Subligny, quatrième semaine, lettre du 3 mars 1667 Vous ne nous disiez point, SEIGNEUR, Que CHARLES, ROI D’ESPAGNE, épousait votre SŒUR Et que, comme on était à Table, Un COURRIER MASQUÉ, l’autre jour, En avait rapporté les Articles en Cour.
Si je pouvais m’y transporter, Pour quelque chose en rapporter, Certes, je ferais ce voyage D’un extrêmement grand courage, Et j’en serais des plus contents : Mais il n’est pas encore temps ; Et, de plus, pour voir tels miracles, On a quelquefois, tant d’obstacles, Qu’à parler en Homme-de-bien, Je ne me dois vanter de rien.
Subligny, vingt-sixième semaine, lettre du 18 novembre 166659 Quelqu’un de SAINT GERMAIN vient de me rapporter Que l’on vous y prépare un assez doux spectacle, Et, cela supposé, ce n’est pas grand miracle Que vous ne le puissiez quitter.
Voici ce que rapporte à ce sujet un des historiens des plus dignes de foi, par la critique aussi exacte que judicieuse dont il a fait usage en écrivant les vies des saints. […] L’obligation qu’ont les pères et mères d’empêcher, autant qu’ils peuvent, leurs enfans d’aller aux danses, est à peu près la même des maîtres et maîtresses, par rapport à leurs domestiques, puisqu’on peut également appliquer à ces derniers la sentence de saint Paul qui vient d’être rapportée : Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et particulièrement de ceux de sa maison, il est pire qu’un infidèle, il a renoncé à la foi. […] Ce que le saint docteur dit sur cela est si beau et si touchant, que j’ai cru devoir le rapporter tout entier. […] J’ai rapporté plus haut les canons des conciles et les ordonnances de nos rois sur ce que ceux qui sont revêtus de l’autorité temporelle doivent faire à l’égard des danses publiques, des travaux et des œuvres serviles qui sont une profanation des jours de dimanches et de fêtes. […] Je ne crains point de vous le dire (et cette modeste retenue que vous louez en moi dans votre lettre, avec des termes si pleins de bonté, ne m’en doit point empêcher) ; je vous dis donc encore une fois, que si, dans les fonctions de votre charge où vous paroissez orné de ces vertus, vous n’avez pour but que de garantir les hommes de tout ce qui pourroit les faire souffrir selon la chair, sans vous mettre en peine à quoi ils rapportent ce repos que vous tâchez de leur procurer, c’est-à-dire, pour m’expliquer plus clairement, comment ils rendent au vrai Dieu le culte qui lui est dû, (car ce n’est que pour avoir plus de moyens de le lui rendre, qu’une vie tranquille est désirable, et c’est tout le fruit qu’on en peut tirer ; toutes vos peines ne serviront de rien pour la vie où se trouve la véritable félicité.
Je demande si l’autorité de ces confesseurs si indulgens, est préférable à celle des docteurs dont j’ai rapporté les décisions contre les danses. […] Mais n’est-ce pas là plutôt une raison de ne pas s’en rapporter à leur jugement, puisque tout ce qui s’écarte de la voie étroite, et tout ce qui appartient à la voie large, est réprouvé par Jésus-Christ ?
Le concile d’Aix, tenu l’année 1583, fait le même réglement sur la sanctification des fêtes par rapport à la fuite des danses, que celui du concile de Tours, qui vient d’être rapporté : et il y joint la même menace d’excommunication contre ceux qui violeront ce réglement. […] On doit joindre à tous ces réglemens si unanimes des différens conciles que je viens de citer, celui du troisième concile de Milan, que j’ai rapporté plus haut en marquant ce que saint Charles a pensé des danses. […] Mais de plus, si on fait quelque attention aux paroles de plusieurs conciles que j’ai cités, on a dû remarquer que les danses y sont condamnées, même dans les noces, où l’usage en est le plus ordinaire, ce qui en montre le vice essentiel et radical ; qu’elles y sont défendues comme étant par elles-mêmes la source d’une infinité de désordres, et par conséquent dangereuses et mauvaises de leur nature : ce qu’on verra en relisant ce que j’ai rapporté du concile in trullo, et du troisième concile de Milan.
