/ 153
52. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur l’interprétation du chanteur »

Le débit est le contraire de la lenteur ; ainsi débiter est chanter un rôle avec rapidité, en observant les temps, en répandant sur le chant l’expression, les nuances nécessaires ; en faisant sentir les choses de sentiment, de force, de tendresse, de vivacité, de noblesse, et tout cela sans manquer à la justesse et à l’articulation, et en donnant les plus beaux sons possibles de sa voix. […] Une actrice qui n’est plus, et dont on peut maintenant parler sans scrupule, parce que la vérité, qui ne saurait plus nuire à sa personne, peut servir au progrès de l’art, chantait très rapidement ses rôles, faisait faire à ses bras de très grands mouvements, et malgré tout cela ne débitait point, parce qu’elle ne nuançait point son chant, et qu’elle manquait de justesse. […] Le succès des scènes de déclamation dépend presque toujours du poète : on ne connaît point de scène bien faite dans ce genre qui ait été manquée par un musicien, quelque médiocre qu’il ait été d’ailleurs. […] L’étendue factice des voix procurée par l’art, ne pouvait pas manquer d’exciter l’ambition des femmes, qui se destinant au chant, n’avaient cependant qu’une voix naturelle.

53. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Discours préliminaire. » pp. -

Le poids de la cupidité empêchant l’ame de s’élever jusqu’aux vérités qui déplaisent, pour s’y attacher et en faire sa règle, on s’efforce de les abaisser en quelque sorte jusqu’à soi, et de les faire, pour ainsi dire, tomber dans ses inclinations particulières, toutes déréglées qu’elles sont, et si on manque entièrement de raisons qu’on puisse leur opposer, on a recours aux coutumes du monde et aux exemples de la multitude : comme si l’erreur, pour être devenue commune, changeoit de nature, et comme si la vérité dépendoit du caprice des hommes pour être vérité. […] Elle vous dit : Honorez votre père et votre mère ; et vous manquez au respect que vous leur devez. […] Vous me demandez, Monsieur, quel crime a commis et quelle peine mérite un pasteur, qui, ayant lu dans les saints pères que la danse est une pompe du diable, un piége de l’esprit d’impudicité, un artifice de l’enfer pour séduire les hommes, un feu qui n’est capable que d’embraser le cœur des jeunes gens et d’y exciter toutes sortes de passions déshonnêtes, a tâché, autant qu’il a pu, de bannir les danses de sa paroisse, en représentant à ceux qui sont sous sa conduite spirituelle, qu’on s’y expose à un extrême péril de perdre son ame, en leur disant, après l’Ecriture sainte, que celui qui aime le péril ne manquera pas d’y tomber ; en leur racontant des histoires très-avérées de plusieurs filles qui y ont perdu ce qu’elles ont de plus précieux ; en leur marquant qu’on ne fait jamais ces sortes d’assemblées, que l’amour impur n’y préside ; qu’il ne s’y rencontre des jeunes gens impudens qui ne cherchent qu’à se corrompre et à corrompre les autres en chantant des chansons scandaleuses, en tenant des discours libres ; en s’expliquant encore plus dangereusement par des regards immodestes, et même quand ils le peuvent, comme ils le peuvent et l’osent presque toujours, par quelque attouchement. […] Je viens de lire dans Denis le chartreux, qu’encore que des religieux puissent sans crime faire quelque faute contre l’observation du silence, contre l’obligation de se lever diligemment pour aller à matines ou d’employer utilement leur temps ; « néanmoins, dit cet auteur, la coutume de s’écarter de la règle et de manquer en ces sortes de choses sans s’en mettre en peine et sans se corriger, ne peut être excusée de péché mortel ».

54. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Methode povr les cavaliers. » pp. 25-51

