Le difficile, comme je l’ai déjà dit, est d’embellir la nature sans la défigurer ; de savoir conserver tous ses traits ; d’avoir le talent de les adoucir, ou de leur donner de la force. […] Non, Monsieur, mais on prendra pour le Tableau tranquille un Apollon proportionné aux différentes parties de la machine ; un jeune homme de quinze ans que l’on habillera de même que le véritable Apollon ; il descendra du Parnasse, & à l’aide des ailes de la décoration on l’escamotera, pour ainsi dire, en substituant à sa place la taille élégante & le talent supérieur. […] Si dans une décoration représentant une entrée de l’Enfer, le Maître de Ballets veut que la levée du rideau laisse voir & ce lieu terrible & les tourments des Danaïdes, des Ixion, des Tentale, des Sysyphe, & les différents emplois des Divinités infernales ; s’il veut enfin offrir au premier coup d’œil un Tableau mouvant & effrayant des supplices des Enfers, comment réussira-t-il dans cette composition momentanée, s’il n’a l’Art de savoir distribuer les objets & de les ranger dans la place que chacun d’eux doit occuper ; s’il n’a le talent de saisir l’idée premiere du Peintre, & de subordonner toutes les siennes au fonds que celui-ci lui a préparé ?