Par la suite des tems les plus honnêtes gens cultiverent la simple Danse en Crete, convenable à la société civile : il se forma des Maîtres pour l’instruction de cet Art ; desorte que la Danse devint le passe-tems non seulement des personnes de condition, mais aussi du peuple. […] On croit que les Egyptiens en inventant la fable de Prothée Roi, ou fameux Devin d’Egypte, ont voulu représenter un excellent danseur qui faisoit cent postures différentes, & dont le corps souple & l’esprit ingénieux sçavoit tout contrefaire & tout imiter si adroitement, qu’il sembloit devenir ce qu’il imitoit. […] Il y a, dit-il, un Traité curieux fait par Thoinet Arbeau, imprimé à Langres en 1588, intitulé Orchesographie : c’est le premier ou peut-être le seul qui a noté & figuré les pas de la Danse de son tems par des caracteres, de la même maniere qu’un Musicien note le chant & les airs ; on ne le trouve plus, ou du moins il est devenu fort rare ; à plus forte raison ceux qui ont été faits sur cette matiere depuis trois ou quatre mille ans par les Egyptiens, les Grecs & les Latins : mais j’ose dire qu’il est surprenant que M. de Furetiere qui a lû les œuvres de Platon, n’ait pas fait mention de ce qu’il rapporte au sujet des caracteres hiéroglifiques inventez par les Egyptiens pour la description de la Danse, comme on les trouve dans la Corographie de Feuillet, dont je parlerai plus amplement. […] L’usage de se faire entendre par signes est devenu fort familier à la Cour du Grand-Seigneur & à celle d’Espagne, où il se fait souvent des dialogues fort intelligibles par les doigts seulement. Le même Eunapius a dit agréablement que l’ame dansoit dans les yeux, parce qu’il est peu de passions qui ne s’expriment par leurs mouvemens & qui ne deviennent sensibles.
Comme Marguerite de Navarre, la danseuse aime mieux les poulets en papier que les poulets en fricassée ; il s’agit ici des poulets aux armes de la Banque de France ; mais, quand elle est intelligente, elle ne dédaigne pas non plus les poulets poétiques, sachant fort bien qu’ils deviennent de la copie dans les livres, les journaux, et qu’ainsi ils font l’opinion publique ; et cette opinion publique, c’est la gloire, la gloriole avec leurs précieux accessoires. […] Ce n’était pas seulement ses pieds, mais c’était son corps entier qui dansait, son visage même dansait ; elle devenait pâle parfois, mais d’une pâleur mortelle, ses yeux s’ouvraient tout grands comme ceux d’un spectre, autour de ses lèvres palpitaient la curiosité et l’effroi. […] Il y eut d’abord des sourires, même des rires, puis on s’y fit, et les mauvaises langues rapportent que les figurantes recrutées par cette conscription originale firent les délices des Alliés en 1814, que beaucoup devinrent des grandes dames étrangères, des mères de famille respectées. […] » Rosita Mauri avait de la drôlerie dans l’esprit : cette Espagnole devenait parfois un gavroche parisien, comme le jour où, voyant que le tsar causait dans sa loge au lieu de la contempler, elle grondait : « Décidément, je ne mangerai plus de caviar ! […] Mlle Roland épousa le marquis de Saint-Geniès ; Quinault-Dufresne, le duc de Nevers ; Grognet, le marquis d’Argens ; Defresne, le marquis de Fleury ; Sullivan, lord Crawford ; Chonchon, le président de Ménières ; Grandpré, le marquis de Senneville ; etc… Fanny Elssler convole en justes noces avec un banquier allemand ; Thérèse Elssler en mariage morganatique avec le prince Adalbert de Prusse ; Sangalli, en 1886, devient la femme légitime du baron de Saint-Pierre, ancien diplomate ; Don Fernando, mari de la reine de Portugal Maria Gloria de Bragance, veuf en 1853, épouse morganatiquement, en secondes noces, une ancienne danseuse.
Il a renvoyé au château son écuyer Wilfrid, et devenu habitant de la cabane qui fait face à la chaumière de Giselle, il se livre au plus grand bonheur que puisse éprouver un homme, surtout s’il est riche et puissant, au bonheur d’être aimé pour lui-même, pour sa grâce et sa jeunesse, sans aucune arrière-pensée d’orgueil ou d’ambition. […] Tout le monde en profite, et surtout Giselle, dont les petits pieds ne peuvent demeurer en repos. « Mais, maudite enfant, tu te feras mourir, et quand tu seras morte, tu deviendras une wili ; tu iras au bal de minuit avec une robe de clair de lune et des bracelets de perles de rosée à tes bras blancs et froids ; tu entraîneras les voyageurs dans la ronde fatale, et tu les précipiteras dans l’eau glaciale du lac tout haletants et tout ruisselants de sueur. […] Giselle devient folle ; non pas qu’elle laisse pendre ses cheveux et se frappe le front, à la manière des héroïnes de mélodrame, mais c’est une folie douce, tendre et charmante comme elle. […] Cette danse éblouissante, vertigineuse dure déjà depuis longtemps ; Albrecht pâlit, sa respiration devient courte, il va tomber dans l’eau perfide ! […] Ce rôle est désormais impossible à toute autre danseuse, et le nom de Carlotta est devenu inséparable de celui de Giselle.