Mais à cause qu’il y a de la difference entre les pas & les actions d’vn Caualier, & ce qu’il faut qu’vne Dame face : & aussi qu’il y auroit de la confusion d’instruire l’vn & l’autre ensemble, il m’a semblé bon de commencer par le Caualier, auquel ie conseillerois volontiers qu’il n’attendit pas à vn aage trop aduancé, pource qu’estant alors moins maniable, il aura plus de difficulté à s’aquerir la perfection qui luy seroit aisee à vn temps plus commode ; ce bon-heur neanmoins se peut recouurer par vne peine volontaire, qu’vn enfant manque de discretion ne peut auoir, toutesfois pource qu’il y a de certaines actions plaines de graces, qu’il est impossible d’escrire, (comme il me souuient d’auoir dit en quelque lieu) qu’il se garde bien de se mettre entre les mains d’vn ignorant, ny mesme s’il est possible, de celuy qui outre l’excellence de sa methode, ne sçache encore executer ce qui est par dessus la voix & l’escriture : car l’vn ne pourra iuger d’vne belle action ne la cognoissant pas, moins encore la remettre en son entier si elle est corrompuë, & quelque habile homme que soit l’autre, il se tourmenteroit en vain sur l’intelligence d’vne chose qui conciste plus en vsage qu’en artifice ; si mes actions doiuent prendre loy de celles de mon Maistre, & qu’il ne sçache effectuer ce qu’il veut que ie face, i’aymerois autant qu’on me fit ioüer le personnage d’vne Idole ; c’est vne maxime trop aueree, qu’en cecy la Pratique & la Theorie doiuent estre deux accidens inseparables. […] La susdite Courante bien executee, auec la mesure requise, & auec les actions telles qu’elles y sont depeintes, donnera vne grande facilité à toute autre sorte de danses, & dés l’heure l’Escolier commençant à y prendre plaisir, s’apperceura comme auec la patience, le temps luy amene insensiblement ceste familiere cognoissance, qui luy rend en fin doux tout ce qui luy sembloit auparauant impossible, & sans qu’il soit besoin de plus ample instruction, les Maistres pourront par le moyen de la Courante & actions susdites en composer tout autant d’autres qu’il leur plairra, pourueu qu’ils n’ignorent la valeur des temps, & autres pas, & mouuemens dont on les enrichit, & qu’on danse auiourd’huy, d’vne certaine negligence nullement affectee ; & n’aymerois point qu’ils meslassent parmy leurs compositions des pas qui sentissent son baladin, comme fleurets, frisoteries, ou branslemens de pieds, piroüetes (i’entens à plusieurs tours violens & forcez,) caprioles, pas mesmes des demy caprioles, si ce n’est en tournant ou finissant, & tout plain d’autres petites actions ennemies du vray air qu’on y doit obseruer, mais seulement des pas coupez, & entrecoupez, d’autres graues, ensemble des liaisons, & des beaux temps, parce que les mouuemens qui en procedent, peuuent auec assez d’air & de grace accompagner tels pas sans force ; que si quelques vns d’eux s’offencent de c’est aduis & que manque de se sçauoir cognoistre, la vanité leur face iuger vaine la peine que ie prends, qu’ils apprennent que la charité seule m’en a serui d’obiect : Ioint que la verité & la raison estans communes à vn chacun ne sont non plus à qui les a dictes premierement, qu’à celuy qui les dict apres, & ainsi sans s’en esloigner, qu’ils facent meux s’ils peuuent. […] Ce Bransle se commence par vne reuerence qui se doit faire semblable à celle du premier, mais parce que l’entree de celuy-cy se faict de differentes sortes, i’ay choisi celle qui fuit, comme estant à mon opinion la plus graue, sans s’arrester donc apres la reuerence (comme font plusieurs, qui manque de bonne oreille sont contraints d’attendre pour choisir le temps propre à prendre leur cadance.) […] Ainsi en y a-il d’autres qui sympatisent si fort auec la terre, qu’ils ne la peuuent iamais abandonner que de bien peu : C’est pourquoy il est fort à propos qu’ils se rangent auec ceux lesquels, bien qu’ils ne manquent point de disposition, neanmoins pour auoir trop mauuaise grace à la danse par haut, sont pour leur honneur contraints d’aller terre à terre : Car en effect vn homme ne se doit iamais mesler de caprioler, principalement en lieu de reputation, s’il n’excelle, ou s’il ne veut seruir de ioüet à la compagnie, comme font aucuns, qui ne pouuant representer le port & la descence de nostre noblesse, cherchent à se recommander par des sauts & autres mouuemens battelleresques : tellement que ie conseille telles personnes à se tenir pour le faict de la Gaillarde aux cinq pas susdits, lesquels faicts de bonne grace, valent mieux qu’vn tas de passages qu’on sçauroit faire, qui sentent par trop son baladin.

55. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Première partie] »

Je réussirai peut-être mieux lorsque j’aurai ajouté l’expérience à l’étude ; et le Public me fera certainement un mérite de l’avoir entrepris dans la vue de lui plaire, et me tiendra compte du défaut des moyens : nous manquons de tout ce qui serait nécessaire pour de tels Spectacles.

56. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Table des matières » pp. 419-423

