Je me souvins combien Sada Yacco avait intéressé les Claretie et je les priai de venir voir ma nouvelle étoile japonaise. […] Puisque je parle de ce secrétaire, je crois devoir lui consacrer quelques lignes, bien que je n’aie aucune raison de me souvenir d’elle avec plaisir. […] Il y avait là quantité de gens aimables, et Mme Claretie ayant parlé de cette idée de « Souvenirs » que son mari désirait, après Dumas fils, me voir écrire, on se mit à m’interroger et sur moi et sur mon art et sur les milieux dans lesquels j’avais évolué et chacun s’employa à m’encourager à me mettre au travail.
Et cependant il me reste un souvenir très net de sa vaporeuse blondeur.
Imagine-toi qu’à Lyon, il y a cinq ans, en proie aux délicieuses agitations du premier amour, — c’était bien le premier, puisque je m’en souviens si bien, — je commis l’énormité d’acheter un superbe bouquet avec l’intention de le lancer à ma jeune nymphe. […] Elle avait gardé sa bonne renommée, mais assurément elle n’avait gardé aucun souvenir de moi. […] Quand il se sentit au plus mal, il voulut lui parler, mais il n’en eut pas la force, et ne put que lui dire à voix basse : « Souviens-toi, tu m’as juré. » Quand il eut rendu le dernier soupir, elle garda sa main dans les siennes et resta assise près de lui, immobile et muette. […] Puis elle me demanda mon nom et, comme je lui remettais ma carte, elle me regarda comme si, n’ayant pas encore observé ma figure, elle voulait en garder le souvenir.
C’est apparamment sur les remontrances des Curez, que les Danseurs de corde n’ont plus joué qu’en champ clos, où je me souviens d’avoir donné seize sols aux premieres loges, & les autres places étoient à proportion. […] C’est pourquoi ils font payer les places à présent sur le même pied qu’à la Comédie ; ce qui me fait souvenir de rapporter ce qui arriva un jour à Térence dans Rome, au sujet des Danseurs de corde. […] J’aurois crû que ces danses auroient été surnaturelles, si l’Abbé Archambaut qui a beaucoup d’érudition, ne m’avoit fait souvenir qu’elles tiroient leur origine de la danse Sacrée des Saliens Prêtres de Mars, instituée chez les Romains, que j’ai rapportée dans son lieu ; comme celle des Balets des Suisses, qui se fait au bruit & au cliquetis des sabres, tire son origine de la danse Pyrrique.
Et si quelque chose en a survécu, c’est le souvenir d’une Karsavina, idole mitrée, qui, lentement, descendait du cintre sur l’avant-scène, laissant traîner sur les gradins les plis de son manteau et découvrant à chaque pas un genou délicat où Soudeikine avait, de sa main, peint une rose… Cela tient avant tout au poème, à l’inanité évidente de l’action.
Des années avaient passé sur ce grand souvenir quand Tréfilova, jeune grand sujet, dansant la même finale en fit trente-deux avec la même simplicité, la même grâce réservée que nous admirons aujourd’hui en elle.
Notes de vacances sur quelques souvenirs de la saison.
J’ai choisi d’ailleurs, de propos délibéré, cette action de Danse, que son succès doit avoir gravée dans le souvenir du Public, et dans l’esprit de nos jeunes Danseurs, afin de donner plus de poids, par un exemple frappant, à une règle qui ne saurait être trop scrupuleusement observée.
Cet événement extraordinaire, et des nœuds si bien assortis, restèrent profondément gravés dans le souvenir des Athéniens.
Et si dans les sculptures qui nous ont transmis le souvenir de ces théories nous contemplons avec ravissement la pureté des formes, la grâce des mouvements, l’harmonieuse ordonnance des groupes, combien la réalité vivante devait être superbe !
Et cette hystérie primitive, terriblement grotesque, captive et accable le spectateur désemparé… Tels, les souvenirs ineffaçables de la bataille du Sacre.