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66. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « [Des positions] »

Première position On se placera les deux talons joints l’un contre l’autre, les pieds bien tournés en dehors, en observant qu’ils le soient bien également, le corps d’aplomb, la tête droite, le menton en arrière, les épaules effacées, les bras tendus naturellement sur les côtés, et le tout sans gêne et sans affectation. […] Deuxième position On détachera le pied droit du gauche en le portant en droite ligne sur le côté à la distance d’un pied, et posant la pointe du pied à terre avant le talon, les jarrets tendus, observant qu’en détachant le pied, le corps et la tête ne fassent aucun mouvement.

67. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre premier. De la Danse en général, suivant l’opinion des Anciens. » pp. 1-32

C’est un art auquel les Grecs ont donné le nom de Chorographie propre à exprimer les actions & les passions humaines, par des pas composez, par des sauts cadencez, & par tous les mouvemens du corps, soutenus de bonne grace, & conforme à la cadence des instrumens. […] Platon nous apprend même, en traçant l’idée d’une République parfaite, qu’il falloit qu’on donnât ses premiers soins à régler le corps, avant que de former l’esprit par l’étude des Sciences ; qu’on apprit la Musique pour régler la voix, & la Danse pour donner à toutes ses actions un air noble, dégagé, & une grace qu’on ne peut acquérir sans cet exercice. […] Nous la voyons même en usage dans les cérémonies du Corps du Parlement de Paris, & d’autres Tribunaux du Royaume, où l’on pratique les révérences & les pas, qui marquent son antiquité ; elles paroissent tirées de l’Aréopage & du Sénat des Romains. […] On croit que les Egyptiens en inventant la fable de Prothée Roi, ou fameux Devin d’Egypte, ont voulu représenter un excellent danseur qui faisoit cent postures différentes, & dont le corps souple & l’esprit ingénieux sçavoit tout contrefaire & tout imiter si adroitement, qu’il sembloit devenir ce qu’il imitoit. […] Quant aux perfections du corps pour bien exprimer la danse, les Anciens vouloient que le Danseur ou le Pantomime ne fût ni trop gras ni trop maigre, qu’il eût le corps ferme & souple tout ensemble, pour se pouvoir arrêter tout court ou tourner en un instant, & qu’il eût beaucoup de présence d’esprit pour l’execution du sujet qu’il représente ; tel que nous l’avons vû de nos jours dans un nommé Dolivet, qui dansoit dans les premiers Balets du tems de Louis XIV.

68. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 février. Danses de Mlle Ellen Sinding et M. Iril Gadescow. »

Mlle Sinding a toute la franche ingénuité des vierges nordiques, leur élégance sans mièvrerie, cette culture sportive du corps qui est une base souvent précieuse de la culture plastique. […] Gadescow, qui est, comme tout le monde, premier danseur au Metropolitan de New-York ; lui aussi montre certaines acquisitions techniques ; mais il n’a ni ampleur ni parcours ; il aurait été bien fait si un cou trop court ne donnait à son corps athlétique quelque chose de tassé.

69. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre VII. De la quatriéme Position. » pp. 17-19

On doit observer dans cette Position que les deux pieds soient l’un devant l’autre, & sur une ligne droite sans les croiser, & sur tout en dansant ; en ce que lorsque l’on prend un mouvement, & que l’on croise le pied quand on va en avant, il arrive que l’on ne se releve pas avec la même facilité, outre que le corps sort de son équilibre, ce qui fait faire des contorsions. Quant à marcher, si l’on croise les pieds, cela fait aller de travers & dérange le corps, c’est à quoi on ne peut trop prendre garde : il est vrai que cela dépend aussi des soins du Maître ; car dans les commencemens on contracte quelquefois de mauvaises habitudes, dont par la suite on a toutes les peines du monde de s’en défaire ; & quelque bon cependant que soit le Maître, si l’Ecolier ne travaille de son côté à s’en corriger, il ne peut y réüssir.

70. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre XIV. De la maniere de faire les bras avec les pas de Sissonne. » pp. 249-251

Une regle generale est que pour les pas en tournant, il faut que ce soit le bras du côté que vous voulez tourner qui vous en donne la facilité, parce que par son mouvement il oblige le corps de ce tourner du côté qu’il s’étend. […] Je conseillerois volontiers à ceux qui sont curieux de faire les bras avec liberté, lorsqu’ils commencent à les faire, d’exercer aussi plusieurs de ces pas avec les bras, parce qu’outre que ces pas donnent de la legereté au corps, ils donnent aussi aux bras cette liberté.

71. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Traduction des passages italiens parsemés dans cet ouvrage » pp. 115-118

« Cette danseuse séduit par ses gestes, elle meut avec justesse ses bras nombreux : en inclinant avec un art enchanteur et tournant avec souplesse son beau corps. » (Métastase, Considérations sur l’art poétique d’Aristote.) […] — La nature enseigne et agit d’elle-même, sans qu’on ait besoin de raisonnement ; de sorte que celui qui veut sauter, élève avec vitesse les bras et les épaules qui se mettent simultanément en mouvement avec une partie du corps en raison de l’impulsion ; et ils se soutiennent élevés, tant que le mouvement est accompagné de celui du corps, dont les reins se courbent, et de l’élans qui se forme dans la jointure des cuisses, des genoux et des pieds, et cette extension se fait de deux sens ; c’est-à-dire en avant et en haut, alors le mouvement destiné à se porter en avant, place aussi le corps en avant au moment du saut, et celui qui le porte en haut l’élève, en lui faisant décrire un grand arc et rend le saut plus rapide.

72. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. Seconde partie. — Chapitre VII. De la maniere de faire les bras avec les tems de Courante, & les demi coupez en arriere. » pp. 214-222

Figure preste à faire le tems de Courante [Légende intérieure] 6 Rond du poignet 5 5 Rond du coude de haut en bas 7 3 Cette premiere Figure a le corps posé sur le pied droit à la 4e. position 1. le talon du pied gauche levé 3. n’y ayant que la pointe du pied qui touche à terre, & par consequent prête à marcher, le bras gauche 4. opposé au pied droit, & le bras droit 5. étendu à côté, la main en dehors 6. […] Figure represente comme vous devez vous relever après que vous avez plié, (ce que l’on peut dire être dans l’équilibre) le corps est sur la pointe du pied droit 3. la jambe gauche étenduë comme la droite, mais son pied en l’air 4. les mains tournées en dehors 5. […] Afin qu’étant expliqué si distinctement vous puissiez les faire de suite ; ce qui se doit entendre aussi d’un pied comme de l’autre, & en continuer plusieurs jusqu’à ce que vous soyez au haut ; puis il faut revenir en arriere, observant qu’après avoir fini votre dernier tems, vous posiez le pied qui est derriere à terre & le corps dessus : afin de faire des demi-coupez en arriere qui se prenent de la maniere suivante.

73. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre XI. » pp. 67-69

Les grands corps de ballet n’excédoient pas le nombre de seize danseurs et danseuses ; les autres étoient composés de huit ou de douze personnes, et les chœurs chantans n’étoient pas plus nombreux. […] Ces vêtemens offroient par leur vétusté l’image d’une batterie de cuisine ; le cuivre et l’étain se montroient partout, et cette prodigalité devenoit complette, lorsque le corps de ballet, vêtu dans le même genre se réunissoit aux chœurs.

74. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Le maître a danser. premiere partie — Chapitre XL. Des Saillies ou Pas échapez des deux pieds. » pp. 183-186

Etant élevez sur la pointe des pieds ainsi que je viens de le dire, les pieds à la quatriéme position, le corps également posé ; je suppose que le pied droit soit devant, de-là vous laissez échaper vos deux jambes, comme si les forces vous manquoient, en laissant glisser le pied droit derriere, & le pied gauche revient devant en partant tous deux à la fois, & en tombant les deux genoux pliez, & du même instant vous relever en remettant le pied droit devant, & le pied gauche revient derriere, ce qui vous remet à la même position que vous estiez en commençant ; mais vous estes encore plié, & vous vous relevez du même tems en rejettant le corps sur le pied gauche, & assemblant par ce mouvement sauté, le pied droit auprès du gauche en se posant à la premiere position, puis vous faites un pas du pied gauche ; ce qui s’appelle dégager le pied, & c’est aussi ce qui vous met dans la liberté de faire les pas qui suivent, mais cet enchaînement de pas se fait dans l’étenduë de deux mesures à deux tems legers, j’ay taché de le circonstancier dans toutes ces parties, afin d’en rendre l’execution plus facile.

75. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Première partie] »

Ce Danseur doit savoir aussi particulièrement expliquer les conceptions de l’âme, et découvrir ses sentiments par les gestes et les mouvements du corps : enfin il doit avoir le secret de voir partout ce qui convient, (qu’on appelle le Décorum) et avec cela être subtil, inventif, judicieux, et avoir l’oreille très délicate »1. […] Or comme tout ce qu’on fait en mouvant le corps et ses membres sur une marche notée et en cadence, est certainement une Danse, c’est vainement qu’on a employé comme on voit, le témoignage de Sidonius pour soutenir que la Saltation n’en était pas une. […] 10La Saltation des Anciens n’était donc autre chose que la Danse Pantomime véritable, ou l’art de mouvoir les pieds, les bras, le corps en cadence au son des instruments, et de rendre intelligible aux Spectateurs ce qu’on veut représenter, par des gestes, des signes, et des expressions d’amour, de haine, de fureur, de désespoir. […] Il faut même qu’il s’aide du corps de Ballets pour leur donner une étendue raisonnable, et pour laisser reposer ses personnages. Le corps des Ballets joue dans nos Pièces le rôle que jouait le Chœur dans les Tragédies Grecques.

76. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XI. » pp. 145-156

Ici le point fixe ou l’appui se trouve à l’extrémité du pied, la résistance ou le poids du corps porte sur le cou-de-pied, et la puissance qui éléve et soutient ce poids, est appliquée au talon par le moyen du tendon d’Achille : or, comme le levier est plus grand dans un pied long et plat, le poids du corps est plus eloigné du point d’appui, et plus près de la puissance : donc la pesanteur du corps doit augmenter, et la force du tendon d’Achille diminuer en proportion égale. […] L’art consiste à tirer parti de ces imperfections, et je connois des danseurs qui, par le moyen des effacemens du corps, dérobent habilement la longueur de leurs bras ; ils en font fuir une partie dans l’ombre. […] On pense assez communément qu’un homme gros et trapu doit être lourd : ce principe est vrai quant au poids réel du corps, mais il est faux en ce qui concerne la danse ; car la légèreté ne naît que de la force des muscles. […] La raison en est simple : Les parties foibles ne pouvant résister dans l’instant de la chûte aux plus fortes, c’est a dire, au poids du corps, qui acquiert, à proportion de la hauteur, dont il tombe, un nouveau dégré de pésanteur, cèdent et fléchissent ; et c’est dans ce moment de relachement et de fléxion que le bruit de la chûte se fait entendre, bruit qui diminue considérablement, et qui peut même être insensible quand le corps peut se maintenir dans une ligne exactement perpendiculaire, et lorsque les muscles et les ressorts ont la force de s’opposer à la force même, et de résister avec vigueur au choc qui pourroit les faire succomber.

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