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120. (1724) Histoire générale de la danse sacrée et profane [graphies originales] « Histoire generale de la danse sacrée et prophane : son origine, ses progrès & ses révolutions. — Chapitre IV. De la Danse des Balets des Anciens & des Modernes, avec quelques descriptions des plus singulieres, & de l’origine de la danse Théâtrale. » pp. 70-111

Ce Monarque figuroit avec Messieurs Legrand, le Maréchal de Villeroy & la Rochefoucault ; & l’on peut dire qu’il l’emportoit de beaucoup sur les autres, ayant passé pour le danseur le plus gracieux de son tems. […] Aristoxene dans son Traité de la Musique, dit que les femmes de Grece chantoient & dansoient une chanson qu’elles nommoient Calycé : une fille de ce nom étant devenue amoureuse d’un jeune homme nommé Evatius, demande à Venus pour toute faveur de l’épouser ou de mourir : si elle ne peut vaincre par l’intercession de la Déesse, l’indifférence du mortel, ses vœux n’étant point exaucez, elle se précipite de désespoir dans la mer : ce sujet fut encore un canevas pour l’invention des Balets tragiques dès ce tems-là. L’avanture du jeune Boreus aussi beau qu’Adonis, qui en puisant de l’eau à une fontaine, disparut & fut enlevé par les Nymphes, donna lieu à une chanson tendre & lamentable, qui, au rapport de Mimphis Auteur Grec de la Ville d’Héraclée, se chantoit encore de son tems, avec des gestes & des mouvemens pleins de compassion & de pitié, qui exprimoient la douleur de la famille de Boreus, dont il étoit tendrement aimé. […] Une troupe de petits Amours effrayez d’un accident si surprenant, sortent avec précipitation des ruines du Palais, & retiennent une partie des déguisemens qu’ils n’ont pas eu le tems de dépouiller tout-à-fait : les uns ont encore les plumages des oiseaux, d’autres une partie des habits des Nymphes & danseurs, qu’ils avoient pris pour servir la passion d’Armide ; ce qui termina le Balet. […] Enfin l’on voyoit dans cette représentation Bal, Balet, Comédie, Festins, Concert, sabat, toutes sortes de passions, des curieux, des mélancoliques, des furieux, des amans passionnez, des amoureux transis, une maison en feu, des personnes allarmées ; desorte qu’il seroit difficile de représenter rien de plus accompli en matiere de Balet ; aussi n’en a-t-on point vû de pareils depuis ce tems-là.

121. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 4 février : Divertissement royal, Les Amants magnifiques — Lettres en vers et en prose au Roi de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre de la fin février 1670 »

La Gravette de Mayolas, lettre de la fin février 1670 Grand ROI, de qui la complaisance, Se joint à la magnificence, Nous donnant un Ballet Royal Pendant le temps du Carnaval, Je puis assurer, je puis dire Que toute la terre l’admire, Et qu’on y court de tous côtés Pour voir ces pompeuses beautés, Dont les surprenantes merveilles Charment les yeux et les oreilles : Et même le Roi Casimir De le voir ayant le désir, Dit après ce plaisir aimable Qu’on ne peut rien voir de semblable, Et que la Cour du Grand LOUIS Sur toute autre emporte le prix, Soit en pompe, soit en richesse En bonne grâce et politesse.

122. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Appendice à l’ouvrage — Traduction des passages italiens parsemés dans cet ouvrage » pp. 115-118

Car les causes en étant accidentelles, particulières, de peu de durée, et lui étant étrangères ; elles peuvent bien pendant quelque temps et dans certaines circonstances, altérer son jugement, mais elles ne peuvent jamais le faire changer absolument. […] Le Rythme est ce qui distingue plus sensiblement les compositions musicales ; parce que les combinaisons diverses et infinies des différents temps que la musique emprunte du Rythme avec une grande variété, produisent les différences sensibles d’un air avec un autre, ou de tel ou tel autre motif, d’une pensée, d’un trait, du sujet, sous quelque dénomination qu’on veuille les placer, ce qui a fait dire à Virgile « Qu’il se rappellerait bien l’air s’il avait, les paroles présentes à l’ esprit. » Avec ce Nombre ou Rythme (que nous réglons par la mesure), les danseurs peuvent, sans avoir besoin de l’harmonie (c’est-à-dire du chant ou du son d’un instrument), exécuter leurs imitations. […] Quand l’homme s’élance en haut, la tête est trois fois plus active que le talon du pied avant que les doigts se détachent de la terre, et deux fois plus rapide que les hanches, ce qui arrive parce que dans le même temps sont effacés trois angles, dont le supérieur est celui ou le buste se joint par-devant aux cuisses, le second celui où les cuisses du côté du jarret sont unies aux jambes, et le troisième est formé par devant de la réunion de la jambe avec le cou-de-pied.

123. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 19 février. Une grande danseuse russe. Mme Véra Tréfilova. — Émotion et abstraction. — Mélodie continue. — Exotisme transposé. — Deux Moscovites : Novikoff, Clustine. »

Car il y a beaucoup de danseuses, même médiocres, qui s’ingénient à emporter de haute lutte telle difficulté ou de réussir par hasard un temps très brillant. […] De quelques mouvements du poignet qui s’incurve délicatement, de quelques déformations de temps classiques que la danseuse fait dévier « en dedans ». […] Et maintenant il est grand temps que je m’en aille à l’Opéra revoir ce ballet de Thaïs qui semble fait exprès pour le talent pétulant, pétillant, provocant de Mlle Anna Johnsson, la protagoniste du jour.

