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5. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE PREMIERE. » pp. 2-14

mais à peine les connoît-on ; ce n’est pas néanmoins la faute de l’Art. […] Cet Art entiérement soumis au goût & au génie, peut s’embellir & se varier à l’infini. […] Si les Ballets en général sont foibles, monotones & languissants ; s’ils sont dénués de ce caractere d’expression qui en est l’ame, c’est moins, je le répete, la faute de l’Art que celle de l’Artiste : ignoreroit-il que la Danse est un Art d’imitation ? […] Convenez donc avec moi, Monsieur, que la symmétrie, fille de l’Art, sera toujours bannie de la Danse en action. […] non sans doute : mais l’Art est de savoir déguiser l’Art.

6. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre II. Des moyens qui conduisent à la connaissance des Arts »

Des moyens qui conduisent à la connaissance des Arts Il y a une affinité réelle entre tous les Arts ; une espèce de chaîne les rapproche tous et les lie. […] Il en est au surplus de tous les Arts, comme de toutes les Sociétés qui se sont formées entre les hommes. […] On a de même la clef des Arts, lorsqu’on sait remonter à leurs sources primitives ; parce qu’elles sont leurs causes premières. L’Artiste qui les ignore n’est qu’une machine grossière qui suit aveuglément l’impulsion du ressort qui la fait mouvoir, et tous les hommes en général, qui, dans les Arts dont ils s’occupent ou dont ils s’amusent, ne cherchent, n’attendent, n’aperçoivent que leurs effets, n’ont qu’une jouissance imparfaite, qui les met à tous les instants dans le danger d’en juger mal, et de leur nuire. […] L’Histoire raisonnée des Arts, est donc leur vraie, leur utile, et peut-être leur unique théorie.

7. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre premier. Instructions générales aux élèves » pp. 19-39

L’art du danseur, comme tous ceux d’exercice, ne jouit pas de cet avantage. […] C’est, peut-être, le plus bel ouvrage que nous ayons sur cet art divin. […] Arts académiques, Paris, Panckoucke, Liège, Plomteux, 1786, p.  […] Arts académiques, Paris, Panckoucke, Liège, Plomteux, 1786, p.  […] (Voyez Art.

8. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre III. Sur le même sujet. » pp. 19-23

Le goût exagéré est-il bon, est-il utile au progrès des arts ? […] Les hommes doués d’une organisation parfaite peuvent juger sainement des arts, sans les avoir étudi2s. […] D’autres hommes, et ils sont rares, étudient les arts sans les exercer ; mais en examinant la route qu’ils ont à parcourir, les difficultés qu’ils ont à vaincre et les nombreux obstacles qu’ils ont à surmonter, avant de pouvoir atteindre ce but commun à tous les arts, l’imitation de la nature ; ces hommes, dis-je, sont des juges intègres ; ils prononcent sans partialité, et sont d’autant plus indulgens qu’ils n’ont point oublié, que la critique est aisée, mais que l’art est difficile. […] Ces citations quelqu’abrégées qu’elles soient sont suffisantes pour prouver l’empire du génie sur les arts. Examinons maintenant notre manière leste de prononcer sur les chefs-d’œuvre de la musique, et voyons si la nation qui aime le mieux cet art, et qui est la plus enthousiaste, est celle qui le juge le mieux.

9. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre V. Sur le même sujet. » pp. 30-34

Ce sont leurs eaux salutaires qui développèrent la pensée, firent germer le goût et croître cet amour du travail si nécessaire aux succès des talens et des arts. […] C’est donc au besoin et à la nécessité que l’on doit attribuer le goût des Allemands pour la musique, et les progrès qu’ils ont faits successivement dans cet art depuis plusieurs siècles ; car ils composoient savamment à l’époque où toutes les nations apprenoient à solfier. […] Après bien des combinaisons, ils auront préféré la musique, cet art cosmopolite, qui ouvroit à leurs malheureux rejettons un asyle dans les grands chapitres, dans les riches abbayes, dont la plupart sont autant de souverainetés indépendantes ; et enfin chez tous les Princes de l’Allemagne, qui, jaloux de soutenir leur dignité et de varier leurs jouissances, ont appellé chez eux les arts et les talens, et fait principalement de la musique, le premier objet de leur luxe. […] Vous en voyez la raison ; c’est que cet art est un besoin pour ces peuples, comme le commerce en est un pour les Anglais ; c’est qu’elle remplace chez les Allemands ces grandes spéculations commerciales qui occupent les nations voisines, et aux quelles la disposition des lieux ne leur permet pas de se livrer. En voilà bien assez, Monsieur, sur un art dont j’ignore absolument les principes, mais dont j’ai éprouvé le charme et les effets séducteurs.

10. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Avant-propos » pp. 5-17

[1] Le chant et la danse une fois connus, ces arts servirent à célébrer l’Être Suprême. […] Peut-être que l’étude réfléchie que j’ai faite sur cet art, que je professe, l’application, les soins que j’ai mis pour tâcher de rendre mon ouvrage utile et intéressant, ne seront pas tout à fait vains ; du moins si mes faibles espérances sont détruites, j’aurai toujours la satisfaction d’avoir été le premier à donner les documents de l’art du danseur, en attendant qu’un autre, plus éclairé, marchant sur mes traces, atteigne, par des moyens plus efficaces, le but que j’aurai placé dans cette carrière. [3] Noverre 2, le restaurateur des ballets d’action et de l’art de la pantomime, a posé les principes qui doivent guider le maître de ballet, c’est-à-dire les compositeurs ; il a prescrit des règles aux mimes ; il a aussi écrit sur l’art, proprement dit, de la danse ; mais ses instructions à cet égard, se bornent à quelque conseil sur la poétique de l’art et à quelques légères observations sur son mécanisme. […] Heureux les arts, s’écriait un ancien, s’ils n’étaient jugés que par les savants. […] [9] On ne saurait trop recommander aux jeunes gens qui se destinent à cet art d’imitation, la vue des chefs-d’œuvre de la peinture et de la sculpture, surtout dans l’antique : ces enfants immortels du génie des beaux-arts, ces modèles du beau idéal, formeront leur goût.

11. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 10 avril 1922. Comme quoi la danse est un art — ce qui s’en suit —. Un centenaire français célébré en Russie. »

Comme quoi la danse est un art — ce qui s’en suit —. […] La danse est-elle ou non un art ? […] Cependant, si art il y a, cet art doit comporter une esthétique qui lui soit propre, un ensemble de procédés essentiels, une matière première, une technique, voire mainte technique. […] Le principe d’art modifie, déforme ou transfigure cette matière. […] Mais la danse théâtrale est encore et surtout un art français.

12. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre I. De l’utilité de la Théorie dans tous les Arts. »

De l’utilité de la Théorie dans tous les Arts. Il est des points fixes d’où tous les Arts sont d’abord partis et un but permanent auquel ils s’efforcent sans cesse d’atteindre. […] Elle sera toujours la boussole des Arts : en montrant les points cardinaux de la route, elle l’abrège et la rend sûre. Le talent dénué de la connaissance approfondie de l’Art, nous a donné Rotrou : la théorie seule, n’a pu faire de l’abbé d’Aubignac, qu’un Poète froid et stérile : les deux ensemble ont produit P. […] Pour exceller dans un Art, il faut donc, non seulement les dispositions distinctives qu’il exige ; mais encore la connaissance profonde des moyens qui servent à le développer avec sûreté.

13. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Chapitre neuvième. Le maître » pp. 96-103

Celui qui de l’art de la danse ne possède que la théorie, ne sera jamais un parfait démonstrateur70. […] Il ne donnera point les vrais moyens d’exécuter, et par conséquent de réussir et de se distinguer dans l’art qu’il enseigne. Un élève qui sortira des mains d’un tel maître, manquera d’abord de perfection, il ne possédera pas l’esprit de son art, sa danse sera froide, sans expression, sans âme et sans grâce. […] Je trouvai en lui une autre manière de démontrer dans ses leçons, et l’art de la danse me parut changé. […] Ce n’est pas dans l’art de la danse, que la valeur doit attendre le nombre des années.

14. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre V. » pp. 37-55

Ces illustres protecteurs des arts les rassemblèrent à Florence. […] Ils furent les précurseurs de ce beau règne, et tous deux s’empréssèrent à encourager les arts renaissants. […] Ces arts enfans du plaisir et de la gaité avoient renoncé aux principes qui leur donnèrent naissance. […] Colbert nouveau Mécène seconda l’amour que l’Auguste de la France portoit aux beaux arts. […] Il est à croire qu’une considération aussi puissante le détermina à renoncer à cet art sans cesser de l’aimer.

15. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IV. » pp. 47-60

Le goût vif & déterminé pour les Ballets est général ; tous les Souverains en décorent leurs Spectacles, moins pour se modeler d’après nos usages, que pour satisfaire au plaisir que procure cet Art. […] Un beau Tableau n’est qu’une copie de la nature ; un beau Ballet est la nature même, embellie de tous les charmes de l’Art. […] Qu’il paroisse ce restaurateur de la vraie Danse, ce réformateur du faux goût & des habitudes vicieuses qui ont appauvri l’Art ; mais qu’il paroisse dans la capitale. […] Portez l’amour de votre Art jusqu’à l’enthousiasme. […] renoncez au Théatre ; abandonnez un Art qui n’est pas fait pour vous.

16. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre III. » pp. 21-26

Il y auroit de ma part injustice, ou ignorance, si je me taisois sur les succès longs, et constants, que les sciences et les arts obtinrent en Egypte. […] Thomas nous dit dans son essai sur les éloges ; à la tête des pays civilisés, je vois dabord l’ancienne Egypte, pays de superstition, et de sagesse, fameux par ses monumens et par ses loix, et qui a été le berceau des arts, des sciences, et des mystères. […] C’est, ce que l’on ignore absolument mais, ce qui n’est point conjectural, c’est que ce peuple d’artistes et de savans quitta l’Egypte, et se réfugia à Athènes, qui devint la ville favorite des arts, et des sciences. […] Mais au milieu de tant de magnificence, et de prodigalité, n’est-il pas douloureux de voir des hommes, d’une sublimité rare, délaissés, abandonnés, et entièrement oubliés d’un gouvernement, qui devoit une partie de sa gloire, et de sa splendeur à la protection, qu’il accordoit aux sciences et aux arts. […] Quel contraste dur, et choquant dans une République surtout enthousiasmée des arts et des sciences, et qui s’en étoit déclarée si hautement la protectrice.

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