. — Ce qui manquait à ces artistes  129 CHAPITRE V marie taglioni La dynastie des Taglioni. — Philippe Taglioni. — Conception romantique du ballet. — Les deux écoles : Taglioni et Vestris. — Education technique de Marie. — Ses débuts à Vienne. — Premiers succès en Allemagne. — Débuts à Paris. — Marie Taglioni et Perrot dans Flore et Zéphire. — Le Dieu et la Bayadère. — Robert le Diable. — La Sylphide. — Révolution romantique dans le ballet. — Causes du succès extraordinaire de Marie. — Une revanche de l’idéalisme. — Les panégyristes de Marie ; Jules Janin. — Hommages des poètes ; Méry. — Succès dans toute l’Europe. — Critiques de Rahel Varnhagen. — Caractère de Marie. — Sa prodigalité. — Son mariage avec Gilbert de Voisins. — Difficultés avec la direction de l’Opéra. — Nécessité d’engager une autre danseuse  156 CHAPITRE VI les débuts de fanny elssler à paris Le voyage de Véron à Londres. — Engagement des sœurs Elssler. — Leurs appointements. — Réclame tapageuse. — Appel aux bonapartistes. — La Tempête ; les répétitions ; dépenses pour la mise en scène. — Première représentation le 15 septembre 1834. — Physionomie de la salle. — Succès de Fanny. — Opinions de la presse. — Incompétence de Jules Janin. — Encore la légende des amours du duc de Reichstadt et de Fanny Elssler. — Orgueil de Véron. — Elssléristes et taglionistes. — Reprise de la Sylphide. — Débuts de Thérèse. — Le bal de Gustave. — Les deux sœurs dans Don Juan. — Les recettes de la Tempête. — Une parodie. — La mode  188 CHAPITRE VII l e diable boiteux L’année 1835. — La Juive. — Campagne des taglionistes contre Fanny Elssler. — L’Ile des Pirates. — L’attentat de Fieschi. — Insuccès du nouveau ballet. — Duponchel succède à Véron. — Qualités de Duponchel. — Les deux sœurs Elssler à Berlin. — Retour à Paris. — Première représentation des Huguenots, le 29 février 1836. — Vogue de l’Espagne et des danses espagnoles. — Grillparzer à Paris ; son jugement sur les sœurs Elssler. — Première représentation du Diable boiteux, le 1er juin 1836. — Succès complet de Fanny. — La cachucha. — Rentrée de Marie Taglioni dans la Sylphide. — Deux principes opposés. — La Fille du Danube. — Les sœurs Elssler à Bordeaux. — Retour à Paris ; accident de voiture. — Grave maladie de Fanny…  220 CHAPITRE VIII victoires et revers Les danseuses à l’église Notre-Dame-de-Lorette. — La statuette de Fanny par Barre fils. — Popularité de la cachucha. — Rentrée de Fanny dans le Diable boiteux. — Adieux de Marie Taglioni. — Nourrit et Duprez. — Les sœurs Elssler à Vienne en août 1837. — Les feuilletons de Théophile Gautier sur Fanny. — La Chatte métamorphosée en femme. — Premier portrait de Fanny par Th.

57. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 29 janvier. Graine d’étoiles. Plante et fleur. — Grands sujets. — Inconvénients d’un beau titre. »

Ses proportions sont charmantes, les bras arrondis, fuselés, mais elle manque encore de caractère ; c’est ce qu’on appelle, en cinématographie, un beau fondu.

58. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur les fêtes nationales] — Lettre i. sur les fêtes nationales. » pp. 109-115

D’après des idées jettées au hazard et sans suite, on ne manquera pas de dire que des fêtes de ce genre, seraient très dispendieuses ; je répondrai que ce n’est point à moi à calculer les ressources et à fixer l’emploi de la richesse publique.

59. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre III. l’opéra de paris sous la direction véron  » pp. 97-128

Il n’aurait pas été plus malhabile qu’un autre, mais il lui manquait la vocation scientifique et le sentiment de la beauté de sa profession. […] Rien ne dépasse le luxe qui règne au Grand-Opéra, et celui-ci est à présent le paradis des gens à l’oreille dure38. » Ailleurs, le même auteur, décrivant le bâtiment de la rue Le Peletier, qui a l’air, dit-il, d’une belle écurie, fait observer que la façade est surmontée de huit statues qui représentent des Muses. « Une neuvième manque, gémit-il, et hélas ! […] Si la critique musicale manquait de solidité, beaucoup de ses représentants avaient du moins du goût, de la finesse, du style. […] Mais il ne manquait pas de talent.

60. (1908) Quinze ans de ma vie « Quinze ans de ma vie — XVII, quelques philosophes » pp. 188-

Quelques-uns d’entre eux valent de se voir fixés ici dans leurs traits caractéristiques et je n’y voudrais point manquer, à raison de l’émotion qu’ils m’ont donnée. […] La seule chose qui me manque, ce sont mes yeux.

61. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Premiers exercices » pp. 109-114

Ses premières compositions manqueraient, sans doute, de correction et parfois de grâce, mais après avoir formé le canevas, pour ainsi dire, du pas, il pourrait ensuite le corriger et y faire tous les changements convenables.

62. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Une grande danseuse russe. Mme Véra Tréfilova. — Émotion et abstraction. — Mélodie continue. — Exotisme transposé. — Deux Moscovites : Novikoff, Clustine. »

Or, ce qui leur manquera toujours, c’est la cohésion parfaite des enchaînements, le développement logique du mouvement qui n’admet pas de lacunes et qui fait d’un pas de Tréfilova ce que Wagner appela, en musique, la mélodie continue.

/ 153