124. (1757) Articles pour l’Encyclopédie « Sur la danse ancienne »

Dans le temps qu’ils étaient encore plongés dans la plus stupide ignorance, Orphée qui avait parcouru l’Egypte et qui s’était fait initier aux mystères des prêtres d’Isis, porta, à son retour, dans sa patrie leurs connaissances et leurs erreurs. […] Il n’est donc pas étonnant que les Chrétiens, en purifiant par une intention droite une institution aussi ancienne, l’eussent adoptée dans les premiers temps de l’établissement de la foi. […] Malgré les abus qui s’étaient déjà glissés dans cette fête du temps de saint Paul, elle subsistait encore lors du concile de Langres en l’année 320, où on tâcha de les réformer. […] Lucien nous apprend qu’eux seuls l’exécutaient de son temps. […] Cette fête commencée dès l’aurore et continuée pendant tout le jour, fut par la succession des temps poussée bien avant dans la nuit.

125. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre V. » pp. 32-39

Si vous consultez Lucien, vous apprendrez de lui, Monsieur, toutes les qualités qui distinguent, et qui caractérisent le grand maître de ballets, et vous verrez que l’histoire, la fable, les poëmes de l’antiquité et la science des temps exigent toute son application. […] Le ballet est une espèce de machine plus ou moins compliquée, dont les différents effets ne frappent et ne surprénent qu’autant qu’ils sont prompts et multipliés ; ces liaisons et ces suites de figures, ces mouvemens qui se succédent avec rapidité, ces formes qui tournent dans les sens contraires, ce mélange d’enchainemens, cet ensemble et cette harmonie qui règnent dans les temps et dans les développemens, tout ne vous peint-il pas l’image d’une machine ingénieusement construite ? […] Ne croyez pas que les maladies de ces animaux ayent été l’unique but de ses études anatomiques ; il a forcé, pour ainsi dire, la nature à lui avouer ce qu’elle avoit constamment refusé de révéler jusqu’à lui ; la connoissance intime de la succession harmonique des membres du cheval dans toutes ses allures, et dans tous les Airs, ainsi que la découverte de la source, du principe, et des moyens de tous les mouvemens dont l’animal est susceptible, l’ont conduit à une méthode unique, simple, facile, qui tend à ne jamais rien exiger du cheval que dans des temps justes, naturels et possibles ; temps qui sont les seuls où l’exécution n’est point pénible à l’animal, et où il ne sauroit se soustraire à l’obéissance.

126. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre VII. » pp. 72-80

C’est par mon application, mon zèle et mes efforts, que je suis parvenu, Monsieur, à tirer la danse de l’état de langueur, et de léthargie dans la quelle elle étoit plongée ; j’eûs le courage de lutter contre des préjugés fortement enracinés par le tems, et l’habitude ; j’ouvris une nouvelle carrière à la danse ; j’y marchai d’un pas assuré ; les exemples frappants que les talens supérieurs de l’immortel Garrick m’offrirent pendant mon séjour à Londres redoublèrent mon application, et animèrent mon zèle ; j’abandonnai le genre que j’avois adopté, et m’attachai au seul, qui convient à la danse, la pantomime héroïque. […] Dans un instant, Monsieur, je vous entretiendrai des deux causes qui s’opposent à la perfection de l’art pantomime, et dont les difficultés sont telles, que le tems et l’étudene pourront jamais les vaincre. […] Il est tems de vous parler des deux obstacles, qui m’ont arrêté ; ils font mon déséspoir, et ils feront, je n’en doute point, celui des compositeurs capables de réléchir sur les possibilités et les impossibilités de leur art. […] J’eûs beaucoup de peine à retrouver l’éscalier de ces catacombes ; je me heurtois fortement la tête et les jambes ; mais je parvins enfin à sortir de ce lieu triste et ténébreux ; je traversai péniblement l’ancienne Rome ; j’étois entouré de décombres ; mais au milieu d’eux, je voyois encore de magnifiques colonnes, de superbes portiques, et de belles statues échappés à la main destructive des barbares, et. que le tems avoit respectés.

127. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE V. » pp. 61-77

Si vous consultez Lucien, vous apprendrez de lui, Monsieur, toutes les qualités qui distinguent & qui caractérisent le grand Maître de Ballets, & vous verrez que l’Histoire, la Fable, les Poëmes de l’antiquité & la Science des temps exigent toute son application. […] Ces liaisons & ces suites de figures ; ces mouvements qui se succédent avec rapidité ; ces formes qui tournent dans des sens contraires ; ce mêlange d’enchaînements ; cet ensemble & cette harmonie qui régnent dans les temps, & dans les développements : tout ne vous peint-il pas l’image d’une machine ingénieusement construite ? […] Ne croyez pas que les maladies de ces animaux aient été l’unique but de ses études anatomiques ; il a forcé, pour ainsi dire, la nature à lui avouer ce qu’elle avoit constamment refusé de révéler jusques à lui ; la connoissance intime de la succession harmonique des membres du cheval dans toutes ses allures & dans tous les airs, ainsi que la découverte de la source, du principe & des moyens de tous les mouvements dont l’animal est susceptible, l’ont conduit à une méthode unique, simple, facile, qui tend à ne jamais rien exiger du cheval, que dans des temps justes, naturels & possibles ; temps qui sont les seuls où l’exécution n’est point pénible à l’animal, & où il ne sauroit se soustraire à l’obéissance.

128. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1660 — 15 décembre : Ballet de la revente des habits du ballet — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 18 décembre 1660 »

Enfin, grâce à Monsieur Bontemps,8 Je passai là fort bien mon temps, N’étant pas sur chaise durette, Mais sur des sièges de moquette, Près de certains Messieurs de Cour, Qui pour nos Vers ont quelque amour.

129. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Avx cavaliers et avx dames, par luy mesme. »

La Lavze leur fait veior l’ordre de tous les pas, Graues, & negligens, auec temps & mesure.

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