’il est embrâsé du génie de son art, ne puisse exercer sa plume et ses pinceaux sur des sujets diamétralement opposés, est une erreur malheureusement trop accréditée, et qu’une foule d’exemples peut combattre et détruire de la manière la plus victorieuse. […] Malgré cet accord de tous les artistes, qui s’étoient fait une gloire de contribuer au triomphe de ce chef-d’œuvre musical, il n’obtint de la nation, qui aime le mieux la musique, qu’un quart de succès.

56. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre iv. sur le même sujet. » pp. 129-136

Il faut que les talens qui embellissent la France, y déployent à l’envi tous les trésors des arts qu’ils cultivent ; il faut enfin, prouver à l’Europe étonnée, que les flots ensanglantés de la révolution, les guerres intestines et étrangères, la stagnation du commerce et de l’industrie, les calculs multipliés de la malveillance, les ravages de l’usure, l’anarchie des opinions, la disette et la mort, enfin que les calamités les plus effrayantes n’ont pu, enlever à la France cette troupe d’artistes célèbres, qui, dans les beaux jours de la paix, consacreront leurs plumes, leurs ciseaux, leurs burins et leurs pinceaux à immortaliser tous les grands traits de courage et de bravoure qui ont illustré nos armées. […] Hé bien, on le lui montrera, en faisant ce qui n’a jamais été fait dans une ville où les ressources sont immenses en ouvriers et en artistes de toute espèce. […] Avouez, Monsieur, que tant de belles choses réunies par le goût et par le génie des arts, offriroient un ensemble vraiment miraculeux, un spectacle unique et ravissant, une fête absolument neuve, où tout brilleroit sans se heurter et sans se détruire, et qui honoreroit autant la nation qui la donneroit, que les artistes qui l’exécuteroient.

57. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « V. Pastels après décès. » pp. 54-87

Voici, du reste, un spécimen de l’orthographe de cette artiste pris dans un billet qu’elle envoyait à l’un de ses galants : « Notre anfan ai maure ; vien de boneure ; le mien ai de te voire. […] Mademoiselle Prevost est la première danseuse qui ait exécuté un ballet pantomime avec Balon, comme elle artiste à l’Opéra. […] Son père, prétend au contraire la Biographie des artistes belges, était un ancien maître de danse flamand appelé Just Cupis, dit Camargot et non Camargo : il avait été condamné, pour vol d’argenterie, chez le marquis d’Asch à Bruxelles, à un emprisonnement de six mois et au bannissement perpétuel. […] On n’avait pas, d’ailleurs, le loisir de la remarquer, tellement l’artiste était vive et légère. […] Cet accident obligea mademoiselle Allard à quitter un instant Paris. » On raconte qu’en 1767, un seigneur allemand, fort riche, voulut épouser cette artiste, et que sur le refus qu’il en reçut, il signifia à celle-ci qu’il en était réduit à se brûler la cervelle, mais qu’il irait d’abord la lui brûler à elle-même.

58. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre IX. le voyag e en amérique  » pp. 320-364

La foule infatigable accompagne l’artiste à son domicile. […] Un autre service public eut des gracieusetés pour l’artiste : l’administration pénitentiaire. […] Ils ne sentaient point ce qui constituait la personnalité de l’artiste. […] Le nom de l’artiste retentissait comme une fanfare de victoire, même avant que la bataille ne fût engagée. […] Elle avait une nature trop fine d’artiste pour ne pas sentir que l’encens brûlé devant elle était épais et âcre.

59. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre I. De l’utilité de la Théorie dans tous les Arts. »

Un Artiste entraîné par cette espèce d’instinct, que la Nature seule donne, et que rien ne supplée, franchit quelquefois, sans s’égarer, une carrière difficile qu’il lui aurait été impossible de bien mesurer ; tandis qu’un Philosophe, qui, le compas à la main, la décrit avec ordre, en fonde les principes, développe tous ses détours, manquerait d’haleine, sans doute, dès le premier pas, s’il se hasardait d’y courir.

60. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 3 décembre. Danses du « Grand Mogol ». »

Nous nous demandons quel genre de satisfaction peut tirer l’artiste, qui détient ce rôle, de l’interprétation de pas qui, quoique fort simples, outrepassent ses moyens d’une manière trop évidente ?

61. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Danses de Mlle Svirskaya. »

Seule la prière pantomime avec signe de croix et agenouillement est un petit mélo qui détonne fâcheusement chez une artiste si intelligente.

/ 191