/ 265
118. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Apologie de la danse. » pp. 11-24

I’ay balancé long-temps si ie lairrois eschapper de mes mains ce traicté, pour l’incertitude de la reüssie de ma peine, attendu la qualité du sujet dont ie parle, & la diuersité de tant d’esprits qui choquent ordinairement ce qui n’est pas de leur humeur, dont les vns croyront (peut estre) que ie veux authoriser vn Paradoxe, les autres que i’entreprends d’adiouster des appas & des attraicts au vice, parmy des ames qui y ont desia assez d’inclination naturelle, qu’vne longue habitude leur a fortifiée, & que les occasions ordinaires & les mauuais exemples resueilleroient si elle estoit endormie. […] Pour les autres dont ie parlois en suitte, ie proteste que leurs considerations, (quoy que plus desaduantageuses) sont trop legeres pour me faire perdre l’enuie de m’aquiter de ce que ie pense deuoir au bien d’vne noblesse bien née, qui sçait comme moy qu’on ne manque point de rencontrer des esprits qui choisiront plustost l’escart de quelques sinistres opinions, que le grand chemin d’vne verité toute battuë ? […] Voici toutesfois leur difference ; c’est que le premier se peut communiquer à tous ceux qui ont de la raison sans esgard à la forme du corps, & c’est à quoy le dernier vise principalement, en fin chacun est capable de ce dont les Philosophes se ventent, & vn Canibale, mesme le plus grossier & d’esprit & de mains se peut acquerir la cognoissance de tous les arts liberaux & mecaniques, voire y peut exceller s’il y met & la peine & l’enuie, mais la danse a cela de particulier, que quiconque a le corps mal faict est incapable des graces qui l’accompagnent, il faut auoir vne matiere propre pour receuoir vne si digne forme. […] Quand à ceux qui n’ont l’esprit qu’au bout des pieds, ils ne peuuent pas auoir les considerations releuees iusques où ie les voudrois, pour leur faire trouuer quelque goust en ces aduis, ils sont trop ahurtez à la bonne opinion qu’ils ont d’eux mesmes, qu’ils s’y tiennent donc tant qu’il leur plaira, & qu’ils exercent à souhait leur iugement terre à terre, ie ne leur enuieray iamais la gloire qu’ils en rapporteront, il suffit que i’aye rendu ce tesmoignage du ressentiment qu’vne consideration publique me donne de ce qu’ils sont tels, & du contentement que i’aurois pour la mesme raison qu’ils fussent dignes d’vne recommandation veritable.

119. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre VII. Sur le même sujet. » pp. 40-55

Je n’y fréquente, lorsque j’y vais, que quelques artistes estimables, quelques hommes de lettres ou des amateurs dont j’admire l’esprit et les connoissances. […] Vous pardonnerez le radotage d’un homme vieux comme Anacréon, et qui ne desire son esprit et ses graces, que pour célébrer vos charmes et vos vertus. […] Je crois que Gresset voioit bien, lorsqu’il disoit : L’esprit qu’on veut avoir gâte celui qu’on a. […] Tout ce qui est petit et minutieux, les dégoûte, les révolte ; et ce n’est que dans un cercle étendu qu’ils peuvent déployer les richesses de leur esprit, de leur goût et de leur imagination.

120. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Première partie — Livre premier — Chapitre II. Des moyens qui conduisent à la connaissance des Arts »

Qu’on démêle le caractère du Roi qui règne ; l’esprit des Lois qui enchaînent cette foule de Citoyens ; les maximes favorites de ce chef de famille : la clef est trouvée.

121. (1754) La danse ancienne et moderne ou Traité historique de la danse « Seconde partie — Livre quatrième — Chapitre VII. Supériorité et avantages de la Danse en action »

Eh quoi (dites-vous) on a donc trouvé le secret de peindre l’esprit !

122. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 11 novembre. Danseurs viennois. Mlle Wiesenthal et M. Anton Birkmeyer. »

Car rien ne pourrait enrayer le grand renouveau classique et le superbe élan d’une jeunesse vaillante sur laquelle l’esprit a soufflé.

123. (1804) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome IV [graphies originales] « [Lettres sur la musique] — Réponse à la question proposée. — Lettre X. » pp. 64-66

Cette salle très-sale et très-ridiculement construite, étoit enterrée dans les batimens du Palais Royal et annonçoit la plus antique barbarie, à une époque, où l’esprit et le goût, les connoissances et les lumières avoient été portés à leur perfection.

