/ 225
68. (1623) Apologie de la danse et la parfaite méthode de l’enseigner tant aux cavaliers qu’aux dames [graphies originales] « Methode povr les cavaliers. » pp. 25-51

Lors donc que l’Escolier fera facilement ce qui a esté dit cy dessus, il luy faudra apprendre vne courante reglee des plus aisees, comme celle qui suit, de laquelle ie parleray, afin de monstrer seulement quels y doiuent estre les mouuemens du corps, & comme il y faut porter & asseoir les pas : mais parce qu’elle se commence par vne reuerence, ie diray la methode qu’il faut tenir pour la bien faire. […] Au contraire suiuant l’ordre que i’ay icy establi, on pourra mener aisément en peu de temps vn Escolier, au contentement qu’il en auroit imaginé : & lors que l’Escolier aura bien compris ceste courante, où telle autre qui luy sera monstree, ensemble les mouuements susdits, à fin que rien ne luy defaille, il luy faut faire obseruer aux pas chassez, qui se font en auançant ou reculant, à porter le pied qui chasse au costé du chassé, non derriere, comme il y en a qui font, qui en ce faisant auancent le ventre ; & aux chassez qui se font de costé, faut que le pied qui chasse prenne la place du chassé, & que le portant le premier à terre sur le mouuement, l’autre soit assis d’abort sur le talon, & faire en sorte qu’il y tienne le corps droict, depuis le busque iusques aux yeux, & la veuë tousiours esgale de sa hauteur, sans plier de la ceincture, ny iamais les genoux en dedans, pas mesmes bransler la teste, mais faire que le corps ferme & droict accompagne tousiours l’action des pieds aux retirades principalement, ou plusieurs balancent le corps, soit par affecterie ou mauuaise habitude. […] Av sortir de la Reuerence, tenant le corps bien droict, faut partir du pied gauche, qu’on portera à costé, & faire que d’iceluy on marque tousiours le tour circulaire du lieu, ce qui sera bien aise en faisant tenir la pointe du pied fort ouuerte. […] Le Maistre doit prendre garde qu’en ce bransle l’Escolier n’y tienne pas le bras gauche tousiours roide & tendus, comme quelques vns souffrent faire : mais faisant porter iceluy negligemment estendu. […] Ainsi en y a-il d’autres qui sympatisent si fort auec la terre, qu’ils ne la peuuent iamais abandonner que de bien peu : C’est pourquoy il est fort à propos qu’ils se rangent auec ceux lesquels, bien qu’ils ne manquent point de disposition, neanmoins pour auoir trop mauuaise grace à la danse par haut, sont pour leur honneur contraints d’aller terre à terre : Car en effect vn homme ne se doit iamais mesler de caprioler, principalement en lieu de reputation, s’il n’excelle, ou s’il ne veut seruir de ioüet à la compagnie, comme font aucuns, qui ne pouuant representer le port & la descence de nostre noblesse, cherchent à se recommander par des sauts & autres mouuemens battelleresques : tellement que ie conseille telles personnes à se tenir pour le faict de la Gaillarde aux cinq pas susdits, lesquels faicts de bonne grace, valent mieux qu’vn tas de passages qu’on sçauroit faire, qui sentent par trop son baladin.

/ 225