/ 189
90. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre X. le coucher de l’astre  » pp. 365-413

Il fait songer à certain animal de La Fontaine qui s’essaie à faire des grâces. […] Ce qui frappe vivement, c’est l’énergie jointe à la grâce. […] Le genou séduit aussi, comme la cheville, par une heureuse alliance de la grâce et de la vigueur. […] Elle enseignait à la grande tragédienne Charlotte Wolter l’art de tomber avec grâce du haut d’un escalier. […] La baronne de Knorr vante la grâce qu’elle mettait à découper le rôti, et l’on s’extasiait devant sa manière adorable d’assaisonner la salade.

91. (1769) Traité contre les danses [graphies originales] « Traité contre les danses. [Seconde partie.] — Chapitre II. Objections tirées de l’Ecriture sainte. » pp. 151-166

le sens mystérieux : Hoc est mysterium , des paroles du Sauveur, nous avons chanté , et ce que nous avons chanté, c’est le cantique du nouveau testament, dont le sujet est la réconciliation des hommes avec Dieu par Jésus-Christ ; et vous n’avez point dansé , c’est-à-dire vous n’avez point élevé votre ame à cette grâce spirituelle, parce qu’elle n’en a point été touchée. […] C’est avec raison, conclut saint Ambroise, que Dieu a rejeté le peuple juif, parce qu’il n’a point fait pénitence à la prédication de Saint Jean-Baptiste, et qu’il a rejeté la grâce qui lui a été offerte par Jésus-Christ. » Une remarque importante qu’il me paroît utile de faire sur l’explication toute spirituelle que saint Ambroise a faite de cet endroit de l’Evangile, c’est qu’on y voit combien l’esprit qui animoit les saints est différent de celui dont les personnes mondaines sont animées. […] Le but de ces danses dont parle l’Ecriture étoit « de se réjouir en Dieu en lui rendant grâces ; ce que ne pouvoient faire des personnes si saintes, jouissant si saintement en la présence de Dieu, avec une sainte modestie et une gravité convenable. […] Là, les sons étoient des sujets sacrés, des cantiques et des actions de grâces, pour conduire les pas de manière qu’il n’y eût rien de profane : ici, les chansons les plus folles et les plus indécentes sont les mieux reçues.

92. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « X, les étoiles d’aujourd’hui. » pp. 204-

Celle-ci, chez elle, est moins italienne que parisienne, et vous la croiriez volontiers originaire des régions correctissimes du faubourg Saint-Germain, n’étaient la grâce féline de son être, son teint chaud et la jolie musique de sa voix. […] Elle ne répondit pas, s’en alla au mur de fond de la scène, s’y arrêta une seconde, prit son élan et vint tomber, en trois bon ’s, sur le trou du souffleur, avec la grâce d’une chatte. […] Le nez est malicieux, le menton railleur, le col énergique, et, sous les revers de la robe, sous les bouillonnements de la dentelle du corsage, sous les plis de la jupe, on devine la merveilleuse ligne du torse, le sein fleuri, les hanches rebondissantes, — toutes les splendeurs d’une divinité de la rampe, avec la grâce inconsciente d’une gazelle dans les bois. […] Celle-ci, dès son plus jeune âge, quoique chétive et maigrichonne, avait déjà des attitudes et des mouvements d’une grâce toute particulière.

93. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre VIII. Suites du Vice primitif »

Qu’on serait étonné, si l’on voyait ces anciens Danseurs, avec leur noblesse, leurs grâces, etc. à côté (je ne dis pas de Dupré ; son talent supérieur et trente ans de succès l’ont placé dans l’opinion des Français au-dessus de tout ce qui avait paru avant lui)[,] je ne parle que de nos jeunes Danseurs qu’on croit sans doute fort inférieurs aux Danseurs, tant vantés du dernier siècle.

94. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — L’épouse persanne. Ballet héroï-pantomime. » pp. 197-206

Les sultanes déploient à l’envi leurs grâces, leur élégance et leur agilité. […] Le Sophi touché de la sensibilité de Zulmire l’en aime davantage ; et, pour faire diversion à cette scène affligeante, il ordonne des jeux ; on se livre à des danses : Zulmire y déploie toutes les grâces de son âge et toutes celles de la beauté, dans un pas de trois dialogué entre elle, le Sophi et son frère.

95. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juin. Le ballet cambodgien. »

Ayant dansé, elles font la révérence à la française, avec quelle grâce !

96. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1668 — 18 juillet : Le Grand Divertissement royal ou les Fêtes de Versailles — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 21 juillet 1668 »

Et, pour plaisir, plutôt que tard, Allez voir chez le Sieur BALARD, Qui de tout cela vend le Livre, Que presque pour rien il délivre, Si je vous mens ni peu ni prou ; Et, si vous ne saviez pas où, C’est à l’enseigne du Parnasse ; Allez-y donc vite, de grâce.

97. (1921) Théophile Gautier et le ballet romantique pp. 149-162

Par tous ces contacts une conception plus vaste, plus intense de la beauté plastique est bientôt instaurée ; devant la plénitude des formes évoquées ou entrevues la grâce étriquée, guindée et toute de convention, promulguée par l’école de Gardel, s’étiole et disparaît. […] « La danse de Fanny Elssler », affirme-t-il dans une page célèbre, « s’éloigne complètement des données académiques ; elle a un caractère particulier qui la sépare des autres danseuses ; ce n’est pas la grâce aérienne et virginale de Taglioni, c’est quelque chose de beaucoup plus humain qui s’adresse plus vivement aux sens. […] Le « bon Théo » se montre alors presque cruel pour « Marie pleine de grâces ». […] « Si ce n’était qu’un tour de force nous n’en parlerions pas ; mais cet élan si périlleux forme un groupe plein de grâce et de charme ; on dirait plutôt une plume de colombe soutenue par l’air qu’un corps humain qui se lance d’un plancher… » Mais Gautier ne quitte Le Pas de l’ombre que pour combler des plus hauts éloges le Pas de l’abeille, cette suave et chaste transposition d’une vision d’Orient ardente et lascive.

98. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VII. Des Ballets Bouffons »

Ce n’est plus une figure triste, fâcheuse, dégoûtante : c’est un personnage vif, gai, amusant, dont la parure et les discours sont désormais l’ouvrage aimable des grâces.

99. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre IV. le ballet a l’opéra vers 1830  » pp. 129-155

Le style qu’ils recommandaient avait une grâce qui n’était pas toujours de l’afféterie et une distinction qui n’excluait pas nécessairement la vivacité. […] Il s’imaginait que ses sourires fanés et ses grâces rancies pouvaient remplacer la souplesse d’antan. […] On admira, dit Castil-Blaze, « sa grâce, sa vivacité, son agilité pétulante57 ». […] Mlle Forster, disait Charles Maurice, danse, ou plutôt marche avec la grâce d’une Alsacienne vendeuse de chasse-mouches. […] On craignit un jour, dit-on, qu’ayant enlevé un cœur royal à la pointe d’une cachucha, la reine des Grâces du lieu ne conservât assez longtemps sa conquête pour entraver d’augustes alliances62. » La dangereuse beauté fut priée d’aller passer quelque temps à Londres.

100. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « V. Pastels après décès. » pp. 54-87

Noverre n’est pas moins explicite : « J’ai vu danser Mlle de Camargo ; c’est à tort que quelques auteurs lui ont prêté des grâces : la nature lui avait refusé tout ce qu’il faut pour en avoir. » Aussitôt qu’elle entrait en scène, on oubliait sa figure. […] Les Nymphes sautent comme vous, Et les Grâces dansent comme elle. […] Sallé, dit l’un, l’emporte par la grâce ; Roland, dit l’autre, excelle en enjoûment, Et chacun voit avec étonnement Les pas hardis, la noble et vive audace De Camargo. […] Il ne lui manque que des grâces un peu plus arrondies dans certaines parties de son rôle. » Noverre, dans ses Lettres sur la danse, fait ainsi le portrait de cette danseuse : « Mademoiselle Guimard fixa les applaudissements depuis son début jusqu’à sa retraite. […] Il n’y a jamais, en somme, de contentés que les mécontents. » *** Mademoiselle Guimard était d’une maigreur extrême ; on l’avait surnommée le Squelette des Grâces.

/ 189