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15. (1765) Dissertation sur les Ballets Pantomimes des Anciens, pour servir de programme au Ballet Pantomime Tragique de Sémiramis « [Seconde partie] »

34En jetant ainsi sur le papier tout ce que j’ai pu acquérir de simples lueurs ou de véritables lumières sur la Danse Pantomime, je suis bien éloigné de prétendre diminuer le mérite de ceux de mes confrères qui ont pris une autre route. Tout mérite a cependant des nuances, et celui d’un chacun doit (à ce qu’il me paraît) être apprécié à sa juste valeur, en le considérant tel qu’il est dans sa sphère, sans le confondre, comme on fait souvent, avec celui d’un degré plus inférieur, ou plus éminent : faute de connaissances et de raisonnement on ne manque presque jamais dans les jugements qu’on porte sur les Beaux Arts et sur les talents, de faire descendre ou d’élever ceux qu’on veut honorer ou avilir. Dans notre Art cette confusion d’idées sur le mérite différent de ceux qui le professent se fait remarquer encore plus communément que dans les autres, dans les jugements que chacun porte à sa fantaisie sur les Compositeurs des Ballets et sur les Danseurs. […] 44Une pareille musique est aussi difficile à faire qu’il est difficile de versifier le plan d’une tragédie, tout doit parler dans cette musique : elle doit nous aider à nous faire entendre ; et elle est un de nos principaux ressorts pour émouvoir les passions ; d’après cette esquisse on peut juger de son mérite.

16. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre XIII. » pp. 181-196

Tout acteur qui triomphe par ses talens de la cabale comique, et qui s’attire sans bassesse les suffrages unanimes d’un public éclairé, doit être plus que dédommagé de la privation d’une place qu’il doit moins regretter lorsqu’il sait qu’il la mérite légitimement. […] C’est là, Monsieur, que le vrai mérite peut se montrer sans crainte ; il place chacun dans le rang qui lui convient ; et la faveur fut toujours plus foible à la galerie du Louvre, qu’un beau pinceau qui la force au silence. […] Est-ce avilir son mérite et flétrir sa réputation, que de faire revivre ses talens dans ceux d’un écolier ? […] non, sans doute ; de pareilles craintes ne troublent point le vrai mérite et n’allarment que les demi-talens. […] Avouez, Monsieur, qu’avec le secours de ces deux hommes célèbres, nos académiciens feroient aisément passer à la postérité le mérite des maîtres de ballets et des danseurs habiles dont le nom est à peine conservé parmi nous, et qui ne nous laissent, après qu’ils ont abandonné le théatre, qu’un souvenir confus des talens qui nous forçoient à les admirer.

17. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre III. Sur le même sujet. » pp. 19-23

je ne le peux croire ; parce que ces goûts nés de la fantaisie et du caprice, sont bien plus propres à décourager le vrai mérite qu’à le soutenir et à l’encourager. […] Les sensations vives qu’ils éprouvent en examinant un bon tableau, en lisant de beaux vers, en écoutant une excellente musique, sont un thermomètre parfait qui assigne à chaque production, le degré de chaleur, de supériorité et d’estime quelle mérite.

18. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre xvii.  » pp. 102-108

Nommer trente danseurs et danseuses, donner à chacun d’eux la portion d’éloges qu’il mérite, seroit une tâche trop difficile à remplir : je m’arrêterai donc seulement a ceux que l’on s’attache à imiter, et qui méritent bien de servir de modèles. […] Je ne les ai vus qu’en passant ; et je suis dans l’impossibilité de vous parler de leur mérite particulier. […] Ce compositeur ingénieux a enrichi ce spectacle de ses brillantes productions ; il a écrit savament sur son art ; et personne n’est plus en état que lui d’apprécier le mérite de ceux qui se sont empressés de contribuer aux succès de ses ouvrages, soit par leur action, soit par le brillant de leur voix, soit enfin par le goût et l’expression de leur chant.

19. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre XIII. » pp. 122-133

M a lettre précédente, Monsieur, n’est qu’une esquisse légère de ce que les maîtres de ballets devroient étudier et savoir ; j’entends parler de ceux qui composent ; cette foule trop considérable de demi-talens ne pouvant rien imaginer, ils s’attachent à copier les productions de ceux qui ont un vrai mérite. […] En suivant la règle de l’ancienneté, je nommerai Dauberval, Le Picq, Gallet et Gardel ; leur talens distingués, leurs succès, méritent bien un éloge de ma part ; il est l’expression de la considération que j’ai pour leur mérite. Je n’ignore pas que quelques jeunes gens remplis de zèle et d’activité, mais novices encore dans l’art des grandes compositions s’attachent à marcher sur les traces des grands-maîtres : je ne connois point leurs productions, et je me garderai bien de prononcer sur le mérite d’un ballet ou d’un tableau d’après un programe ; ces sortes de descriptions sont souvent mensongères. […] Ce vaste tableau a le mérite de la variété et de la ressemblance ; il offre à chaque instant de nouveaux grouppes, et il est en droit de produire un grand effet et de plaire, si toutefois il est executé avec cette force, cette intrepidité, et ce nerf que ce genre exige(1).

20. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

Paroît-il une production qui ait le cachet du génie, c’est pour eux une augmentation de fortune : ils applaudissent au mérite ; ils apprécient les difficultés vaincues ; ils raisonnent avec impartialité, et leur analyse, ouvrant les yeux de l’ignorance, devient une égide contre la jalousie et la cabale. […] Les demi-talens au contraire, exempts de ces tourmens, jouissent complettement de leur médiocrité ; toujours contens d’eux-mêmes, toujours amoureux de leurs petites productions, ils méprisent la critique et s’en dédommagent, soit en criant à l’injustice, soit en dénigrant par de sottes observations les chefs-d’œuvre du vrai mérite. […] Je sais encore que chaque artiste a son bazile et sa chenille ; le premier le fatigue, le tourmente et l’ennuie ; l’autre s’attache à ses productions ; elle les ronge, les flétrit et leur enlève leur forme et leur éclat : il faut donc que le mérite écarte l’un et écrase l’autre ; que les artistes soignent attentivement leurs ouvrages. […] Cet art intéressant mérite bien son chapitre. […]   Voilà, Madame, ce que les amateurs des arts m’ont dit ; voilà ce que les hommes les plus distingués par leur mérite et leurs mœurs m’ont raconté ; voilà la façon de voir et de penser de tous les Français amis de leur patrie.

21. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome II [graphies originales] « Lettre IX. » pp. 88-96

si l’imitation fidèlle de la belle nature constitue le sublime des arts, si cette imitation vraie peut seule élever l’acteur à la perfection ; combien ne devons-nous pas douter du mérite des acteurs de l’Antiquité. Cependant toutes ces farces monstrueuses étoient applaudies avec transport par des hommes d’un rare mérite, et en présence des pères de la sculpture et de la peinture ; arts portés à la perfection sous le gouvernement de Périclès et sous le règne d’Auguste. […] Juvenal en parlant d’un écuyer tranchant fort éxpert, dit « qu’il découpoit les viandes en dansant. » On peut découper les viandes en gesticulant, et en mettant de la dextérité et de la bonne grace ; mais en dansant cela me paroit absurde ; cet auteur ajoute qu’il y a du mérite à découper un lièvre ou une poularde, avec un geste varié et adapté à chaque opération ; il y avoit à Rome, dit-il, des écoles particulières pour cette espèce de saltation.

22. (1820) Traité élémentaire, théorique et pratique de l’art de la danse « Épître à Monsieur F. A. Blasis mon Père, » pp. 1-4

On ne doutera pas d’ailleurs qu’il n’ait su en apprécier le mérite, les difficultés et l’utilité.

23. (1725) Le maître à danser [graphies originales] « A Monseigneur le duc de Rets, pair de France, et capitaine des gardes du corps. » pp. -

Ce n’est pas que la Danse, d’abord inventée pour le plaisir, & ensuite employée à l’utilité publique, ne mérite de la consideration.

24. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XIV. » pp. 396-434

Un homme d’esprit fera d’excellents Programmes & fournira à un Peintre les plus grandes idées ; mais le mérite consiste dans la distribution & dans l’exécution. […] Je suis très-éloigné de prétendre que mes productions soient des chefs-d’œuvres ; des suffrages flatteurs pourroient me persuader qu’elles ont quelque mérite, mais je suis encore plus convaincu qu’elles ne sont pas sans défaut. Quoi qu’il en soit, & ce peu de mérite & ces défauts m’appartiennent entiérement. […] Il seroit inutile sans doute de vous entretenir des Métamorphoses Chinoises, des Réjouissances Flamandes, de la Mariée de Village, des Fêtes de Vauxhall, des Recrues Prussiennes, du Bal paré & d’un nombre infini & & peut-être trop grand de Ballets comiques presque dénués d’intrigue, destinés uniquement à l’amusement des yeux, & dont tout le mérite consiste dans la nouveauté des formes, dans la variété & dans le brillant des figures. […] On prononce sur le mérite d’un Peintre d’après ses tableaux & non d’après son style ; on doit prononcer de même sur celui du Maître de Ballets d’après les grouppes, les situations, les coups de Théatre, les figures ingénieuses, les formes saillantes & l’ensemble qui régnent dans son ouvrage.

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