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65. (1760) Lettres sur la danse et sur les ballets (1re éd.) [graphies originales] « LETTRES SUR LA DANSE. — LETTRE XI. » pp. 290-314

Ils sont nerveux, vifs & brillants dans les choses qui tiennent plus de la force que de l’adresse ; nerveux & légers, attendu la direction de leurs faisceaux musculeux, & vu la consistance & la résistance de leurs ligaments articulaires ; vifs, parce qu’ils croisent plus du bas que du haut, & qu’ayant par cette raison peu de chemin à faire pour battre les temps, ils les passent avec plus de vîtesse ; brillants, parce que le jour perce entre les parties qui se croisent & se décroisent ; ce jour est exactement, Monsieur, le clair-obscur de la Danse, car si les temps de l’entrechat ne sont ni coupés ni battus, & qu’ils soient au contraire frottés & roulés l’un sur l’autre, il n’y aura point de clair qui fasse valoir les ombres, & les jambes trop réunies n’offriront qu’une masse indistincte & sans effet ; ils ont peu d’adresse, parce qu’ils comptent trop sur leurs forces, & que cette même force s’oppose en eux à la souplesse & à l’aisance : leur vigueur les abandonne-t-elle un instant ? […] Quant au brillant qu’elles ont, la vivacité y contribue, mais cependant bien moins que les jupes qui en dérobant la longueur des parties fixent plus attentivement les regards & les frappent davantage ; tout le feu des battements étant, pour ainsi dire, réuni dans un point, paroît plus vif & plus brillant ; l’œil l’embrasse tout entier, il est moins partagé & moins distrait à proportion du peu d’espace qu’il a à parcourir.

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