Et je suis persuadé qu’en complétant le rococo factice de Massenet par les chefs-d’œuvre souriants de Mozart, de Monsigny ou de Rameau, l’Opéra-Comique aurait pour lui une fois de plus, dans cette tentative, son admirable et unique public.
[Je suis] trop heureux si le public la trouve digne de la protectrice éclairée qui, au défaut du talent, a bien voulu par son suffrage encourager les efforts de l’auteur.
Le concile appelé in trullo, (qui veut dire dôme, parce qu’il fut tenu sous un dôme dans le palais de l’empereur Justinien) déclare « qu’il condamne et bannit les danses publiques des femmes, comme entraînant après elles beaucoup de fautes, et la perte d’un grand nombre d’ames : (can. 62. […] Le concile de Rouen, tenu l’an 1581, (Labbe, tom. 15, p. 825) s’exprime ainsi : « Nous connoissons et nous éprouvons combien sont grands les artifices du diable pour susbstituer son culte à celui de Dieu et des saints. » Il en donne pour preuves qu’aux fêtes solennelles des apôtres et des autres saints, « on tient des foires et des marchés publics, par lesquels non-seulement cet esprit de malice détourne le peuple de fréquenter les églises et d’assister à l’office divin et à la prédication de la parole de Dieu, mais où il a encore trouvé moyen d’introduire beaucoup de tromperies, de fraudes, de parjures, de blasphèmes, d’injures et d’outrages faits au prochain, et des jeux obscènes et impudiques : en sorte que les débauches ont en ces jours-là pris la place des aumônes, les danses, celle de la prière, et les bouffonneries, celle des prédications qu’on devroit aller entendre : Diabolus eleemosynas vertit in crapulas, orationem in choreas, et concionem in scurrilitatem ».
Toutes ces difficultés ont sans doute effrayé mes prédécesseurs : plus hardi qu’eux, peut-être avec moins de talent, j’ai osé me frayer des routes nouvelles ; l’indulgence du Public m’a encouragé, elle m’a soutenu dans des crises capables de rebuter l’amour-propre ; & mes succès semblent m’autoriser à satisfaire votre curiosité sur un Art que vous chérissez, & auquel je consacre tous mes moments. […] je serois tenté de le croire, puisque le plus grand nombre des Compositeurs sacrifient les beautés de la Danse, & abandonnent les graces naïves du sentiment, pour s’attacher à copier servilement un certain nombre de figures dont le Public est rebattu depuis un siecle ; de sorte que les Ballets de Phaëton ou de tout autre Opéra ancien, remis par un Compositeur moderne, différent si peu de ceux qui avoient été faits dans la nouveauté de ces Opéra, que l’on s’imagineroit que ce sont toujours les mêmes.
On peut juger par ce que j’ai dit de la danse, qu’elle doit son origine au culte de la Religion, à l’Astronomie & à l’art de la Guerre, plutôt qu’aux spectacles & aux fêtes publiques ; mais elle doit sa perfection aux danses des réjouissances publiques, & aux représentations des Balets de la danse Théâtrale dont les Grecs sont les premiers inventeurs ; à laquelle on peut dire que les François ont plus excellé depuis plus d’un siécle, que pas une des nations du monde : les Etrangers mêmes ne le contestent pas. […] « Après avoir reçû cette année tant de victoires du Ciel, ce n’est pas assez de l’avoir remercié dans les Temples, il faut encore que le ressentiment de nos cœurs éclate par des réjouissances publiques : C’est ainsi que l’on célebre de grandes Fêtes ; une partie du jour s’emploie à louer Dieu, & l’autre aux passe-tems honnêtes. […] Mais outre ces Balets, qui se représentent ordinairement dans les Palais des Souverains & sur les Théâtres publics, il y en a encore d’une autre composition, qu’on appelle Balets ambulatoires, qui se jouent de place en place dans les Villes, à l’occasion des Fêtes publiques. A qui Appien Aléxandrin donne encore le nom de Pompe Thirrhénique, dont l’invention est attribuée aux Thirrhéniens ; il dit que ces Balets sont d’une institution très-ancienne : les danseurs étoient de jeunes gens, dont les habits étoient retroussez ; ils portoient des couronnes ou des guirlandes d’or sur leurs têtes, & alloient chantant & dansant dans les places publiques, avec autant d’ordre que de méthode : ce spectacle étoit en vénération parmi cette nation.
Le Public était enchanté de la représentation, et il entendait dire que les Poèmes de Quinault étaient mauvais.
. — Les applaudissements du public. […] XVIII J’aime les applaudissements du public, non pas parce qu’ils flattent mon amour-propre, mais parce qu’ils font du bruit.
Plus hardi qu’eux, peut-être avec moins de talens, j’ai osé deviner l’art de faire des ballets en action ; de réunir l’action à la danse ; de lui donner des caractères, des idées ; j’ai osé me frayer des routes nouvelles, l’indulgence du public m’a encouragé ; elle m’a soutenu dans des crises capables de rebuter l’amour-propre ; et mes succès semblent m’autoriser à satisfaire votre curiosité sur un art que vous chérissez, et auquel j’ai consacré tous mes momens. […] Je serois tenté de le croire, puisque le plus grand nombre des compositeurs se borne à copier servilement un certain nombre de pas et de figures dont le public est rebattu depuis des siècles ; de sorte que les ballets de Phaéton, ou de tout autre opéra, remis par un compositeur moderne, diffèrent si peu de ceux qui avoient été faits dans la nouveauté, que l’on s’imagineroit que ce sont toujours les mêmes.
Cependant outre les Fêtes publiques, qui mettaient quelque variété dans cette manière monotone de vivre, les événements particuliers de chaque famille, lui fournissaient encore de temps en temps des occasions de plaisir.
Outré de dépit, il cabala encore : sa trame qu’on épiait, fut découverte, et l’Empereur sans abroger la Loi qu’il avait publiée en faveur de la Danse, et s’en écartant pour cette fois seulement, sans qu’elle pût tirer à conséquence ; ordonna qu’Hylas fût fouetté dans tous les lieux publics de Rome.
Quelques mois apres luy disant que i’y auois mis la derniere main, & mesme luy faisant voir vn discours que i’y auois adiousté en faueur de mon subiect, il n’oublia pas vn de ses artifices pour tirer de moy & faire imprimer en son nom ce que ie n’auois pas assez d’asseurance de donner au public ; Mais ses prieres, ses promesses & toutes ses importunitez demeurans nulles, il rechercha d’autres moyens que ie tais, & desquels ceux qui les sçauent ne peuuent parler qu’à sa confusion.