124. (1803) Lettres sur la danse, dernière édition augmentée en 4 vol. Avec les programmes de ballet. Tome I [graphies originales] « Lettres sur la danse. — Lettre IX. » pp. 97-129

En imitant ce grand acteur, il ne seroit pas difficile d’abolir les masques, parce qu’alors les physionomies seroient parlantes et animées, et que l’on posséderoit le talent de les caractériser avec autant d’esprit et d’art que Garrick lui-même. […] Tout danseur qui altère ses traits par des efforts, et dont le visage est sans cesse en convulsion, est un mauvais danseur qui ignore les premiers élémens de son art, qui ne s’attache qu’à la partie grossière de la danse, et qui n’en a jamais senti l’esprit. […]   Il n’est pas moins nécessaire que ces trois genres de danseurs aient de l’esprit, du goût et de l’imagination, ainsi que trois grands peintres dans des genres opposés. […] Le caractère de la beauté est beaucoup moins nécessaire à la physionomie que celui de l’esprit : Toutes celles qui, sans être régulières, sont animées par le sentiment, plaisent bien davantage que celles qui sont belles, sans expression et sans vivacité. […] Au reste, Monsieur, les danseurs, qui pèchent par la taille, par la figure et par l’esprit, et qui ont des défauts visibles et rebutans, doivent renoncer au théatre, et prendre, comme je l’ai déja dit, un métier qui n’exige aucune perfection dans la structure ni dans les traits.

125. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE VIII. » pp. 129-194

Convenez, Monsieur, qu’un Auteur qui abandonne son ouvrage aux soins de cinq personnes qu’il ne voit jamais, qui se connoissent à peine, & qui s’évitent toutes, ressemble assez à ces Peres qui confient l’éducation de leurs fils à des mains étrangeres, & qui par dissipation ou par esprit de grandeur croiroient déroger, s’ils veilloient à leurs progrès. […] Non, Monsieur, mais un Poëte doit avoir de l’esprit & du goût. […] Des sons arrangés machinalement & sans esprit ne peuvent servir le Danseur, ni convenir à une action vive. […] La réflexion & l’esprit de critique succéderent un instant après à l’émotion mais il étoit trop tard ; l’impression étoit faite, le trait étoit lancé, l’Acteur avoit touché le but, & les applaudissements furent la récompense d’une action heureuse, mais hardie, qui sans doute auroit échoué, si un Acteur subalterne & moins accueilli eût tenté de l’entreprendre. […] Le cœur & l’esprit ne sont jamais la dupe de ce Spectacle ; il est rare, pour ne pas dire impossible, que l’on sorte de l’Opéra avec ce trouble, cette émotion & ce désordre enchanteur que l’on éprouve à une Tragédie ou à une Comédie comme Cénie ; la situation où elles nous jettent, nous suivroit long-temps, si les images gaies de nos petites Pieces ne calmoient notre sensibilité & n’essuyoient nos larmes.

126. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE IX. » pp. 195-260

On peut sans partialité le regarder comme le Roscius de l’Angleterre, puisqu’il réunit à la diction, au débit, au feu, au naturel, à l’esprit & à la finesse cette Pantomime & cette expression rare de la Scene muette, qui caractérisent le grand Acteur & le parfait Comédien. […] En imitant ce grand homme, il ne seroit pas difficile d’abolir les masques, parce qu’alors les physionomies feroient parlantes & animées, & que l’on posséderoit le talent de les caractériser avec autant d’Esprit & d’Art que M. […] Il n’est pas moins nécessaire qu’ils aient de l’esprit, du goût & de l’imagination, ainsi que trois grands Peintres dans des genres opposés. […] Le caractere de la beauté est beaucoup moins nécessaire à la physionomie que celui de l’esprit ; toutes celles qui, sans être régulieres, sont animées par le sentiment, plaisent bien davantage que celles qui sont belles, sans expression & sans vivacité. […] Au reste, Monsieur, les Danseurs qui péchent par la taille, par la figure & par l’esprit, & qui ont des défauts visibles & rebutans doivent renoncer au Théatre, & prendre, comme je l’ai déjà dit, un métier qui n’exige aucune perfection dans la structure ni dans les traits.

127. (1927) Paul Valéry philosophe de la danse

Goethe, « Le Tombeau de la Danseuse » Paul Valéry philosophe de la danse Parmi les « vices impunis » que suscite la fréquentation familière des ouvrages de l’esprit, nul ne me semble plus digne d’indulgence que l’indiscrète ferveur du glossateur. […] Mais une autre embûche est tendue à l’impavide commentateur que cette « combinaison de chair et d’esprit ». […] « Ce ne fut jamais un jeu d’oisif que de soustraire un peu de grâce, un peu de clarté, un peu de durée, à la mobilité des choses de l’esprit. » [Paul Valéry] « Au sujet d’Adonis » Pour la couverture d’une récente édition de luxe destinée à magnifier l’ouvrage de Valéry, un artiste adroit a gravé une figurine de danseuse, originaire de Myrrhina et conservée au Louvre. […] Elle résout l’antithèse de la chair et de l’esprit ; c’est là son miracle. […] « Je ne vois autre chose dans les fêtes de l’antiquité fabuleuse, se plaint l’illustre chevalier Noverre, que des marches, des contremarches, et des évolutions propres à former mille figures variées. »Pour le ballet renaissant, issu de l’esprit antique, c’est le cheminement des danseurs sur la surface plane qui seul importe.

/ 265