Ce sont des faits qui prouvent que les Oracles s’énonçoient par l’usage de la voix, si on pouvoit donner quelque créance aux Auteurs qui rapportent tant de fables. Suétone rapporte dans la vie de Jules-César, qu’étant sur les bords du fleuve Rubicon, incertain s’il le passeroit ou non, attendu que ce passage étoit contraire aux ordres du Sénat, un prodige ou phantôme ressemblant à un homme, fort haut & beau par excellence, s’apparut à lui jouant d’un chalumeau fait de canne ; plusieurs Bergers y accoururent, & des soldats abandonnerent leurs postes pour l’ouir, entre autres les trompettes, à qui ce phantôme en arracha une, & se jetta dans la riviere qu’il passa à la nage, en sonnant l’allarme d’une grande force avec cette trompette ; il parut pendant quelque tems sur l’autre bord de la riviere : alors César dit à son armée, allons où les prodiges des Dieux nous appellent ; cette résolution, dit Suétone, lui procura l’Empire. […] Fauchet, dans ses Antiquitez, rapporte après Aventin, que Charlemagne ayant entrepris de faire faire un canal pour communiquer le Rhin au Danube, il vint exprès à Wormes avec toute sa Cour, pour presser l’éxécution de cette grande entreprise ; les Niveleurs & les Ingénieurs l’assurerent du succès, mais que la dépense en seroit immense : l’Empereur s’y résolut, dans l’espérance d’en être indemnisé par la conquête du Royaume de Hongrie, qu’il préméditoit pouvoir faire aisément par le moyen de ce canal, qui fourniroit de vivres à son armée. […] Fauchet, Antiquitez, Liv. 7, ch. 4, Aventin, le Comte de Gabalis, Pausanias, Tacite, & Strabon, disent encore que la statue de Memnon de Thebes, faite d’airain, rendoit quelquefois ses Oracles musicalement, quand les rayons du Soleil dardoient à plomb sur sa tête ; ce qui n’est pas plus surprenant que ce que nous rapporte Tite-Live du buste d’Apollon, qui pleura trois jours & trois nuits dans la citadelle de Cumes, sous le Consulat d’Hostilius, Décade V.
L’espoir de Carpentras, heureux de rendre service à des femmes à tournure gracieuse, n’hésite pas à faire ce qu’elles demandent : il rapporte le numéro. […] Le châle est rapporté à sa propriétaire, laquelle, à sa vue, jette un cri. […] En effet, le provincial rapporte un tartan en haillons.
Les Grecs avoient dès ce tems-là l’usage des Contre-danses, qu’Homere rapporte dans le bouclier d’Achille : l’on y voit Dédale qui semble y exercer la belle Ariane, & deux Sauteurs qui sont à la tête, qui font des sauts périlleux : une autre troupe de jeunes gens danse encore au même endroit la danse de l’hymen, comme étant à une noce ; desorte qu’il semble que l’inventeur de ce bouclier n’a pû rien dépeindre de plus excellent que cet exercice. […] Ce n’est pas qu’avant son tems il n’y ait eu des Corographes & des Auteurs qui eussent écrit sur ce sujet, & rapporté l’origine de toutes sortes de Danses, les noms des compositeurs, & ceux des Danseurs, qui avoient excellé aux spectacles, dans la pratique de cet Art ; mais qui ne sont point venus jusqu’à nous, comme bien d’autres sur les Sciences & les Arts, qui ont été perdus par le malheur des tems & par l’invasion des Barbares : ce qui se confirme par le Dictionnaire historique de M. de Furetiere, à la lettre orc. […] Athenée, Livre 14, rapporte que les Arcadiens qui ont passé pour des peuples fort sages, avoient coutume d’exercer la jeunesse à la Danse jusqu’à l’âge de trente ans. […] Mais pour celui qui compose les Balets, il faut, disent les Anciens, qu’il soit d’une profonde imagination, versé dans l’Histoire comme dans la fable, & grand Naturaliste ou bon Physicien, pour caractériser les passions, comme il est rapporté plus au long dans Lucien, au chapitre de la Danse, où les curieux peuvent le voir. […] Mursius rapporte dans son Traité d’Orchesographie, qu’il y avoit deux cens sortes de danses en usage chez les Grecs.
Mezeray rapporte aussi que nos premiers Rois donnoient des festins & des bals militaires à leurs Officiers Généraux dans leurs camps, pendant les quartiers d’hyver. […] Une heure après que le bal fut commencé, Antiochus se sentant échaufé de vin, s’avisa d’en sortir sécretement, pour se faire rapporter en dés-habillé au milieu de l’assemblée, enveloppé dans un drap, d’où se levant tout-à-coup, il dansa une Entrée d’Endormi avec tant d’extravagance, que tout ce qu’il y eut de personnes de considération sortirent du bal, comme par mépris pour le Roi, ne pouvant soufrir cette indignité dans un bal de cérémonie, où la bienséance doit toujours être observée ; ce qui est bien différent d’un bal masqué, où la licence est tolérée, comme je le ferai voir dans son lieu. […] Le Cardinal Pallavicin rapporte que Philippe II. […] On peut inférer de-là que l’Eglise ne condamne pas absolument l’usage de la danse, mais bien les abus qu’on en peut faire ; sans quoi le Cardinal Pallavicin n’auroit pas rapporté un fait si favorable pour elle, dans son histoire du Concile de Trente. […] Outre que cette Reine avoit beaucoup de goût pour les fêtes de réjouissance, elle sçavoit encore s’en servir pour parvenir à ses fins, suivant sa politique, comme les Historiens l’ont rapporté, au sujet du voyage qu’elle fit à Bayonne, avec toute la Cour : ce fait est confirmé par les Mémoires de la Reine de Navarre, qui disent qu’elle avoit ménagé l’entrevûe de sa fille Reine d’Espagne & femme de Philippe II.
Je crois qu’on ne fera pas fâché d’en trouver ici une description exacte, et je vais, pour cette raison, en rapporter deux des plus célèbres. […] [Voir Fête (Beaux-Arts)] La Béatification d’Ignace de Loyola donna lieu au second Ballet de ce genre, qu’on se propose de rapporter.