Premierement, à ce Piroüetté où le corps n’est posé que sur un seul pied, le plié doit estre pris très-doucement le corps entierement posé sur la jambe qui plie, parce que celle qui marche ce n’est que la pointe qui pose à terre, & qui sert pour ainsi dire de guide au corps pour se tourner autant qu’il le doit être, & lorsque vous vous relevez ce doit être avec la même douceur que vous vous êtes plié : ainsi les mouvemens doux sont toûjours les plus gracieux & sont plus agréables. […] Il s’en fait un autre dans un genre different des précedens, qui se fait de cette maniere : étant à la deuxiéme ou quatriéme position, car il se prend également de l’une comme de l’autre, & le corps posé sur un seul pied, la pointe de l’autre à terre, vous pliez les deux genoux, & vous vous relevez en sautant sur le pied où le corps est posé ; mais en sautant le pied qui ne posoit qu’à demi, la jambe s’étend en suivant le corps dans le tour qu’il fait, soit à droit ou à gauche, si vous devez tourner du côté droit vous pliez, & vous sautez sur le pied gauche, & la jambe droite & le bras droit s’étend ; ce qui vous fait tourner du côté droit & de même du côté gauche.
Les ployés dans toutes les positions, les grands et les petits battements, les ronds de jambe à terre et en l’air et les petits battements sur le cou-de-pied sont les exercices du danseur. […] La leçon se ferme par tourner les pirouettes, par des temps terre à terre, et par des temps de vigueur.
Ils sortaient à peine des mains du Créateur la voûte azurée des Cieux, la lumière, l’éclat, la chaleur du Soleil, les Astres de la nuit, l’immense variété des productions de la terre, tous les Êtres vivants et inanimés, étaient pour les yeux des premiers humains, des signes éclatants de la toute puissance de l’Être Suprême, et des motifs touchants de reconnaissance pour leurs cœurs.
Le plié, c’est fléchir les genoux, comme le démontre la planche deuxième ; le glissé, soit qu’il s’exécute en avant, en arrière, à droite ou à gauche, est l’action de changer le pied d’une position à l’autre sans abandonner terre, ce qui s’exécute ordinairement avec le plié ; le marché et le tendu sont de porter les pieds dans les différentes positions, la pointe du pied basse, le jarret et le cou-de-pied tendus ; le sauté, c’est s’élever par un mouvement rapide, soit sur une jambe, soit sur l’autre ou sur les deux ensemble : on verra, dans la description suivante, des différents genres de danses, l’application et l’emploi des pas ci-dessus désignés.
Quoique j’aye donné la maniere de faire ces demi-coupez dans la construction du pas du Menuet, néanmoins pour vous en donner de suite l’intelligence, je dirai que lorsque vous voulez faire un fleuret, étant posé à la quatriéme position, si c’est le pied gauche que vous ayez devant, qu’il faut que le corps soit entierement dessus, en approchant le pied droit à la premiere position, sans qu’il touche à terre ; puis plier les deux genoux également, ce qui s’appelle plier sous soi, mais il ne faut pas passer le pied droit devant vous à la quatriéme position, que lorsque vous avez plié, & du même tems qu’il est passé vous vous élevez sur la pointe : puis marcher deux autres pas tout de suite sur la pointe ; sçavoir, l’un du gauche, & l’autre du droit, & à ce dernier il faut poser le talon, en le finissant, afin que le corps soit plus ferme, soit pour en reprendre un autre, ou tel autre pas que la danse que vous dansez le demande ; mais pour se mettre dans l’habitude de faire ainsi que des autres, il est à propos d’en repeter plusieurs de suite ; outre que cela vous donne la facilité de faire d’un pied ce que vous faites de l’autre. […] D’autres qui se font de côté en effaçant l’épaule ; qui se pratique de la maniere suivante, sçavoir le corps posé sur le pied gauche, vous pliez dessus ayant le pied droit en l’air prés du gauche, & vous le portez à côté en vous élevant sur la pointe & en retirant l’épaule droite en arriere, mais la jambe gauche suit la droite, & se pose derriere à la troisiéme position, les genoux étendus sur la pointe ; & pour le troisiéme vous laissez glisser le pied droit devant à la quatriéme position, en laissant poser le talon à terre ce qui finit ce pas ; le corps étant posé sur le droit vous pouvez plier dessus, & en faire un autre du gauche, en observant les mêmes principes, on les trouve placés à la fin de la Bretagne, & dans plusieurs autres danses de Ville ; lorsque ces pas sont bien pris, ils sont des plus gracieux. Il s’en fait aussi d’une autre façon, que l’on appelle pas de Bourée ouverts qui se font de la maniere suivante, sçavoir si on le prend du pied droit l’ayant en l’air, à la premiere position : vous pliez sur le gauche & vous portez le droit à côté à la deuxiéme position & vous élevez dessus : en vous élevant sur le droit la jambe gauche suit la droite en s’approchant à la premiere position, dans le même tems le pied droit se pose entierement, & de suite vous posez le pied gauche à côté à la seconde position en posant le talon premier, & lorsque le corps se pose sur ce pied, vous vous élevez sur la pointe ; ce qui attire la droite dont le pied se glisse derriere le gauche jusqu’à la troisiéme position, ce qui termine ce pas ; mais si vous en voulez faire un autre du pied gauche, il faut poser le talon droit à terre & plier dessus, & porter le pied gauche à côté en observant la même maniere, d’autant que l’on doit s’habituer de faire un pas d’un pied comme de l’autre.
