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15. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VI. Des Ballets Moraux »

Des Ballets Moraux L’Anniversaire de la Naissance du Cardinal de Savoie, fut l’occasion d’une Fête brillante qui occupa en 1634 la Cour de Turin. On y représenta un grand Ballet, dont le sujet était La Verita nemica della apparenza, sollevata dal tempo ; ce qui veut dire, La Vérité ennemie des apparences soutenue par le temps. […] Tels étaient les Ballets Moraux ; ils devaient leur nom à la moralité Philosophique, qu’ils représentaient sous une délicate allégorie. […] On nommait Sapate cette partie du Ballet. Il y avait des Ballets entiers qui portaient ce nom : c’étaient ceux qui n’avaient pour objet que les présents qu’on voulait faire.

16. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre IV. Vices du grand Ballet »

Vices du grand Ballet Le grand Ballet est un spectacle de Danse. […] Il n’est donc pas possible de faire du grand Ballet un Spectacle susceptible de l’intérêt théâtral ; parce que cet intérêt ne peut se trouver que dans la représentation d’une action suivie. […] Dans le grand Ballet, il y a beaucoup de mouvement, et point d’action. […] Le grand Ballet qui coûtait des frais immenses, ne procurait donc à la Danse rien de plus que les Bals masqués. Il fallait qu’on sût, pour y réussir, déployer ses bras avec grâce, conserver l’équilibre dans ses positions, former ses pas avec légèreté, développer les ressorts du corps en mesure ; et toutes ces choses, suffisantes pour le grand ballet, et pour la Danse simple, ne sont que l’alphabet de la Danse théâtrale.

17. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvi » pp. 89-95

Un maître de ballets est peintre ou doit l’être. […] Gardel a donné au public cinq ballets en action et une charmante plaisanterie. […] Ces trois ballets ont obtenu le plus brillant succès. […] Peut-on rigoureusement exiger qu’un maître des ballets soit un puriste et un homme de lettres ? […] Vous me demanderez, Madame, ce qui m’empêche de vous donner l’analyse des ballets de M.

18. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre IV. le ballet a l’opéra vers 1830  » pp. 129-155

*** Les ballets que Véron trouva au répertoire, quand il prit possession du fauteuil directorial, étaient de deux sortes : il y avait les divertissements intercalés dans les opéras et les ballets proprement dits, appelés alors ballets d’action, qui développaient une intrigue en un ou plusieurs actes de danses et de scènes mimées. […] Il était inévitable que des voix s’élevassent pour condamner la routine où s’obstinait le ballet. […] La Malibran voulait faire d’elle une cantatrice ; Perrot l’engageait à rester fidèle au ballet ; il l’emporta. […] Elle sortit avec honneur de la périlleuse épreuve du ballet aux chameaux. […] Lise Noblet possédait des bijoux superbes qui faisaient pleurer de jalousie ses camarades du corps de ballet.

19. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 18 février 1662 »

Loret, lettre du 18 février 1662 Maintenant, qu’en grattant ma têtes, Cette Lettre au public j’apprête, D’un style morne, et non follet, On danse encore le grand Ballet, Le grand Ballet de nôtre Sire ; Et, certes, grand peut-on bien dire, Puis-que (comme l’on sait assez) Tous les autres Ballets passés, Soit pour la superbe manière, Soit pour les frais de la lumière, Soit pour les habits précieux, N’ont jamais fait voir à nos yeux Des magnificences pareilles À ces surprenantes merveilles : Je n’écris point en étourdi ; Car, pour prouver ce que je dis, (Sans y comprendre les Couronnes) Plus de sept cens trente Personnes, Dont quatre ou cinq cens je connai, Au susdit Ballet ont emploi.

20. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 29 janvier : Le Mariage forcé — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 2 février 1664 »

Loret, lettre du 2 février 1664 Dans un Salon, ou grande Sale, De la noble Maizon Royale, Un Ballet fut dansé, Mardi, Duquel, ici, rien je ne dis. J’ m’y coulai, non pas sans peine, Un peu devant qu’entrât la Reine : Mais n’ayant pas été placé Aussi bien que j’avais pensé, Je n’ouïs point la mélodie, Je n’y vis point la Comédie, Ni le Ballet entremêlé, Ni ce qu’on en avait moulé : C’est pourquoi j’en sortis, belle-erre, Et quoi qu’on ne vît Ciel, ni Terre, Je revins chez-moi, promptement, Sans voir ce divertissement. Jeudi, ma chance fut meilleure, Car m’y rendant d’assez bonne-heure, La sage Dame de Beauvais, Dont beaucoup d’estime je fais, Et que l’on chérit et révère Dans la Cour de la Reine Mère, M’y fit entrer, m’y fit placer, Dieu l’en veuille récompenser : Enfin, par la bonté d’icelle, Ayant pour siège une bancelle, Tantôt assis, tantôt debout, Je vis bien, et de bout-en-bout Ce plaisant Ballet qui se pique De musical et de comique, Et voici deux mots du sujet. Un Jaloux charmé d’un Objet Ravissant et de belle-taille, Veut l’épouser, vaille-que-vaille, Ou, du moins, il promet cela Aux Parents de cet Objet-là : Mais connaissant que sa Maîtresse Est plus Coquette, que Tigresse, Redoutant, comme un grand méchef, Le fatal pennache29 du chef S’étant dégagé vers le Père, Il arrive, enfin, que le Frère, Qui paraît doux comme un mouton, Le contraint à coups de bâton, De conclure le Mariage, Ce qu’il fait, dont son âme enrage ; Mais ce que je dis du Ballet Ne vaut pas un coup de sifflet, Ou, du moins, ce n’est pas grand’chose, Ni de la Comédie en prose, Qu’on peut nommer certainement Un exquis divertissement. Je ne dis rien des huit Entrées, Qui méritent d’être admirées, Où Princes et Grands de la Cour, Et nôtre Roi digne d’amour, En comblant nos cœurs d’allégresse, Font éclater leur noble adresse ; Je laisse les Concerts galants, Et les habits beaux et brillants, J’omets les deux Egyptiennes Ou, si l’on veut, Bohémiennes,30 Qui jouèrent audit Ballet Admirablement leur rolet, Et parurent assez charmantes Avec leurs atours et leurs mantes : De la Du-Parc, rien je ne dis, Qui rendait les Gens ébaudis Par ses appas, par sa prestance, Et par ses beaux pas et sa danse ; Enfin, je ne décide rien De ce Ballet qui me plût bien : Cette Pièce assez singulière Est un In-promptu de Molière ; Et comme les Bourgeois, un jour, Verront ce spectacle à leur tour, Où l’on a des plaisirs extrêmes, Ils en pourront juger eux-mêmes : Mais présentement écrivons Autres choses, si nous pouvons.

21. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE II. » pp. 15-29

Les Ballets étant des représentations, ils doivent réunir les parties du Drame. […] Tout sujet de Ballet doit avoir son exposition, son nœud & son dénouement. […] Si le Compositeur n’a pas l’adresse de retrancher de son sujet ce qui lui paroît froid & monotone, son Ballet ne fera aucune sensation. […] Le caractere & le genre d’un Ballet ne doivent point être défigurés par des Episodes d’un genre & d’un caractere opposé. […] Tout Ballet compliqué & diffus qui ne me tracera pas avec netteté & sans embarras l’action qu’il représente ; dont je ne pourrai deviner l’intrigue qu’un Programe à la main ; tout Ballet, dont je ne sentirai pas le plan, & qui ne m’offrira pas une exposition, un nœud & un dénouement, ne sera plus, suivant mes idées, qu’un simple divertissement de Danse, plus ou moins bien exécuté, & qui ne m’affectera que médiocrement, puisqu’il ne portera aucun caractere, & qu’il sera dénué de toute expression.

22. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE III. » pp. 30-46

Un Ballet est une piece de ce genre ; il doit être divisé par Scenes & par Actes ; chaque Scene en particulier, doit avoir, ainsi que l’Acte un commencement, un milieu & une fin ; c’est-à-dire, son exposition, son nœud & son dénouement. […] Mais par un malheureux effet de l’habitude ou de l’ignorance, il est peu de Ballets raisonnés ; on danse pour danser ; on s’imagine que le tout consiste dans l’action des jambes, dans les sauts élevés, & qu’on a rempli l’idée que les gens de goût se forment d’un Ballet, lorsqu’on le charge d’exécutants qui n’exécutent rien, qui se mêlent, qui se heurtent, qui n’offrent que des Tableaux froids & confus, dessinés sans goût, grouppés sans grace, privés de toute harmonie, & de cette expression, fille du sentiment, qui seule peut embellir l’Art, en lui donnant la vie. […] Ce qui me choqua, il y a quelques années, dans le Ballet de Diane & Endimion que je vis exécuter à Paris, est moins l’exécution méchanique, que la mauvaise distribution du Plan. […] Cette différence du Tableau au Portrait devroit être également reçue dans la Danse ; le Ballet, comme je le sens, & tel qu’il doit être, se nomme à juste titre Ballet ; ceux au contraire qui sont monotones & sans expression ; qui ne présentent que des copies tiedes & imparfaites de la nature, ne doivent s’appeller que des divertissements fastidieux, morts & inanimés. Le Ballet est l’image du Tableau bien composé, s’il n’en est l’original ; vous me direz peut-être qu’il ne faut qu’un seul trait au Peintre, & qu’un seul instant pour caractériser le Sujet de son Tableau, mais que le Ballet est une continuité d’actions, un enchaînement de circonstances qui doit en offrir une multitude ; nous voilà d’accord, & pour que ma comparaison soit plus juste, je mettrai le Ballet en action, en parallele avec la galerie du Luxembourg, peinte par Rubens : chaque Tableau présente une Scene, cette Scene conduit naturellement à une autre ; de Scene en Scene on arrive au dénouement, & l’œil lit sans peine & sans embarras l’Histoire d’un Prince dont la mémoire est gravée par l’amour & la reconnaissance dans le cœur de tous les François.

23. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre III. Des différentes espèces de Ballets »

Ainsi, après avoir décidé le genre, on le divisa en Ballets Historiques, Fabuleux et Poétiques. […] Tels étaient les Ballets des Proverbes, des plaisirs troublés, de la curiosité. […] De ce nombre était le Ballet des Postures et celui de Bicêtre. […] À leur exemple, dans les Ballets exécutés dans les Cours d’Europe, on enrichit l’orchestre de tous les divers Instruments. […] Le Ballet était fondé sur le merveilleux.

24. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Conclusion » pp. 414-418

O reines du ballet, toutes les trois si belles ! […] Plus tard le déclin du ballet s’aggrava encore. […] Oui, le drame lyrique doit pouvoir se passer du luxe et de l’agrément que le ballet apportait à l’opéra d’autrefois. […] Quant au ballet en lui-même, le dédain dont on l’accable n’est-il pas une injustice et le signe d’un pédantisme chagrin ? […] Le ballet fut une des oasis où se réfugièrent les chevaliers de l’esprit.

25. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 22 janvier. Prose morose. »

Le succès de la générale a été éclatant ; maints snobs jusqu’alors irréductibles admirent ce soir-là l’existence du ballet de l’Opéra. […] Stendhal, adepte fervent de la pantomime mesurée de Vigano, raillait volontiers l’absence d’exégèse psychologique dans le ballet français. […] J’ai revu hier cette transposition classique de la tarentelle qu’est le ballet de Roméo. Tout, au point de vue réaliste, prête au ridicule dans cet épisode de « ballet blanc » introduit en plein Shakespeare. […] Cette vérité de La Palisse : pour qu’un ballet vive il faut avant tout que l’on y danse.

26. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre première. » pp. 2-8

Que ne pouvons-nous joindre aux noms de ces grands hommes, ceux des maîtres de ballets qui se sont rendus célébres dans leurs temps ! […] Un ballet est un tableau, ou plutôt une suite de tableaux liés entre eux par l’action qui fait le sujet du ballet ; la scène est, pour ainsi dire, la toile sur laquelle le compositeur rend ses idées ; le choix de la musique, la décoration, le costume en sont le coloris ; le compositeur est le peintre. […] Pourquoi ne connoissons-nous aucuns maîtres de ballets ? […] Depuis le règne d’Auguste jusqu’à nos jours les ballets n’ont été que de foibles esquisses de ce qu’ils peuvent être encore. […] Il en est des ballets comme des fêtes en général ; rien de si beau, de si séduisant sur le papier, et souvent rien de si maussade et de si mal entendu à l’exécution.

27. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre VI. » pp. 40-55

Un maître de ballets doit donc tout voir, tout examiner, puisque tout ce qui existe dans l’univers peut lui servir de modèle. […] Revenons à mon sujet, il faut qu’un maître de ballets connoisse les beautés et les imperfections de la nature. […] Ce sont tous ces traits que le maître de ballets doit saisir. […] J’entends par danse, le sérieux ; il est la base fondamentale du ballet. […] Le premier essai que j’en fis, et qui me réussit, fut dans un ballet de chasseurs ; et cette idée, peut-être neuve dans les ballets, fut enfantée par l’impression que me fit une faute grossière de M.

28. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Première partie] »

L’acquisition que nous avons faite depuis peu de Mademoiselle Nency, qui a exécuté à Stuttgart les Ballets de Médée, et des Danaïdes, m’a déterminé à m’essayer dans la composition d’une Tragédie en Ballet. 4En lisant ce qui nous reste d’anciens fragments d’Auteurs célèbres sur les Ballets Pantomimes, on est tenté, je l’avoue, de placer au rang des Fables les impressions prodigieuses que ces Ballets faisaient sur les Spectateurs. […] Il faut même qu’il s’aide du corps de Ballets pour leur donner une étendue raisonnable, et pour laisser reposer ses personnages. Le corps des Ballets joue dans nos Pièces le rôle que jouait le Chœur dans les Tragédies Grecques. […] Je l’ai éprouvé moi-même en composant le Ballet de Sémiramis.

29. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre V. » pp. 32-39

Si vous consultez Lucien, vous apprendrez de lui, Monsieur, toutes les qualités qui distinguent, et qui caractérisent le grand maître de ballets, et vous verrez que l’histoire, la fable, les poëmes de l’antiquité et la science des temps exigent toute son application. […] Il faut donc qu’un maître de ballets renonce aux sujets de ce genre, s’il n’est machiniste lui-même. […] Le dessin est trop utile aux ballets, pour que ceux qui les composent ne s’y attachent pas sérieusement. […] Le chant des airs est-il uniforme et sans goût, le ballet se modèlera sur ce chant ; il sera froid et languissant. […] Rien n’étant indifférent au génie, rien ne doit l’être au maître de ballets.

30. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 4 octobre. Le ballet de « Manon ». »

Le ballet de « Manon ». On a choisi le Ballet du Roy — que les librettistes de Manon ont si témérairement fait figurer dans l’acte du Cours-la-Reine — pour les débuts de Mlle Soulé, nouvelle recrue fournie par l’Opéra. […] Non, j’en conviens, chez ces dames du corps de ballet, mais chez l’artiste qui chantait Lescaut. […] Pourquoi la deuxième scène lyrique n’aurait-elle pas son ballet à elle, un « ballet de chambre », comme il y a des concerts de chambre ? […] On a bien Mlle Païva, charmante vignette romantique, et dont j’ai eu l’occasion d’apprécier le labeur tenace ; on a encore la jolie débutante du Ballet du Roy.

31. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 8 janvier : Ballet des Arts — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 janvier 1663 »

Loret, lettre du 20 janvier 1663 Moi, votre très humble Valet, Fus, Lundi dernier, au Ballet, Au Ballet des Arts, c’est-à-dire, Le Ballet du Roi notre Sire, Qui sous son Règne glorieux, Dans Paris et maints autres lieux, Fait refleurir par excellence, Les Arts, les Lettres, et la Science : Mais pour parler sincèrement De ce beau divertissement, Il était rempli de merveilles Pour les yeux et pour les oreilles, Il me parut digne des Dieux, Et jamais on ne dansa mieux ; Outre la parfaite harmonie D’une admirable symphonie, Dont Baptiste, esprit transcendant, Était Chef et Surintendant, Quatre Filles, qui sont de celles Qu’on admire pour Chanterelles, Firent alternativement Goûter un doux contentement Par leurs voix claires et sereines, Plutôt Angéliques qu’humaines, Et dont, par curiosité, Tu peux voir les noms à côté. Je ne parlerai point du reste De ce Ballet pompeux et leste ; On en a fait un Imprimé, Où tout est si bien exprimé, Qu’aux Curieux il peut suffire, Et qu’on doit acheter et lire : Mais je désire, en ce moment, Dire deux mots, tant seulement, De cinq admirables Personnes, De cinq adorables Mignonnes, Qui dans cet illustre Ballet Jouèrent si bien leur Rollet De Bergères et d’Amazones, Que je crois que sous les cinq Zones, Et partout où luit le Soleil, Il ne se voit rien de pareil Madame en était la première, Qui paraissait toute lumière, Tant par ses habits précieux Que par l’éclat de ses beaux yeux ; On ne pouvait, sans allégresse, Voir danser icelle Princesse, Et rien n’égalait les appas De sa grâce et de ses beaux pas : C’est ce qu’on ne lui peut débattre ; Voici les noms des autres quatre. […] Voilà ce que j’avais à dire Dudit Ballet de notre Sire, Que je prétends bien de revoir, S’il plaît à Dieu, Lundi, le soir, Pour lorgner encor la Personne De ce Brave Porte-Couronne, Dont la grâce et l’agilité, Le port, la taille et majesté Sont autant d’objets qui ravissent, Et ses bons sujets réjouissent ; Bref, qui mieux qu’on ne peut penser, Se connaît des mieux à danser, Soit par haut, ou soit, terre à terre, Aussi bien qu’à faire la guerre.

32. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — III » p. 135

Tout tourne en film et en ballet. Film et ballet sont les deux conquêtes de l’art par la plèbe. […] Le ballet se substitue à la tragédie en vers et au drame lyrique. […] Le ballet n’est rien de plus que le cinéma des riches.

33. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la poétique du ballet et de l’opéra »

Il faut donc pour former une bonne entrée de ballet, 1°. […] Voyez Ballet de Collège. […] Voyez Ballet. […] Le temps d’une entrée de ballet doit être celui de l’action même. […] L’entrée de ballet, au contraire, est astreinte à toutes les trois.

34. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 25 février 1662 »

Loret, lettre du 25 février 1662 Le Grand Ballet d’Hercule Amant, Si magnifique et si charmant, Fut Lundi, pour la fois dernière, Dansé de la belle manière : Je ne l’avais point encor vu D’un si brillant éclat pourvu ; Et du Dieu Mars la seule Entrée, Digne, certes, d’être admirée, Avec ses nobles Combattants, Surprit fort tous les Assistants. […] Ce combat fut fait en cadence ; Et je n’ai point de souvenance, Moi qui depuis maint et maint jour, Vois tous les Ballets de la Cour, Quoi que d’eux je me remémore, D’avoir vu nulle Entrée, encore, (Je puis bien jurer de cela) Si superbe que celle-là, Ni qui pour de divers usages Eût compris tant de personnages. […] Dans mes autres précédents Vers, En deux ou trois endroits divers, J’ai parlé de celle des Dames, Qui comblaient d’amoureuses flammes, Ainsi que des soleils ardents, Les cœurs de tous les regardants Y causant un désordre extrême, N’en étant pas exempt moi-même, Aujourd’hui, je prends le souci De toucher encore ceci ; Mais on pourrait cent choses dire Dudit Ballet de notre Sire, Passant tous les Ballets passés, Que ce ne serait pas assez. […] Les seules Danses des Planètes Pourraient remplir douze Gazettes Si l’on les voulait débiter : Mars, Apollon et Jupiter, La Lune, Vénus et Mercure, Dieux de différente nature, Jouèrent chacun leur Rollet En cet admirable Ballet, Avec tant de magnficences, Eux, et toutes leurs Influences Que leur seule déduction, (C’est-à-dire description) Est digne qu’une belle Plume Les consacrât dans un Volume. […] Ce Ballet du plus Grand des Rois Eût été dansé plus de fois, Mais à la requête et prière De la pieuse Reine-Mère, Le Carême étant survenu, J’ai su du discours ingénu D’un de mes voisins nommé Jacques Qu’on l’a salé pour après Pâques : Mais d’autres Gens mieux éclairés Prétendant en être assurés, En discourent d’une autre sorte, Et disaient Mardi, sur ma porte, Que ce Ballet étant cassé, Ne serait jamais plus dansé.

35. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 1er ou 2 décembre : Le Ballet des ballets — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 5 décembre 1671 »

Robinet, lettre du 5 décembre 1671 Un Ballet, Ballet des Ballets, Des plus longs, & des plus complets, Pour charmer l’Ouïe, & la Vue, Préparé pour la Bien-venue De Madame, dans nôtre Cour, Y fut dansé, le dernier jour, Avec une Pompe éclatante, Qui tous les Spectateurs enchante.

36. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 janvier 1667 »

Robinet, lettre du 9 janvier 166774 Mais, pour revenir au BALLET, Le Tour galant assez me plaît De notre nouvelle HÉROÏNE, Qui, survenant à la sourdine, Comme on dansait ledit Ballet, Fit défiler le Chapelet Et cesser toutes les Entrées Qu’on avait si bien préparées, Afin qu’on l’allât recevoir Ainsi qu’il était du devoir. […] Prestation de Madame dans le ballet

37. (1921) Théophile Gautier et le ballet romantique pp. 149-162

Que le ballet romantique, le « ballet 1830 » continuât sous maint rapport une tradition ou plutôt un développement ininterrompu et plus que séculaire, qu’il eût été préparé de longue main par les maîtres italiens perfectionnant et codifiant la gymnastique de la danse théâtrale, qui songerait à le nier ? […] Contenant des éléments de beauté impérissable le ballet 1830 est bien de son temps. […] Le ballet fut, il sied de le préciser, un des foyers de rayonnement de l’influence germanique. […] Dès que la sylphide a perdu ses ailes, c’en est fait de la danse : le ballet est fini. […] Le ballet romantique lui doit de survivre glorieux à tous les oublis et à tous les mépris.

38. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre V. Des Ballets Allégoriques »

Des Ballets Allégoriques Nous avons vu que les Ballets Poétiques étaient ou Allégoriques, ou Moraux, ou Bouffons. […] Toutes ces choses soutenues par les charmes de la Musique, et par les grâces de la Danse, embellies par les plus éclatantes décorations et par un nombre infini de machines surprenantes, formèrent les parties et l’ensemble de ce Ballet allégorique. [Voir Ballet]

39. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Titre complet] »

[Titre complet] Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de Programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis Composé par Mr. Angiolini Maître des Ballets du Théâtre près de la Cour à Vienne, et représenté pour la première fois sur ce Théâtre le 31 Janvier 1765.

40. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 5 mars. Pour le ballet français. Ballets russes ; ballets français. — Une variation de « Sylvia ». — « Fox-Péri ». — Juliette Péri. »

Pour le ballet français. Ballets russes ; ballets français. — Une variation de « Sylvia ». — « Fox-Péri ». — Juliette Péri. […] Car si les Russes sont susceptibles de faire un ballet français sans faillir à leur nature, les Français ne sauraient faire un ballet russe sans se trahir et s’amoindrir. […] Dans le domaine du théâtre, la formidable révélation des saisons russes a secoué la torpeur qui avait envahi le ballet français. […] Quant à la présentation actuelle du ballet de Delibes, elle apparaît assez blafarde ; nous la soupçonnons appauvrie, étriquée, erronée.

41. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IV. » pp. 25-31

Il n’est pas douteux que les ballets ne deviennent rivaux de la peinture, lorsque ceux qui les exécutent seront moins automates, et que ceux qui les composent seront mieux organisés. Un beau tableau n’est qu’une copie de la nature ; un beau ballet est la nature même, embellie de tous les charmes de l’art. […] Un beau ballet est jusqu’à présent un être imaginaire ; c’est le phenix, il ne se trouve point. […] Il ne faut à la danse qu’un beau modèle, un homme de génie, et les ballets changeront de caractère. […] « Et vous, jeunes gens, qui voulez faire des ballets, et qui croyez que, pour y réussir, il ne s’agit que d’avoir figuré deux ans sous un homme de talent, commencez par en avoir.

