Ce prince religieux, emporté par les saillies de son amour pour Dieu, et devenu distrait pour tout ce qui l’environne, par une sainte ivresse, ne voit plus que son bienfaiteur qui le met en ce moment au comble de ses vœux ; et afin de donner à sa reconnoissance et à sa joie tout l’essor, et d’en suivre les transports, il prend une tunique, comme le vêtement le plus propre à en seconder l’activité ; et il quitte les marques de la majesté royale en la présence de Dieu, devant qui tout doit s’anéantir et disparoître. » Peut-on raisonnablement douter que ces grands sentimens de religion n’aient été le principe de la danse de David devant l’arche, lorsqu’on fait quelque attention à la réponse qu’il fit à Michol qui, le voyant danser et sauter devant le Seigneur, s’en étoit moquée en elle-même, et qui ensuite lui dit en raillant : Que le Roi d’Israël a eu de gloire aujourd’hui en paroissant devant les servantes de ses sujets comme un bouffon !
Ce ne fut qu’au ballet du Triomphe de l’Amour qu’on introduisit en France des danseuses dans les représentations en musique ; il n’y avait auparavant que quatre ou six danseurs qui formaient tous les divertissements de l’opéra, et qui n’y portaient par conséquent que fort peu de variété et un agrément très médiocre ; en sorte que pendant plus de dix ans on s’était passé à ce théâtre d’un plaisir qui est devenu très piquant de nos jours.
Philosophie de la danse Avant que Mme Argentina vous saisisse, vous capture dans la sphère de vie lucide et passionnée que son art va former ; avant qu’elle montre et démontre ce que peut devenir un art d’origine populaire, création de la sensibilité d’une race ardente, quand l’intelligence s’en empare, la pénètre et en fait un moyen souverain d’expression et d’invention, il faut vous résigner à entendre quelques propositions que va, devant vous, risquer sur la Danse un homme qui ne danse pas.
D’abord, dans l’épître dédicatoire au roi de Navarre, les ministres, après s’être plaints des efforts que beaucoup de gens font pour justifier les danses, disent : « Nous sommes dans un siècle si débordé, qu’il n’y a rien de si louable qui ne soit condamné, ni si détestable qui ne soit approuvé ; mais pour tout cela jamais mensonge ne deviendra vérité, et ne doivent les vrais ministres et pasteurs être moins courageux à maintenir la vérité de l’Eglise, que ceux-là sont effrontés à l’assaillir. » En conséquence, ils déclarent qu’il a été avisé entre eux, « être très-nécessaire de mettre ce traité au jour, pour affermir dans le bien ceux qui ne sont pas encore adonnés au mal ; pour ramener au bon chemin ceux qui, s’étant égarés, se rendent toutefois dociles et capables de raison, et pour convaincre les plus incorrigibles et opiniâtres, afin de les retrancher du troupeau et les tenir pour tels, non pas qu’ils se disent, mais qu’ils sont à la vérité, faisant profession de connoître Dieu, dit l’Apôtre, mais le reniant par leurs œuvres. » chapitre II.
Il suffit de commencer, même sans moyens, et de surmonter les premiers dégoûts, pour devenir ensuite un sujet au moins estimable. […] Le goût est un garant infaillible du succès ; avec le goût on se perfectionne ; sans le goût, tout devient insipide, et le plus souvent on se décourage. […] L’entrechat, pris fermé ou pair, s’exécute également sur une jambe, c’est-à-dire en retombant sur une seule jambe, et en retenant l’autre relevée d’un côté ou d’un autre, suivant que l’exige le pas que l’on doit exécuter à la suite de cet entrechat qui, étant fait de cette manière, devient un tems préparatoire à un autre.
Puissent-ils y devenir des archives durables de la magnificence et du goût d’une ville illustre, dont le bon ordre et l’opulence attirent dans son sein tous les Arts, et qui par le concours immense des plus excellents artistes de l’Europe, est unanimement regardée comme l’école de l’Univers ! […] Le peuple, qu’on croit faussement ne servir que de nombre, nos numerus sumus, etc. n’est pas moins cependant le vrai trésor des rois : il est, par son industrie et sa fidélité, cette mine féconde qui fournit sans cesse à leur magnificence ; la nécessité le ranime, l’habitude le soutient, et l’opiniâtreté de ses travaux devient la source intarissable de leurs forces, de leur pouvoir, de leur grandeur. […] Le ton de magnificence était pris, et les successeurs de M. le maréchal de Richelieu avaient dans leur cœur le même désir de plaire, dans leur esprit un fonds de connaissances capables de le bien soutenir, et cette portion rare de goût, qui dans ces occasions devient toujours comme une espèce de mine abondante de moyens et de ressources. […] Ainsi ce théâtre, superbe édifice du goût de M. le maréchal de Richelieu, était devenu l’objet des efforts et du zèle de nos divers talents ; on y jouit tour-à-tour des charmes variés du beau chant français, de la pompe de son opéra, de toutes les grâces de la danse, du feu, de l’harmonieux accord de ses symphonies, des prodiges des machines, de l’imitation habile de la nature dans toutes les décorations. […] Les Moscovites sont supérieurs au reste de l’Europe, dans les combinaisons des figures, des mouvements, des contrastes du feu artificiel : pourquoi, dans le sein de la France, ne pourrions-nous pas, en adoptant tout ce que ces nations étrangères ont déjà trouvé, inventer des moyens, des secours nouveaux, pour étendre les bornes d’un art dont les effets sont déjà fort agréables, et qui pourraient devenir aussi honorables pour les inventeurs, qu’honorables pour la nation?
Le poids de la cupidité empêchant l’ame de s’élever jusqu’aux vérités qui déplaisent, pour s’y attacher et en faire sa règle, on s’efforce de les abaisser en quelque sorte jusqu’à soi, et de les faire, pour ainsi dire, tomber dans ses inclinations particulières, toutes déréglées qu’elles sont, et si on manque entièrement de raisons qu’on puisse leur opposer, on a recours aux coutumes du monde et aux exemples de la multitude : comme si l’erreur, pour être devenue commune, changeoit de nature, et comme si la vérité dépendoit du caprice des hommes pour être vérité.
Le jour devient plus beau, les flots irrités s’abaissent, le calme succéde à la tempête, plusieurs Tritons et plusieurs Naïades folatrent dans les eaux ; un vaisseau richement orné paroit sur la mer2.
11 Le jour devient plus beau, les flots irrités s’abaissent, le calme succede à la tempête, plusieurs Tritons & plusieurs Naïades folâtrent dans les eaux ; un vaisseau richement orné paroît sur la Mer.
Quant à Fanny, lorsque par ce beau geste final elle détournait vers ses camarades moins heureux une partie du fleuve d’or qui coulait vers elle, ne devenait-elle pas digne de l’auréole dont les Américains l’entouraient ?