Or, les beaux Concerts dans la Grotte, Afin que tout d’ordre je cotte, Les Bals et somptueux Festins Pour les Compères Intestins, Les Branles à l’Escarpolette, Où dans l’air on fait gambillette, La Promenade dans les Bois, Qui reverdissent en ce mois, Et la Françoise Comédie,94 Qu’accompagnait la Mélodie, Ont été les Plaisirs charmants Et les plaisants Ébatements De cette Cour brillante et leste, Dans cet Éden presque céleste, Où l’Air, le Ciel, la Terre et l’Eau, Lorsqu’on y fait royal Cadeau, Montrent, pour le rendre agréable, Tout ce qu’ils ont de plus aimable.
Je suppose que vous deviez le faire du pied droit ; ainsi ayant le pied gauche devant, & le corps posé dessus, & le pied droit derriere à la quatriéme position, le talon levé prest à partir, de là vous pliez en ouvrant le pied droit à côté, & lorsque vous êtes élevé & les genoux étendus, vous glissez le pied droit devant jusqu’à la quatriéme position, & le corps se porte dessus entierement, mais à mesure que le pied droit se glisse devant, le genou gauche se détend & son talon se leve, ce qui renvoye avec facilité le corps sur le pied droit, & du même tems vous vous élevez sur la pointe : ensuite vous baissez le talon appuyant tout le pied à terre, ce qui termine votre tems de Courante ou pas grave, le corps étant dans son repos par le pied qui pose entierement ; de là vous pouvez en faire un autre du pied gauche en observant les mêmes précautions, & même pour se mettre dans l’habitude de les faire, il en faut repeter plusieurs de suite tant d’un pied que de l’autre. J’ai vû plusieurs personnes les prendre de la premiere position, ils font aussi un fort bon effet, ils m’ont paru plus difficiles, d’autant que lorsque le corps se pose sur un pied, la jambe de derriere suit, & s’approche de l’autre à la premiere position, & de là vous pliez & vous vous élevez du même tems sans passer le pied, que lorsque les jambes sont bien étenduës, vous posez le talon du pied sur lequel vous vous estes élevé, & son genou se détend à mesure que vous glissez le pied qui étoit en l’air jusqu’à la quatriéme position, qui est l’étenduë ou proportion rde votre pas ; mais comme vous passez le pied à plein, & que le talon porte à terre, le corps se pose facilement sur ce pied, & vous vous élevez sur sa pointe, & de suite laissez appuyer le pied ce qui termine ce pas, on en fait aussi en allant de côté : alors on le commence dans une position differente ; parce que ordinairement il se fait après un pas de Bourée dessus & dessous, qui finit son dernier pas à la troisiéme position.
Figure preste à faire le tems de Courante [Légende intérieure] 6 Rond du poignet 5 5 Rond du coude de haut en bas 7 3 Cette premiere Figure a le corps posé sur le pied droit à la 4e. position 1. le talon du pied gauche levé 3. n’y ayant que la pointe du pied qui touche à terre, & par consequent prête à marcher, le bras gauche 4. opposé au pied droit, & le bras droit 5. étendu à côté, la main en dehors 6. […] Afin qu’étant expliqué si distinctement vous puissiez les faire de suite ; ce qui se doit entendre aussi d’un pied comme de l’autre, & en continuer plusieurs jusqu’à ce que vous soyez au haut ; puis il faut revenir en arriere, observant qu’après avoir fini votre dernier tems, vous posiez le pied qui est derriere à terre & le corps dessus : afin de faire des demi-coupez en arriere qui se prenent de la maniere suivante.
Ce sont là (si j’ose m’exprimer ainsi) les premiers jets qu’a produits cet Art ; mais semblable à ces sources fécondes, qui, presqu’en sortant du rocher, à travers lequel elles se sont frayé un passage, s’étendent, grossissent et forment de grandes rivières, on le vit, dès son origine, se répandre chez toutes les Nations de la terre.
Du plié et du Tendu Lorsqu’on saura bien les cinq positions, on se placera à la première, on pliera les genoux le plus bas et le plus lentement possible, sans lever les talons, ayant toujours les pieds à plate terre, observant qu’en pliant il faut que les genoux tombent en dehors et dans la direction de la pointe des pieds, avançant la ceinture et faisant bien attention que le corps et la tête ne fasse aucun faux mouvement, ce qu’on doit répéter de même, tant du pied droit que du pied gauche.