Par un froid matin d’hiver nous quittâmes le port de New-York, et à peine en mer nous devînmes la proie d’une épouvantable tempête. […] D’abord un peu froid, presque raide, il devint, dès la seconde phrase, d’une affabilité exquise, d’une galanterie évocatrice des belles manières du grand siècle.
C’est ainsi, disent-ils, que les intonations les plus aisées de la trompette et du cor sont d’abord les octaves, les quintes, et les autres consonances, et qu’elles deviennent plus difficiles pour les tons et semi-tons. […] Par cette conduite nous verrons infailliblement l’art s’accroître, et nos plaisirs devenir plus piquants. […] Lorsque le chant est devenu un art, l’expérience a décomposé les voix différentes de l’homme, pour en établir la qualité et en apprécier la valeur. […] Dès qu’un dessus artificiel fournissait (n’importe comment) plusieurs tons dans le haut et dans le bas, qui excédaient l’étendue d’un dessus naturel, il s’ensuivait que celui-ci paraissait lui être inférieur, et devenait en effet moins utile. […] Ce défaut est laissé aux enfants, surtout aux jeunes filles lorsqu’elles paraissent devoir être jolies, comme une espèce d’agrément qui leur devient cher, parce que la flatterie sait tout gâter.
Les jambes doivent être fort étenduës dans leur tems, les hanches fort tournées en dehors, parce que les autres parties inferieures se tournent d’elles-mêmes, ce qui est incontestable, d’autant que cette jointure commande & dispose des genoux & des pieds : ce que je viens de dire que les jambes doivent être étenduës dans leur tems, c’est lorsque vous passez l’une ou l’autre, d’étendre fort les genoux, ce qui vous empêche de croiser vos pas : ce feroit un défaut auquel plusieurs personnes sont sujetes faute d’attention : ayant aussi les genoux en dehors & les jambes étenduës, cela empêche le penchant qu’ils auroient à devenir cagneux, & même remet ou accoûtume la rotule dans une meilleure situation.
Il voyageait avec sa femme, une belle Américaine, qui était devenue ma grande amie, et qui lui fit les plus sanglants reproches à mon sujet. […] Un agent théâtral, alors inconnu, et qui est devenu directeur de théâtre depuis, M.
A son grand étonnement, à la stupéfaction de tout le monde, on découvrit qu’elle avait le feu sacré, et elle devint une grande actrice. […] Le château devint un jour la propriété d’un astronome amateur.
L’homme employé dès sa naissance à la culture de la terre, contracte l’habitude de ses travaux pénibles, et de ses positions forcées : ses mouvemens sans cesse répétés dans le même sens deviennent pour lui une routine à la qu’elle il obéit machinalement ; à mesure qu’il se fortifie, ses muscles acquièrent de la rigidité ; il perd l’adresse et la souplesse si nécessaires aux mouvemens variés des bras. […] Le moral à son tour ne peut prendre d’accroissement s’il reste enseveli dans l’ignorance : alors les idées sont vagues et indéterminées ; les facultés intellectuelles se rétrécissent et deviennent incapables de glandes conceptions.
Tous les danseurs embrassèrent avec idolâtrie le nouveau Palladium que Vestris venoit de leur fabriquer : tous devinrent copistes imparfaits et infidèles ; et singes de leur maître, ils n’en offrent encore aujourd’hui que la charge grossière. […] Malheureusement la pirouétte n’est pas restée le partage du seul Vestris ; elle est devenue le temps habituel de trente danseurs, et, qu’on me passe l’expression, le pain quotidien du public.
Zélis, Sultane favorite demande un miroir ; on le lui présente ; elle s’y regarde avec complaisance ; sourit à ses attraits, essaye ses mouvemens et ses gestes : ceux-ci deviennent plus expressifs, et ceux-là plus voluptueux, cette glace fidelle, en reproduisant ses charmes, semble lui en prêter encore de nouveaux. […] A cette proposition Zélis recule épouvantée ; c’est en vain que Fatnie lui montre la nécessité de se venger ; Zélis naturellement tendre n’écoute que sa douleur : mais Fatnie lui montre dans l’éloignement le Sophi baisant la main de Zulmire, elle devient furieuse, arrache le poignard des mains de Fatnie, et lui promet en se retirant avec elle de se livrer aux excès de la plus cruelle vengeance.