Ces signes représentatifs se conçoivent aisément ; on les apprend vîte, on les oublie de même. […] Entassez, tant qu’il vous plaira, ces foibles monumens de la gloire de nos danseurs célèbres ; je n’y vois, et l’on n’y verra que le premier trait, ou la première pensée de leurs talens ; je n’y distinguerai que des beautés éparses, sans ensemble, sans coloris ; les grands traits en seront effacés ; les proportions, les contours agréables ne frapperont point mes yeux ; j’appercevrai seulement des vestiges et des traces d’une action dans les pieds, que n’accompagneront ni les attitudes du corps, ni les positions des bras, ni l’expression des têtes ; en un mot, vous ne m’offrirez qu’une toile sur la quelle vous aurez conservé quelques traits épars de différens maîtres. » J’ai appris, Monsieur, la Chorégraphie, et je l’ai oubliée ; si je la croyois utile à mes progrès, je l’apprendrois de nouveau. […] Le maître reçoit ces louanges avec une modestie qui séduit, tandis que l’écolier, ébloui du succès et étourdi des applaudissemens, se voue à l’ingratitude la plus noire ; il oublie jusqu’au nom de celui à qui il doit tout ; tout sentiment de reconnoissance est pour jamais effacé de son âme ; il avoue, il proteste effrontément qu’il ne savoit rien, comme s’il étoit en état de se juger lui-même ; et il encense le charlatanisme par le quel il imagine que les éloges lui ont été prodigués. Ce n’est pas tout : ce même élève fait un nouveau plaisir toutes les fois qu’il paroît ; bientôt il donne de la jalousie et de l’ombrage à son maître ; celui-ci lui refuse alors des leçons, parce que son genre est le même, et qu’il craint que son écolier ne le surpasse et ne le fasse oublier.
Ces signes représentatifs se conçoivent aisément ; on les apprend vîte, on les oublie de même. […] Entassez, tant qu’il vous plaira, ces foibles monuments de la gloire de nos Danseurs célebres ; je n’y vois & l’on n’y verra que le premier crayon, ou la premiere pensée de leurs talents ; je n’y distinguerai que des beautés éparses, sans ensemble, sans coloris ; les grands traits en seront effacés ; les proportions, les contours agréables ne frapperont point mes yeux ; j’appercevrai seulement des vestiges & des traces d’une action dans les pieds que n’accompagneront ni les attitudes du corps, ni les positions des bras, ni l’expression des têtes ; en un mot, vous ne m’offrirez que l’ombre imparfaite du mérite supérieur, & qu’une copie froide & muette d’originaux inimitables. » J’ai appris, Monsieur, la Chorégraphie & je l’ai oubliée ; si je la croyois utile à mes progrès je l’apprendrois de nouveau. […] Le Maître reçoit ces louanges avec une modestie qui séduit, tandis que l’Ecolier ébloui du succès & étourdi des applaudissements, se voue à l’ingratitude la plus noire ; il oublie jusqu’au nom de celui à qui il doit tout ; tout sentiment de reconnoissance est pour jamais effacé de son ame ; il avoue, il proteste effrontément qu’il ne savoit rien, comme s’il étoit en état de se juger lui-même, & il encense le Charlatanisme par lequel il imagine que les éloges lui ont été prodigués. Ce n’est pas tout ; ce même Eleve fait un nouveau plaisir toutes les fois qu’il paroît ; bientôt il donne de la jalousie & de l’ombrage à son Maître ; celui-ci lui refuse alors des leçons parce que son genre est le même & qu’il craint que son Ecolier ne le surpasse & ne le fasse oublier.
Et vraiment, j’en oubliais toutes les incongruités d’une action factice et désuète.
Tu viens d’être plus audacieuse que les membres de l’Académie qui ne savent plus qu’en oublier. […] Lorsque je danse, je suis prise d’une sorte d’accès de folie qui me fait tout oublier.
J’oubliai totalement ma promesse jusqu’au jour de la représentation où un billet vint me la rappeler. […] Moi, je ne voulais penser qu’à ce qui m’attendait de bon dans l’avenir et oublier tous les ennuis passés.
Avez-vous oublié que vous vous proposiez de danser à l’Opéra ? […] Et je n’ai pas oublié que je dois toute ma carrière, au succès, mémorable pour moi, que j’eus en celte occasion.
La beauté de cette Princesse, son air majestueux, et cette noble fierté qui la caractérise au milieu des plus grands malheurs, frappent Pyrrhus de surprise et d’admiration ; les dames Troyennes oublient leurs chaînes pour voler vers elle ; Polixène reçoit leurs hommages avec cette bonté imposante, et cette fermeté héroïque, apanage des grandes ames. […] Pyrrhus est inquiet ; vivement agité par les mouvemens de son cœur, il oublie cette fête, l’ouvrage de sa valeur et de sa clémence, pour ne penser qu’à Polixène.
Comme il n’a oublié aucune notable particularité, il a crû qu’après avoir donné l’histoire de la Danse Sacrée des Egyptiens, des Grecs, des Juifs & de l’Eglise Latine, il devoit bien donner aussi l’Histoire de la Danse prophane, de la Danse Théâtrale, des Fêtes Baladoires, & généralement de tous les différens artifices que les Pantomimes & autres gens de cette profession ont inventez pour avoir de l’argent.
Quelques mois apres luy disant que i’y auois mis la derniere main, & mesme luy faisant voir vn discours que i’y auois adiousté en faueur de mon subiect, il n’oublia pas vn de ses artifices pour tirer de moy & faire imprimer en son nom ce que ie n’auois pas assez d’asseurance de donner au public ; Mais ses prieres, ses promesses & toutes ses importunitez demeurans nulles, il rechercha d’autres moyens que ie tais, & desquels ceux qui les sçauent ne peuuent parler qu’à sa confusion.
Des Danseurs, quoi que la plupart Dans mon cœur aient quelque part, Par prudence, ou philosophie, Aucun d’eux je ne spécifie, Les oubliés seraient jaloux, Et je ne puis les nommer tous : Car leur nombre (que je ne mente) Passe quarante, ou, du moins, trente ; Cela fait que je m’en tairai, Et d’eux, seulement, je dirai Que tous ces Danseurs d’importance Sont la Fleur des Danseurs de France ; Et jusques au petit Dupin, Pas guères plus grand qu’un Lapin, Il contrefit (foi de Poète) Si naïvement la Chouette, En battant de l’aile et dansant, Qu’on peut de lui, dire en passant, Qu’il fit presque pâmer de rire Toute la Cour de notre Sire.
Ceux des Parisiens qui n’oubliaient pas étaient exaspérés par les nouvelles d’outre-mer. […] On ne pardonna pas à Fanny de l’avoir oublié. […] Mais elle réussit, par la toute-puissance de son art et le charme de sa personne, à endormir les haines nationales, à faire oublier qu’elle était une tedesca. […] Les purs maudirent une époque où l’opéra et la danse, disaient-ils, avaient fait oublier à beaucoup d’Italiens l’austère devoir et le combat viril pour la liberté. […] Qui a vu ce moment ne l’oubliera jamais ; rien ne saurait se comparer à la suavité du sentiment surnaturel qui nous dominait tous avec tant de force et de lien.