Mais ce tems n’est pas seulement dans la Courante, on le place dans toutes sortes de danses, où il fait un bon effet, & même il procure beaucoup de grace au corps par ses mouvemens doux & temperez, qu’il faut observer pour le bien faire.
Nous disons : « terrassé par la douleur », mais, en réalité, nous ne faisons attention qu’à la douleur ; « transporté de joie », mais nous n’observons que la joie ; « accablé de chagrin », mais nous ne considérons que le chagrin. […] C’est pourtant ces choses qu’il faut observer quand on danse avec accompagnement de lumière et de musique harmonisées ensemble.
Observez que je parle ici de l’âme d’un homme de génie ; parce que j’entends par le mot génie, l’aptitude naturelle à recevoir, à sentir, à rendre les impressions du tableau supposé. […] Observez encore que je n’ai point employé le mot imagination, qu’on croit communément la source unique de l’enthousiasme ; parce que je ne la vois dans mon hypothèse que comme une des causes secondes, et telle (pour m’aider encore d’une comparaison prise de la Peinture), telle, dis-je, qu’est la toile sous la main du peintre. […] (B) [Voir Traité historique, IIe partie, livre IV, chap. 12, « Règles générales à observer dans les actions de Danse »]
Un ouvrage didactique doit présenter toutes les faces de l’objet qu’il traite ; j’ajouterai encore que les licences sont permises dans le style épistolaire ; qu’on peut effleurer un sujet, le quitter, le reprendre, l’approfondir et le développer ensuite ; enfin j’observerai que quand on écrit sur un art en artiste, on ne peut se dispenser d’employer les mots thecniques qui lui sont propres ; car chaque art à son langage particulier ; si l’on changeoit les mots consacrés par l’habitude et adoptés par l’usage, on deviendroit inintelligible à ceux qui les cultivent et à ceux qui les chérissent. […] J’ai admiré pendant trois années la régularité et l’ordre que ce volatile observe, lorsqu’il abandonne pour un certain tems un climat, pour en aller chercher un autre, Est-ce le cas de dire que les cigognes partent en dansant, et qu’elles ont une connoissance de la géométrie. […] N’étant point assujetti aux unités, il lui est permis de ne point observer l’unité de lieu ni l’unité de teins ; mais il ne peut se dispenser de se conformer à l’unité d’action, qui seroit monstrueuse, si elle cessoit d’étre une. […] Le jeune Daphnis caché derrière un buisson de fleurs observe son amante. […] Ce ballet d’ombres étoit vaporeux ; le costume y étoit observé, et en marquant l’époque des teins et du costume, il répandoit beaucoup de variété dans cette fête magique qui, à mon sens, est historique et allégorique.
Ce pas se fait ayant le corps posé sur le pied gauche, vous pliez sur le même, & la jambe droite qui est en l’air se passe devant en s’étendant, & lorsque vous vous relevez elle se croise, en se jettant dessus à la troisiéme position, ce qui forme ce jetté chassé ; ce pied droit tombant devant le gauche en prend la place, & par consequent l’oblige de se lever derriere, & de suite plier le genou droit, & en vous relevant jettez-vous sur le gauche, qui tombe derriere à la troisiéme position ; en chassant le droit & en le faisant lever, puis plier sur le pied gauche & se rejetter sur le droit, comme vous avez fait au premier pas : ces trois mouvemens se doivent succeder l’un à l’autre, sans aucune interruption, de même que fait le Balancier d’une Pendule dont les mouvemens s’entresuivent : car dans le moment que vous pliez sur une jambe son mouvement fait lever l’autre, & en vous relevant vous retombez le corps dessus le pied droit en devant, & au second que vous vous rejettez dessus le gauche, le corps tombe en même tems sur ce pied ; par-là vous voyez l’équilibre qu’il faut observer dans ce pas, ce qui en fait la perfection.
Il n’est que trop ordinaire que dans les festins des noces les règles de la tempérance ne soient pas bien exactement observées, qu’on y chante des chansons mauvaises, et qu’on y tienne des discours indécens ; et quand des jeunes gens viennent à la danse, déjà échauffés par des chansons lubriques qu’ils ont chantées ou entendues, et par les discours très-indécens qu’une infinité de gens ne rougissent pas de tenir à l’occasion du mariage qui se célèbre, combien est-il facile, je dirai même inévitable, qu’ils soient fortement excités à la volupté par la vue des jeunes personnes d’un autre sexe, au milieu desquelles ils se trouvent, et par la très-grande familiarité que la danse leur fait avoir avec elles ? […] « que je paroîtrai ridicule à plusieurs, en faisant observer les règles que je vais vous prescrire par rapport aux noces ; mais si vous me croyez, j’espère que l’avantage que vous en retirerez, vous fera comprendre que je ne vous aurai rien dit que d’utile.
Il s’agit à la vérité, dans cet article, des danses aux jours de dimanches et de fêtes, mais j’ai déjà observé, qu’outre la profanation de ces saints jours que les danses qu’on y fait entraînent après elles, elles ont, en quelques jours qu’elles se fassent, des dangers et des vices qui en sont inséparables.
En effet, si l’on observe que les airs de danse sont composés de phrases musicales courtes, d’un chant agréable et parfaitement cadencé ; que les repos se trouvent une très petite distance, que l’écolier est en quelque sorte forcé de compter ses pas, et de n’en exécuter qu’un nombre fixe dans un temps donné ; on concevra qu’elle fournit un moyen mécanique pour former l’oreille la moins exercée et la plus paresseuse.
Troisieme Figure [Légende intérieure] [du centre vers le haut] L’homme un pas en arriere / Un de Coté en quittant la main / deux en avant Un en arriere qui vous mets en presence [du centre vers le bas] La demoiselle fait trois pas de menuet en avant et au second quitte la main / Un pas en arriere qui vous mets en presence Par cette Figure, elle vous represente que l’homme fait un pas de Menuet en arriere, pour laisser passer votre Demoiselle devant vous ; mais à la fin de votre pas de Menuet de côté, vous quittez la main & vous faites un pas de Menuet en avant, & la Demoiselle en fait un aussi en descendant, ainsi qu’il est démontré par cette Figure écrite, qui indique le chemin, & qui nomme les pas ; ensuite vous faites l’un & l’autre un pas de Menuet du côté droit en arriere, qui vous remet en presence par le quart de tour que vous faites à votre premier pas, de ce pas de Menuet de côté, ainsi qu’il est écrit ; mais en faisant ce pas vous effacez l’un & l’autre l’épaule droite, & la tête un peu tournée du côté gauche en vous regardant ; ce que l’on doit observer dans tout le courant de votre Menuet, mais sur-tout sans affectation.
L’opéra a été regardé long-tems comme l’école du bon goût ; le costume y étoit observé ; les actrices et les danseuses surtout, s’habilloient avec élégance. […] Les captifs d’Hercule et d’Agamomnon peuvent être pieds nus, c’est-à-dire, avec des bas doigtés ; mais ce costume scrupuleux deviendroit trop sévère et même dégoûtant s’il étoit régulièrement observé et pour Hercule et pour Agamemnon.
Les unités du temps et du lieu n’y sont pas observées, mais l’invention en est sublime, la catastrophe terrible et dans notre croyance elle est vraisemblable.