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5. (1924) La danse au théâtre. Esthétique et actualité mêlées « 9 octobre. Madame Joergen-Jensen dans « Coppélia ». »

C’est un bel et utile usage que renouvelle l’Opéra en recueillant de grand cœur les étoiles étrangères. […] Car tant d’hospitalité révèle une belle confiance en soi. […] Mais si Mme Joergen-Jensen est reçue à son passage à Paris avec le même engouement que naguère sa compatriote Lucile Grahn, cela ne tient pas uniquement à cette belle solidarité internationale qui est une vertu de la confrérie chorégraphique. […] Le ballet danois est ainsi de vraie souche française et nourri, en même temps, de la plus belle sève Scandinave. […] Mais elle ravive cette scène par son beau regard sombre et par de bien piquants jeux de physionomie.

6. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1662 — 7 février : Ercole Amante — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 11 février 1662 »

De Soissons, la Comtesse aimable, Dont la grâce presque adorable A des charmes et des appâts, Que toutes les Belles n’ont pas. […] Deux jeunes Sœurs belles et sages, Qui charment tout par leurs visages, Mesdemoiselles de Nemours, Dignes des plus nobles amours. […] Créquy, cette belle Personne, Qui quoi que Femme est si mignonne, Qu’en son visage triomphant On voit encore un teint d’enfant. La jeune Comtesse de Guiche, Douce, agréable, belle et riche, Ayant, par bonheur singulier, Pour Aïeul un Grand Chancelier. Rohan, admirable Pucelle, Si noble, si sage et si belle, Que quiconque l’épousera, Un grand Trésor possédera.

7. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 5 ou 6 mars : Mascarade — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 9 mars 1669 »

Robinet, lettre du 9 mars 1669 Enfin, Mardi, notre Grand SIRE, Dans son beau Palais qu’on admire, Fit aussi merveille à son tour, Donnant Bal à toute la COUR, Et ce charmant PORTE-COURONNE, Que toute la Gloire environne, Couronna les autres Cadeaux Par le sien, qui fut des plus beaux. […] Son INFANTE, MADEMOISELLE, Cette jeune Grâce si belle, Ou cet Oriental Amour, L’accompagnait, en même Atour, Et la GRANDE et petite ALTESSE, Par leur Appas et leur Jeunesse, Communiquaient tant d’ornements À ces antiques Vêtements Que les Modes les plus nouvelles Paraîtraient auprès bien moins belles.

8. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 23 juillet : Le Ballet des Saisons — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 31 juillet 1661 »

Loret, lettre du 31 juillet 1661 Ce fut le soir de ce Jour-là Qu’icelle Cour on régala De plusieurs splendeurs nonpareilles Et des surprenantes merveilles, D’un Ballet si rare et si beau, Et dont le genre est si nouveau, Que Spectateurs et Spectatrices Admirèrent ses artifices. […] Diane, non pas la première, Mais, des Cieux seconde lumière, Ayant sur son front ravissant Un riche et lumineux croissant, Était, illec, représentée Par Madame, alors, escortée De dix des Belles de la Cour, Qui sont autant d’Astres d’amour. […] Le Roi parut, soudain après, Sous la figure de Cerès ; Puis il fit, sous autre visage, D’un beau Printemps le Personnage, Et dans l’une et l’autre action, Sa belle disposition Parut, non seulement Royale, Mais, certainement, sans égale. Monsieur, d’habits d’or éclatants, Un Vendangeur représentant, D’un bel air, suivant la cadence, Fit admirer aussi sa danse. […] Bref, les autres Seigneurs de marque Qu’avait choisis notre Monarque, Et ceux de moindre qualité, Sans que pas un d’eux soit flatté, Comme on les tient, en cas de danse, Des mieux entendus de la France, Chacun d’eux, en ce beau Talent, Parut, tout à fait, excellent.

9. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1671 — 17 janvier : Psyché — Lettres en vers à Monsieur de Robinet — Robinet, lettre du 1er août 1671 »

Ce Beau Spectacle tout royal, Est, encore, ici, sans égal. […] Une assez grande Damoiselle, Blondine, gracieuse et belle, Et d’assez bon air s’agitant, Représente Flore, en chantant :152 Et, n’ayant guére, de pareilles, Charme les yeux, et les Oreilles, Par sa Voix, et par des Appas Que toutes Chanteuses n’ont pas. […] Pour Psiché, la belle Psiché, Par qui maint cœur est alléché, C’est Mademoiselle Mollière, Dont l’air, la grâce, la manière, L’Esprit, et maints autres Attraits Sont de vrais céphaliques Traits : Et qui, d’ailleurs, je vous l’avoue, Divinement, son rôle joue. […] La belle Affligée a deux Sœurs, Qui, de ses maux, font leurs douceurs, Par un effet de Jalousie Dont leur Ame se sent saisie. […] Jupiter, termine la Pièce, Et remet, par tout, la liesse, En immortalisant Psiché, Après avoir, un peu, prêché Vénus, sa trop colère fille, De sa Machine qui fort brille : Et ce Dieu là, c’est du Croisy, Qui hautement, couronne ainsi, L’Oeuvre, de la belle manière.

10. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 11 août : Fête à Versailles — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 17 août 1669 »

On visita la Grotte après, Dans lequel lieu, si beau, si frais, On ouit une belle Églogue, Où des Bergers, par Dialogue, Mille tendres choses chantaient Dessus les Flammes qu’ils sentaiet, Secondés d’une Symphonie Exempte de cacophonie. […] 124 Enfin, mille feux d’artifices, Pour comble de tant de délices, Aux Fanfares de vingt Clairons, Éclatèrent aux environs, Qui, secondés par de grands Thermes, Pour qui me manquent les beaux termes, Produisirent, jusques au Ciel, Un beau jour artificiel Qui passait celui de Diane.

11. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1670 — 5 août : Le Ballet de la curiosité accompagnant la tragédie de collège Adraste — Lettres en vers et en prose au Roi de La Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 »

La Gravette de Mayolas, lettre de juillet-août 1670 Dans le Collège de Clermont En toutes Sciences fécond, ADRASTE, rare Tragédie Parut en belle compagnie ; Le Révérend Père JOBERT En Vers, en Prose fort expert, Pieux et savant Personnage, A composé ce bel Ouvrage : Mais le Ballet bien inventé Fait sur la curiosité Ne se trouva pas moins aimable, Que la pièce était remarquable, Car Beauchamp, qui l’entend fort bien, En cela n’avait omis rien, Tous ceux qui la représentèrent Parfaitement s’en acquittèrent, Des Acteurs les beaux vêtements En augmentait les agréments ; De même tous ceux qui dansèrent Tant de gentillesse montrèrent Que leurs gestes, et que leurs pas Semblaient être faits au compas ; Aussi l’Assemblée éclatante Témoignait être fort contente.

12. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1665 — 13 juin : Le Favori — Lettres en vers à Madame la Duchesse de Nemours de la Gravette de Mayolas — La Gravette de Mayolas, lettre du 21 juin 1665 »

La Gravette de Mayolas, lettre du 21 juin 1665 Le ROI, dont la magnificence Égale la haute puissance, Désirant agréablement Donner un divertissement À la REINE, que son coeur aime Aussi tendrement que lui-même, Choisissant le plus bel endroit, Dit qu’à Versailles on irait. Au bout de la plus longue allée, De feuillages épais voilée, Près du parterre aimable et beau, Devant la porte du Château, Il fit élever un Théâtre, Suivi de maint Amphithéâtre, Embelli de cent agréments, Paré de divers ornements, D’Architecture, de portiques, De perspectives magnifiques : Des espaliers avec des fleurs De toutes sortes de couleurs, Dans des vases de porcelaine, Pour mieux faire éclater la Scène. […] […] Après le Bal, la Comédie Divertit bien la Compagnie, Ouvrage parfait et chéri, Intitulé le FAVORI, Composé de la main savante De cette Personne charmante,51 Qui dans un beau corps féminin Enferme un esprit masculin. […] Pendant ces divertissements, Si doux, si gais et si galants, On ouït de l’aimable HILAIRE La voix mélancolique et claire, Qui flattait l’oreille et le cœur Du plus délicat Auditeur ; Les instruments et la musique, Dont le Maître scientifique53 Compose des airs ravissants, Répondait à ses doux accents, De VIGARANI les Machines, Paraissaient des pièces divines, Et cet excellent Ingénieur Eut de la gloire et du bonheur D’avoir suivi, par son adresse, Avec tant de délicatesse, Les ordres et le beau dessein De notre puissant SOUVERAIN.

13. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1669 — 6 octobre : Monsieur de Pourceaugnac — Lettres en vers à Madame de Robinet — Robinet, lettre du 12 octobre 1669 »

Robinet, lettre du 12 octobre 1669 […] Or, du mois courant le sixième, Pour empêcher qu’on ne s’y chême, Elle eut un Régale125 nouveau, Également galant et beau, Et même aussi fort magnifique, De Comédie et de Musique, Avec Entractes de Ballet, D’un genre gaillard et follet, Le tout venant, non de Copiste, Mais, vraiment, du Seigneur BAPTISTE Et du Sieur MOLIÈRE, Intendants, Malgré tous autres Prétendants, Des Spectacles de notre SIRE, Et, disant cela, c’est tout dire. […] On n’admira les Baladins, Plus souples que Cerfs ni que Daims ; On fut charmé des Dialogues, Où, comme dedans les Églogues, On s’entendait sur les douceurs Que produit le beau Dieu des Cœurs : Concluons que, sans lui, la Vie N’est pas un Bien digne d’envie. On fut ravi des belles Voix Qui chantaient ses divines Loix. […] Un petit Livre dont je tire Tout ce qu’ici je viens d’écrire Se tait des Décorations Dans ses belles Narrations ; Mais, aux Fêtes du grand MONARQUE, Pour l’ordinaire l’on remarque Que ce sont des Enchantements, Et non de communs Ornements.

14. (1671) Témoignages des gazettes en vers sur les spectacles dansés entre 1660 et 1671 «  1661 — 17 août : Les Fâcheux — La Muse Historique de Loret — Loret, lettre du 27 août 1661 »

Loret, lettre du 27 août 1661 La Pièce, tant et tant louée,17 Qui fut dernièrement jouée Avec ses agréments nouveaux, Dans la belle Maison de Vaux, Divertit si bien notre Sire, Et fit la Cour tellement rire, Qu’avec les mêmes beaux apprêts, Et par commandement exprès, La Troupe Comique excellente Qui cette Pièce représente, Est allée, encor de plus beau, La jouer à Fontainebleau, Étant, illec, fort approuvée, Et, mêmement, enjolivée D’un Ballet gaillard et mignon, Dansé par maint bon Compagnon, Où cette jeune Demoiselle Qu’en surnom Giraud18 on appelle, Plût fort à tous par les appâts, De sa personne et de ses pas.

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