42. (1921) Une dernière étape des « Ballets russes ». La Belle au Bois Dormant pp. 227-231

Entre le ballet russe en Russie qui, sans se renier, sans déchoir, sombre peu à peu dans la débâcle matérielle et morale du pays et cet effort d’une personnalité autoritaire et dédaigneuse du péril, il y a continuité parfaite. C’est que le ballet de Petipa-Tchaïkovski n’avait à Saint-Pétersbourg et à Moscou jamais quitte le programme ; il y a huit mois ou bien neuf je l’ai vu de mes yeux au « Théâtre Marie », mêlé à un public de gardes rouges et de matelots « en corvée »… Le 3 janvier 1890, jour de la première de la Belle, fut une des plus grandes dates de la « période héroïque » du ballet russe s’affranchissant enfin de la tutelle des virtuoses italiens, renonçant à la musique étrangère fabriquée par des musiciens appointés. […] En somme c’est à l’époque des « neiges d’antan » que se déroulent les événements dansés du ballet. […] Sous le poids de ce Louis XIV impressionniste, trivialement documenté et alourdi de clinquant, le rêve que fut ce ballet s’effondrait lamentablement. […] Fitelberg, chef d’orchestre célèbre en Russie, mais débutant dans les ballets.

43. (1887) Ces Demoiselles de l’Opéra « I. Origines, composition, organisation. » pp. 1-13

. — Le budget du corps de ballet. — Sa composition. — Les droits d’auteur. — Extrait du cahier des charges de 1841. — Inobservation de l’article XXXV. — Le corps de ballet en 1868. — Les Rats. […] Le Roi-Soleil poussa, du reste, la sollicitude à ce point qu’il régla lui-même et qu’il écrivit de sa main le budget du corps de ballet de l’Opéra. […] D’après le tarif fixé par lui, un ballet était payé cent vingt livres pendant les dix premières représentations et soixante pendant les représentations suivantes. […] Il y a dans le Prophète un ballet, un vrai chef-d’œuvre ! et dans ce ballet de la neige, le fameux pas des patins.

44. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 23 juillet : Le Ballet des Saisons — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 6 août 1661 »

Loret, lettre du 6 août 1661 […] Le Ballet de Fontainebleau Comme il est admirable et beau, Et tout brillant de divers lustres, À cause des Danseurs illustres, Et des Objets de rare prix Que dans iceluy sont compris, À ce qu’on dit, se danse encore : Mais mon esprit se remémore, Qu’étant à Paris de retour, Lors que je parlai, l’autre-jour, De ce Ballet que tant on prise, J’oubliai Monseigneur de Guise, Dont je suis très-humble valet, Et l’un des Grands dudit Ballet.

45. (1921) Quelques lettres inédites de célébrités chorégraphiques pp. 222-226

Je connais, en France seulement, 20 maîtres de ballets (sans compter les grands faiseurs de grandes pantomimes) qui, n’ayant que cela à faire, peuvent produire par an chacun 20 programmes de Ballets d’action. […] Tous Ballets coûtent ; et lorsque le succès est douteux, l’Établissement court les risques d’un arriéré. […] Le ballet qu’on donnait était Robert le Diable, composé par M. […] Mon bénéfice qui a eu lieu dernièrement avec un ballet nouveau qui a eu un très grand succès, m’a valu un superbe cadeau de l’Empereur du prix de dix mille roubles. […] Nous montons encore un ballet pour cette représentation.

46. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 22 avril 1662 »

Loret, lettre du 22 avril 1662 Mardi, le grand Ballet d’Hercule, Commençant par un Préambule, Où quatorze Fleuves divers Font de mélodieux Concerts, Fut redansé dans cette Salle, Qui pour Ballets n’a point d’égale ; Lequel Ballet, je vous promets, Fut plus admiré que jamais, Etant abondant en miracles, Et l’un des plus pompeux spectacles, Qui dans mille effets éclatants, Ait paru depuis cinquante ans.

47. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 1er ou 2 décembre : Le Ballet des ballets — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 20 février 1672 »

Robinet, lettre du 20 février 1672 Depuis quinze Jours on redanse, En la Royale Résidence, Ce Ballet fait, non sans grands frais, Nommé le Ballet des Ballets : Où, pendant sept heures qu’il dure, Sans qu’aucun ennui l’on endure, On voit les extraits éclatants, De Ballets faits depuis vingt ans, De qui l’on a pris les entrées163 Les Concerts les mieux concertez En un mot, toutes les beautés Qui, le plus, notre Cour, charmèrent Pendant le temps qu’ils les dansèrent.

48. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 9 octobre. Madame Joergen-Jensen dans « Coppélia ». »

Entre le ballet de l’Opéra et celui du Théâtre Royal de Copenhague il existe des liens très réels. De même que le Marseillais Marius Petipa avait été le « grand chef » du ballet russe, un autre maître français, Bournonville, venant après Galéotti, fonda la grande tradition danoise. Il créa à Copenhague l’enseignement classique et tira de la légende nationale des ballets d’action — dont celui de la Petite Sirène, d’après Andersen, que j’ai encore pu voir interprété par Mme Price de Plane, mime remarquable. Le ballet danois est ainsi de vraie souche française et nourri, en même temps, de la plus belle sève Scandinave. […] Ce sont donc les meilleurs souvenirs de ce terrible Paris qu’elle pourra rapporter dans son admirable capitale où le ballet danse un français si pur, où l’on peut voir la plus belle collection de sculpture française « extra muros », et où les amazones qui galopent au bord de la Lange Linie ont un sourire de fée, naïf et hautain, qu’on ne saurait oublier.

49. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — La Muse de la Cour à Monseigneur le Dauphin d’Adrien Perdou de Subligny — Subligny, vingt-sixième semaine, lettre du 18 novembre 1666 »

Un Ballet se propose où, dit-on, l’on emploie Trois troupes de Comédiens, De FRANCAIS et D’ITALIENS, Qui par trois IMPROMPTUS y mêleront la joie. […] Mais, quel qu’en soit tout l’artifice, Je gage que, si le sujet Des IMPROMPTUS et du BALLET Ne roule point sur la Police (Je veux dire sur ceux qu’elle met en souci). […] S’agirait-il de la répétition du Ballet des Muses ?

50. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Table des matières » pp. 419-423

. — Le ballet d’enfants de Horchelt. — Mlle Bigottini. — Fanny Elssler type de l’Autrichienne. — La famille Elssler et Haydn. — Légendes sur les origines de Fanny. — Son éducation technique. — Aumer et l’école française. — Barbaja et Rossini. — Apprentissage en Italie : l’école italienne. — Fanny danseuse classique. — Saisons à Vienne et à Berlin. — Opinions de Rahel Varnhagen et de Wolfgang Menzel. — Saison à Londres  1 CHAPITRE II la dernière passion du chevalier frédéric de gentz Le caractère de Gentz. — Sa vie à Berlin. — Ses amours à Vienne. — Son activité politique. — Sa prodigalité. — Portrait physique. — Première rencontre avec Fanny Elssler. — Confidences à Prokesch von Osten et à la comtesse Fuchs. — Les lettres de Gentz à Fanny. — La révolution de 1830 ; Gentz chez le prince de Metternich. — Départ de Fanny pour Berlin. — Lettres de Gentz à Rahel Varnhagen. — Fanny chez Rahel. — Lettres de Rahel à Gentz. — Retour de Fanny à Vienne. — Lecture de Henri Heine. — Mélancolie de Gentz. — Sa mort. — Nature des sentiments de Fanny pour lui. — Légende des amours de Fanny et du duc de Reichstadt ; les Mohicans de Paris ; l’Aiglon. […]   97 CHAPITRE IV le ballet a l’opéra vers 1830 Conception du ballet par Véron. — Le vieux répertoire. — Besoin de rajeunissement ; campagne contre le ballet académique. — La routine des maîtres de ballet. — Les danseurs au dix-huitième et au dix-neuvième siècle. — Auguste Vestris. — Perrot. — Les danseuses. — La vieille garde. — Mme Montessu. — Lise Noblet. — Mlle Legallois. — Pauline Leroux. — Les sœurs Fitzjames. — Mlles Roland, Forster, Coquillard. — Louise Duvernay. — Ce qui manquait à ces artistes  129 CHAPITRE V marie taglioni La dynastie des Taglioni. — Philippe Taglioni. — Conception romantique du ballet. — Les deux écoles : Taglioni et Vestris. — Education technique de Marie. — Ses débuts à Vienne. — Premiers succès en Allemagne. — Débuts à Paris. — Marie Taglioni et Perrot dans Flore et Zéphire. — Le Dieu et la Bayadère. — Robert le Diable. — La Sylphide. — Révolution romantique dans le ballet. — Causes du succès extraordinaire de Marie. — Une revanche de l’idéalisme. — Les panégyristes de Marie ; Jules Janin. — Hommages des poètes ; Méry. — Succès dans toute l’Europe. — Critiques de Rahel Varnhagen. — Caractère de Marie. — Sa prodigalité. — Son mariage avec Gilbert de Voisins. — Difficultés avec la direction de l’Opéra. — Nécessité d’engager une autre danseuse  156 CHAPITRE VI les débuts de fanny elssler à paris Le voyage de Véron à Londres. — Engagement des sœurs Elssler. — Leurs appointements. — Réclame tapageuse. — Appel aux bonapartistes. — La Tempête ; les répétitions ; dépenses pour la mise en scène. — Première représentation le 15 septembre 1834. — Physionomie de la salle. — Succès de Fanny. — Opinions de la presse. — Incompétence de Jules Janin. — Encore la légende des amours du duc de Reichstadt et de Fanny Elssler. — Orgueil de Véron. — Elssléristes et taglionistes. — Reprise de la Sylphide. — Débuts de Thérèse. — Le bal de Gustave. — Les deux sœurs dans Don Juan. — Les recettes de la Tempête. — Une parodie. — La mode  188 CHAPITRE VII l e diable boiteux L’année 1835. — La Juive. — Campagne des taglionistes contre Fanny Elssler. — L’Ile des Pirates. — L’attentat de Fieschi. — Insuccès du nouveau ballet. — Duponchel succède à Véron. — Qualités de Duponchel. — Les deux sœurs Elssler à Berlin. — Retour à Paris. — Première représentation des Huguenots, le 29 février 1836. — Vogue de l’Espagne et des danses espagnoles. — Grillparzer à Paris ; son jugement sur les sœurs Elssler. — Première représentation du Diable boiteux, le 1er juin 1836. — Succès complet de Fanny. — La cachucha. — Rentrée de Marie Taglioni dans la Sylphide. — Deux principes opposés. — La Fille du Danube. — Les sœurs Elssler à Bordeaux. — Retour à Paris ; accident de voiture. — Grave maladie de Fanny…  220 CHAPITRE VIII victoires et revers Les danseuses à l’église Notre-Dame-de-Lorette. — La statuette de Fanny par Barre fils. — Popularité de la cachucha. — Rentrée de Fanny dans le Diable boiteux. — Adieux de Marie Taglioni. — Nourrit et Duprez. — Les sœurs Elssler à Vienne en août 1837. — Les feuilletons de Théophile Gautier sur Fanny. — La Chatte métamorphosée en femme. — Premier portrait de Fanny par Th.

51. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 10 avril 1922. Comme quoi la danse est un art — ce qui s’en suit —. Un centenaire français célébré en Russie. »

Dans la danse théâtrale c’est le corps humain qui devient matière à création plastique, il s’astreint dès lors à une discipline artificielle — celle du ballet d’opéra ou bien celle de rites égyptiens, qu’importe ! […] * * * J’apprends par une feuille rarissime, qui vient de Pétrograd, que les artistes des ci-devant Théâtres Impériaux, camouflés en Théâtres Académiques, mais fidèles à leur passé, ont célébré avec éclat le centenaire de celui qui avait établi le ballet russe dans sa gloire. […] Marius Petipa, danseur marseillais, chef d’une dynastie non moins glorieuse que celle des Vestris et des Taglioni et que quatre générations successives représentèrent sur la scène de la capitale russe, Marius Petipa resta à la tête du ballet plus d’un demi-siècle sous quatre empereurs et huit directeurs ; il créa 57 ballets, en reconstitua 17 ; il imagina les danses de 32 opéras ; lui qui avait, dans le ballet de Perrot « l’aérien » mimé Phébus en donnant réplique à Fanny Ellsler-Esméralda, devait un jour distribuer à Mlle Anna Pavlova son premier rôle de ballerine. […] Il affirma le système du grand ballet d’action à base de danse classique ; il exploita et amplifia magistralement la tradition renouvelée par la grande fièvre romantique de 1830, il appuya l’effort séculaire de l’école, il fut l’éducateur d’une lignée sans pareille. Son nom est à jamais lié à l’époque héroïque du ballet russe, époque marquée par l’avènement de la musique nationale à la scène chorégraphique, par la suprématie de la danseuse russe triomphante de la virtuosité italienne, époque qui prépara l’hégémonie mondiale de ce ballet.

52. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 avril. Pour une danseuse morte. — Anniversaire. – Bilan. »

Par sa complexité et son unité, la danse classique dépasse les plus admirables styles de danse que nous connaissions : le ballet cambodgien et l’orchestique des anciens. […] Le ballet, en tant que genre théâtral, comporte à mes yeux bien des éléments caducs et périssables. […] Depuis l’arrivée des « Russes » de Diaghilev, on a soumis le ballet à divers régimes réconfortants. […] Il faudrait des ballets développant des thèmes dynamiques et plastiques dont le retour de certaines formes fondamentales assurerait l’unité et la cohésion, où l’étoile, « instrument concertant », trouverait dans les évolutions d’ensemble du corps de ballet une base harmonique puissante ; des ballets où les formes de la danse classique retrouveraient, affranchies de toute contingence concrète, la plénitude de leur signification. Mais ces ballets uniquement dansés, seraient froids et insipides ?

53. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IV. » pp. 47-60

On m’écrit qu’il a débuté avec le plus brillant succès par le Ballet de la Mort d’Orphée. […] Il n’est pas douteux que les Ballets auront la préférence sur la Peinture, lorsque ceux qui les exécutent seront moins automates, & que ceux qui les composent seront mieux organisés. Un beau Tableau n’est qu’une copie de la nature ; un beau Ballet est la nature même, embellie de tous les charmes de l’Art. […] Un beau Ballet est jusqu’à présent un être imaginaire, c’est le Phénix, il ne se trouve point. […] Il ne faut à la Danse qu’un beau modele, un homme de génie, & les Ballets changeront de caractere.

54. (1806) L’Art de la danse, poëme en quatre chants, calqué sur l’Art poétique de Boileau pp. -247

Noverre l’idée de faire un ballet sur ce sujet. […] Noverre donna ce ballet en pays étranger. […] Ce ballet chinois, fait par M. Noverre, était original, et son ballet des Horaces, un fort beau ballet. […] Ce ballet n’eut aucun succès à Lyon, à ce que dit M.

55. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XVI. » pp. 160-172

Les Coryphées, lorsqu’ils sont bons, deviennent d’un grand secours au maître de ballets quand il sait s’en servir. […] C’est ainsi, Monsieur, que je terminois le quatrième acte de ce ballet tragique. […] Les caractères de ce ballet sont variés ; ils vous dédommageront du chagrin que je viens de vous faire éprouver. […] Cependant ce ballet a eu à Paris et sur tous les théatres de l’Europe les plus brillans succès. […] Le maître de ballets doit être peintre à son tour et jouir pleinement du même privilège.

56. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 14 juillet. « La Maladetta ». »

Il vous fallait à tout prix un ballet classique, ricane-t-on autour de moi. […] Sans doute, je constate avec vous que la conception scénique de ce ballet porte l’empreinte de la plus basse époque du siècle dit « stupide ». […] Il est si rare, aujourd’hui, de voir danser dans un ballet ! […] Staats nous offre au deuxième un concert de danse fort complet, où l’on voit un corps de ballet nombreux évoluer avec ampleur et précision sauf quelques ruptures de l’alignement. […] Énormément de choses, me disais-je, quant à moi, en suivant du regard le Menuet de Mlle Schwarz dans la finale du ballet de M. 

57. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre I. Des Ballets Ambulatoires »

Des Ballets Ambulatoires Ce n’est pas seulement au Théâtre, que la Danse a formé le fond d’un grand Spectacle. […] Les Portugais imaginèrent autrefois, et ont depuis mis souvent en pratique des Ballets Ambulatoires, dont l’appareil, la pompe, la magnificence ne le cèdent en rien aux Spectacles que nous venons de décrire. […] [Voir Fête (Beaux-Arts)] La Béatification d’Ignace de Loyola donna lieu au second Ballet de ce genre, qu’on se propose de rapporter. […] Ce Cheval commença dès lors à se mouvoir par de secrets ressorts, tandis qu’autour de ce Cheval se représentaient en Ballets les principaux événements de la guerre de Troie. […] Après quoi des Peuples de diverses Nations, vêtus à la manière de leurs Pays, faisaient un ballet très agréable, composant quatre Troupes ou Quadrilles, pour les quatre Parties du Monde.

58. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — VIII » p. 138

Cette façon de penser enfantine est pourtant le grand art du ballet : l’anecdote mimée, l’histoire sans paroles n’étant vraiment que le plus humble degré du drame. […] Les Saisons, les Heures, les Âges de la vie, les voyages aux plus lointains pays de Tendre, toutes les Indes galantes du lieu commun ont nourri l’ancien ballet d’allégories. Et peu s’en faut que le ballet ne s’en soit cru pensant.

59. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — Début Mars : Fête dans l’Empire germanique (carrousel) — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 10 mars 1667 »

Robinet, lettre du 10 mars 1667 Le grand BALLET IMPÉRIAL, Ballet que l’on danse à Cheval Et préparé selon les Règles Pour la SOUVERAINE DES AIGLES, Fut dansé, la première fois, Un jour du pénultième mois ; Mais IGNACE, l’amoureux SIRE, Ne partageant pas bien l’Empire Avec le Seigneur JUPITER, Il lui plut le déconcerter Par certaine fâcheuse Pluie, Qui mouilla fort la Compagnie, Qui chiffonna tous les Habits Couverts de Perles et Rubis, Qui défrisa blondes Perruques Qui couvraient quantité de Nuques, Détrempa Plumes et Capots, Sans doute très mal à propos, Et, d’une funeste manière, Fripa la petite Oie entière De ces Équestres Baladins, Ainsi que de leurs Guilledins ; Si bien que tel fut le dommage Que causa cet humide Orage Que, selon ce qu’on en écrit (Dont l’EMPEREUR fut moult contrit). On mit de belle et bonne sorte Le Ballet derrière la Porte, C’est-à-dire qu’il fut sursis Pour des jours, je crois, plus de six.

60. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — Début juin : Fragments du Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 juin 1667 »

Oui, foi de sincère Mortel ; Et, si vous allez à l’HÔTEL,87 Vous y verrez plusieurs ENTRÉES, Toutes dignes d’être admirées, De son dernier BALLET ROYAL, Si galant et si jovial, Avec diverses Mélodies Et mêmes les deux COMÉDIES Qu’y joignit le tendre QUINAULT, Où la TROUPE fait ce qu’il faut Et ravit, par maintes Merveilles, Les Yeux ensemble et les Oreilles. Depuis hier, pareillement, On a pour Divertissement Le SICILIEN, que MOLIÈRE, Avec sa charmante manière, Mêla dans ce BALLET du ROI Et qu’on admira, sur ma foi. Il y joint aussi des ENTRÉES Qui furent très considérées Dans ledit ravissant Ballet ; Et LUI, tout rajeuni du Lait De quelque autre INFANTE d’INACHE, Qui se couvre de peau de VACHE, S’y remontre enfin à nos Yeux Plus que jamais facétieux.

61. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 13 février : Le Ballet des Amours déguisés — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 23 février 1664 »

Loret, lettre du 23 février 1664 Je vous dis donc, de bonne foi, Qu’en parlant du Ballet du Roi, Je fis dans ma Lettre dernière, Une faute absurde et grossière, Et que n’eut pas commise un boeuf, Des deux Demoiselles d’Elbeuf, Princesses d’illustre Famille, J’écrivis la Soeur pour la Fille ; Il est certain qu’icelle Soeur A de l’esprit, grâce et douceur : C’est ce que j’en dis dans ma Pièce, Mais c’était, toutefois, sa Nièce, (Une jeune Seigneur me le dit) Qui parut au Ballet susdit, De cent et cent attraits pourvue. […] Le susdit Ballet harmonique, Allégorique, magnifique, A, durant des soirs, ou des nuits, Été dansé cinq fois depuis, Où Verbec, fille assez jeunette, Et, mêmement, assez brunette, A toujours enchanté les yeux Des spectateurs jeunes et vieux ; Et, sans parler par complaisance, On la tient la fille de France Qui fait ses pas du plus bel air, Et qui sait mieux cabrioler ; Je dis cela volontiers d’elle, Car quand je vois que l’on excelle En quelque art, ou profession, J’en parle avec affection, Et ce fut toujours ma coutume D’en donner quelque trait de plume.

62. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

[Seconde partie] 30Par l’exposé que je viens de faire, on voit que ce Ballet forme une Action complète ; qu’elle y est vive, intéressante, et marche toujours à sa fin, sans être retardée par des épisodes, qui ne saurait que la refroidir ; que sur ce plan on pourrait en faire une Tragédie comme celle des Grecs, en faisant parler mes personnages, et en substituant des Cœurs de Mages, de Satrapes, de peuple, de femmes au corps de Ballet que j’ai employé ; et je répète ici avec cette satisfaction qu’on ressent lorsqu’on fait part au Public de ses découvertes, que je crois que le théâtre des Grecs doit uniquement nous guider pour nos plans, et qu’il n’y a aucune Tragédie de ce Théâtre, qui ne puisse être traitée avec succès en Ballet Pantomime. […] Dans notre Art cette confusion d’idées sur le mérite différent de ceux qui le professent se fait remarquer encore plus communément que dans les autres, dans les jugements que chacun porte à sa fantaisie sur les Compositeurs des Ballets et sur les Danseurs. […] Les compositeurs de ces Ballets peuvent être comparés aux Poètes qui font des Comédies, des Eglogues, des Pastorales, et les Danseurs qui les exécutent avec grâce, avec délicatesse, aux Acteurs de l’Opéra et de la Comédie. […] 43La Musique est la Poésie des Ballets Pantomimes. […] 45Au surplus, je n’ignore pas que des personnes (peut être d’ailleurs très respectables) faute d’avoir du goût pour l’Antiquité, ou d’oser se détacher de ce que nous chérissons aujourd’hui, pourront peut-être trouver absurde la Tragédie en Ballet, et juger de mon travail comme d’une nouveauté téméraire quoique hasardée par moi-même il y a trois ans dans mon Ballet de Don Juan, et ensuite par M.

63. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 décembre. Polyphème. »

Le rêve de reconstituer l’orchestique des anciens ou bien, pour user de la terminologie plus circonspecte de Goethe, « s’approchant de la forme ancienne », a de tout temps hanté l’imagination des musiciens et des maîtres de ballet : Gluck et Noverre jadis, Ravel et Fokine hier encore. […] Une belle intention n’aurait d’ailleurs pas pu être réalisée dans le cadre restreint où le ballet étouffait. […] Mme Stichel fait tourner son corps de ballet autour des arbres dans une sorte de farandole de cotillon ; mais il est difficile de danser une ronde autour d’un arbre en trompe-l’œil qui n’est pas rond.

64. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettre en vers et en prose au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 21 février 1669 »

La Gravette de Mayolas, lettre du 21 février 1669 Le Grand Ballet est commencé (Dimanche encor il fut dansé), Intitulé Ballet de Flore. […] Le ROI terminant la dernière, Avec sa grâce coutumière, Avec son maintien sans égal, Il finit ce Ballet Royal.

65. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 26 janvier : Ballet de la Naissance de Vénus — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 31 janvier 1665 »

Loret, lettre du 31 janvier 1665 Un Ballet, beau par excellence, Où règne la magnificence, Tout pompeux et tout éclatant, Mais que je n’ai pas vu, pourtant, Se danse trois fois la semaine, Non chez le Roi, ni chez la Reine, Mais dans ce noble et charmant lieu, Digne séjour d’un demi-Dieu, Jadis, construit par un Grand Homme, Et que Palais Royal on nomme. Au rapport de ceux qui l’ont vu, Ce Ballet Royal est pourvu De toutes les choses galantes, De toutes les choses charmantes, De tous les nobles agréments, Bref, de tous les assortiments Qu’un Ballet de cette importance, Qu’un Ballet de la Cour de France, Et parfaitement éclairé, Doit avoir pour être admiré. […] Outre ces seize Nobles Dames, Aucunes Filles, d’autres Femmes, L’aimable et charmante Sully, Au teint jeune, frais et poli ; Et Sévigny, dont le visage Charmerait le coeur du plus sage, Sont aussi de ce beau Ballet, Et dansent chacune son Rôlet. Mais, comme il faut cesser d’écrire, Je ne saurais plus vous rien dire De ce charmant Ballet susdit, N’ayant encor eu le crédit D’avoir de place, ni d’entrée Dans cette Royale Contrée : Mais si j’y puis aller Mardi, Ou le lendemain Mercredi, Je promets, à toute aventure, D’en recommencer la peinture, Car je ne suis pas satisfait De ce qu’aujourd’hui j’en ai fait : Ainsi, que je cesse de vivre, Si j’en ai rien vu que par Livre : J’ai fait des Vers jusqu’à très bien, Et si je n’ai rien quasi dit rien 39.

66. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre II. Des Fêtes de la Cour de France, depuis 1560 jusqu’en l’année 1610 »

Elle mit en jeu, les Festins, les Bals, les Mascarades, les Ballets, les Femmes les plus belles, les Courtisans les plus libertins. […] Le Dimanche 15 Octobre, Festin de la Reine dans le Louvre, et après le Festin le ballet de Circé et de ses Nymphes. Le triomphe de Jupiter et de Minerve était le sujet de ce ballet, qui fut donné sous le titre de ballet comique de la Reine. […] Le nombre des Mascarades et des Ballets qui furent dansés pendant le cours de ces cinquante ans est immense. […] D’Aubigné, dans sa Vie qui est à la tête du Baron de Foeneste, se prétend l’auteur de ce ballet ; c’est un mensonge grossier.

67. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIV. » pp. 197-215

Il en est de même des ballets ; il faut nécessairement les voir, et les voir plusieurs fois. […] Il n’en est point, Monsieur, qui me fatiguent autant que la composition des ballets de certains opéras. […] Je suis dans la même impuissance relativement aux scènes simultanées que j’avois placées dans ce ballet. […] Or, Monsieur, dans un ballet bien conçu il faut peu de dialogue et peu de momens tranquilles ; le cœur doit y être toujours agité. […] L’action des ballets dont je viens de vous parler est bien moins longue à l’exécution qu’à la lecture.

68. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 3 mai. « Artémis troublée ». »

Issu de la vision ou plutôt de l’arbitraire fantasque et intrépide d’un peintre puissant, le ballet d’Artémis troublée ressort à une conception fort complexe. […] Nicola Guerra, héritier d’un nom glorieux, sont d’un métier sûr ; le maître de ballet a délibérément renoncé à toute recherche de formes historiques à exploiter et à renouveler pour l’occasion ; il a préféré appliquer sans pédantisme et avec maintes trouvailles heureuses les procédés consacrés par l’école. * * * Ainsi, l’ensemble optique du spectacle, qui fut remarquable, résulte de la collaboration du peintre, du maître de ballet, des qualités individuelles des exécutants, et de la vaillance à toute épreuve de cet excellent corps de ballet de dryades et d’amazones « Louis XIV » incarnées par Mlles Dauwe, G. […] Que j’aime ce rafraîchissant vocable qui sert de titre à un petit ballet où des danseuses en tutu incarnent, avec une grâce désuète et mièvre, mais qui ne se dément pas, le jeu des forces élémentaires.

69. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 26 janvier : Ballet de la Naissance de Vénus — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 7 février 1665 »

Loret, lettre du 7 février 1665 Comme durant le Carnaval, (Soit que l’on fasse bien, ou mal) Plusieurs vivent d’une manière Qui n’est pas toujours coutumière, Il est très certain que Paris, Séjour des plaisirs et des ris, Est rempli de réjouissances, De Cadeaux, de Bals et de Danses, D’admirables Collations, Contenant des profusions De bons vins et de limonades ; Bref, de diverses Mascarades : Mais (à parler ingénument) Le plus grand Divertissement, Tant de la Cour, que de la Ville, Et qui, seul, en vaut plus que mille, C’est le Ballet vraiment Royal, Que l’on danse au Palais Royal, Où visiblement on remarque L’adresse de notre Monarque, Et de Monseigneur d’Orléans, Le Maître et Patron de léans. […] Outre leurs beautés et leur Danse, Leurs qualités et leur naissance Inspirent, au premier aspect, Moitié flamme, et moitié respect : On voit entre elles des Comtesses, Des Marquises et des Duchesses, Et des Princesses, mêmement, Qui sont un rare assortiment Au susdit Ballet ; Et pour celles Qui ne sont encor que Pucelles, Ces Objets mignons et brillants, Divinités de cent Galants, Que par elles l’Amour régente Sont de belles Tables d’attente Pour augmenter le nombre, un jour, Des hautes Dames de la Cour : J’ai vu trente Ballets en France, Mais en ceux de plus d’importance, (Que je meure si je vous mens) Je n’ai point vu d’habillements Plus riches, superbes et lestes, Que leurs jupes, robes, ou vestes, Et leurs escarpins, mêmement, Où l’on voyait main ornement ; Tout éclatait de broderies, D’argent, d’or, et de pierreries, Qui revêtant de si beaux corps, Ajoutaient trésors sur trésors ; Et leurs fronts, plus que de coutumes, Ombragés de bouquets de plume, Mêlés d’infinis diamants, Paraissaient encor plus charmants. […] Outre la majesté du Roi, Qui danse des mieux, croyez-moi, Et Monsieur son unique Frère, À qui le juste Ciel confère Toutes les belles qualités Qu’on souhaite aux Principautés, Un Prince du beau Sang de France43 Paraît aussi dans cette Danse, Et plusieurs Ducs, Comtes, Marquis, Tous Seigneurs de mérite exquis, Audit Ballet se laissant joindre Par des Gens de qualité moindre, Mais, pour bien danser, les meilleurs Tant du Royaume, que d’ailleurs : Mais, surtout, certaine Pucelle44 Fait dire à ceux qui parlent d’elle, Qu’on n’en voit point dessous les Cieux Qui danse et cabriole mieux. […] Enfin, pour finir mon rollet Touchant ce splendide Ballet, Les Vers en sont fort beaux à lire, Car Bensérade (c’est tout dire) Qui du Parnasse est grand Docteur, En est, ce m’a-t-on dit, l’Auteur.

70. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE PREMIERE. » pp. 2-14

Les Ballets n’ont été jusques à présent que de foibles esquisses de ce qu’ils peuvent être un jour. […] Les Programmes des Ballets qui ont été donnés, il y a un siecle ou environ, dans les différentes Cours de l’Europe, feroient soupçonner que cet Art, loin d’avoir fait des progrès, a perdu beaucoup : ces sortes de traditions, il est vrai, sont toujours fort suspectes. Il en est des Ballets comme des Fêtes en général ; rien de si beau, de si élégant sur le papier, rien de si maussade & de si mal entendu souvent à l’exécution. […] Si les Ballets en général sont foibles, monotones & languissants ; s’ils sont dénués de ce caractere d’expression qui en est l’ame, c’est moins, je le répete, la faute de l’Art que celle de l’Artiste : ignoreroit-il que la Danse est un Art d’imitation ? […] Elles peuvent avoir lieu dans un Ballet général qui termine une Fête ; elles peuvent encore passer dans des pas d’exécution, de quatre, de six, &c.

71. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 2 février  1669 »

Robinet, lettre du 2 février  1669105 Ici, notre Grand POTENTAT Ayant fait mettre bas les Armes Au DUC DES LORRAINS, par ses charmes, Ne pense plus qu’à son BALLET, Qui sera galant et follet. […] Préparation du ballet

72. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 28 décembre. Les Ballets Léonidoff. »

Les Ballets Léonidoff. […] Les « Ballets Léonidoff » qui se produisent actuellement sur la plus belle scène de Paris ne causent qu’une profonde stupeur. […] Quant à la protagoniste et maîtresse de ballet, Mme Ileana Léonidoff, elle n’a réellement aucun des dons requis pour réaliser ce qu’elle a conçu ; ni autorité plastique, ni sensibilité vivace, ni cet élan naïf qui peut suppléer quelquefois aux défaillances du métier.

73. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIV. » pp. 396-434

Il en est de même des Ballets ; il faut nécessairement les voir, & les voir plusieurs fois. […] Il n’en est point, Monsieur, qui me fatiguent autant que la composition des Ballets de certains Opéra. […] Ce Ballet, Monsieur, est d’une action chaude & toujours générale. […] Je suis dans la même impuissance relativement aux Scenes simultanées que j’avois placées dans ce Ballet. […] L’action des Ballets dont je viens de vous parler est bien moins longue à l’exécution qu’à la lecture.

74. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 25 septembre : Ballet dansé par le roi à Villers-Cotterêts — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas et Lettres en vers de Boursault »

Ces gazettes mentionnent toutes le déplacement du roi à Villers-Cotterêts sans jamais pourtant évoquer un quelconque ballet dansé par le Roi. Cependant, ils précisent qu’un bon nombre de divertissements eurent lieu et comme le ballet était un des divertissements préférés de la cour, il n’est pas impossible que le roi fut en représentation.

75. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « Préface. » pp. -

Le goût qu’il avoit pour la Danse l’engageoit dans les momens paisibles de son Regne, à donner de ces Ballets magnifiques, où ce Souverain ne dedaignoit pas de paroître lui-même avec les Princes & les Seigneurs de son Roïaume. […] Après avoir composé la Musique des divers Ballets dont je viens de parler, il entreprit de donner aux yeux de la Cour & de la Ville ces Tragedies Lyriques qui font encore l’admiration & le charme des Spectateurs. […] Beauchamp qui étoit pour lors à la Cour Compositeur des Ballets du Roi, comme Lully l’étoit de la Musique, fut choisi pour composer les Danses de l’Opera. […] Il avoit besoin de tous ses talents, pour remplacer dignement le Maître qui l’avoit précedé ; mais il en vint à bout par la varieté infinie & par les nouveaux agrémens qu’il prêta aux mêmes Ballets, que Beauchamp avoit déja fait executer. […] Il y avoit dans ce Ballet une Scene très singuliere où un Maître à danser vient vanter en chantant tous les avantages de son Art, & comme il executoit en même tems les divers caracteres de Danse qui se trouvent dans les Ballets, & qu’il avoit un peu de voix & beaucoup de goût pour le chant, il entreprit de faire ce rôle, & le remplit si bien qu’il engagea dès ce jour-là le public à remarquer avec plus d’attention les talens qu’il avoit pour la Danse, où il a soûtenu constamment ce qu’il fit attendre de lui.

76. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre II. Des Fêtes du même genre dans les autres Cours de l’Europe »

[voir Feux d’Artifice] Ces Feux furent suivis d’un Festin superbe, dont tous les Dieux de la Fable apportèrent les services, en dansant des Ballets formés de leurs divers caractères114. […] Les personnages qu’on voyait sur ces chariots étaient ceux qui allaient représenter un Ballet devant le Roi, et dont on formait par cet arrangement un premier spectacle pour le Peuple, dont la foule ne saurait, à la vérité, être admise dans le Palais ; mais qui dans ces occasions doit toujours être compté pour beaucoup plus qu’on ne pense. Toute cette pompe, après avait traversé la ville de Londres, arriva en bon ordre, et le Ballet commença. […] Après s’être montrés ainsi à une multitude innombrable, ils arrivèrent au Palais du Roi, où ils dansèrent un grand Ballet allégorique. […] Atlas fit ensuite sortir dans le même ordre les autres parties de la Terre, ce qui forma une division simple et naturelle du Ballet, dont chacun des Actes fut terminé par les hommages que toutes ces Nations rendirent à la jeune Princesse d’Angleterre, et par des présents magnifiques qu’elles lui firent.

77. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 30 octobre. Le danseur et le préjugé au travesti. »

À la veille de quitter la Russie, j’ai encore pu voir, dans l’acte final du ballet de Raimonde, ce grand pas hongrois qui est une des plus magnifiques et complexes créations décoratives et rythmiques du septuagénaire Petipa. […] Mais voici l’observation qui faisait ce beau record doublement significatif : en dehors de la Russie et depuis un demi-siècle — ou peu s’en faut — aucun ballet du monde n’apparaissait capable de le réaliser. […] Quant à ce dernier (qui fut, et cela vaut d’être mentionné, le prédécesseur, à Saint-Pétersbourg, de Marius Petipa en qualité de maître de ballet), maître des « vols planés », il doit sa technique miraculeuse non point à l’école de danse où il n’a jamais été, mais à son entraînement professionnel d’acrobate. […] La danse théâtrale qui constitue le ballet ne saurait — opine-t-il — se passer de la participation des hommes et n’admet pas les femmes travesties. Cependant l’abus du travesti — dont l’usage en Russie apparaît comme une rare exception — est une des tares du ballet d’opéra français et j’espère être soutenu dans la petite guerre d’usure que j’ai entreprise contre ce poncif inepte.

78. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 13 janvier. « Cydalise et le Chèvre-pied ». »

Il est bien rare que l’auteur d’un ballet fasse œuvre de poète. Si, par hasard, un livret n’est pas l’adaptation arbitraire et mesquine du bien d’autrui, c’est donc l’élucubration incohérente d’un maître de ballet à court de sujets empruntés. […] On ne saurait, sans la fausser, appuyer lourdement sur cette chose légère, facile, fragile, qu’est le ballet de Cydalise. […] Car cette parade délicieusement burlesque prouve qu’il nous est né un corps de ballet masculin jeune, discipliné, vaillant. […] Mais le ballet de Caillavet et de Fiers est une charmante chose française à la manière d’un biscuit de Sèvres, d’un tapis de la Savonnerie ou des Trois Sultanes jouées par Mme Favart.

79. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — 14 février : Le Sicilien ou L’Amour peintre — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 juin 1667 »

Robinet, lettre du 12 juin 1667 Depuis hier, pareillement, On a pour Divertissement Le SICILIEN, que MOLIÈRE, Avec sa charmante manière, Mêla dans ce BALLET du ROI Et qu’on admira, sur ma foi. Il y joint aussi des ENTRÉES Qui furent très considérées Dans ledit ravissant Ballet ; Et LUI, tout rajeuni du Lait De quelque autre INFANTE d’INACHE, Qui se couvre de peau de VACHE, S’y remontre enfin à nos Yeux Plus que jamais facétieux.

80. (1797) Essai ou principes élémentaires de l'art de la danse, utiles aux personnes destinées à l'éducation de la jeunesse « Des différents genres de la danse »

Dans le genre gai sont compris les ballets, les entrées de ballet, la chaconne, les danses de caractère, tels que la Matelotte anglaise et hollandaise, l’Arlequine, la Pierrote, la Petite paysanne, le Conquérant, le branle gai, le branle à mener, la bourrée, la gigue, la gavotte, les Triotées de Parisb, la Périgourdine, le Congo, le rigaudon, la valse, l’allemande, plusieurs sortes de contredanses, etc. […] Dans la présente édition, les noms propres, renvoyant à de brèves pièces chorégraphiques particulières – qui étaient à l’origine insérées dans un ballet, un bal ou un opéra – sont orthographiés avec majuscule (p. ex. « Tricotées de Paris »).

81. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre I. Des Fêtes dont la Danse a été le fond à la Cour de France, depuis l’année 1610 jusqu’en l’année 1643 »

Presque tous les grands Ballets de ce temps qui étaient les seuls amusements du Roi et des Courtisans, ne furent que de froides allusions, des compositions triviales, des fonds misérables. […] Le grand Ballet qui fut dansé par la Troupe leste qui avait suivi la Renommée, exprimait cette vérité par un pas de joie noble et vive qui termina ce grand spectacle. […] On démêle quel était son penchant naturel pour le grand, et son peu de justesse dans les choses de pur agrément par le Ballet qu’il donna au Roi dans le Palais Cardinal le 7 Février 1641 : il eut pour titre La Prospérité des Armes de la France. […] Le Ballet devint alors général, et ce pas termina le premier Acte. […] Préf. de son Traité des ballets.

82. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juin. Le ballet cambodgien. »

Le ballet cambodgien. […] Nous avons été témoins, en considérant les entrées du ballet royal, d’une délicatesse dans la perfection qui dépasse nos habitudes mentales et ne se révèle à nous que d’une manière sommaire. […] C’est la grande tradition classique du ballet français ; c’est encore l’orchestique grecque dont, décidément, nous ignorons trop de choses. Eh bien, je n’hésite pas à leur associer ce ballet cambodgien qui, hier, a déconcerté maint snob parisien par la subtilité souveraine de ses procédés plastiques.

83. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 26 février 1661 »

Loret, lettre du 26 février 1661 Malgré la dur[e]té qu’accompagne, Un certain Breton de Bretagne, Officier moderne du Roi, Ce me semble, nommé Taloi, Qui par caprice, ou par grimace, M’obligea de changer de place, Et tout plein d’autres Gens d’honneur, Qu’il irrita, le bon Seigneur ; En dépit, donc, de l’incartade D’icelui, sujet à boutade, Plus ravi qu’on ne peut penser, Mardi dernier, je vis danser, Dans toute sa magnificence, Le Ballet de l’Impatience, Qui me parut, en bonne foi, Digne d’un illustre et Grand Roi : Ses seize admirables Entrées Par moi, de près considérées, (Car, nonobstant ledit Breton, J’étais placé comme un Caton) Que, sans mentir, on trouva telles Qu’un chacun les jugea très belles. […] Anna, l’agréable Segnore,12 Qu’en secret, dans mon coeur, j’honore, Joua dans ce Royal Ballet Excellemment bien son Rollet. […] Bouti, dont l’âme est si polie, Originaire d’Italie, Dudit Ballet est l’inventeur. […] Mais trêve de Ballets, de Danses, Et d’autres telles circonstances, Dont je ne dirai bien, ni mal, Jusques en l’autre Carnaval, Où Taloi, cet Homme si rogue, N’aura peut-être, plus de vogue.

84. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — Janvier : Ballet royal — Lettres en vers au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, 2ème lettre du mois de janvier »

La Gravette de Mayolas, 2ème lettre du mois de janvier130 La REINE, qu’un chacun contemple Comme un parfait et rare exemple, Aux yeux de toute notre Cour, Au Château neuf fut l’autre jour, Avec encor Mademoiselle,131 Qui l’aime, et la suit avec zèle, Pour ouïr un concert charmant, Qu’on ajuste Royalement, Pour le Ballet que l’on prépare D’un air aussi pompeux que rare, Enfin pour le Ballet Royal, Qu’on dansera ce Carnaval.

85. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 23 février 1669 »

Robinet, lettre du 23 février 1669 J’eus, l’autre jour, mauvaise grâce D’avoir promis dans ma Préface Des merveilles sur le Couplet Du grand et florissant Ballet, Et je fis, touchant cette Corde, Ainsi que font, dans leur Exorde, La plupart de nos Orateurs, Qui promettent aux Auditeurs Plus qu’ils ne tiennent d’ordinaire. […] Laissant toute Nouvelle à part, Soit bien, soit mal, à tout hasard, Par ce beau Ballet je débute, Sans qu’en un mot je me rebute Par la grandeur de mon Sujet, Le digne et glorieux Objet De la MUSE de BENSERADE, Lequel jamais ne se dégrade Dedans un Champ d’Honneur si beau, Quoi qu’il en dise en son Rondeau, Mais y fait voir nouvelle grâce, Ainsi qu’un Maître du Parnasse, Où quand il forge es Vers neufs, L’Illustre pont dessus ses Œufs. […] Comme notre grand POTENTAT Ne fait rien qu’avec un éclat Particulier à tous ses Gestes, Beaucoup moins humains que célestes, Ce Ballet, d’un à l’autre bout, Est brillant et pompeux partout, Et l’on peut dire sans qu’on erre Qu’en la Paix, comme dans la Guerre, LOUIS n’a non plus son pareil Qu’en trouve l’unique Soleil. […] Des Faunes y viennent aussi, Et le Ballet finit ainsi Par cette quinzième Entrée, Du MONARQUE encor illustrée, Désignant un Européen, Que partout on connaît fort bien, Et le plus grand, sans que je chope, Qui soit dedans la vaste EUROPE. Voilà, pour les Provinciaux, Ce que nos petits Vermissaux, Par épitome, peuvent dire De ce Ballet de notre SIRE, Et que l’on a trois fois dansé, Cela s’entend, en la Présence De la belle REINE de FRANCE Et de son DAUPHIN, si charmant, Qu’on ne peut voir conjointement Que, pour le certain, il ne semble Voir Vénus et l’Amour ensemble.

86. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 15 février 1670 »

Robinet, lettre du 15 février 1670 Le Divertissement Royal Dont la Cour fait son Carnaval, Est un Ballet en Comédie, Je ne crains point qu’on m’en dédie, Ou bien Comédie en Ballet, Qui, ce dit-on, grandement plaît, Par ses Récits, par ses Prologues, Et les amoureux Dialogues, De Bergères, et de Bergers, Constants en amour, non légers Mais c’est tout ce que j’en puis dire, Sinon que notre Auguste Sire Fait danser, et n’y danse point, M’étant trompé, dessus ce point, Quand, sur un Livre, j’allai mettre, Le contraire, en mon autre Lettre.

87. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1667 — 5 janvier : La Pastorale comique — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 janvier 1667 »

Robinet, lettre du 9 janvier 1667 Mercredi, le cas est certain, Le Ballet fut des mieux son Train, Mélangé d’une PASTORALE Qu’on dit tout à fait joviale Et par MOLIÈRE faite exprès, Avecque beaucoup de progrès. […] Mais j’appris de la même Belle, Comme un Ange spirituelle81, Que l’excellente d’EUDICOURT, L’un des beaux Astres de la Cour, Dedans ce Ballet escarpine82 D’une manière très poupine.

88. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 16 février 1669 »

Robinet, lettre du 16 février 1669 Clio, dont le beau Feu me brûle, Et par qui sans fin je pullule Et je produis de nouveaux Vers, Sois-moi plus que jamais aujourd’hui favorable, Puisque entre mes Sujets divers, Il s’en trouve un inénarrable, À savoir le Ballet d’un Monarque adorable, Et qui doit être su partout cet Univers.  […] J’avais pensé, dans cette Épître, Tracer un simple et beau Chapitre Du BALLET de notre HÉROS ; Mais, en dussé-je avoir à dos Les Lecteurs de mes Écritures, Je n’ai pas bien pris mes mesures, Et, mon Papier se trouvant plein, Ce sera pour le Jour prochain.

89. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1664 — 13 février : Le Ballet des Amours déguisés — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 16 février 1664 »

Ce Ballet des mieux composés, S’intitule Amours Déguisés. […] Le Ballet après commença, Où notre Monarque dansa Avec cette grâce Royale Qui dans l’Europe est sans égale. […] Maint Prince, Duc et Pair de France, Qui savent aussi bien la danse, Que le Métier de guerroyer, Lorsque Mars veut les employer, Audit Ballet se signalèrent, Et fort galamment y dansèrent, Étant Gens d’élite et de choix, Mais qui plus, qui moins, toutefois, Enfin, mainte Personne illustre Parut, illec, dans tout son lustre. […] J’ai pensé faire une folie, En oubliant cette jolie, Cette pucelle Sévigny, Objet de mérite infini : Certes, moi, qui l’ai deux fois vue De divins agréments pourvue, Et d’une très rare beauté, Aux Ballets de Sa Majesté, Si quelqu’un s’en venait me dire, Et fut-ce le Roi notre Sire, As-tu rien vu de si mignon ? […] Du moins ce beau Ballet Royal, Et sérieux, et jovial, Si par hasard je l’estropie Dans cette imparfaite Copie, Il se peut vanter qu’aujourd’hui Je n’ai discouru que de lui : Enfin, je suis fort las d’écrire, Et ne croyais pas en tant dire.

90. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VII. Des Ballets Bouffons »

Des Ballets Bouffons Le premier et peut-être le meilleur ouvrage de ce genre fut représenté à Venise sur un Théâtre public85, sous le titre de la Verita raminga ; ce qui veut dire, La Vérité vagabonde, qui n’a ni feu ni lieu. […] Cette première partie du Ballet finit par une Entrée vive de Villageois qui virent la Vérité sans la craindre, sans la fuir, et sans s’intéresser à elle86. […] Les Ballets de ce genre ont donné l’idée de ces Intermèdes qu’on joint en Italie aux grands Opéras, et de ces Opéras Bouffons qu’on y représente séparément sur des Théâtres publics. […] Je ne connais que ce seul Ballet qui ait été donné au Public, comme Spectacle, ailleurs que dans les Cours des Souverains.

91. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VI. » pp. 78-109

J’entends par Danse le sérieux ; il est la base fondamentale du Ballet. […] La distribution des habits étoit telle que l’homme cessoit de paroître dès l’instant qu’il cessoit de se mouvoir ; cependant ce Ballet fut rendu avec toute la précision possible. […] Si c’est un Vestris qui danse Apollon, faudra-t-il priver le Ballet de cette ressource, & sacrifier tout le charme qu’il y répandra au charme d’un seul instant ? […] Le premier essai que j’en fis, & qui me réussit, fut dans un Ballet de Chasseurs ; & cette idée, peut-être neuve dans les Ballets, fut enfantée par l’impression que me fit une faute grossiere de M. […] Ce Ballet a été donné à Paris & à Londres, avec des habits pleins de goût, de la composition du sieur Boquet, Dessinateur de l’Académie Royale de Musique.

92. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Avant-propos » pp. 5-17

Après bien des siècles, Bergonce de Botta (Voir la note 23 du chapitre premier), dans une fête magnifique, fit renaître les ballets, et il trouva des imitateurs dans toute l’Italie. Cependant la décadence de certaines puissances dans ce royaume, fit encore éprouver une chute à la danse et aux ballets ; les Italiens perdirent leur goût pour ces spectacles ; mais Louis XIV en embellit la cour de France. Les ballets, sous ce prince, reprirent tout leur éclat, avec la pompe que pouvait y ajouter un monarque magnifique, commandant à une nation opulente et avide de plaisirs ; et on créa des spectacles étonnants par leur magie et leur richesse, lesquels ont été depuis perfectionnés jusqu’au dernier degré, par les artistes qui honorent le siècle présent. […] [3] Noverre 2, le restaurateur des ballets d’action et de l’art de la pantomime, a posé les principes qui doivent guider le maître de ballet, c’est-à-dire les compositeurs ; il a prescrit des règles aux mimes ; il a aussi écrit sur l’art, proprement dit, de la danse ; mais ses instructions à cet égard, se bornent à quelque conseil sur la poétique de l’art et à quelques légères observations sur son mécanisme. Les excellentes lettres de cet artiste célèbre, sur les ballets, ont été écrites particulièrement pour le compositeur, et ne devraient jamais sortir de ses mains ; c’est cet ouvrage qui apprendra aux artistes danseurs les véritables règles dramatiques, et la manière simple d’intéresser dans une action pantomime.

93. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Avant-propos. » pp. -

  Cette réflexion m’a porté à examiner avec une scrupuleuse attention ce qui se passe à la représentation d’un ballet pantomime et à celle d’une pièce parlée (en les supposant chacun dans leur genre d’un mérite égal). […] Au lieu d’écrire des pas sur des airs notés, comme on fait des couplets sur des airs connus, je composois, si je puis m’exprimer ainsi, le dialogue de mon ballet, et je faisois faire la musique pour chaque phrase et chaque idée. Ce fut ainsi que je dictai à Gluck l’air caractéristique du ballet des sauvages dans Iphigénie en Tauride : les pas, les gestes, les attitudes, les expressions des différens personnages que je lui dessinai, donnèrent à ce célèbre compositeur le caractère de la composition de ce beau morceau de musique. […] Je ne composai plus un ballet que les règles de ces différens arts n’y fûssent scrupuleusement observées, chaque fois que l’occasion se présentoit de les employer. […] Ils sont à l’art des ballets en action ce que les colonnes d’Hercule étoient autrefois aux navigateurs.

94. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIII. » pp. 181-196

Les meilleurs danseurs et les maîtres de ballets les plus célèbres la dédaignent, parce qu’elle n’est pour eux d’aucun secours réel. […] Non, Monsieur, c’est une erreur que de penser qu’un bon maître de ballets puisse tracer et composer son ouvrage au coin de son feu. […] Vous observez dans les ballets des marches, des contre-marches, des repos, des retraites, des évolutions, des groupes, ou des pelotons. […] Il seroit plaisant de voir un maître de ballets de l’opéra, un in-folio à la main, se casser la tête pour remettre les ballets des Indes galantes, ou de quelqu’autre opéra chargé de danses. Que de chemins différens ne faudroit-il pas écrire pour un ballet nombreux !

95. (1761) Le Festin de Pierre. Ballet Pantomime « [Plan du ballet] »

[Plan du ballet] [13] J’ai divisé le Ballet en trois actes. […] [16] Les Décorations de ce Ballet ont été faites avec beaucoup d’intelligence par le Sig.

96. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 2 juillet. Les adieux des Ballets russes. »

Les adieux des Ballets russes. […] Idzikovsky, le bon métier « académique » de Mmes Egorova et Chollar, le parti que sait tirer Mme Tchernitcheva de sa belle personnalité scénique, et certains « anonymes » du corps de ballet qui font très bien. En somme, le cadre grandiose de l’Opéra, témoin des plus grands jours des Ballets russes, dépassait quelque peu les besoins véritables de cette compagnie célèbre, mais très réduite aujourd’hui (ce qui ne veut pas dire diminuée).

97. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 19 février 1661 »

Loret, lettre du 19 février 1661 Dans fort peu, le Ballet du Roi, Fort divertissant, sur ma foi, Qu’on intitule (que je pense) Le Ballet de l’Impatience, Dans le Louvre se dansera, Et, sans doute, admiré sera : Car c’est chose très véritable Qu’il est beau, qu’il est admirable ; J’en vis (dont je fus ébaudi) La Répétition, Jeudi, Où, sans vanité, je puis dire Que j’étais placé comme un Sire ; Et, foi de sincère Normand, Le tout me parut si charmant, Que, du Roi, l’auguste prestance, Des Princes et Seigneurs la Danse, Et les concerts mélodieux Me semblèrent dignes des Dieux. […] Enfin, ce Ballet magnifique, Moitié grave, moitié comique, Id est pompeux et jovial, Se peut nommer vraiment Royal ; Et si l’on me fait cette grâce De m’y donner, encore, place, Il sera (je pense) à propos D’en dire encor deux petits mots : Mais si l’entrée on me refuse, Foi de Poète, ou foi de Muse, Et, même, foi d’Homme de bien, Je jure de n’en dire rien Dans mon autre futur Ouvrage, Ô Quel malheur ?

98. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 25 septembre : Ballet dansé par le roi à Villers-Cotterêts — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 4 octobre 1665 »

Robinet, lettre du 4 octobre 1665 Mais, pour achever ce Chapitre Et pour dépêcher notre Épître, Parlons de l’IN-PROMPTU follet ALIAS du joli Ballet Qu’on fit et dansa le Jour même, Par une diligence extrême, Qui montre qu’un simple FIAT Suffit à notre POTENTAT, Comme aux DIEUX dont il est l’IMAGE, Plus digne d’encens et d’hommage. D’ANJAU, Marquis fort martial, Pourvu du Régiment Royal, Et qui très joliment s’escrime De la Plume pour faire Rime, Par l’ordre du ROI fit les Vers, Un autre composa les Airs,58 Et ce Ballet eut neuf ENTRÉES, Qui de tous furent admirées, D’autant plus qu’en ce pressant Cas Tous les Danseurs firent leurs pas. […] Pour éclaircir ce que je dis, En marge ici je vous écris Tous leurs noms que vous pourrez lire, Et je n’ai plus rien à vous dire, Ajoutant ceux de deux Marquis, Qui la chantèrent les Récits, Si ce n’est que la COUR de FRANCE Est la seule, comme je pense, Où Gens triés sur le Volet, Puissent ainsi faire un BALLET : NYMPHES : Madame la Princesse de Monaco, Mesdemoiselles d’Elbeuf, de la Vallière et de Longueval.

99. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 février 1662 »

Loret, lettre du 11 février 1662 Le sept du mois, Mardi passé, Le Ballet du Roi fut dansé, Mêlé d’un Poème tragique, Chanté, tout du long en musique, Par des Gens Toscans et Romains, La plupart légers de deux grains ; Et, même, par l’illustre Hilaire, Qui ne saurait chanter sans plaire, Et la Barre pareillement, Dont la voix plaît infiniment, Et dont la personne excellente La Beauté même représente (Assez convenable rôlet) Dans ce beau Poème, ou Ballet ; Lequel Poème s’intitule En Français, Les Amours d’Hercule, Et dans sa naturalité Se nomme Ercole Amante. […] Pour le reste, c’est autre chose, Toutefois, si parler j’en ose, Je ne saurais faire autrement Que jaser généralement De ce Ballet plus qu’admirable, Duquel la pompe incomparable Subsiste six heures durant, Et qu’on peut nommer dix fois grand, Soit à l’égard des symphonies, Qui font de rares harmonies, Soit pour les Décorations, Les subtiles inventions, La dignité des Personnages, Les Machines dans les nuages, Les Héros, Déesses et Dieux, L’Air, la Mer, l’Enfer et les Cieux, Du Soleil, la Sphère brillante, Qui parut, tout à fait, charmante, La richesse et les ornements Des superbes habillements ; Bref, les dix-huit grandes Entrées, La moindre valant vingt bourrées : Et dont Louis, la Fleur des Rois, Paraît à la tête de trois ; Que dis-je, trois ? […] En ce Ballet que nul n’égale, Dont la dépense est si Royale, Monsieur que Dieu conserve, amen, Représente, en dansant, l’Hymen. […] Ici, je ne puis débiter Les Noms des Danseurs de remarque Du Ballet de notre Monarque, Le nombre en est trop étendu, Maint rang y serait confondu ; Et je pourrais, par ignorance, M’abuser sur la préséance.

100. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 17 août : Les Fâcheux — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 20 août 1661 »

Loret, lettre du 20 août 1661 Mais il ne faut pas que je die Le reste de la Comédie, Car bientôt Paris la verra, On n’ira pas, on y courra ; Et chacun prêtant les oreilles À tant de charmantes merveilles, Y prendra plaisir, à gogo, Et rira tout son saoul ; ergo, Pour ne faire, aux Acteurs, outrage Je n’en dirai pas davantage, Sinon qu’au gré des Curieux, Un Ballet entendu des mieux, Qui par intervalles succède, Sert à la Pièce, d’Intermède, Lequel Ballet fut composé Par Beauchamp, Danseur fort prisé, Et dansé de la belle sorte Par les Messieurs de son Escorte ; Et, même, où le sieur d’Olivet, Digne d’avoir quelque Brevet, Et fameux en cette Contrée, A fait mainte agréable Entrée.

101. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre VII. le diable boiteux  » pp. 220-261

La chute du ballet était un désastre pour Fanny. […] Pour ses débuts, le nouveau directeur n’eut pas à se louer du ballet, ni du corps de ballet. […] Dans ce ballet, on avait fini par donner un rôle à Thérèse. […] Son esthétique du ballet était plus romantique que ses tragédies. […] C’en était fait de la décence rigide de l’ancien ballet.

102. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre quinzième et dernière. » pp. 216-240

Le ballet dont je vais vous entretenir a pour titre l’Amour Corsaire, ou l’Embarquement pour Cythère. […] Une marche de triomphe forme l’ouverture de ce ballet ; les Nymphes mènent en lesse les vaincus ; l’Amour ordonne des fêtes, et le divertissement général commence. […] La contredanse noble de ce ballet se dégrade insensiblement de deux en deux, et tout le monde se place successivement sur le vaisseau. […] Après plusieurs pas particuliers qui peignent l’enjouement et la volupté, le ballet est terminé par une contre-danse générale. […] Ce ballet a été mis avec soin, et rien n’a été épargné.

103. (1921) Danse et musique « Danse et musique, par André Suarès — VI » p. 137

VI La barre de mesure porte tout le ballet moderne, à l’égal de l’ancien. […] Le ballet est si vieilli qu’il tourne en peinture : c’est un tableau vivant, que la symphonie veut embellir et qu’elle nuance.

104. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1663 — 3 octobre : Ballet des Noces de Village — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 6 octobre 1663 »

Loret, lettre du 6 octobre 1663 […] Vers le milieu de la semaine On Dansa, dit-on, à Vincennes, Au grand appartement Royal, Un petit Ballet jovial, Qui d’une Noce de Village Était la Peinture, ou l’Image, Qui fut des mieux exécuté, Et dont était Sa Majesté, Plusieurs Seigneurs et quelques Princes, Et d’autres Gens un peu plus minces. Faute d’avis, venus à temps, Je ne vis point ce passe-temps, Car, pour lors, j’étais à Versailles, Avec des gens levant la paille, Qui n’étaient ni Comtes, ni Marquis, Mais des Gens de mérite exquis, Et des Dames belles et bonnes, Deux desquelles sont fort Mignonnes, Et toutes, très certainement, Pleines d’esprit et d’agrément ; Nous vîmes le subtil Dédale De cette Demeure Royale, Du jardin les charmants attraits, Les belles Chambres, les Portraits, Nous fîmes grande mangerie, Nous vîmes la Ménagerie, Dont les chères commodités, Dont les belles diversités, Dont les raretés infinies Réjouissent les Compagnies, Et cela tint lieu de Ballet, À votre très humble Valet.

105. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 mars 1669 »

Robinet, lettre du 9 mars 1669 Le lendemain, le Grand Ballet Chez le ROI joua son Rôlet, Et le lundi d’ensuite encore, S’entend bien, le Ballet de Flore, Où la Cohue et le Concours Furent tels, en ces derniers jours, Qu’à part Française Courtésie116, L’Officier, dans sa frénésie, Repoussait par de félons coups Le susdit Sexe aimant le doux, Et (dont il n’était pas en fête) Le jetait tout franc à la tête, Si qu’un Huissier en eut au Chef Fort malle bosse, par méchef.

106. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre deuxième — Chapitre III. Suite du Précédent »

Elle eut la bonté de me mettre de toutes ses parties ; et je me souviens, qu’elle voulut bien m’apprendre elle-même le pas d’un ballet qui fut exécuté avec beaucoup de magnificence. […] Je trouve dans les Mémoires du temps, qu’on y exécuta plus de quatre-vingts grands Ballets, depuis 1689 jusqu’en 1610, beaucoup de Bals magnifiques, et un très grand nombre de Mascarades fort singulières. […] L’Hiver de 1608, disent les Mémoires de Sully, Liv. 25, se passa tout entier en de plus grands divertissements encore que les autres, et dans des Fêtes préparées, avec beaucoup de magnificence… l’Arsenal était toujours l’endroit où s’exécutaient ces Jeux et ces Spectacles qui demandaient quelque préparation… J’avais fait construire à ce sujet une salle spacieuse... un jour qu’on représentait un fort beau Ballet dans cette salle, etc.

107. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Euthyme et Eucharis. Ballet héroï-pantomime. » pp. 51-63

Ballet héroï-pantomime. […] Il faut croire encore que ce que nous nommons danse et ballet n’est rien moins que pantomime. […] Le ballet, qui emprunte de la danse une partie de ses charmes, est l’art du dessin, des formes et des figures. […] Sujet du ballet. […] L’amitié réunit les deux amans, concilie les deux époux, et cette entrée de neuf personnes qui n’est qu’un épisode, peut donner une esquisse des ballets moraux.

108. (1909) Une vie de danseuse. Fanny Elssler « Chapitre premier. les années d’apprentissage  » pp. 1-36

Le premier, inauguré en 1763, jouait le grand opéra et donnait chaque semaine, à jour fixe, des ballets. […] Cet habile homme avait réuni et stylé un corps de ballet de près de deux cents enfants, âgés de six à douze ans. […] Ses remarquables aptitudes frappèrent Aumer qui exerçait dans ce théâtre une véritable souveraineté sur le corps de ballet. […] Enfin elle dirigea les compositeurs de ballets dans le choix de leurs sujets. […] Il y eut des soirées dansantes en grand nombre et, au théâtre, le ballet bénéficia de cette soif de plaisir.

109. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre troisième — Chapitre III. Fêtes de Louis XIV relatives à la Danse, depuis l’année 1643 jusqu’en l’année 1672 »

On trouve les traces de ces trois qualités distinctives dans tous les Bals et les grands Ballets qui furent faits sous ses yeux. […] J’ai dit que Benserade était chargé de la composition des grands Ballets de la Cour. […] Quelques quatrains assez ingénieux avaient plus fait pour le Poète de Société, que vingt Ballets représentés avec succès n’avaient pu faire pour le Poète en titre d’office. […] Il composa le Ballet des Amours déguisés : on fit les plus riches préparatifs pour son exécution : le Roi voulut y danser : les Dames les plus qualifiées, les Seigneurs les plus distingués y briguèrent des Entrées. […] Le Ballet de Flore représenté le 13 Février 1669 fut le dernier dans lequel Louis XIV dansa.

110. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre II. Origine des Ballets »

Origine des Ballets Il n’y eut point de Théâtres en Italie avant la fin du quinzième siècle. […] Elle fut terminée par la mort du Sanglier de Calydon, qu’ils offrirent au jeune duc, en exécutant des Ballets de Triomphe. […] Ce Spectacle disparut, et il se forma un grand Ballet composé des Dieux de la Mer et de tous les Fleuves de Lombardie. […] C’est cette représentation Dramatique, peu régulière, mais remplie cependant de galanterie, d’imagination et de variété, qui a donné dans la suite l’idée des Carrousels, des Opéras, et des grands Ballets à machines.

111. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 13 février : Le Ballet de Flore — Lettre en vers et en prose au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 10 mars 1669 »

Lundi, vous dansâtes encore L’agréable Ballet de Flore ; Les Étrangers, les Courtisans, Qui dans la Salle était présent, Comme les Dames les plus belles, Y virent des grâce nouvelles. […] Le passe-temps du Carnaval, Masquarade, Ballet, ni Bal, N’empêchent point votre prudence Et votre juste vigilance De travailler avec éclat À ce qui regarde l’État, Et de bien régler les affaires, Glorieuses et nécessaires, Dont vous venez si bien à bout Que vous trouvez du temps pour tout.

112. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — DERNIERE LETTRE. » pp. 435-484

Le Ballet dont je vais vous entretenir a pour titre l’Amour Corsaire, ou l’Embarquement pour Cythere. […] Une marche de triomphe forme l’ouverture de ce Ballet, les Nymphes menent en laisse les vaincus, l’Amour ordonne des fêtes & le divertissement général commence. […] La Contre-danse noble de ce Ballet se dégrade insensiblement de deux en deux & tout le monde se place successivement sur le Vaisseau. […] Après plusieurs pas particuliers qui peignent l’enjouement & la volupté, le Ballet est terminé par une Contre-danse générale. […] Ce Ballet a été mis avec soin & rien n’a été épargné.

113. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre premier — Chapitre VIII. Des Moralités »

Jupiter lui accorda encore cette requête, et les Chevaliers et leurs Dames descendant des nues sur le théâtre au son de plusieurs Instruments dansèrent divers ballets ; ce qui fut la fin de cette belle Moralité. » [Voir Fête (Beaux-Arts)] Quel monstre qu’une pareille composition ! […] Ces Ballets étaient encore d’une espèce différente des Ballets Moraux, dont j’ai parlé au Chapitre VI.

114. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome III [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Avertissement. » pp. 33-34

J’ai hésité quelque tems à joindre à cette édition de mes lettres sur la danse et sur les arts, quelques-uns des programmes de mes ballets : je ne me dissimule pas que ce ne sont pas précisément des ouvrages, et qu’ils n’apprennent rien sur l’art de la danse proprement dit. Cependant en y réfléchissant, j’ai pensé que ces programmes pourroient avoir quelqu’utilité, ou plutôt qu’ils en avoient une très réelle ; en effet, c’est d’après eux que la plupart des ballets qu’on a donnés au public depuis moi ont été dessinés ; on a fait mieux, on ma fait l’honneur d’en prendre plusieurs et de les suivre scène par scène. […] Quoiqu’il en soit, mes programmes de ballets ont appris à travailler un plan, à lui donner les grandes divisions qui forment les actes, et les sous-divisions, qui déterminent les scènes.

115. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1660 — 19 février : Ballet accompagnant Stilicon de Thomas Corneille — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 21 février 1660 »

Loret, lettre du 21 février 1660 Mollier, Esprit de bon aloi, Illustre Musicien du Roi, Par une agréable boutade, Fit un Ballet, ou Mascarade De Bergères et de Bergers,1 Qui ne craignant plus les dangers2 De la Guerre, qui tout saccage, Dansaient des Danses de Village ; Mais avec tant d’agilité,3 De grâce et de dextérité,4 Que les meilleurs Danseurs des villes N’auraient pas été plus habiles. […] Floridor, et ses Compagnons,5 Sans être incités, ni semons, Que pour la véritable joie Que dans les cœurs la Paix envoie, Pour réjouir Grands et petits, Jeudi, récitèrent, gratis, Une de leurs Pièces nouvelles,6 Des plus graves et des plus belles, Qu’ils firent suivre d’un Ballet, Gai, divertissant et follet, Contribuant, de bonne grâce, Aux plaisirs de la populace, Par cette générosité, Autrement, libéralité, Qui fut une évidente marque De leur zèle pour le Monarque.

116. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1666 — 2 décembre : Le Ballet des Muses — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 23 janvier 1667 »

Robinet, lettre du 23 janvier 1667 La COUR, à SAINT GERMAIN en LAYE, Où se rencontre mainte Laye, Se divertit semblablement, Tout à fait agréablement, Et l’excellent BALLET des MUSES, Qui vraiment ne sont plus camuses Depuis que, de belle hauteur, LOUIS se dit leur Protecteur, Contient tant de choses plaisantes Et qui sont si satisfaisantes Qu’il vaut seul, par ces Agréments Les autres Divertissements. À propos de Réjouissances, De Cadeaux, de Momons, de Danses, CLOTON aussi ne fait pas mal, De son côté, le CARNAVALL, Et l’on danse en toutes Contrées Son grand BALLET, d’autant d’ENTRÉES Qu’il est de Mortels et d’Emplois, Sans excepter Papes ni Rois, De cette Loi dure et griève.

117. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 8 janvier. Esquisse pour un portrait de Mlle Camille Bos. — les Ballets Léonidoff. — « l’automne » et les « chansons arabes ». »

. — les Ballets Léonidoff. — « l’automne » et les « chansons arabes ». […] Le « texte chorégraphique » des ballets mêmes y est de nos jours réduit à son expression la plus simple ; les difficultés qui sont aussi des beautés sont soigneusement élaguées ; de cette façon, la plupart des rôles peuvent de confiance être mis entre toutes les mains. […] Or, les ballets Leonidoff restent en dehors de cette alternative. […] De tous les ballets cités et de plusieurs autres, Mme Leonidoff est la protagoniste. […] Ainsi les ballets Léonidoff ne sont aucunement un spectacle parisien.

118. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Programmes de ballets] — Belton et Eliza. Ballet pantomime. » pp. 223-233

Ballet pantomime. En un acte   Sujet du ballet. […] Ce petit ballet est terminé par des danses particulières et générales. […] C’est au maître de ballets à observer cette variété et à la saisir ; car les Anglais et les Anglaises ne dansent point comme les nègres et les négresses, et les Indiens ne dansent point comme ceux-ci. Au reste, ce ballet doit peindre l’allégresse générale avec les nuances délicates que chaque quadrille exige.

119. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 19 février : Ballet de l’Impatience — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 5 mars 1661 »

Loret, lettre du 5 mars 1661 Pour plaire à quatre Demoiselles, Que je crois, toutes, fort pucelles, Le Lundi gras, jour jovial, Je revis le Ballet Royal, Ayant honorable séance Près de Gens de haute importance, Où par pure bonté d’esprit, Monsieur de Taloi me souffrit,13 Quoi que, pourtant, quelques personnes, En mon endroit, un peu félonnes, Eussent animé contre moi Cet ardent Officier du Roi ; Je m’étais (outré de colère) Plaint de son procédé sévère, Mais j’aurais été bien fâché D’avoir à son honneur touché ; Et depuis icelle boutade, Charnassé, son cher Camarade, M’a conté tant de bien de lui, Qu’il se peut vanter, aujourd’hui, Que je l’honore et je l’estime, Aussi bien en prose, qu’en Rime.   Ledit Ballet je revis, donc, Agréable s’il en fut, onc, Où, du Roi, la belle prestance, L’air noble, la taille et la danse, Comblèrent, en ce temps de Paix, Les cœurs, d’amour, plus que jamais.

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